Aaaah, Dragon Quest 3, cela faisait des années que j'avais acheté le portage de ce jeu sur l'e-shop de la Switch, ainsi que ses deux prédecesseurs. Si j'avais beaucoup apprécié l'aventure classique que m'avait offert le premier du nom, j'avais fini par abandonner face au second. Les J-RPGs à l'ancienne ont du charme, mais demandent une certaine rigueur pour être terminé. Ainsi, je n'avais jamais touché au numéro 3, considéré par beaucoup comme l'un des meilleurs de la série, et épisode déterminant.
Puis, voilà qu'un Remake a vu le jour, et que mes petites mains ont touché un exemplaire. Enfin fut venu le temps de m'essayer à ce jeu, dont j'ignorais si ma persistance me permettrait d'en arriver au bout - les Dragon Quest étant connu pour leur très, très, très longue durée de vie. Sans oublier que le côté redondant de l'XP de ce genre de jeux sorti sur Nes/SNes était l'une des raisons qui fit que je craignais de ne pas aller au bout.
Je suis allé au bout. Et ce Dragon Quest a tenu ses prières, et sut m'éblouir d'un grand nombre de qualités. Récemment, la saga Final Fantasy, notamment les premiers, ont reçu un petit lifting allégrement noté "Pixel Remaster", promettant un graphisme léchée pour nos petits yeux avides de graphismes modernes. Y ayant jeté un oeil rapide, j'ose avouer que je m'attendais à un changement plus ... détonnant (bien que cela ne m’empêche guère d'y jouer actuellement). Mais suite à ces remasters, mes attentes pour ce Dragon Quest n'étaient point très élevées, m'attendant à un jeu un peu amélioré de ses graphismes SNes, mais rien de plus.
Que nenni.
Si je dois dire une chose de ce DQ3, c'est qu'il fut une expérience de toute beauté à chaque instant. Villes et villages, cavernes, grottes, donjons, et mappemonde, forêt et désert et tous les environnements bénéficient d'un graphisme soigné et travaillé, pour un plaisir des yeux constants. Pour le chara-design, notamment les monstres rencontrés, rien n'était à refaire si ce n'était un petit lifting. Quand Akira Toriyama fait le design, on ne (re)touche pas ! Tout cela accompagné des musiques qui donnent à la saga toute son identité (bien que parfois redondantes, notamment sur la Map), et un doublage réussi. Ce jeu est un délice de sens visuel et sonore.
Dragon Quest reste cependant un jeu plutôt ancien, mais disposait à l'époque d'atouts qui avaient su faire de sa licence une force dans le monde du J-RPG. L'un d'eux, le système de métiers, rend l'obtention constante d'Exp intéressante. Pour obtenir des personnages diversifiés, capables de manier aptitudes physiques et magies, et surtout disposer de personnages suffisamment puissants pour survivre aux défis du jeu, la multiplication de combat est nécessaire. Cependant, bien que cela sonne redondant, je n'ai jamais eu le sentiment de devoir trainasser des heures durant dans une zone dans le seul espoir d'obtenir quelques niveaux supplémentaires. L'évolution naturelle des personnages se fait toute seule, à condition de bien fouiller tous les recoins des donjons, et éviter les voyages rapides constants, afin de gagner du temps. Le jeu récompense le joueur qui prend le temps d'évoluer dans le jeu, en offrant des objets précis ou aléatoires, et en lui permettant alors de s'entraîner contre les monstres croisés sur la route. Monde moderne oblige, une option (dont je ne me suis pas gêné d'utiliser), permet d'accélérer la vitesse des combats par 4, permettant alors d'enchainer les affrontements sans subir la lenteur d'antan.
Il y a tant de choses à dire sur ce jeu, mais ma merveilleuse surprise, qui n'aurait pas dû en être une, et également la narration au cours de l'aventure. S'il y a bien une chose sur lequel Dragon Quest ne se rate jamais, c'est sur ses histoires. Si notre quête ultime est de vaincre l'Archidémon, notre aventure nous amène à visiter des villes et des villages, et à les aider à résoudre leurs soucis. Souvent, ces histoires semblent totalement déliées de l'intrigue principale, nous mettant dans la peau d'un simple aventurier qui répare les torts là où sa route le mène. C'est, pourtant, tous ces épisodes qui font de nous le "Héros" de ces communautés. Dragon Quest n'hésite jamais à nous faire prendre des chemins de traverse pour mieux nous mener à sa conclusion épique. Conclusion qui ne pâlit pas avec l'envergure de son aventure. Sans révéler quoi que ce soit - ce serait dommage - je tiens simplement à dire que pour ce qui est du boss final, il s'agissait bien d'un boss final à l'ancienne, qui réclame d'avoir une équipe "bien" voir "sur"entrainée afin de terrasser la menace dite ultime. Moi-même, persuadé d'être au top et de réussir l'exploit du premier coup, a dû réitérer dix fois le même combat pour y venir à bout, comprenant que seule une stratégie rodée et un peu de chance me permettront de sortir vainqueur.
Et cela, ça n'a pas de prix - que d'obtenir alors un générique final après avoir, in-extremis, réussi à surpasser un ennemi qui nous paraissait insurmontable. Et une fois cela fait, nous obtenons la magnifique conclusion d'une histoire qui m'aura tenu une bonne trentaine d'heures (aisément extensible avec le post-game, la complétion des métiers et surtouuuuut, la quête des gentils monstres). Un jeu qui m'aura fait comprendre pourquoi tant de gens le considèrent comme un titre pilier de la saga et du J-RPG, et m'amène maintenant à lorgner sur son successeur - le fameux Dragon Quest 1&2 ayant bénéficié du même travail de retouche que le premier.
Définitivement, Dragon Quest 3 est LE jeu à faire pour les adeptes de J-RPG à l'ancienne qui n'auraient jamais pris le temps de l'essayer. Il est également une magnifique porte d'entrée dans l'univers plein de passion, d'humour et de tragédie qu'est Dragon Quest.