E.T. the Extra-Terrestrial
2.4
E.T. the Extra-Terrestrial

Jeu de Howard Scott Warshaw et Atari, Inc. (1982Atari 2600 VCS)

Aujourd'hui, on va parler du jeu vidéo connu comme étant "le plus mauvais de tous les temps" : E.T. The Extra-Terrestrial (ETTET). Une triste réputation qu'il traîne depuis plus de 30 ans, à mon sens bien exagérée : il n'est même pas -de mon point de vue perso- le plus mauvais jeu de l'Atari 2600 !! Ceux qui ont testé les China Syndrome, Sneak'n'Peek, Slot Machine ou les jeux pornos de Mystique (si le célèbre Custer's Revenge est "rigolo" 5 minutes, les autres softs sont honteux) savent que j'ai raison…


Même ceux qui ne l'ont jamais ne serait-ce qu'essayé le déclare "bouse interstellaro-cosmique", forgeant leurs avis sur la base de vidéos et des légendes qui entourent le jeu… Si celle des invendus enterrés dans le désert du Nouveau Mexique s'est finalement révélée vraie (j'y croyais pas non plus moi-même), celle le désignant comme le principal responsable du krach de 1983 est vraiment injustifiée : c'est plutôt le système de vente américain de l'époque et le flood de jeux pitoyables qui en est la cause ; d'ailleurs, en Europe avec les micros, et surtout au Japon avec la NES, le jeu vidéo n'a pas réellement connu de chute.


Alors attention, ne me faîtes pas dire ce que je n'ai pas dit : ETTET n'est pas un chef-d'œuvre, (très) loin de là même. Et ça n'a rien d'étonnant quand on connaît tous les déboires par lesquels est passé le jeu tout au long de son processus de développement… Déjà, l'achat de la licence a traîné en longueur, et a finalement coûté plus cher qu'escompté (on parle de plusieurs millions, une fortune à l'époque), ce qui fut autant de temps que d'argent non investis dans le développement… Il fallait de plus lancer le jeu avant la mi-septembre, afin qu'il puisse apparaître dans les catalogues de jouets américains pour les fêtes de noël… Il restait ainsi 7 semaines…alors que les délais habituels de développement d'un jeu 2600 se situent plutôt entre 4 et 8 mois…


Confiant, Atari s'attache les services de Howard Scott Warshaw (qui a déjà développé l'adaptation d'un film de Spielberg, Raiders of the Lost Ark). Là encore, des problèmes surviennent : Warshaw désire faire un jeu scénarisé dans la veine de son précédent jeu, alors qu'Atari veulent un truc plus basique, plus "à la Pac-Man". Warshaw a finalement le dernier mot, mais le jeu a encore perdu une semaine de développement… Bref, une conception chaotique qui explique pour beaucoup les nombreux défauts dont souffrent ETTET


Le "scénario" du jeu se résume à l'objectif principal d'E.T. dans le film : récupérer des pièces électroniques pour construire un transmetteur spatial afin de contacter les siens, dans l'espoir de se tirer de cette saleté de planète de barbares (aka la nôtre), peuplée de scientifiques fous et d'agents gouvernementaux qui ne cherchent qu'à le connaître "en profondeur"…


Le problème majeur de ETTET, c'est l'interface tout sauf claire : sans la notice, on galère pas mal au début. Il m'a ainsi fallu dix bonnes minutes pour piger la base du gameplay : E.T. allonge son cou pour repérer les pièces nécessaires à la construction de son "téléphone", lesquelles sont cachées dans des trous (lorsque l'icône «?» est affichée), cette manip' servant également à sortir des-dits trous. Le reste du gameplay consiste à éviter les différents ennemis qui nous pourchassent, ce qui est loin d'être une partie de plaisir puisque ceux-ci "lévitent" au dessus des trous…


Il ne faut pas plus de 5-6 minutes pour finir ETTET une fois qu'on a assimilé le principe. Enfin ça, c'est la théorie. Dans la pratique, de nombreux défauts peuvent vite entraver la progression. Citons par exemple les trous placés pile en bord d'écran, qui font qu'on tombe inévitablement dedans dès qu'on change de tableau… Et parfois, quel calvaire pour en ressortir !! En fait, lorsqu'il revient à la surface, si E.T. a plus d'un pixel en contact avec le trou, il retombe généralement dedans… On peut facilement rester une bonne minute et demie coincé dans un trou, en pestant contre le jeu pendant que le chrono s'égrène inéluctablement…


Et puis aussi merde, qu'est-ce que c'est moche !! 90 % du jeu se pare de tons verdâtres, et il est parfois difficile de distinguer ce qu'est l'environnement qui nous entoure… Le premier écran par exemple, est sensé représenter une forêt, mais vu le manque de relief de son aspect, ça ressemble juste à un papier peint très moche. Tous les (quelques) décors sont aussi pauvres, et seuls les personnages s'en sortent à peu près correctement… Faudra maintenant juste m'expliquer le choix de ce vert fluo dégueu pour E.T. car, même si sa couleur d'origine (le marron) rendait mal dans le jeu, je suis sûr que d'autres teintes seraient mieux passées (jaune-orangé par exemple)…


Pour finir, on peut être un peu déçu du faible environnement sonore de ETTET. Le thème d'intro du jeu est celui du film, et est plutôt adapté avec maestria aux capacités limitées de la machine. Mais paradoxalement, ça ne fait que nous faire déchanter sitôt qu'on se met à jouer : on n'a alors plus aucune musique, mais surtout les bruits de pas incessants (et saoûlants) de E.T. qui nous accompagnent tout au long de la partie…un peu comme le jeu japonais LSD – Dream Emulator (paru sur PS1), pour ceux qui connaissent…


Et pourtant… Atari était sûr de toucher le pactole. ETTET a été tiré à plus de 4 millions d'exemplaires (pourquoi pas, la conversion pourrave de Pac-Man a bien fait 7 millions de ventes), mais "seulement" 1,5 millions ont trouvé preneur. Atari s'est alors retrouvé avec près de 3 millions de cartouches sur les bras (à l'époque, les revendeurs renvoyaient les invendus, dans un système proche de la consigne), mais surtout une perte sèche de plusieurs dizaines de millions de dollars, le forçant à "se restructurer" comme on dit dans le jargon… Atari ne s'en relèvera jamais totalement (et faut voir ce que c'est devenu aujourd'hui…).


Bref, E.T. The Extra-Terrestrial est un soft pétri de bonnes intentions, mais qui a été diablement mal conçu, et surtout fini au sécateur… Mais ça n'est aucunement le "pire jeu de tous les temps". Vous voulez que je vous donne une liste de jeux plus mauvais qu'ETTET ? En voici un échantillon :



  • Heads Up – Action Soccer, sur Vectrex

  • Karateka, sur 7800 (quasi injouable)

  • Alex Kidd – High-Tech World, Dragon Crystal, Back to the Future 2&3, sur Master System

  • Action 52, Platoon, Dragon's Lair, Paperboy, sur NES

  • Dark Castle, Double Dragon II et Asterix & the Great Rescue, sur Megadrive

  • Ultraman, California Games II, Beavis & Butt-Head, Brandish, sur SNES

  • Plumbers Don't Wear Ties, sur 3DO

  • White Men Can't Jump, sur Jaguar

  • Superman, sur N64

  • Pax Corpus, Puma Street Soccer, Warriors of Ravenloft, sur PS1

  • et ça continue, encore et encore, c'est que le début (♫)…

Wyzargo
3
Écrit par

Créée

le 10 janv. 2016

Critique lue 1.4K fois

2 j'aime

5 commentaires

Wyzargo

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

2
5

D'autres avis sur E.T. the Extra-Terrestrial

E.T. the Extra-Terrestrial
Wyzargo
3

Mal-aimé, Je suis le Mal-aimé…

Aujourd'hui, on va parler du jeu vidéo connu comme étant "le plus mauvais de tous les temps" : E.T. The Extra-Terrestrial (ETTET). Une triste réputation qu'il traîne depuis plus de 30 ans, à mon sens...

le 10 janv. 2016

2 j'aime

5

E.T. the Extra-Terrestrial
diegowar
4

Critique de E.T. the Extra-Terrestrial par diegowar

Ce qui est clair, c'est qu'il y a bien pire que E.T. comme jeu, sur 2600 et sur d'autres consoles. Mais ça ne veut pas dire non plus que c'est un bon jeu, ou même un jeu moyen. E.T. souffre non...

le 20 juil. 2012

2 j'aime

E.T. the Extra-Terrestrial
skorn-of-banana
4

Surement pas le pire jeu, mais qui a tout de même des gros défauts

Lien vers mon site pour lire mes merveilleuses critiques avec plus de confort !Enfin, je fais le test de E.T, le légendaire plus mauvais jeu de l’histoire d’après les moutons qui n’ont aucune culture...

le 22 août 2023

1 j'aime

Du même critique

Grand Theft Auto V
Wyzargo
5

Les Trois Petits Félons

"Plus qu'un jeu, GTA V est un univers qui mélange les genres avec un perpétuel souci d'équilibre entre ludisme et réalisme. Pot-pourri de bonnes idées, le titre de Rockstar réinvente l'open world...

le 29 juin 2017

22 j'aime

28

Red Dead Redemption
Wyzargo
7

Ouest terne ?

Il y a quelques semaines encore, si vous m’aviez demandé ce que je pensais de Red Dead Redemption, je vous aurais sans doute vendu le jeu avec tous les adjectifs laudatifs superlatifs possibles et...

le 2 janv. 2017

18 j'aime

18

Uncharted: Drake's Fortune
Wyzargo
5

Gundiana Jones

Rien n’est immuable, même dans le microcosme des jeux vidéo. Les hommes partent, les entités restent. Et malheureusement pour Naughty Dog, ça n’a pas été pour le meilleur (un peu comme Rareware)...

le 18 sept. 2016

17 j'aime

2