Fait par des Fans pour des Fans ...

Pour comprendre ce qu'a voulu faire le studio indépendant Streum On Studio, il faut connaitre l'histoire du développement de ce titre.
L'équipe de Streum On est composée d'une dizaine de personnes qui travaillent sur le jeu pendant leurs temps libres, avec peu de moyens ils ont réussi à acquérir le moteur d'Half-Life 2, et en un peu plus de 4ans, ils ont sorti ce que certains appellent un chef d'œuvre et ce que d'autres appellent une grosse blague. On ne peut que souligner la performance de ce petit studio Français, qui a malgré tout gardé courage jusqu'au bout, mais trêve de paroles élogieuses, passons aux choses sérieuses.

Tout d'abord E.Y.E se place dans un univers Cyberpunk qui est rempli de références, que ce soit à Ghost in the Shell (une reconstitution du lieu de la fin du film est même cachée dans le jeu ...), P.K Dick (Sheep Electric = Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ...), Ridley Scott (l'architecture de Blade Runner...), Aliens (le niveau Monolith (référence au studio du même nom) qui mélange l'architecture de l'Alien de Fincher et de Cameron ...), Warhammer 40 000 (design des personnages), on pourrait passer des heures à compter le nombres de références aux cinémas ou la littérature, mais le jeu n'en perd pas moins son coté original, et possède un univers unique et excrément complexe (si on prend le temps d'aller aux archives). Cette ambiance cyberpunk ce ressent aussi dans les niveaux, comme dit ci-dessus l'architecture fait tout de suite penser à Blade Runner tout en gardant une part d'originalité: La touche Streum On en somme. Mais malheureusement, la conception des niveaux et parfois très inégales, il y a une opposition entre des niveaux très ouverts qui proposent des chemins alternatifs et d'autres très fermés sans d'autres choix que de passer au milieu des balles (le niveau de Mars notamment), et la grandeur de certaines maps nous obligeants à faire de nombreux aller-retour. De plus le Source Engin est très bien utilisés dans New Eden (on atteint la qualité de Portal 2, en légèrement plus fin), mais grimace par la suite, avec le fameux brouillard du moteur Source qui sert de cache misère pour le kliping et les textures, souvent fades (Mars encore une fois), sans oublier la noirceur du jeu ... Le résultat final étant assez déséquilibré.

C'est ce même déséquilibre que l'on retrouve dans le gameplay. E.Y.E n'est pas un Deus Ex, c'est avant tout un Fps teinté de Rpg (dans une moindre mesure il ressemble à Borderlands), il est donc or de question de jouer la carte de la diplomatie ou de la full-infiltration, surtout qu'E.Y.E propose un système de respawn des ennemis dans lequel une escouade tuée sera remplacé dans les minutes qui viennent, nous forçant à combattre des vagues et des vagues d'ennemis. E.Y.E est donc un Fps bourrin avant d'être un Rpg, mais l'infiltration, sur certaines maps et à partir d'un certain level peut-être possible, si l'IA ni met pas des siennes (voir plus-bas). Le « petit » coté Rpg est, quand à lui, plutôt bien mené : Possibilité d'améliorer des implants, de se spécialiser en hacking, en sniper, en corps à corps ... et offre de nombreuses possibilités, le tout permettant une bonne re-jouabilité. Les différentes spécialisations pouvant considérablement changer le gameplay : Le hacking, qui dès l'instant où il est maitrisé, permet de pirater les ennemis ou tourelles pour avoir une armée en guise d'alliée, ou le corps à corps qui une fois assimilé devient dévastateur ; il faut juste prendre le temps de maitriser ses pouvoirs et tout devient plus facile, le hacking qui semble très complexe au début, et au final très simple : Une fois compris. C'est aussi un des points noirs d'E.Y.E, le manque d'informations, le tutorial étant peu clair et l'interface plutôt austère, le jeu risque d'en dégoutter beaucoup au début mais si vous persister vous découvrirez une vrai perle.

Malheureusement le jeu est gangrené d'autres défauts plus importants. L'ambiance sombre et sérieuse, vient se gâcher par des blagues mal placées (comme les brouzoufs, la monnaie du jeu), les dialogues n'arrangent pas la situation, très mal écrient et parfois ennuyants (le tout dans des chatbox), les choix de réponses sont (la plus part du temps) de la poudre aux yeux, ne changeant en rien la suite du dialogue, sans compter les nombreuses inepties qui peuvent nuire, et tuer l'ambiance à petit feu. D'autres points peuvent gâcher l'expérience de jeu, à commencer par l'équilibrage. Celui-ci est vraiment bancale, les armes « percent-blindages » annihilent n'importe quel cible en quelques balles, certains pouvoir psy tuent instantanément les boss, et dès l'instant où votre avatar a atteint le lv50, il est over-power de la mort qui tue. La seul solution étant de monter crescendo le niveau de difficulté, jusqu'au niveau Ghost, mais là encore il y a un problème : Les niveaux de difficultés n'augmentent pas le Q.I de l'IA (soupir), mais rendent leurs attaques dévastatrices, règne alors un sentiment d'injustice quand, vous joueurs lv 70, vous vous faites tuer, en une balle par un ennemi qui se trouve à 200mètres de votre position. Malgré ce sentiment, on retourne au casse-pipe, pour le plaisir de mettre fin à la vie de centaines d'unités des forces-spéciales, en difficulté Ghost avec le spawn Infini.
Pour l'instant le jeu possède une bonne pelletée de bugs en tous genres, amputant le solo comme le multi.

Pour l'Ost rien à redire, une musique d'ambiance qui colle parfaitement aux décors et un petit coté Ghost in the Shell 2 dans le temple, qui est très sympa.
Reste le multi qui, pour l'instant, est peu stable (lags, deco, bugs ...), mais fun et intéressant. Dans un avenir proche il pourrait bien devenir le meilleur atout du jeu, et vient étayer la durée de vie déjà conséquente du jeu, environ 15heures pour finir le scénario et plus pour faire les quêtes annexes et upper son personnage, pour gagner le concours de Mister Cyber.

Pour conclure : E.Y.E est imparfait, il vous semblera n'être qu'un prototype réunissant de bonnes idées dans un foutoir d'absurdités. Mais si l'on creuse un peu plus, on se rend compte du véritable potentiel du jeu, E.Y.E est finalement un Fps de type Arène, où on tue en priorité, avec des armes jouissifs à utiliser, et où on réalise les objectif après. Un mélange entre imperfection et génie, entre Chair et Machine.