Généralement dans la vie quand c'est du "Payez tout de suite, vous verrez la couleur du truc plus tard", pas la peine de vous faire un dessin. Tiens, vous avez peut-être voté Sarkozy. Ben pareil, mais en jeu vidéo.

A la base donc, ce jeu se voulait le descendant spirituel de Master of Magic. Si vous n'avez pas sabordé votre adolescence sur ce jeu, disons simplement que c'est Civilization (premier du nom) avec des orcs, des sorts et une orientation légèrement plus castagne. Imaginez, croiser deux des trucs les plus populaires du moment. Et là je vous vois venir avec des comparaisons boiteuses à base de Sarkozy et de Royal, et je vous dirai que vous n'avez rien compris. On parle de trucs populaires pour de bonnes raisons.

Or, donc, Master of Magic a su conquérir un cercle de pas-de-vie qui regrettait ce jeu érigé en monument et ne ratait jamais une occasion de sortir "Ouais, mais bon, c'est pas aussi bon que Master of Magic". Surtout avec ces merdes de Heroes of Might and Merdique dont la seule amélioration nette du concept était le moteur graphique (1995 les mecs, faudrait peut-être envisager d'engager une équipe de créateurs). Alors ce ramassis de blaireaux s'est mis à virer fou et à saliver sur le plancher en attendant Elemental.


Tellement bandé sur l'idée que j'ai souscrit à la béta en payant plein de thunes. Et débandé vite fait. Le jour honnit où est sortit Elemental, la claque fut sévère : plein de bugs, plein de features absentes, presque rien à garder. J'ai - comme un bon nombre de types sur senscritique - écrit mon avis (pour éclairer le monde de ma bonne parole) pour pleurer un peu sur ce truc et souhaiter que les gars de Stardock assureraient sur le service après-vente.


Normalement, rendus là, vous vous marrez. L'industrie du jeu vidéo est essentiellement une grosse maquerelle qui n'hésite pas à laisser tomber le consommateur aussitôt qu'il a déboursé le pognon. On se retrouve souvent avec un ou des bug(s) qui prendraient quelques jours de boulot pour être réglés et qui ne le sont plus jamais sauf si la communauté des joueurs parvient à régler les problèmes elle-même (je ne pense pas du tout à Bethesda, ici). Mais Stardock par contre a un historique de suivi de leurs jeux assez intense, d'où espoir.



Dix-neuf ans après la sortie (complètement ratée comme rarement vu) de leur jeu, nous voici rendu à la version 1.19 (haha, d'ici que vous aurez lu ce machin, on sera sans doute à la 1.24.23.54.85.1) après plus d'une quarantaine de mises à jour. Et enfin, enfin, je peux dire que j'ai le jeu auquel je voulais jouer.




Vu que ça a déjà été assez pénible de vous rendre jusque là, je ne vais pas vous bassiner sur le principe. On a résumé : Civilization avec de la magie, orienté baston. Vous avez un héros, il peut lancer des sorts, il battit un empire, marie la première héroïne que vous voulez et fait des gamins qui partagent ses capacités. L'IA ou les autres joueurs humains font de même. Point. A la place, je vais vous raconter ma première vraie partie bandante depuis que ce jeu est sortit :


J'ai commencé tout au sud de la carte, relativement peinard. J'ai orienté le développement scientifique autour du combat et de la science de front, en second la magie et la diplomatie pour clore le bal. Sauf qu'histoire de pondre plus de villes pour garantir des frontières, j'ai surtout développé ces villes du point de vue quantité d'habitants. Résultat, quand j'ai croisé ma première IA (de la même race que nous), ça a commencé à grincer. Pendant une centaine de tours la cohabitation a été bonne, j'ai pu marier des enfants de mon perso avec les siens pour assurer une deuxième génération de lanceurs de sorts. Sauf que ma stratégie de villes frontière à marché, et que l'IA a décidé de m'extorquer un droit de passage. J'ai refusé et elle a tenté de me plier la gueule. Pas de bol.

Le pas de bol à prit de l'ampleur : l'IA avait axé tout son développement scientifique sur les armes. Ses troupes (hors héros) avaient des haches absolument monstrueuses capables de tuer n'importe lequel de mes gars (héros ou simples soldats) en un ou deux coups. J'ai donc opté pour le développement des capacités de sorciers de mon personnage principal en allant ramasser toutes les créatures errantes du coin. Comme les soldats ennemis avaient une armure moyenne, j'ai appris un sort qui ignore l'armure et dont les dommages sont proportionnel à l'intelligence du magicien plutôt qu'au nombre de points de canalisation conquis.

Bon côté, mon perso cassait la gueule d'un soldat ennemi par tour sans bouger, et tous les héros et soldats qui l'accompagnaient gagnaient des levels sans se salir. Mauvais côté, ces sorts utilisés sur des soldats de base vidaient allègrement mon mana. En plus, seul mon héros pouvait lancer ce sort qui nécessite une grosse intelligence.

J'ai donc commencé à leveller en priorité les enfants du héros (qui sont aussi des magiciens de naissance) pour que plusieurs puissent servir de tampon plutôt qu'un seul héros sans cesse en train de courir de droite à gauche (en réalité de se téléporter, ce qui failli achever ma réserve de mana un certain nombre de fois).

Pour parachever le tout, j'ai prit d'assaut deux villes de l'ennemi qui faisaient goulot. L'adversaire n'avait donc plus qu'un couloir par lequel passer. Ouf. Seul problème, la paix était désormais hors de portée : la capture des villes fit passer son coût à un total délirant que je n'effleure même pas plusieurs heures de jeu plus tard.


Plusieurs heures de jeu plus tard, j'ai ré-orienté mon développement de façon plus harmonieuse : mes soldats peuvent survivre aux monstres errants et éviter la capture de mes villes, mes héros peuvent tenir tête aux troupes ennemies. J'ai rencontré une autre IA agressive (mais celle-là appartenait de toute façon à la faction rivale, aucune paix n'est possible à long terme). Avant que la guerre n'éclate sur ce front j'ai eu le temps de marier quelques descendants de mes descendants avec. L'arbre généalogique du héros à donc quatre étages. J'occupe un bras raisonnable d'un continent, mais je n'ai pas exploré le dixième de la carte. Pendant que je me bats contre deux empires plus fort, trois civilisations se sont fait vaincre.

J'ai organisé un groupe uniquement constitué de héros spécialisés : deux archers, quatre cogneurs, deux lanceurs de sorts et un type bardé de points de vie pour servir de bouclier aux autres. Ce groupe se bat à l'autre bout du royaume contre les monstres errants pour découvrir les trésors libres et accomplir les petites quêtes du jeu. Ils se sont tellement battus que le plus faible d'entre eux à un niveau supérieur à mon personnage principal.

Je m'éclate, mais j'ai hâte de rencontrer une IA amicale pour établir des pactes et élargir la famille, parce que certains de mes petits-enfants se sont alliés à mes ennemis (qui sont leurs ancêtres communs) à la majorité. En moyenne j'en ai perdu 1 sur 3 (un maximum de quatre enfants par couple). On a jamais trop de magiciens sur une carte (bon, enfin, à condition d'avoir du mana vu qu'il est partagé entre tous les persos) ...



Bref Elemental, dont le développement n'est pas terminé et qui peut encore se bonifier, est enfin devenu un jeu passionnant et qui tient ses promesses. On peut maintenant le recommander sans crainte à tous les vieux fans de Master of Magic. Donc acte.

Créée

le 5 févr. 2011

Critique lue 399 fois

zeugme

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