Extermination
6.2
Extermination

Jeu de Deep Space et Sony Interactive Entertainment (2001PlayStation 2)

Extermination… Avec un tel patronyme, on sent tout de suite que la finesse et la peur psychologique ne seront pas les maîtres-mots de l’aventure proposée par ce survival-horror… Premier jeu du genre (à ma connaissance en tout cas) à paraître sur la toute récente PS2, Extermination avait surtout pour mission de rassasier les plus impatients, ceux qui avaient faim de chocottes virtuelles et n’en pouvaient plus d’attendre le portage de Code Veronica et l’arrivée du si prometteur Silent Hill 2 (qui débarqueront chez nous respectivement trois et cinq mois plus tard).


Sans surprise, le jeu est loin de rivaliser avec ces deux hits en puissance. Pour ma part, s’il fallait le rapprocher d’un soft concurrent, ce serait Deep Fear, un titre assez peu connu et pour cause, il est sorti tardivement et exclusivement sur une machine (la Saturn) qui n’a finalement pas très bien marché hors de son Japon natal. Dans les deux, le héros possède un charisme de moule à gauffres, que le doublage limite n’aide clairement pas ; l’eau, habituellement synonyme de vie, est dans chacun une source d’hostilité certaine…et tous deux ont cette étrange particularité de proposer des salles permettant de refaire entièrement ses stocks de munitions (de base) ! Notez que cette fonctionnalité est tout de même bien mieux exploitée dans Extermination, dans lequel ces munitions ne sont pas acquérables autrement, là où dans Deep Fear on nous permettait même carrément de refaire intégralement nos stocks de soin !


Le jeu embrasse donc totalement son penchant action, tel un Dead Space, l’occasion de parler d’une featurette assez chouette qui en découle : le gun customisable. Plutôt que de se trimballer masse d’armes encombrant plus que de raison l’inventaire, le jeu opte pour un flingue tout-en-un, auquel on peut greffer tour à tour une lampe-torche, une lunette de visée, ou encore des extensions le transformant en fusil à pompe, en lance-flammes ou en lance-grenades… Dans le même ordre d’idées, le couteau de combat est lui aussi multi-fonctions : on peut au choix exécuter des coups rapides mais faibles ou bien un coup puissant mais neurasthénique, couper des câbles, ainsi que forcer toutes les serrures des portes communes fermées à clé (big up à RE et ses différentes clés pique cœur carreau trèfle et autres médaillons de la muerte…).


Extermination est cependant loin de négliger sa composante survival, bien au contraire même, et cela se traduit notamment par la gestion d’une jauge d’infection (exprimée en pourcentage) complétant la plus traditionnelle barre de vie : ainsi, chaque ennemi rencontré, même le plus insignifiant, est susceptible de pouvoir nous contaminer à tout moment, plus ou moins gravement selon sa dangerosité ; une fois l’infection totale, la barre de vie ne peut plus dépasser les 60 % de sa capacité maximale, et elle se vide continuellement jusqu’au trépas définitif, sauf si l’on parvient à temps à s’injecter un vaccin (encore moins courants que les rubans-encreurs de RE!) dans les machines prévues à cet effet. Tout aussi primordial, ne gâchez pas inutilement vos munitions les plus puissantes, si vous espérez voir un jour la fin (d’un jeu qui n’est finalement pas bien long)…


Notons enfin un petit côté plateforme assez déroutant pour un jeu du genre, qui tendrait pour le coup à le rapprocher de softs tels que Tomb Raider : on grimpe sur tout un tas de trucs, on saute par dessus des crevasses, on se suspend à des grillages ou assimilés…non vraiment, le gameplay est très complet et disparate et c’est assez plaisant. Très imparfait, mais plaisant. En effet, quelques menus défauts viennent entâcher la prise en main, notamment l’impossibilité d’inverser l’axe Y (on déplace le curseur de visée vers le haut pour viser vers le bas et vice-versa, comme dans une bonne vieille simu’ aérienne/spatiale) ou encore d’influer un minimum sur la caméra, qui choisit parfois (voire souvent) des angles de vue pas très optimisés (on est sur PS2 les gars, faites donc usage du second stick!)…


Côté histoire, il ne faut pas s’attendre à du très recherché, même si ça se laisse suivre… L’action prend place quelques mois après les évènements de Shadow Moses (comment ça, c’est pas le même univers ? :p), dans un lieu tout aussi glacial que l’Alaska mais totalement à ses antipodes : un centre de recherches basé en Antarctique. On incarne un certain Denis Riley, membre d’une quelconque force d’intervention américaine (les Marines si je me souviens bien), qui se retrouve bien vite esseulé et confronté à une menace mutagène prolifèrant dans les sources d’oxyde d’hydrogène et…en dire plus serait tirer vers le spoil. Tout au plus peut-on dire qu’il y a un très léger feeling The Thing (le film de Carpenter, pas la bouse récente).


Pour finir, Extermination est visuellement et techniquement très propre, surtout pour un jeu approchant les 18 ans, et notamment pour un soft en 3D intégrale disposant d’environnements aussi intéractifs. Mention spéciale aux quelques passages en extérieur balayés par des tempêtes de neige, au cachet artistique certain. De même, l’adversité a parfois quelque design inspiré, même si toutes les abominations ne sont pas logées à la même enseigne… Côté ambiance, si on excepte le doublage pas terrible évoqué précédemment, il faut avouer que les sound designers ont fait le job, avec des râles de monstres convaincants et des thèmes atmosphériques dans le ton. Ce n’est là encore pas forcément au niveau des cadors, mais il n’y a pas non plus à rougir du résultat.


Extermination est un soft intéressant à plus d’un titre, parvenant à imbriquer avec une étonnante cohérence un game design très largement orienté action-aventure dans sa composante horrifique…et ce, malgré une prise en main terriblement désuète, notamment à côté des exceptionnels Code Veronica, Silent Hill 2 ou autres Project Zero, encore très jouables, même à notre époque. Bref, vous voilà prévenus…

Wyzargo
7
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le 9 févr. 2019

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