Fairy Tail
5.8
Fairy Tail

Jeu de Gust et Koei Tecmo Games (2020PlayStation 4)

Si on vous demande de citer un manga shonen très en vogue ces dernières années, il y a des chances pour que One Piece soit la réponse la plus souvent donnée, suivie ensuite sans doute de Naruto et/ou Fairy Tail.

Fairy Tail a été créé par Hiro Mashima et conte les aventures de la guilde de mages du même nom, ainsi que leurs interactions avec les guildes rivales. Elle est notamment emmenée par Natsu Dragnir, accompagné d’autres membres comme la constellationiste Lucy Heartfilia, son rival Grey Fullbuster ou encore la mage chevalier Erza Scarlett, connue pour ses longs cheveux rouges, son sérieux et surtout sa capacité à changé de tenue et d’armes à volonté en combat. Au début, la guilde est surtout une des pires du royaume de Fiore. En effet, elle est connue pour sa quasi absence de résultats probants et surtout pour les énormes dégâts collatéraux qu’elle fait en mission, à cause de la nature impulsive de Natsu.

Le manga est arrivé à sa conclusion en 2017 au Japon et comporte 63 volumes en France, publiés chez Pika Édition. Elle a toutefois été prolongée avec l’arc 100 years Quest, mais Mashima n’est plus seul. Une chose est certaine, il n’a pas fait l’unanimité, notamment à partir de la deuxième moitié , à savoir après les jeux intermagiques. Un anime a également suivi, et il était évident que la licence serait déclinée en jeu vidéo. Et c’est Koei Tecmo qui a décroché le droit de faire un RPG mettant en scène les personnages du manga en confiant le bébé à Gust, le studio créateur de la série des Atelier. Alors, Fairy Tail en RPG, le choix semblait assez logique, non ? Oui, mais il aurait fallu pour cela ne pas sombrer dans la paresse la plus crasse. Explications dans les lignes qui suivent. Précision utile : cette critique est rédigée par un non-fan de la licence.


Magnoria forever

Le jeu commence au moment où nos héros réussissent à vaincre Hadès, un boss qui fait office de didacticiel, et lorsqu’ils découvrent que le dragon Acnologia a été invoqué malgré tout sur l’île de Tenrô. Pour protéger la guilde, le dragon étant invincible, Mavis Vermillion, le premier maître, a lancé un sort légendaire pour contrer l’attaque. Il en a résulté un sommeil de 7 ans, sans que les membres ne vieillissent. C’est là le véritable point de départ du jeu : nos héros reviennent de leur sommeil temporel,découvrent leur bâtiment en ruines et surtout, que la guilde est très logiquement passée dernière depuis longtemps au classement. Pourront-ils remonter la pente ?

Je comprends très bien le choix de ne pas faire démarrer le jeu depuis le tout début , il est vrai que cela aurait fait un peu long et le point de départ du jeu est bien trouvé. Le soft reprend notamment les arcs des jeux magiques et de Tartaros et est découpé en chapitres. Chaque chapitre est divisé en différents épisodes, qui une fois terminés, permettent de passe au suivant. Reste qu’un non-connaisseur risque de se sentir un peu perdu mais cela peut lui donner envie de s’intéresser au manga d’origine, allez savoir.


Atelier Natsu 

Le bâtiment de la guilde fera office de hub central. Pour progresser, vous devrez remplir des missions, telles que améliorer les installations en allant récolter des éléments dans les zones entourant Magnoria, la ville d’attache de Fairy Tail. Ou encore améliorer vos relations entre personnages , ce qui permettra une meilleure coopération de l’équipe lors des combats, et pourquoi pas faire des quêtes pour les citoyens dans la ville ou ça et là dans les différentes zones du jeu. Vous pourrez aussi prendre des quêtes en fonction du rang de votre guilde via un tableau d’annonce. Chacune d’elles permettra d’améliorer la réputation de celle-ci et de grimper dans la hiérarchie. Et là encore il y a beaucoup à faire, car elles sont nombreuses, et vous pourrez aussi approfondir vos liens avec les différents personnages de la guilde.

Bref, Gust reprend beaucoup d’éléments venant des Atelier et les habitués à la saga ne seront pas trop dépaysés sur ce plan. Globalement, le jeu offre énormément de contenu, et les complétistes seront aux anges, mais vraiment. Sauf que là, on sent que le studio ne s’est pas trop foulé. Les quêtes sont hélas peu variées, la plupart du temps, c’est-à-dire dans 95 % des cas hors scénario, vous devrez faire des chasses aux monstres, d’abord un seul type de créatures, puis deux, avec un nombre toujours plus important d’unités à tuer. Autant le dire, ça m’a barbé. Aller visiter les mêmes zones, encore et encore, tuer les mêmes monstres, en boucle mais AU SECOURS. Une chose que pourtant, je n’ai quasiment pas ressenti dans un Atelier, l’alchimie et ses multiples possibilités y étant pour beaucoup. Ici, vous n’avez qu’un système de crafting très basique permettant de créer des lacrimas, des pierres élémentaires qui font office d’équipement. Le pire c’est que le scénario vous imposera parfois de faire des quêtes, car vous devrez atteindre une certaine place avant de pouvoir poursuivre. Mais ça veut dire quoi, ça ? Que Gust n’a pas su reproduire le rythme et la variété de sa série phare, où les quêtes annexes n’était pas obligatoires.


Dis tonton, c’est quoi un couloir ?

L’impression d’économie de moyens se ressent aussi sur le monde que vous aurez à explorer. Les zones sont peu nombreuses, et pire, elles sont toutes des couloirs étroits dans lesquels il est souvent pratiquement impossible d’esquiver les ennemis. Le level design est très paresseux, les zones extérieures sont bâties sur exactement le même schéma à peu de choses près, et cela se ressent aussi dans les donjons qui ne sont rien d’autres que d’étroits couloirs couloirs de briques et de pierres.

Pire, on sent que le studio a sans doute manqué de temps avec la « non présence » de certains lieux qui auraient pu donner un donjon intéressant à explorer. Un exemple ? L’épreuve préliminaire des grands jeux magiques est un dédale dans lequel seules les huit premières guildes seront qualifiées. On se dit, « chouette, on va évoluer dans un lieu, on va faire des combats et se friter avec des guildes mineures tout en récoltant des éléments et des trésors disposés dans les recoins. » Même pas ! On nous expédie littéralement deux combats ridiculement faciles ( il faut dire que j’avais largement le niveau), et… basta. Fairy Tail se qualifie in extremis. Putain !!! Si ce n’est pas du bâclage en règle ça, je ne sais pas ce que c’est, franchement.

Une chose qui se retrouve à divers endroits du jeu : alors que certains passages auraient pu être jouables, ils se retrouvent simplement racontés par Lucy.Ou encore, le jeu nous dit d’aller à un endroit, mais généralement, on avance de quelques mètres, un boss nous attend, on le bat, et hop on passe à autre chose avec l’objectif rempli .

Une absence de liberté qui se retrouve également si vous ne prenez pas le bon chemin : au lieu de nous faire malgré tout découvrir une nouvelle zone, un PNJ vous dira que vous ne pouvez pas y aller pour le moment, la curiosité attendra que le scénario le décide.


Combats assistés

Si le jeu ne brille pas par son déroulement affreusement bâclé, lourd et redondant, peut-être que le système de combat relève un peu le niveau ? J’aurais bien aimé, mais non, en fait. Comme j’ai déjà mentionné, on voit les ennemis à l’écran, les combats ne sont pas aléatoires. Votre équipe commencera avec trois membres, jusqu’à s’étendre à 5 en combat. Il arrivera cependant que vous fassiez des combats en solo ou à deux généralement pour les besoins du scénario. Certains personnages pourront être imposés pour certaines quêtes.

Fairy Tail mettant en scène des mages , il est évident que le système est basé sur les compétences et magies élémentaires. L’idéal serait de composer une équipe avec des membres de guilde ayant chacun une affinité élémentaire différente et quelques sorts de guérison, c’est toujours utile. Bien entendu plus vous gagnez des niveaux, plus vous développez ou améliorez des compétences. Vos adversaires attaquent souvent en groupe, et un des enjeux sera d’utiliser les bonnes magies, mais il faudra aussi prendre en compte leur zone d’effet, pour affaiblir un maximum d’ennemis. Le fait d’utiliser des sorts remplit petit à petit une jauge circulaire en bas à droite de l’écran. Une fois pleine, il vous suffira d’appuyer sur R1 pour activer le mode coopération magique, qui permettra aux personnages d’enchaîner les coups et de faire des chaînes, pour finir au choix avec une magie surpuissante ou un « finish move » ravageur. Ce qui est une bonne idée, mais comme le compteur reste au même stade d’un combat à l’autre, on a tendance à abuser de cette fonction. Il suffit de la garder remplie jusqu’au prochain gros combat, et le boss ne résiste pas longtemps à un tel traitement ravageur, du moins vous entamerez bien sa barre de vie. Et à part pour les gros sortilèges, j’ai rarement eu de problèmes de gestion des points de magie, étant donné que vos HP et vos MP seront rechargés dès que vous revenez en ville ou à la guilde. En réalité, on a vite fait d’utiliser les sorts les plus efficaces pour décimer des hordes d’ennemis, on remplit le compteur de coopération magique, on l’utilise, et tout recommence. Et le pire c’est que ce ne sont pas les magies qui coûtent le plus de MP qui font forcément le plus de dégâts.

Quand je pense qu’il a été comparé à Persona 5 à l’époque de sa sortie sur ce point, vous m’excuserez, mais si Persona 5, notamment en version Royal, reste un des meilleurs JRPG de ces 15 dernières années- je persiste, je signe et je contresigne- et a gagné ses galons de très grand jeu, c’est notamment grâce à un système de combat élaboré et fignolé depuis longtemps, qui demande un minimum de stratégie pour ne pas commettre d’erreur. Ici, vous avez aussi un système de faiblesses et de résistances, mais le jeu vous les indique directement, et si vous utilisez un élément auquel l’ennemi résiste, vous ne serez pas vraiment pénalisé.

Et c’est pire lorsqu’un personnage invité participe aux combats , en général ça vire presque au combat automatique tant il n’hésitent pas à utiliser leurs magies les plus puissantes. Les ennemis normaux ne résistent généralement pas. N’est-ce pas, Mirajane ?

On le voit, en plus d’être répétitif, le jeu est très facile même en mode normal. Les Game Over sont rares, et lorsque ça arrive, vous retournez juste au QG ou vous pouvez aussi reprendre le combat immédiatement. C’est vrai que cela évite la frustration, mais difficile d’oublier l’aspect simpliste du système, qui montre hélas trop vite ses limites.


Pas vraiment féérique

Lorsqu’on voit l’arrière de la jaquette de Fairy Tail, on voit que le jeu ne fait, de base, « que » 7 Gigas de données sur vos disques durs. C’est certain, il prend peu de place. Mais on comprend vite pourquoi. Bon, alors on reconnaît bien les personnages du manga ou l’anime, aucun problème. Natsu, Lucy, Grey, Erza, ainsi que d’autres venant de guildes rivales, oui, ils et elles sont là. Cependant, on se rend vite compte que l’aspect technique ne suit pas du tout. Les graphismes sont pauvres au niveau des textures qui sont de plus très floues, ce qui fait qu’il vaut mieux ne pas jouer de trop près, et le jeu aurait pu tourner sur une PS3 sans aucun problème. Là encore, on voit que le titre n’a jamais bénéficié d’un budget conséquent. Déjà, il n’y a même pas d’intro. Vous avez juste les logos de l’éditeur et du développeur, la page de présentation et … c’est tout. Pas de démo, ni de présentation des personnages.

Les musiques en revanche, sont plutôt cools, et correspondent bien à ce qu’on attend d’un shonen. Calmes dans les villes et tirant aussi un peu sur la folk, elles deviennent assez vénères lors de combats. Nous avons droit aussi aux doublages japonais. Dommage que les sous-titres français aient fait l’objet d’une traduction calamiteuse. Pondre une chose pareille en 2020 c’est inadmissible. Ainsi, vous devrez composer avec des fautes à foison (certains participes passés), des changements de noms de personnages parce que traduits (oui oui) des phrases avec des contresens rendant certaines scènes difficilement compréhensibles. Et encore, il paraît que le jeu a reçu un patch sensé avoir corrigé ce point noir. J’en doute cependant beaucoup.

Une histoire par ailleurs assez difficile à suivre dans sa globalité. Si je peux comprendre que pour un jeu, on puisse prendre des raccourcis pour rendre l’ensemble plus fluide, ici, il y a carrément un charcutage à la hache tant certains arcs sont vite expédiés, comme l’arc Eclipse, par exemple. Et je dis ça après visionnage des épisodes relatifs aux arcs présents dans le jeu. Alors, il y a de bons moments, comme lors de la phase des grand jeux magiques, ou la poursuite des dragons, mais je m’y suis senti peu impliqué. La faute à une absence de mise en scène flagrante. Et c’est ici qu’on se rend compte que le jeu a été fait avec des moyens ridicules. La plupart du temps, vus voyez juste un plan global de la scène. Il n’y a quasiment aucune variation de point de vue, et même pas de champ/contrechamp sur les visages, qui eux, manquent clairement de phases d’animations. Certains RPG de la PS2 faisaient largement mieux. Mais pire encore, certains personnages n’ont pas d’existence en jeu. On voit leur artwork lorsqu’ils parlent pour les sous-titres, mais n’ont pas de modèle 3D. Des exemples, il y en a plein, comme le commentateur des grands jeux magiques, ou la princesse de Fiore (un comble!!!) . Résultat : les persos parlent souvent dans le vide, à un homme ou une femme invisible. Il faut l’avouer ça fait bizarre, et ce serait risible si cela n’était pas révélateur du manque de temps pour le finaliser. Et au vu des coupes faites mais en voulant à la fois être fidèle à la trame de base, je me dis que Gust aurait mieux fait d’opter pour un scénario inédit. Là, au moins, j’aurais pu saluer la prise de risque. D’autant plus qu’on termine l’histoire principale du jeu au moment même où on a l’impression que le titre commence vraiment à décoller. Mais en réalité, on s’aperçoit que beaucoup de questions de l’intrigue restent en suspens lorsque le générique de fin apparaît. Mais allez, je ne vais pas trop négatif. Un des points positifs du jeu est que Gust a tout de même bien retranscrit le caractère de chaque personnage. Natsu est impulsif et se prend souvent la tête avec Grey, Lucy est toujours de bonne humeur tandis que Erza est a caution «  sérieuse » de la guilde, bref, il y a au moins le respect du manga sur cet aspect, c’est déjà ça. Et le chapitre post-game offre aussi du contenu, et un peu plus de difficulté. Dommage cependant que cela ne change pas de l’histoire principale et qu’on ne puisse hisser la guilde au rang maximum uniquement dans cette section du jeu. Et à vrai dire, le soft pourra tout de même plaire aux débutants en RPG, pour peu qu’ils soient peu exigeants… Mais j’ai le sentiment que le jeu aurait pu en offrir tellement plus...




Conclusion :

J’en arrive donc à me poser la question : les fans du manga ou de l’anime doivent-ils se contenter de ça ? La licence Fairy Tail en RPG ne méritait-elle pas un meilleur traitement ? Je ne sais pas quelle aurait été la formule miracle, mais je sens que le potentiel a été gâché. Et je le rappelle, je ne suis pas un fan de la licence, et j’arrive tout de même à voir au travers de ce jeu un RPG beaucoup trop générique et basique auquel il manque beaucoup trop de choses pour convaincre. Alors oui, une amie m’a prêté le jeu et c’est moi qui le lui ai demandé histoire de voir, mais j’ai de la peine pour ceux qui l’ont payé plein pot, en neuf. Certains s’en contenteront sans doute, mais ce qui aurait pu être un RPG agréable se transformera en une expérience pénible et répétitive pour beaucoup de monde, notamment les « vieux d’la vieille » dans le domaine ou les plus exigeants. Un gâchis, vraiment.


Points Positifs :

On reconnaît bien les personnages du manga

Les musiques sont bien adaptées

Voix japonaises

Peut plaire aux débutants…


Points Négatifs :

Techniquement, il pourrait facilement tourner sur une PS3.

De nombreux passages zappés

Level Design copié/collé et couloirs

Monde trop réduit

Système de combat trop basique

Missions qui manquent de variété

Bestiaire limité

Trop facile

Traduction bourrée de fautes !

60 euros pour ça, franchement ?

Julius
3
Écrit par

Créée

le 27 déc. 2023

Critique lue 4 fois

Julius

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