Final Fight: Streetwise
3.4
Final Fight: Streetwise

Jeu de Capcom Production Studio 8 et Capcom (2006PlayStation 2)

Troisième et dernier jeu de Capcom Studio 8 à qui l’on doit les deux jeux Maximo sur PS2, Final Fight Streetwise est un BTU en 3D qui s’est fait défoncé par la presse. Passé inaperçu auprès du grand public, le peu de joueurs qui a fait le jeu en garde cependant un très bon souvenir, et ce n’est pas pour rien. La note metacritic de la presse est de 4,3 alors que le userscore est de 7,7. Sur jvc par exemple, on a un terrible 7/20 pour le testeur mais un beau 15/20 chez les joueurs. Acharnement ? Tout est question de contexte j’imagine. FF Streetwise est sorti en 2006, au moment ou seul les gros BTU modernes solo type DmC, Onimusha ou God of War avaient leur place sur le devant de la scène, et c’est très dommage. Oui à cette époque, les BTU 3D ne pouvaient pas être autre chose que des gros mélanges de genre (action, plate-forme, énigmes et... un peu de baston) avec des dieux mythologiques qui font 10m de haut, et Streetwise dérogeait forcément à cette règle (la baston old school, la vraie n'était plus à la mode), tant est si bien qu’il a même eu une analogie foireuse avec GTA (merci Greg de GK pour ce moment), alors que bon, ça n’a forcément rien à voir.
Avec sa réalisation modeste, son mode story exclusivement solo, Streetwise n’a pas la réputation d’un Fighting Force et encore moins celle d’un Devil May Cry donc. Pourtant, le jeu cache de nombreux atouts pour peu qu’on s’intéresse vraiment à ce qui se trame derrière sa risible devanture.


Tout d’abord, les critiques ont trouvé le jeu moche, et d’entrée de jeu : Je-ne-suis-pas-d’accord. Les modélisations des persos principaux pour un jeu de 2006 sont loin de faire pâle figure en comparaison d’autres titres du même genre et durant la même époque. Les faciès sont réussis (avec des expressions faciales un minimum travaillées), les décors certes un peu simplistes sont loin d’être dégueulasses. C’est un peu cheap mais l’ambiance visuelle est marquée, avec des effets de lumière et des filtres pour un rendu urbain et crasseux réussi. Tout juste peut-on trouver le jeu trop sombre. De plus, le jeu jouit d’une fluidité exemplaire à 60ips, chose assez peu courante à l’époque, surtout pour un titre en monde "semi-ouvert" (j'y reviendrai).
Deuxièmement, le jeu est techniquement solide, il affiche des combats percutants, fluides et quasi sans bugs, même quand il y a du monde (essayé cependant via PCSX2, je me doute qu’il doit y avoir un peu de lag sur PS2 d’origine). Certes, des approximations dans le gameplay peuvent se faire ressentir (comme la touche qui permet de ramasser les objets, qui est la même que pour choper les adversaires), mais c’est aussi imputable aux déplacements analogiques, et ça reste au final plutôt jouable et fun dans l'ensemble.


L’intérêt et la progression de ce Streetwise en mode story sont appréciables : A la manière d’un Shenmue ou d’un Yakuza, notre avatar, Kyle de son prénom, va devoir enquêter sur la disparition de son frère Cody (le fameux) en discutant avec les habitants de Metro City (la fameuse), tout ça sur fond de criminalité, de drogues et de pseudo-zombies. Avouez que c’est un programme alléchant !
En parallèle à la quête principale, Kyle peut glaner des coups spéciaux en les achetant au gymnase, ou il peut aussi s’y entraîner sur un ring. Ensuite en discutant avec les habitants, tu récoltes des infos, tu débloques des subquests, des mini-jeux, des pitfights (bastons en 1v1 sur arène) et même des destructions de bagnoles à main nues (gros clin d’œil au Final Fight original et à Street II), bref y’a de quoi s’occuper. Tu trouves aussi régulièrement des magasins pour t’acheter de la bouffe, des armes, de l’alcool (oui le whisky ça soigne les blessures) et même des morceaux de zik chez le disquaire du coin. Y’a aussi un tatoueur et une voyante (même si c’est très anecdotique).


Principalement, Streetwise alterne entre ses bonnes bastons des rues et son histoire un brin alambiquée dans des cutscenes délicieusement idiotes. Son gameplay est vif et ses coups percutants (surtout quand t’actives la jauge de tension), et même si c’est parfois un peu brouillon, tu sens que c’est assez peaufiné et réactif dans l’ensemble. En cognant loubards et autres crapules de Metro City, tu ramasses du flouze et des armes, t’augmentes par la même occasion tes jauges de respect sur les quatre zones de la ville (même si ça sert à rien). Ces zones sont très petites, mais suffisantes pour l’ambition du soft. Streetwise c’est pas un jeu à 30h de durée de vie, donc faut plutôt prendre le jeu pour ce qu’il est c’est à dire une mini aventure de 5h en ligne droite et allez... 10h avec les subquests.
Si tu tapes sur les habitants paisibles qui n’ont rien demandé, ta jauge de respect diminuera mais ça n’impactera pas le jeu à priori, à part peut-être pour avoir accès à certaines sous-quêtes. En les aidant à travers les subquests, tu débloques des mini-jeux, mais aussi des missions de sauvetage, couverture et autres filatures rapides.


Pour ce qui est de l’histoire principale, faudra pas t’attendre à un scénario béton, mais c’est suffisamment drôle, les rebondissements et les rencontres se bousculent et vont souvent toucher ta fibre nostalgique : Comment rester de marbre devant un Haggar aussi imposant par sa stature, qu’impliqué dans une histoire aussi débile ? Ou devant un Guy d’un calme absolu même dans les pires moments de panique (oui, même quand son dojo se fait vandaliser). Tu peux aussi compter sur le soutien moral des amis de Kyle (sa petite amie Vanessa et son frère), et le fait que tu puisses recruter des gus momentanément pendant tes bastons urbaines en échange de quelques billets.


La difficulté est assez progressive, avec des sbires toujours plus balèzes, mais c’est surtout ceux infectés par le virus GLOW (mutation en zombi dopé) qui te donnera (un peu) du fil à retordre, grâce à leurs attaques plus puissantes et surprenantes (ils peuvent même t’arracher le cœur à la Kano style). Les boss quant à eux, sont plutôt inspirés et possèdent quelques patterns relativement travaillés et cohérents.


Pour finir, quelques mots sur le mode Arcade, qu’il faudra malheureusement débloquer entièrement à travers le mode Story (persos et stages compris). Ici pas de dialogues, pas de subquests, pas de déblocage de coups, c’est en mode 2p qu’il conviendra évidemment d’en profiter au mieux.


Bref, Final Fight Streetwise est loin d’être une bouse infâme comme a pu nous faire croire la presse à l'époque.
C'est même un bon petit jeu, un (vrai) BTU 3D assez unique et à la réalisation somme toute efficace, même si la DA est un peu fadasse. Son aspect nanar un peu fauché n’empêche pas qu’il soit fait avec soin et amour pour le genre. Oui, lui aussi mélange un peu les genres (action, QTE, enquête etc...) mais il le fait bien, sans prétention et sans en faire trop. Bref faut pas hésiter à l’essayer surtout si t’es un nostalgique des anciens jeux.


Les trucs cools :



  • Version PAL traduite en français et qui propose le 60hz (c’était pas courant sur PS2)

  • Combats vifs en 60fps, avec des combos qui déboîtent bien

  • Scénario wtf et très sympa

  • Bonne ambiance underground, nombreux clin d’œil à l’univers de Final Fight

  • Retrouver les persos emblématiques comme Guy, Cody et Haggar !

  • Petits caméos sympa, Cammy et Andore dans les arènes de combat

  • Dialogues/évènements cocasses voir croustillants

  • Les habitants de MC offrent un peu de vie et ont souvent de petites infos intéressantes

  • Des subquests un peu partout avec des mini-jeux variés et sympathiques (pit fight, classic car bash, slinding puzzle, bonneteau, fléchettes, bras de fer, tir aux canards...)

  • Personnalisation de la tracklist à travers divers morceaux déblocables de groupes connus de rap, hip-hop ou metal, sans oublier quelques remix des titres originaux

  • Mode Arcade à 2 players efficace et dépouillé de toutes les fioritures du story mode

  • Nombreuses armes : battes, couteaux, katanas, fusils, mitraillettes, grenades, molotovs...

  • Pas mal d’interactions avec les décors (chaises, poubelles, extincteurs…) comme dans tout bon BTU old school qui se respecte

  • Les missions chronométrées ou tu dois éteindre des incendies et te battre en même temps, y’a une bonne tension

  • Des boss réussis aux pattern convaincants

  • Un new game+ est disponible, tu conserves toutes tes améliorations et coups spéciaux, au cas ou t’en redemanderai…


Les trucs moins cools :



  • Quelques personnages iconiques absents que j’aurais aimé retrouver (Rolento, Sodom ou Poison)

  • Stages et persos du mode Arcade à débloquer dans le mode Story, c’est chiant si tu veux juste profiter du jeu à 2p directement

  • Système d’achat de coups spéciaux et d’upgrade de Kyle un peu obscur et osef

  • Apprentissage de certains spéciaux étranges, voir impossibles à réaliser (probablement de mauvaises manips détaillées in game)

  • Touche de chope et ramassage d’objets sur la même touche (rond), ça rend les bastons un peu confuses parfois

  • Les jauges de respect par ville totalement osef

  • La tronche des habitants + peu variée

  • L’hôtel, niveau moche qui tire en longueur

  • Petits pépins au niveau de l’IA

  • Les panneaux de sécurité à code

  • Les missions obligatoires dans lesquels on joue les dératiseurs sur un morceau de ska punk

  • Lock des ennemis peu utile à part pour utiliser les armes à feu

  • Globalement un peu trop fade et sombre dans sa DA

  • Quelques cinématiques en pré-rendu (je me demande bien pourquoi)

  • Le seul moyen de sauvegarder sa partie est de... quitter le jeu (lol)

  • Un seul et unique fichier de sauvegarde, pas très gênant mais bon…

  • Mode Arcade un peu sec, ou l’interaction avec le décor n’est plus possible…

  • Le Final Fight arcade original est déblocable mais est émulé à l'arrache

Addryu
6
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le 12 déc. 2021

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Addryu

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