First Strike
First Strike

Jeu de FEINHEIT (2003iPad)

First Strike, c’est l’exception suisse. La première frappe d’ampleur de notre petit pays sur le continent du jeu mobile. Couplant succès critique et commercial, il est la partie émergée d’un développement helvétique en pleine croissance. Ce qui m’amène à m’auto poser la question suivante: « Qu’est-ce que tu as branlé pendant tout ce temps? ». Merci à moi pour cette question extrêmement pertinente. Je cherchais la façon de l’aborder mon cher.


Point de vue
Oui, car First Strike qui devrait me faire danser la vie et hurler de joie, au vu de l’encouragement qu’il représente pour notre pays, m’ennuie un peu. Dans les deux sens du terme, malheureusement. Pour la première fois, la politique du site voulant que l’on fasse de la critique et pas du test exhaustif me met en position délicate car First Strike est pour moi un superbe mannequin qui se trimbalerait un horrible pustule sur le visage. C’est incontestablement un jeu de qualité mais un élément précis m’empêche de chanter ses louanges. Mon article va donc consister à décortiquer ce pustule. Cela pourrait vous donner à penser que le jeu n’est pas à la hauteur, mais n’en faites rien je vous prie: First Strike mérite largement les 5CHF qu’il coûte. Il aurait seulement pu être mieux. Et comme un parent avec son enfant, je vais me permettre d’être plus sévère avec lui justement parce qu’il représente la Suisse dans le monde. Ceci étant dit, parlons rapidement du corps de mannequin avant d’en venir au pustule.


Beau gosse
Pour ceux ayant passé l’hiver à l’alpage, First Strike est comme son nom l’indique un jeu de guerre nucléaire. L’écran principal affiche une fort charmante vue en 3D de notre planète que l’on peut joyeusement tourner du bout du doigt. De façon moins joyeuse, il va s’agir de s’y entretuer à coups de missiles intercontinentaux avec un ou plusieurs adversaires dirigés par une IA. Chacun commence dans une région du globe avec l’objectif de s’étendre progressivement. Politique de conquête soumise à une logique simple et éprouvée: plus on possède de pays, plus l’on peut stocker de missiles et plus l’on élargit ses chances d’atomiser les nations concurrentes. Le gameplay est donc constitué de choix simples de type attaque, défense ou développement technologique. Une optique fort bien adaptée à une consommation sur tablette ou portable aux sessions de jeu courtes. L’ennui, le grain de sable dans la mécanique, est plutôt d’ordre géographique.


Un grain dans la beauté
First Strike comme je l’ai dit plus haut fait la part belle à la conquête de territoires. Au départ, lorsque le joueur en possède un petit nombre, toutes les décisions sont importantes. Quel territoire dédier à la défense? Quel autre à la recherche? Quel pays conquérir? La moindre parcelle de terre étant cruciale lors de ces cinq premières minutes, chaque décision compte. Puis lorsque l’on se met à conquérir des territoires supplémentaires, les pertes deviennent moins importantes, les erreurs moins graves, les décisions moins urgentes. Finalement au bout de dix minutes, avec une vingtaine d’états à notre botte, on clique un peu à tout va en réfléchissant beaucoup moins et en baillant beaucoup plus.
« Mais pourquoi ça donc, mon cher moi? ». Eh bien vois-tu, le monde de First Strike est segmenté en une centaine de zones dites « réalistes ». Autrement dit, on ne donne pas dans la fantaisie: chaque territoire est un état réel. Un choix fort pertinent pour soutenir la thématique mais qui dessert malheureusement le gameplay. Premièrement, cela ajoute un micro management de chacun des pays très fastidieux lorsqu’on dépasse la dizaine. Deuxièmement, cela prolonge inutilement la durée des parties tout en réduisant drastiquement leur intérêt stratégique. Il aurait été bien plus judicieux de réduire le nombre des pays, quitte à ne pas être totalement en phase avec la géopolitique actuelle.
Probablement que cet attachement à une cartographie réaliste s’explique dans le message antinucléaire que souhaitent véhiculer les développeurs. Malheureusement, comme pour Watch Dogs il est un peu triste que le message vienne entraver le plaisir de jeu, d’autant plus lorsqu’il est fort maladroitement intégré. Si l’on trouve une mécanique qui veut qu’un pays ayant été bombardé produira moins à l’avenir, il est bien malheureux pour un titre se voulant antinucléaire que la possibilité la plus jouissive du jeu et menant le plus souvent à la victoire soit un bombardement général au moyen de tous les missile en stock dans la totalité de nos régions conquises. Une véritable orgie d’ogives qui convaincrait pour l’espace de quelques secondes le plus réticent des humanistes de l’absolue coolitude de la puissance nucléaire.


Le vilain pustule recouvrant le visage de First Strike semble donc être d’origine psychosomatique. Le tiraillement entre son message et son gameplay aurait généré cette protubérance malvenue. Je prescris donc un patch salvateur qui rationaliserait les territoires afin de rendre aux joutes nucléaires tout le dynamisme qu’elles méritent et hisser First Strike à la place qu’il mérite dans le peloton de tête de mon indispensable classement des jeux suisses.


Publié sur [uncoindepixel.ch][1]

Sandro
7
Écrit par

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le 4 sept. 2014

Critique lue 326 fois

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