[Contient des spoilers]

Je l'annonce d'emblée, je n'ai même pas fini le jeu après 45 heures. En me basant sur une solution, j'ai estimé être arrivée aux trois-quart de l'intrigue principale (La tombe de Faro) mais j'ai décidé d'abandonner pour cause d'ennui profond.

C'est littéralement un jeu Ubisoft dans le plus mauvais sens du terme. Un monde ouvert gigantesque, bourré de quêtes optionnelles, de défis, de dialogues, de personnages secondaires, de points guidés sur la carte mais dans lequel on aurait aspiré toute âme, toute individualité et oublié que la quantité n'est pas synonyme de qualité. Horizon vient donc se ranger auprès de toutes les franchises AAA qui sont des copiés/collés les uns des autres. Le fast food du jeu vidéo.

Pire, Forbidden West fait moins bien que Zero Dawn à tous les niveaux hormis les sublimes environnements colorés.

Parlons du gameplay qui est pour moi l'attrait principal du du jeu. S'il est quasi identique au premier, Guerilla y a ajouté un système de combat au corps-à-corps plus élaboré mais qui finit quand même par se résumer à coup fort mais lent/coup faible mais rapide, avec des combinaisons compliquées qui valent peu le coup qu'on s'y attarde à les apprendre vu que les machines sont beaucoup plus résistantes aux attaques de mêlée et qu'on fera toujours plus de dégâts avec l'arc. Quant est-il alors des armes à distance? Hé bien, c'est difficile à dire vu qu'il y a de tels déséquilibres de puissance entre elles que ça ne vaut pas vraiment non plus le coup de diversifier son arsenal ou ses tactiques/techniques de combat, particulièrement pour certaines machines complètement OP comme le Shellsnapper (aka la machine la plus inutilement difficile à abattre, zéro fun là-dedans).

Le premier épisode faisait vraiment mieux à ce niveau car avec un arsenal réduit et davantage de possibilités de jouer avec l'environnement, d'élaborer des tactiques certes limitées, on avait davantage de fun que de composer avec 15 486 armes et armures différentes qui nécessitent un nombre abusé de ressources pour les améliorer (et ça n'a aucune importance vu qu'on en trouve des plus puissantes tous les deux mètres) sans même avoir un impact notable sur la manière de jouer. Guerilla a aussi supprimé l'aspect infiltration qui était rudimentaire mais efficace, j'imagine pour mettre en avant le combat frontal qui a bénéficié de nouvelles options. Je crois qu'il y a près de 20 nouvelles machines mais de toute façon, la moitié d'entre elles se ressemblent fortement donc ça n'a pas d'importance.

Mais la vraie trahison, c'est le système d'escalade qui est maintenant dirigé à l'aide de croix et de lignes jaunes lumineuses sur les parois pour indiquer les endroits où l'on peut grimper, à la condition d'activer soit le focus (à chaque fois!) ou d'aller dans les options pour cocher leur affichage permanent. Littéralement, l'idée la plus débile au monde. De plus, les contrôles sont tellement bugués et imprécis qu'on se retrouve souvent coincé sans aucune raison. Le premier jeu avait une idée toute bête et simple qui était de signaler les corniches où l'on pouvait s'accrocher avec une texture blanche, sans prendre le joueur pour un idiot ou gâcher l'immersion exploratrice.

L'histoire et les dialogues, c'est vraiment snoozefest. Les développeurs avaient promis une meilleure écriture, davantage de profondeur et ils ont délivré la marchandise par un nombre record de dialogues insipides, censés expliquer les motivations des protagonistes et le background du jeu alors que 98% des personnages ont le charisme d'une huître. J'aimais bien Fashav mais ils ont décidé de le buter dix minutes après l'avoir rencontré.

On est littéralement inondé d'informations plus ou moins utiles au point qu'on finira par essayer de sauter la majorité des dialogues pour découvrir qu'il est impossible de le faire à de nombreuses occasions en raison d'une lecture automatique. Je vous en supplie Guerilla, engagez des dialoguistes et des scénaristes expérimentés dont le travail est cohérent. Pourquoi Aloy est littéralement devenue une connasse arrogante avec les capacités oratoires d'un politicien alors qu'elle a vécu toute sa vie recluse? Pourquoi on ne ressent jamais l'urgence d'un monde qui s'effrite rapidement et qui finira en poussières dans quelques mois? Je n'irais pas jusqu'à dire que le premier jeu était un chef-d’œuvre à ce niveau mais il possédait une certaine candeur, fraîcheur pour une jeu à gros budget, avec des enjeux concrets et surtout palpables, un certain désespoir et un vilain identifié présent. On se fait tellement chier dans Forbidden West que ça devrait être illégal.

Pour finir, je voudrais m'attarder un peu sur un élément embarrassant du jeu qui est la représentation d'un monde post-racial. On sent que les développeurs ont travaillé fort à faire en sorte d'avoir une certaine diversité physique parmi les nombreux personnages secondaires et NPCs mais ont oublié qu'il s'agit d'une démarche hypocrite si l'on ne prend pas en compte le contexte. Je ne sais pas pourquoi personne dans l'équipe n'a relevé que dans les dix premières heures de jeu et après, Aloy est littéralement l'incarnation du "white savior" qui vient apporter la lumières aux barbares de l'Ouest Sauvage et remettre en cause des croyances désuètes . Pour un jeu européen, HFW livre une interprétation très américaine de la diversité ethnique, avec de lourdes inspirations des peuples autochtones amérindiens au point que je crois me souvenir que certains de ces derniers ont demandé s'il y avait des consultants natifs engagés dans le développement du jeu (la réponse du studio étant implicitement négative à ce sujet). Tout ça pour dire que c'est extrêmement représentatif de comment pense beaucoup de progressistes dans l'industrie qui régurgitent mal certains points de vue pillés auprès de populations moins bien loties qu'eux, parce qu'ils sont des clones les uns des autres, avec une compréhension superficielle des enjeux de justice sociale vu qu'ils n'ont jamais été en contact avec la réalité du terrain.

Ramya
4
Écrit par

Créée

le 8 mai 2023

Critique lue 57 fois

1 j'aime

Ramya

Écrit par

Critique lue 57 fois

1

D'autres avis sur Horizon: Forbidden West

Horizon: Forbidden West
jeds
7

A l'ouest, presque rien de nouveau

Profitant d'un temps libre imposé et d'un petit revendeur en milieu rural ayant reçu un jeu bien à l'avance, j'ai finalement cédé pour ce Forbidden West que je m'étais pourtant promis de ne pas faire...

Par

le 21 févr. 2022

19 j'aime

5

Horizon: Forbidden West
Maverick_D
5

Forbidden fun (les + et les - de Horizon Fobidden west)

Horizon Forbidden west est un jeu d’action-aventure développé par Guerrilla game et édité par Sony , il est disponible sur PS4 et PS5 et il est classé , déconseillé au moins de 16 ans(pegi 16) Après...

le 27 févr. 2022

18 j'aime

7

Horizon: Forbidden West
KOLED
7

Horizon 1.2 = 0 prise de risque, on prend les mêmes et on recommence et tant pis pour la redondance.

En une phrase : aucun apport significatif justifiant cette suite. L'histoire n'est pas spécialement prenante par rapport au 1er qui bénéficiait de l'originalité de son univers et de la nouveauté, là...

le 19 févr. 2022

7 j'aime

2

Du même critique

German Angst
Ramya
6

Peur sur la ville

[Contient des spoilers] Anthologie horrifique de trois réalisateurs allemands dont chaque segment prend place à Berlin et cristallise les angoisses et peurs de ses habitants. Final Girl (Jörg...

le 13 mars 2016

7 j'aime

2

Unpacking
Ramya
4

Comme un dimanche pluvieux

[Spoilers]Présenté comme un jeu de rangement/puzzle relaxant où la trame scénaristique se fait à travers les objets que tu ranges dans les différents foyers au cours de ta vie (l'université, la...

le 5 janv. 2024

5 j'aime

Philosophy of a Knife
Ramya
5

Critique de Philosophy of a Knife par Ramya

On ne pourra pas reprocher à Andrey Iskanov d'avoir choisi la facilité pour son troisième film avec cette œuvre colossale divisée en deux parties soit près de 4h30 de film. Il retrace l'histoire de...

le 30 déc. 2013

5 j'aime

5