Ico n'est pas un jeu comme les autres, c'est certain. Il se dégage du titre une aura mystique et un sentiment de plénitude. Jouer à une partie de Ico, c'est l'équivalent vidéoludique d'un album d'ambiant : c'est lent, c'est beau et on a l'impression que ça ne se terminera jamais. Tant mieux, parce qu'on s'y sent rassuré, c'est doux et confortable, comme à l'intérieur d'un cocon bordé de ouate.


Je suis comme tout le monde, il y a des choses qui m'énervent et d'autres qui me calment, parfois j'ai besoin de l'un, et parfois de l'autre. Pour le premier, je sais quoi faire, des trucs qui m'énervent, j'en ai des tonnes, pour le second, c'est un peu plus compliqué, et Ico fait certainement partie des apaisements ultimes.


Ico n'est jamais stressant, jamais énervant, jamais frustrant. Tout se déroule sous nos pieds comme une évidence et les phases de plate forme censées être des énigmes sont toujours limpides afin de ne jamais obstruer le voyage. Les combats entrent directement dans cet esprit et ne requièrent aucune maitrise du pad étant donné qu'ils sont très faciles et surtout très simplistes (c'est un reproche). Ainsi, le jeu encourage toujours à progresser, pour profiter de l'immensité des décors et du sentiment de quiétude qui s'en découle, tout en tenant la main de Yorda, la nana avec qui l'on coopère pour s'évader du château.


En fait, grimper l'immense château et trimballer la fille sont les deux seules choses réussies du jeu. Bonne nouvelle, ce sont également les deux seules choses que propose le jeu (excepté les combats qui ne représentent à mon avis qu'un vulgaire "brise routine" entre deux phases de plate forme). Pas de quête annexes, pas de boss, pas de narration, pas d'inventaire, pas d'objets à collecter, pas d'interface graphique, pas de PNJ, rien. Rien de tout cela, juste Ico, Yorda et le château. Ce minimalisme choisi par la team de Ueda ne m'a pas dérangé, au contraire, le dénuement de contenu participe à l'immersion et au sentiment d'apaisement.


Le simple fait de parcourir le château est un plaisir en soit car sa construction est une pure réussite, c'est un travail de maitrise sans concessions. D'un bout à l'autre du château, on sait où on est, on sait où va, sans besoin d'aucune carte, car tout répond à une cohérence sans faille. On ne s'en rend pas bien compte au départ, mais c'est bien quand on remarque que le pont sur lequel on court actuellement est en fait celui qu'on a observé depuis l'autre bout du château que tout devient alors évident. Désormais, le plaisir est purement dans la progression, et c'est une merveilleuse nouvelle que de savoir que les développeurs étaient sur la même longueur d'onde en ne plaçant aucun obstacle (ou si peu) sur notre route.


Le jeu est grandiose, beau à en pleurer. La distance d'affichage est extraordinaire, les temps de chargements sont totalement absents (d'un côté, il n'y a rien à charger !), l'animation des deux protagonistes est tout simplement bluffante et magique. C'est bien la première fois que tenir la main d'une fille me rempli de bonheur. J'ai fini le jeu en 8h, dont très certainement la moitié passées à ne pas bouger, contrôler la caméra et apprécier la vue.


C'est dans ces moments là que j'ai souffert d'un manque terrible : le jeu manque cruellement de musiques. Bien sûr, l'ambiance sonore est renversante et soignée, écouter le crépitement du feu, la cascade qui s'écoule ou encore le vent qui souffle dans les rouages du moulin est agréable et participe à l'ambiance, mais je n'ai pas pu m'empêcher de regretter une musique d'ambiance, surtout que les seules qu'on entend sont réussies.


Fort heureusement, j'ai créé la liste des 5 disques à écouter en jouant à Ico ( http://www.senscritique.com/moumoute/liste/72243/5-albums-a-ecouter-en-jouant-a-ico-/ ). Et je vous promet qu'écouter le morceau "Inside" de 36 participera à merveille à votre progression dans les grottes, et que faire résonner "Everything is allright" de Four Tet en courant avec Yorda au bout des bras vous fera pleurer de nostalgie.


Si Ico n'est pas le meilleur jeu auquel j'ai joué, ni même une preuve qui pourrait me faire penser que le jeu vidéo est un art, il n'en reste pas moins un jeu beau, pur, touchant et magique.

moumoute
9
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Best.Games.Ever., Je veux un poster de cette jaquette. et Le boss de fin est en fait le mur porteur.

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le 7 févr. 2012

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moumoute

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