Industria par NonoDudu31

Développé par les allemands de Bleakmill et édité par Headup, Industria se veut être un hommage et successeur spirituel à des FPS avec ambiance et narration environnementale, façon Half-Life 2 (la référence évidente) ou encore BioShock. Il est sorti fin 2021 sur PC et au courant de cette année 2022 sur PS5 et Xbox Series.

A l’heure de la profusion de FPS indé surfant sur les shooters old school des 90’s comme Quake ou encore Doom, voyons voir ce que donne un représentant moderne d’une ère de FPS qui se fait relativement discrète actuellement, avec le FPS à script et narration environnementale.

Berlin, 9 novembre 1989. Au moment où le Mur cède, un certain Walter disparait. Apprenant la nouvelle, le joueur incarnant Nora, (jeune femme ordinaire et scientifique), se rend à un centre de recherche qui cacherait des secrets liés à la chute du Mur de Berlin, afin de trouver des traces de Walter.

En utilisant une étrange machine nommée ATLAS, Nora se retrouve téléportée dans une ville semblant provenir d’une autre dimension, mais gouvernée par des machines.

Toujours à la recherche de Walter, Nora se met en route afin de chercher des réponses sur ce qui vient de se passer, sur le lieu où elle a atterri, et si possible retrouver Walter et s’échapper.

Si le scénario part d’un postulat basique rappellant complètement Half-Life 1, force est de constater que l’univers proposé par Industria est vraiment intéressant et va se développer progressivement, grâce à une mise en scène soignée (surtout pour de l’indépendant), de scripts environnementaux, et de la lecture de documents non intrusifs pour en apprendre davantage. L’ambiance empruntée à Half Life 2 est plus qu’évidente dans la narration environnementale mais fonctionne ici très bien.

Côté gameplay, le jeu reprend également les codes du hit de Valve et l’on se retrouve devant un FPS qui prend son temps pour dépeindre son ambiance, son exploration et ses ennemis au compte gouttes. Il faudra évidemment avancer, explorer pour collecter des armes, munitions ou encore fioles de santé dans les décors. Nous aurons quelques petites énigmes à exploiter et on pourra jouer légèrement avec le moteur physique comme HL2, afin d'empiler des objets et de s’en servir comme plates formes. Mais le tout sans pistolet antigravité.

Il y’aura forcément des combats contre d’étranges machines au look steampunk et nous aurons 5 armes dont une hache (remplaçant le pied de biche de Freeman pour le corps à corps et pouvant servir à casser les caisses afin d’économiser ses munitions), et les traditionnels pistolet, shotgun, pistolet mitrailleur ou encore fusil sniper. Sans être le must absolu que l’on ait vu dans un FPS, les combats sont très sympas et les armes ont un feeling satisfaisant sur les robots.

Dommage que le bestiaire soit relativement peu varié, mais Industria arrive à compenser heureusement avec un bon rythme, moments calmes du scenar et quelques énigmes pour varier le tout.

Bref, un gameplay vraiment inspiré par Half Life 2 avec une teinte de Bioshock pour la façon de raconter l’histoire via des documents à trouver, mais qui le fait très bien et nous immerge totalement dès le départ de façon très convaincante. A aucun moment on s’ennuie et on a toujours envie d’avancer pour voir ce que le jeu nous réserve.

Pour la réalisation graphique, les allemands de Bleakmill ont fait appel au traditionnel Unreal Engine 4 et livrent une réalisation technique assez impressionnante, compte tenu que c’est une petite équipe indépendante. Les décors typés Europe de l’Est dans la ville fictive de Hakavik sont convaincants (avec une esthétique empruntée à l'évidente Cité 17 de HL 2), de même que les textures, modèles 3D ou encore effets de lumière saisissant.

Le Ray Tracing assez discret, procure par moment quelques effets de réflexion plutôt classes sur les miroirs ou encore les liquides. La direction artistique participe sans problèmes à l’immersion et il est réellement impressionnant de se dire que la réalisation provient d’une petite équipe avec un budget modeste.

Petit point noir : on sent que le jeu souffre parfois d’une optimisation maladroite car j’ai eu droit à quelques gros ralentissements sur des zones pas forcément gourmandes en ressources, sur ma RTX 3080.

Rien d’alarmant ensuite, surtout que le jeu a été beaucoup patché depuis. Mais à voir après sur des configs plus légères. Mais en l'état, la réalisation est brillante malgré quelques petits bugs et on a parfois des paysages incroyables.

Pour la bande sonore, le boulot est également très positif avec des doublages assez bons (pour de l'indé) pour Nora et les rares personnages humains. Les musiques sont discrètes mais savent soutenir les moments intrigants de l’histoire et les bruitages sont excellent pour s’immerger dans cette dimension parallèle à Berlin de 89. Mention spéciale aux bruits émis par les robots, pouvant parfois faire flipper quand on en entend arriver sur nous au dernier moment.

Côté durée de vie, on touche hélas un point assez dommageable au vue de l’expérience intéressante et que l’on ne voit pas passer, mais comptez seulement 3 – 4h pour finir Industria en difficulté Normale, même en prenant votre temps dans l'exploration. Sachant que la difficulté est assez basse pour les habitués de ce type de FPS (et surtout d’Half Life) et que la rejouabilité ne sera peut être pas au rdv de suite.

Il y’a quand même une difficulté Hardcore, si on veut prolonger l’expérience avec des points de sauvegarde uniquement aux machines à écrire, et des munitions assez limitées qu’en Normal. Pour 20€, ça reste relativement correct, mais on aurait vraiment aimé en avoir davantage pour le coup. D’autant plus que la fin se termine sur un cliffhanger, avec des questions restées sans réponse sur Hakavik et les machines qui veulent nous tuer. Espérons un Industria 2.

Conclusion : projet assumé dès le début par les indépendants de Bleakmill qui voulaient faire leur Half Life 2 à eux, Industria est pour ma part une excellente surprise. Malgré sa (trop) courte durée de vie, l’expérience proposée est immersive dès le départ, l’univers revisité de la fin de la guerre froide à la sauce Steampunk est vraiment pertinente, le gameplay varie intelligemment explorations, énigmes et combats, le tout avec une réalisation graphique et sonore plus que solide pour des développeurs indépendants.

Si les FPS à ambiance à la manière des exemples cités tout au long de cette review vous manque, Industria malgré ses défauts est une petite valeur sure qui vaut le coup d’être jouée absolument.

Surtout que sur la scène indépendante, très rares sont les FPS neo rétro à vouloir faire du « Half – Like » comme on pourrait dire. Il y’en a quelques uns en VR comme l’excellent Vertigo Remastered, Boneworks ou encore potentiellement LONN, mais trop peu en jeux classiques. A part Industria et ADACA que je dois faire prochainement, j'en vois pas d'autres.

Si vous êtes fans d’Half Life (surtout du 2), ou encore de Bioshock, Industria est vraiment à découvrir et j’espère que l’on pourra avoir une suite dans les années à venir, afin de répondre aux questions restées sans réponses sur le périple de Nora.