Parmi les diverses créatures légendaires que l'esprit humain a su imaginer, on trouve le Jersey Devil (le démon du New Jersey, si vous préférez) venant du folklore américain et inspirant un bon nombre de médias de la pop culture : des séries télévisées (X-Files) en passant par la musique (A Night With The Jersey Devil de Bruce Springsteen), le démon d'outre-Atlantique a su donner de l'inspiration pour toutes ces créations . Et chez Behaviour (Doritos Crash Course, Dante's Inferno), on s'est également inspiré de la légende pour développer un jeu de plate-forme éponyme à la sauce cartoon.
Ont-ils eu raison de se frotter à cette créature ?

Sympathy for the Devil ?

En guise d'introduction, le jeu nous offre une cinématique prenant la forme d'un court dessin animé, malheureusement avec des dialogues en anglais, ce qui est loin de ravir les anglophobes ! Donc si on en croit cette cinématique, on voit le serviteur du Dr Knarf, un dénommé Dennis, qui a dégoté un spécimen assez rare en allant se promener une nuit dans les bois de Jersey Town. Ce spécimen, ce n'est ni plus ni moins que le Jersey Devil encore enfant. Le serviteur en question ramène donc sa trouvaille auprès de son maître, ce dernier souhaitant de suite le disséquer. Mais manque de chance, son dernier scalpel est brisé par la faute de son larbin, donc après l'avoir mis à la porte d'un bon coup de pied dans le derrière, il va en ville en racheter. Pendant ce temps, le Jersey Devil décide de commettre un bazar monstre dans le laboratoire du Dr Knarf, avant de tout faire exploser avec une fiole de nitroglycérine pile au moment où le docteur revient. Suite à cela, une ellipse temporelle nous amène quelques années plus tard, où on se rend compte que la ville est en proie à des monstres (des monstro-légumes même!) venus tout droit du laboratoire du Dr Knarf. Puis on retrouve le Jersey Devil devenu adulte qui flanque une frousse sans pareille au serviteur de Knarf, avant de prendre la pose façon gargouille en haut d'un immeuble.

Si vous avez réussi à comprendre la cinématique d'introduction tout en anglais, vous aurez remarqué que l'histoire n'apporte pas grand chose d'original : on trouve ce qui fait le sel de ce genre de jeu avec une éternelle opposition manichéenne entre le gentil et le méchant. Pire encore, l'ellipse temporelle qu'elle propose nous fait demander ce qui a bien pu se passer en quelques années pour que la ville de Jersey Town soit en proie avec ces monstres. Ainsi, l'histoire du jeu nous paraît encore moins claire si en plus de cela le joueur n'a pas réussi à décrypter la cinématique d'introduction. Mais bon, on peut au moins se consoler avec la qualité certaine de cette cinématique qui a le mérite de proposer un graphisme tout droit sorti des cartoons de Tex Avery et des voix anglaises qui tiennent la route par dessus le marché. Par ailleurs, le duo Knarf/Dennis forme un duo assez sympathique rappelant directement celui formé par le Dr. Frankenstein et son acolyte Igor.

Un démon dans la ville

Une fois la cinématique d'introduction passée et le jeu démarré après une mini cut-scene, on a affaire à un petit tutoriel vous expliquant comment progresser dans le jeu parmi les niveaux. Une fois cela mis en pratique, vous pouvez accéder au premier niveau du jeu via la place centrale de la ville qui fera office d'écran de choix du niveau. Pour exposer une partie du déroulement du jeu dès maintenant, sachez donc qu'il se divise en six niveaux composé chacun de trois parties : une partie en semi-monde ouvert et deux parties de plate-formes. Pour accéder à la section suivante du niveau, il vous faudra récupérer les jetons « K », « N », « A », « R » et « F ».

Ainsi, on pourra commencer les hostilités dans le musée de la ville. Profitons-en pour faire le point sur les graphismes : ces derniers sont assez variables dans leur qualité puisqu'en effet, les personnages sont plutôt bien modélisés (même si la plupart semblent n'avoir qu'une expression faciale, suffit de voir que le Jersey Devil sourit en toute circonstance pour s'en rendre compte!), mais les décors paraissent bien vides, cette impression n'étant pas renforcée par le fait que le jeu se déroule intégralement la nuit, résultat on a l'impression de voir du noir partout et très peu de décor, si bien que parfois celui-ci se résume à une bête image fixe en arrière plan. D'autre part, on peut aussi remarquer que quelques décors sont assez mal modélisés, même pour de la Playstation.
N'oublions pas également les bugs et problèmes d'affichage rencontrés ici et là, le tout formant un rendu très moyen et surtout vide.

Un gameplay diaboliquement... frustrant !

Ces premiers pas sont également l'occasion de se familiariser avec le gameplay. Et c'est là que le bât blesse, en effet le Jersey Devil se montre franchement délicat à jouer. S'il s'avère assez maniable et vif lorsqu'on le déplace, c'est premièrement au niveau des attaques qu'il dispose que le démon violet est à la peine. Il dispose de deux attaques : une au sol où il se contente de cogner son opposant avec un coup de poing et une attaque aérienne où il tournoie sa queue (oui bon je sais, sorti de son contexte cette phrase a bien des significations!) et tourne sur lui-même, un peu comme l'attaque de Crash Bandicoot. Et bien l'attaque aérienne se révèle bien plus efficace que l'attaque au sol car cette dernière à une portée complètement ridicule : il faut vraiment se coller à l'adversaire pour espérer que l'attaque fonctionne. Et encore s'il n'y avait que ça ! Il arrive aussi que vos attaques ne fassent aucun effet sur votre adversaire à cause d'une hitbox complètement aléatoire et mal fichue, alors que vous l'avez bel et bien touché ! Vous pouvez également prendre et lancer des caisses, mais là aussi il y a certains problèmes puisqu'en plus d'être peu précis, le lancer de caisse peut parfois être gêné par un bug qui vus empêche de prendre la caisse malgré que vous soyez juste à côté et que vous pressez le bouton adéquat.
De plus, le Jersey Devil ne dispose pas de double saut, mais il peut planer grâce à ses ailes (ce qui a dû inspirer les créateurs de Spyro, ce dernier étant sorti après) afin de parcourir de plus longues distances en l'air. Là également, le jeu n'est pas exempt de tout reproche. Certes l'absence de double saut est compensée par le fait que votre personnage sautera en fonction de la pression exercée sur le bouton de saut, mais pour ce qui est du vol plané, c'est parfois hasardeux puisque le démon violet semble avoir un léger temps de retard lorsqu'il ouvre ses ailes, ce qui peut vous conduire à une chute fatale. Ah, j'oubliais également le fait que le Jersey Devil saute automatiquement lorsqu'il est en bordure de plate-forme. Une question se pose alors : pourquoi un tel saut automatique ? Vous pouvez penser que cela facilite la vie du joueur car il n'a plus besoin d'appuyer sur un bouton, mais ce saut automatique a une hauteur parfois ridicule qui fera lamentablement louper la plate-forme d'en face. Pire encore, cela peut complètement vous déconcentrer si jamais vous allez involontairement au bord d'une plate-forme. Tu parles d'une idée !
Enfin, la gestion de la caméra ne s'en sort pas mieux. Vous disposez de deux boutons pour tourner la caméra soit dans le sens des aiguilles d'une montre, soit dans le sens inverse. Ce serait plutôt pas mauvais si la caméra n'était pas sous morphine lorsque vous exécutez la dite action, ce qui peut s'avérer problématique pour les combats contre les ennemis (déjà que ces derniers semblent parfois invincibles!) et pour les phases de plate-formes assez nombreuses dans le soft. En plus de cela, il aurait été judicieux de disposer d'un bouton permettant de recentrer la caméra sur le personnage, puisqu'il arrive que sans toucher à la caméra, celle-ci se fourre au mauvais endroit (même si c'est le lot de ce genre de jeu vous me direz!) et gêne parfois la progression.
Vous l'aurez donc compris, le gameplay est réellement imparfait, ce qui s'avère vraiment frustrant et énervant à certains passages du jeu.

Ajoutons d'ailleurs que la gestion des options est assez lourde, puisque si vous voulez aller changer une option ou voir votre progression, il faut presser Start puis le bouton adéquat pour accéder au menu de votre choix. Mais là n'est pas le problème puisqu'une fois avoir fait l'opération désirée, il y aura un court temps de chargement. Autant dire que si vous êtes pressez, ne vous baladez pas dans les options en plein jeu !
D'autre parti, il vous sera impossible de sauvergarder la partie à n'importe quel moment, le jeu vous proposant arbitrairement (enfin, souvent entre chaque zone) de la sauvegarder. Il aurait été bien plus simple d'indiquer clairement au joueur des points de sauvegarde ou de lui laisser une liberté dans ce choix.

Ambiance de mort à Jersey Town

Sur certains versions de Jersey Devil, il peut arriver qu'un problème majeur puise perturber votre expérience de jeu. Et ce fut le cas lors de ce test !
Vous le remarquerez sûrement lors de votre progression dans le jeu si vous êtes concerné, mais il y a une chose qui frappe d'entrée dès que vous avez le jeu en main : l'absence totale de musique dans les niveaux. Il s'avère en effet qu'on entend uniquement le bruitage des monstres, des pas, des coups portés, etc... et pas une seule musique dans les différents niveaux que vous devrez traverser. C'est simple, la musique de la cinématique d'introduction sera l'une des dernières que vous écouterez ! Et c'est là un grand regret que l'on peut évoquer à cet égard, puisque l'ambiance cartoon à souhait du jeu est franchement bien retranscrite dans l'OST du jeu franchement réussie et qui entre clairement dans le ton du titre avec un atmosphère façon Halloween, fantastique. Si vous êtes tentés par l'écoute de cette bande-son originale allez-y, vous ne le regrettez pas !
Autre chose à propos de l'ambiance, on peut relever qu'il y a un certain effort de mise en scène, mais qu'il n'est pas poussé jusqu'au bout. Il y a en effet quelques cut-scenes in game lors de la découverte d'un niveau et quelques autres entre les niveaux où on voit le Dr Knarf s'adresser au Jersey Devil (enfin, il se contente le plus souvent de vous rire au nez), là aussi un peu à la façon d'un Crash Bandicoot avec Cortex, Uka Uka et les boss. Sauf que dans Jersey Devil ces cut-scenes ne sont pas totalement exploitées, et c'est fort dommage !

Il m'entraîne, au bout de la nuit...le démon de minuit !

Et que dire que la durée de vie du jeu ? Sur ce point, rappelons donc que chaque niveau est composé de trois parties, avec un combat de boss au bout de chaque partie. Mais il faudra parfois revenir sur des niveaux déjà visités pour explorer une partie que vous n'avez pas pu faire la première fois que vous avez visité le niveau en question. En plus de cela, le jeu vous propose de récolter des caisses de nitroglycérine permettant d'augmenter votre force une fois un certain nombre de ces caisses acquises, ainsi que deux otages du Docteur Knarf à libérer par niveau. De ce fait, vous pouvez très bien finir une partie d'un niveau en ligne droite, ce qui sera symbolisé par un jeton rouge et blanc à l'entrée du niveau, mais aussi finir celle-ci en ayant libéré tous les otages (dans ce cas, ce sera un jeton violet et blanc), en ayant cassé toutes les caisses de nitroglycérine (ce qui sera symbolisé par un jeton turquoise et blanc) ou en ayant tout trouvé (un jeton or et blanc venant dans ce cas symboliser votre prouesse!). Ainsi, vous aurez quand même de quoi faire si vous souhaitez finir le jeu à 100 %. Enfin encore faut-il que vous ayez une certaine patience afin de supporter les défauts de gameplay et les niveaux de plate-formes parfois assez tordus, puisque c'est véritablement ces imperfections de gameplay qui rallongent réellement la durée de vie. Sans cela, le jeu en ligne aurait été bien plus court ! Cependant, le soft vous permet de récolter un nombre assez conséquent de vies : vous pouvez en trouver directement dans les niveaux (généralement, elles pullulent en grand nombre!) ou bien ramasser 100 citrouilles pour récupérer une vie supplémentaire. Mais quand on voit certains passages typiquement dans la logique die and retry, on peut se demander si finalement ce n'est pas plus mal d'avoir autant de vies à disposition !

Conclusion : On peut penser de Jersey Devil qu'il est une déception, tellement le soft aurait pu être bien meilleur s'il s'était approprié un gameplay mieux travaillé, si certains bugs avaient été corrigés et si son ambiance particulière avait été encore plus présente. C'est bien dommage, puisque son aspect cartoon aurait pu être un argument de poids pour s'imposer parmi les cadors du genre plate-forme, malgré la rude concurrence opposée à l'époque. Pour autant, il reste un jeu de plate-forme correct à essayer si vous pensez avoir fait le tour du genre et si vous passez outre le gameplay perfectible sur de nombreux points.
Lightstar
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le 30 mars 2014

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