Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.

Machi
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Machi

Jeu de ChunSoft et SEGA (1998 · Saturn)

3ème jeu de la série des "Sound Novel” de Chunsoft, Machi cherche une fois plus à faire évoluer le concept du VN à choix multiples. L’opus précédent, Kamaitachi no Yoru, se distinguait non seulement par sa quarantaine de fins et cinq scénarios différents mais également par son esthétique à base de photos digitalisées et de vagues silhouettes bleues pour représenter ses personnages. Machi pousse ce concept jusqu’au bout en proposant une aventure 100 % FMV et ajoute en plus la notion de temporalité dans sa narration.


Cette fois-ci, l’aventure est divisée en 8 histoires différentes qui se déroulent toutes en même temps et dans le même quartier de Shibuya (d’où le nom du jeu, qui se traduit littéralement par « Ville »), sur une période de 5 jours : du 11 au 15 Octobre. Chaque histoire est complètement indépendantes des autres mais les choix faits avec un personnage à un instant T peut impacter l’histoire d'un autre personnage au même moment. Le concept est intriguant et donne lieu à pleins de situations amusantes où un perso se retrouve dans une impasse et où il faut "ZAPPER" sur un autre perso pour débloquer la situation (ex de début de jeu: Wrong Man Ushi s'enferme dans la réserve d'une librairie pour échapper à la police, mais Yoshiko Hosoi qui travaille dans cette même librairie choisit de fermer la porte à clef sans savoir que quelqu'un s'y cache: Ushi est condamné à rester enfermé dans la pièce pendant les 5 jours, menant à une Bad Ending). Dès le début le joueur est libre de choisir entre ces 8 scénarios et le but est de mener tous les protagonistes sur le bon chemin pour chaque journée afin de passer à la suivante.


Le ton général du jeu se détache de l'horreur et du thriller des deux précédents Sound Novels pour partir sur de la comédie (à l'exception de deux histoires qui sont plus sérieuses et vont s’aventurer dans des thématiques plus sombres). Il ne faut pas être allergique à l'humour absurde purement japonais pour pleinement apprécier le jeu. Pour ceux qui ont fait 428: les routes de Tama et Minorikawa représentent assez bien le ton général employé pour l'ensemble de Machi.


L’aspect comique est renforcé d’une part par le FMV : le jeu se fait plaisir sur le jeu d’acteur et autres photomontages loufoques; et d’autre part grâce à ses ~120 fins différentes qui laissent libre court à l’imagination des scénaristes pour inventer toutes sortes de situations délirantes pour bloquer la progression des protagonistes. Comme dans Kamaitachi on se surprend à chercher toutes les mauvaises fins volontairement juste par curiosité.


Nouveauté en plus: le système de TIPS qui permet d’afficher la définition d’un mot ou la fiche d’un personnage lorsqu’il est surligné en bleu/vert dans le texte. En réalité le système est plutôt utilisé par les développeurs pour cacher des gags, de raconter la vie d’un personnage totalement secondaire, d’expliquer des trivias plus ou moins utiles ou encore de raconter des anecdotes sur le développement/tournage du jeu (comme ici : où on apprends qu’une bagarre aurait éclatée entre deux vendeurs de rue de télécartes lors du tournage d’une scène à Udagawachō)


Concernant les 8 histoires que comportent le jeu, le jeu propose d’incarner les personnages suivants :


- Keima Amemiya: un flic GAMER qui enquête sur une série d'attentats à la bombe.

- WRONG MEN Uma et Ushi: un acteur de série B et un ex-Yakuza qui se ressemblent comme deux gouttes d'eau et qui vont devoir échanger leurs rôles suite à un malentendu.

- Yoshiko Hosoi : une jeune femme en surpoids qui cherche à perdre X kilos en 5 jours après un ultimatum posé par son petit ami.

- Masashi Shinoda: Jeune lambda qui se fait recruter par la mystérieuse organisation 七曜会 ("7 jours de la semaine") qui cherche à extorquer 7 personnes différentes dans Shibuya.

- Ryuji Takamine: un mercenaire de la légion française de retour au Japon après 2 ans passés au front.

- Youhei Tobisawa: Le mec le plus beau et populaire du lycée pris au dépourvu lorsqu'une ancienne amoureuse lui annonce qu'elle est enceinte de lui.

- Fumiyasu Ichikawa: Écrivain reconverti en scénariste de séries TV qui souffre de crises de schizophrénie et n'arrive pas à terminer son script.


Certaines sont plus ou moins longues et réussies que d'autres mais globalement c'est du très bon. Je note cependant que certains scénarios sont un peu trop longs pour ce qu'ils ont à proposer, comme celle de Yoshiko qui même si elle reste parmi mes préférées peut se montrer redondante puisqu’elle ne fait que recycler la même blague (à savoir : Yoshiko qui galère à maigrir) tout le long des 5 jours sans de véritables développements. Autre déception aussi pour la route de Shinoda qui malgré un mystère plutôt intriguant au début se conclu par un lore dump assommant et une fin assez bâclée. A contrario l’histoire des deux WRONG MEN est excellente puisqu’elle sait rester drôle, multiplie les événements qui amènent à switcher entre les protagonistes et surtout s’arrête pile au bon moment sans abuser de son concept.


Mon petit classement à titre personnel: Ushi > Uma > Yoshiko >Tobisawa > Keima > Ryuji > Shinoda > Ichikawa


J'imagine qu'il a dû être compliqué de gérer l'imbrication de 8 personnages dont les histoires se déroulent en même temps. 428 tirera parti de cette première expérimentation et réduira considérablement le scope du jeu : juste 5 routes sur une seule journée de 9h00 à 22h00 pour en faire un mélange plus cohérent.


Malgré ces quelques défauts, Machi reste une aventure drôle et engageante du début à la fin. C’est un incontournable dans le genre Visual Novel et des jeux-vidéos en FMV, au même titre que sa suite. On espère que le nouveau jeu Shibuya qui vient juste d’être annoncé saura être à la hauteur.


Pour conclure : un petit aperçu des différentes versions du jeu :

  • Version Saturn: Le jeu d’origine dispose de 14 marque-pages que le joueur peut placer quand il veut pour sauvegarder sa progression.
  • Version PS1: Remplace le système de marque-page par un flowchart accessible à tout moment et qui permet de voir d’un coup d’oeil où en est chaque personnage dans la timeline. Extrêmement pratique pour apprécier l'histoire sans se taper d'aller retour entre toutes les routes et se mélanger avec les sauvegardes. En plus de ça cette version possède + un mode silhouette, un clin d'œil évident à Kamaitachi mais qui a plutôt tendance à dénaturer le jeu puisqu’on se prive du jeu d’acteur des personnages. Pas vraiment recommandé pour un premier playthrough.
  • Version PSP: Similaire à la version PS1 mais en 16:9 avec 2 routes bonus en plus, un mode sound player pour écouter les musiques et sans le mode silhouette.
Rapɑ
8
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le 7 mai 2025

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