En rouge et noir (et jaune)

Le massacre est le parti pris de Madworld, un titre signé Platinium Games, un studio né des cendres du studio Clover, à l'origine de Viewtiful Joe et Okami (et même Devil May Cry si l'on remonte à l'époque de Capcom Production Studio 4), rien que ça... Le jeu se rapproche finalement beaucoup de No More Heroes, même si le principe est un peu moins subtile...

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il faut dire qu'à l'époque de sa sortie, Madworld était un jeu tout à fait surprenant. D'abord par son aspect graphique, entièrement en noir, blanc... et rouge ; et ensuite par la violence incroyable du jeu, très osée sur une console comme la Wii, qui se dotait ici d'un jeu très adulte. Le rendu est totalement inhabituel, pouvant choquer un bon nombre de personne. Pour quelqu'un comme moi qui adore les partis pris originaux, rarement un jeu n'avait été aussi attrayant !

Kill them all, one by one...

L'histoire est assez bien travaillée bien que très classique : une partie de la ville est prise en otage par une horde de terroristes. Ils ont des recommandations et sont en possession d'un mystérieux virus qui a décimé les habitants. Les autorités refusent d'obéir, mais envoient un Marine s'infiltrer dans la ville. Mais dans la ville, c'est un jeu de télé-réalité géant qui a été organisé : le Death Watch. A la manière d'un Battle Royale, vous aller devoir massacrer tout le monde afin d'éradiquer la menace terroriste. Cela ne vous rappelle rien ? Si, le jeu est clairement inspiré de l'excellentissime Escape from New-York et du moins excellentissime The Running Man. En fait, les références cinématographiques sont nombreuses et j'imagine voulues, vu le contexte de gigantesque télé-réalité du pitch.

Ici donc, arrive Jack. Une sorte de Hellboy en noir et blanc et sans les cornes. Cliché assumé de l'ex-marine ultra entraîné, il s'infiltre dans le Death Watch. Particularité physique, il possède une tronçonneuse fixée sur son bras droit (oh tiens Evil Dead). Jack est le genre d'anti-héros dénué de toute morale par excellence qu'on peut trouver dans bon nombre de comics (Sin City en particulier). Pour commencer la comparaison avec NMH et contrairement à Travis, on sent bien que Jack a déjà tué un bon nombre de personnes ! Il n'est absolument pas sensible à la mort de ses ennemis, et apparaît comme froid et cruel. Enfin c'est fou comme les deux jeux ont le même déroulement, vous êtes un peu parachuté directement dans un niveau pour massacrer du bad guy, pour au final aller défier le boss du niveau.

... with style

Au niveau du gameplay, c'est du bon beat-them-all, et mise à part quelques bugs de caméra, la prise en main est immédiate et intuitive. On bouge la wiimote pour des revers ou uppercuts, tout en se servant des boutons pour les combos. On dénombre d'ailleurs un très grand nombre de fatalités, toutes plus jouissives les unes que les autres et se réalisant par le biais de Quick Time Event (QTE). A cela s'ajoute la possibilité de changer d'arme : batte cloutée, tronçonneuse, katana, dagues, etc... Le gameplay est assez poussé pour ne pas être redondant, et a clairement été conçu pour procurer du fun immédiat.

Le jeu est composé de cinq grands niveaux, chaque niveau étant un "épisode" du Death Watch, dans lequel vous devrez progressez jusqu'à atteindre un boss. Pour progressez ; il faut accumulez un maximum de points, car plus vous avez de points, plus vous débloquez d'armes, de zones de combat ou d'événements spéciaux comme les "bloodbath challenge", etc... jusqu'au boss. Et plus vous tuez avec style, plus vous faîtes de points ! Commencez par exemple par enfoncer un baril sur un ennemi jusqu'à la taille, combinez ça avec un panneau de signalisation dans la tête (le côté qui se plante dans le sol), et achevez avec un envoi magistral sur un mur de pics acérés. Ces phases sont généralement très bien travaillées, et chaque niveau regorge d'éléments et de pièges en tout genre vous permettant les combos les plus dingues et les plus violents. Après, libre à vous d'aller le plus vite possible ou bien de flâner histoire de découvrir toutes les possibilités d'un niveau. Du coup, le jeu peut être fatalement assez court, mais est en tout cas beaucoup plus intense !

Concernant les boss, les combats contre eux sont particulièrement intenses, avec pas mal de QTE. Après niveau mise en scène, il faut bien avouer que ça ne vole pas toujours très haut (comparé aux combats d'un No More Heroes par exemple). Mais ce n'est pas tout-à-fait le même message. Dans Madworld, pas de longs dialogues et de questionnement, les boss sont juste là pour vous faire vivre un moment jouissif et remplissent parfaitement leur rôle.

Livre de coloriage pour adultes

Abordons maintenant l'aspect graphique. Le jeu est donc quasiment monochrome, excepté pour le rouge et les onomatopées jaunes. Un peu déconcerté au début, on s'habitue très vite à ce style et on remarque aussi que les décors et persos sont vraiment très bien réalisés, le jeu étant rempli de détails flattant la rétine. Certainement l'un des plus beau jeux sur Wii. Comme dans XIII (le jeu en FPS), les onomatopées sont omniprésents et jouent parfaitement leur rôle. Il y a également une très bonne physique des corps, mais aussi du sang, qui se déverse allègrement selon les principes de Newton.

Ce qui choque, c'est évidemment qu'il n'y a aucune censure ; disons le clairement, c'est l'un des jeux les plus gores auquel j'ai pu jouer ! Attention cependant, Madworld est à prendre au 3ème degré, privilégiant le décalage entre les actions effectuées et le contexte du jeu. L'histoire classique des recommandations terroristes étant un prétexte pour le jeu de faire une caricature de ce que sont devenues nos émissions télévisuelles, le thème de la télé-réalité étant omniprésent jusque dans le gameplay. Le jeu est ultra violent, et l'assume entièrement.

Conclusion

Bon, Madworld est un gros coup de cœur, même si objectivement, il souffre d'une faible durée de vie et d'une certaine répétitivité dans ses phases de jeu (d'où le fait de privilégier les petites sessions de jeu). Il faut également savoir que le thème du jeu participe grandement à la rejouabilité, et raviera les amateurs de high-score.

Bref, un titre très atypique dans la ludothèque de la Wii, que je ne peux que vous conseiller, mais attention à petite dose et à ne pas mettre entre toutes les mains !