Retour sans éclat

Je ne pensais pas un jour replonger dans un Magical Drop en 2024, et pourtant… l’appel de la nostalgie a été plus fort. Magical Drop III reste gravé dans ma mémoire comme l’un de mes puzzle-games favoris. Nerveux, précis, jubilatoire. Alors forcément, voir renaître la licence m’a donné envie d’y croire. Et si je dois être honnête, dans le fond, Magical Drop VI m’a redonné un peu cette sensation… ce petit vertige quand les bulles s’enchaînent, quand ton cerveau s’aligne au rythme du jeu, quand la mécanique devient pure réflexe.

Mais il aurait mérité un meilleur habillage...

Le gameplay, pour moi, reste le cœur du plaisir ici. Il est resté fidèle à ce qui faisait le sel des précédents opus. Prise en main immédiate, actions frénétiques, satisfaction instantanée d’un bon enchaînement. Les duels, surtout en local ou contre une IA pas trop absurde, peuvent être réellement grisants. Le jeu propose une belle variété de modes (arcade, histoire, survie, puzzle, en ligne…), et j’ai passé de bons moments en solo comme à deux. C’est rapide, c’est addictif, et c’est encore ce bon vieux Magical Drop dans l’âme.

Mais alors pourquoi si peut d'entrain de ma part ? Eh bien parce que tout ce qui entoure le gameplay est d’une mollesse ou d’un manque de finition désarmant. L’habillage global est franchement décevant. Oui, c’est coloré, oui, la bande-son est sympa, mais on est loin, très loin, du soin qu’on pourrait attendre pour le retour d’une licence culte. Les animations sont pauvres, les visages des personnages manquent d’expressivité, et tout semble un peu bâclé, comme s’il fallait sortir le jeu au plus vite sans polir quoi que ce soit.

Et alors si on parle de l’équilibrage, croyez moi, c’est le grand huit.

Un coup, le jeu se laisse battre en fermant les yeux ; le round suivant, il te sort une IA qui te roule dessus sans que tu comprennes pourquoi. J’ai rarement vu une difficulté aussi mal dosée, surtout sur un puzzle-game qui se veut accessible. Le mode histoire est lui aussi une déception, trop long, trop aléatoire, et sans vrai fil conducteur. On y revient par curiosité ou pour débloquer du contenu, mais jamais pour le plaisir pur de jouer.

Parce que oui, tout est verrouillé. Et pas de manière ludique, non.

Le système de déblocage est archaïque, frustrant, parfois absurde, devoir faire 40 runs en mode survie pour débloquer un personnage, sérieusement ? Et ça continue avec des modes entiers ou des variations de personnages que tu devines à peine, sans savoir ce qui est réellement accessible ou non. C’est du grind pour du grind, assez secret et flou, sans aucune intelligence de design derrière. Résultat? Au lieu de t’encourager à t’amuser, le jeu te pousse à répéter en boucle les mêmes modes dans l’espoir de débloquer enfin ce qui aurait dû être là dès le départ.

Couplez à ça, des parties qui ne se lancent pas en instantanés, nous laissant profité de dessins et d'arrières plan de mauvais goût et très faiblard, artistiquement parlant... C'est un triste mélange...

J’ai eu un réel pincement au cœur, parce que je sens que les développeurs ont voulu faire revivre quelque chose d’important. Et sur le cœur du gameplay, ils n’ont pas trahi l’esprit. Mais tout le reste semble venir d’une version bêta trop tôt lancée. Le mode online est sommaire (aucun lobby, pas de rematch possible…), le local souffre parfois de bugs ou de freezes incompréhensibles. Et à force, malgré le fun indéniable des premières parties, j’ai senti cette magie s’étioler.

C’est d’autant plus dommage que le marché du puzzle-game, aujourd’hui, manque cruellement de titres de ce type. Ce Magical Drop VI avait une place à prendre, un public à reconquérir. Il avait presque tout pour revenir sur le devant de la scène, mais il s’est sabordé avec une expérience solo indigente, une présentation faiblarde, et une gestion du contenu qui frôle l’absurde.

Je le recommande malgré tout aux vrais nostalgiques, à ceux qui ont Magical Drop III dans les veines. Le cœur du jeu est là. Mais venez avec patience, et baissez vos attentes sur tout le reste. Vous vous amuserez, puis vous soupirerez, et vous fermerez le jeu en vous disant qu’il aurait pu être bien plus que ça.