À ce jour, le meilleur Mario Kart 3D (#kestuvasfaire?!)

Ça y est : au moment où ces lignes sont écrites, la Switch 2 est sortie.

Les premiers chiffres communiqués par Nintendo disent déjà beaucoup du succès auquel est appelé sa console hybride. Presque 9 millions d’unités après un seul mois d’exploitation : c’est énorme, surtout avec un line up de lancement aussi famélique…

...Enfin, un line up de lancement, c’est vite dit, parce qu’en gros, à part Mario Kart World, il n’y avait rien.

Mais bon, en 2025, sortir un Mario Kart ce n’est justement pas rien. Parce que oui, que ce soit en termes de marque laissée dans l’histoire du média, de proposition de jeu mais aussi de chiffres, la saga Mario Kart se pose quand même là… Surtout depuis Mario Kart 8 et sa version Deluxe.

Mario Kart 8 et Mario Kart 8 Deluxe, ce sont plus de 77 millions d’unités vendues en flux continu pendant presque dix ans (soit le quatrième jeu le plus vendu de tous les temps) ; mais c’est aussi un mastodonte en termes de jeu en ligne et surtout ce sont des retours critiques élogieux : 92/100 sur l’agrégateur Metacritic et un solide 8/10 sur ce site où, on le sait, on n’a pas la notation légère…

Une manière aussi de se rappeler que la sortie de ce Mario Kart World n’allait pas se faire sans subir l’ombre de son honorable aîné. Ça n’a d’ailleurs pas manqué : les premiers retours au sujet de la dernière mouture de la saga se sont immanquablement faits en comparaison de celui qui est considéré comme l’indiscutable référence des Mario Kart en 3D…

Et pourtant…

Et pourtant, moi je pense que, si ce qu’on veut c’est chercher un sérieux prétendant pour rivaliser avec Mario Kart 8 Deluxe en termes de référence absolue, alors ce n’est pas vers le présent ou l’avenir qu’il faut se tourner, mais plutôt vers le passé. Et vous l’aurez aisément compris au vu du sujet de ce billet : mon prétendant à moi, c’est cet épisode sorti en 2003 sur GameCube ; le fameux Mario Kart : Double Dash!!

Alors oui, « fameux », parce qu’on ne pourra pas dire non plus de lui qu’il est passé inaperçu, à son époque, ce Double Dash!! Deuxième meilleure vente de la console, juste après Super Smash Bros : Melee, il ne s’en est malgré tout écoulé que 7 millions d’exemplaires ; le succès nuancé du GameCube ayant clairement bridé la rencontre de ce titre avec le public.

Néanmoins, sur le plan de la proposition de jeu, je trouve qu’on a quand même là quelque chose qui, non seulement tient la comparaison d’avec Mario Kart 8 Deluxe, mais qui – j’ose le dire – le surpasse même sur certains points. Buvons même le calice de l’audace jusqu’à la lie : en ce qui me concerne, je préfère Double Dash !! à Mario Kart 8 Deluxe. Je le trouve meilleur.

Il reste pour moi la référence 3D de la saga à ce jour ; du moins au jour où j’écris cette critique (c’est-à-dire en cet été 2025.)

Alors, je vous vois tout de suite venir. Les plus dubitatifs d’entre vous auront eut-être pris la peine d’aller vérifier sur ma page de profil avant de valider leur hypothèse : puisqu’en cet été 2025, j’ai 42 ans, ça veut donc dire que lorsque Double Dash!! est sorti, je n’en avais que 20. Cet épisode a donc certainement été celui de mes années étudiantes, vous dites-vous ; celui autour duquel on a dû tournamenter à tout va pendant des soirées entières, le tout agrémenté de bières, de cris de joie et d’insultes… De là, vous vous dites que c’est sûrement la nostalgie qui parle et les émotions d’hier qui obstruent mon jugement, ce à quoi je vais tout de suite vous répondre… « Erf… Bah oui, un peu. J’avoue... »

C’est vrai, je ne peux pas faire fi de ça : Mario Kart : Double Dash !! a été, avec les soirées de Ligue des Champions, les deux pierres angulaires de mes années étudiantes. Quand un pote me demandait : « eh ! Tu viens voir la Ligue des champions chez moi ce soir ? » et que je lui répondais : « ce soir c’est lundi, il n’y a pas de Ligue des champions », il me rétorquait tout de go : « C’est vrai, mais ça n’empêche pas de jouer à Mario Kart en attendant. Qui ramène les bières ? » (Avec le recul, je me rends compte qu’en fait c’était plutôt chez moi que les soirées Mario Kart se déroulaient, donc à bien y réfléchir, je devais être beaucoup plus accro que je veux bien le reconnaître ici.)

Donc oui, je ne le renie pas : le fait d’avoir poncé ce jeu pendant des années, au point de le connaître sous toutes ses coutures, joue pas mal dans la hiérarchie que j’établis entre les épisodes de la saga. Et c’est d’ailleurs parce que j’avais pleinement conscience de ça que je n’ai jamais vraiment pris la peine de m’exprimer sur ce jeu jusqu’à présent. Du moins, jusqu’à l’automne dernier...

Parce que lors de ce fameux automne, on s’est retrouvé, avec mon asso de retro gaming, à se faire – parmi une multitude d’autres jeux – un tournoi de Mario Kart : Double Dash!!

Ça faisait plus de dix ans que je n’y avais pas joué. Il m’a fallu un certain temps avant de retrouver mes sensations, mais je dois bien reconnaître que, manette en main, il s’est vraiment passé quelque chose.

Étonnamment, je ne dirais pas que ce soit au niveau du gameplay que la révélation s’est faite. L’air de rien, les maniabilités de Double Dash!! et Deluxe sont assez similaires. Très faciles de prise en main mais tout en étant très réactives, très fines et garantissant une très belle courbe de progression pour qui s’y investit sérieusement : on a déjà là tout ce qui fait aujourd’hui la force du Mario Kart 3D et qu’on n’avait pas encore dans l’épisode 64 qui était, sur cet aspect-là, beaucoup plus rigide.

Notons d’ailleurs qu’on a déjà dans Double Dash!! cette mécanique du drift qui est aujourd’hui l’un des éléments clefs du bon équilibre accessibilité / subtilité de tous les récents épisodes de la saga ; tout comme c’est lui qui a introduit aussi l’idée d’avoir à construire un build entre personnage et kart (mécanique certes courante dans les jeux de course mais jusqu’à présent absente de la saga) et tout comme c’est lui qui a élargi le choix des véhicules jusqu’aux motos…

Alors certes, on pourrait toujours me rétorquer que, quand bien même cet épisode Double Dash!! a-t-il pour lui le mérite d’être l’initiateur de toutes caractéristiques, qu’il reste tout de même davantage restrictif en termes d’offre que son successeur. Moins de personnages, moins de véhicules, pas de possibilité de paramétrer les pneus, etc. Et pourtant, au risque que vous me jugiez de mauvaise foi, je trouve que cette restriction se fait clairement à l’avantage de Double Dash!!

Pas de « Peach Or Rose » ou en costume de chat ; pas de « villageois » ou de « Garçon Inkling ». Dans Double Dash!!, les courses ressemblent un peu plus à quelque chose parce que les concurrents qu’on y retrouvent ne sont pas des déclinaisons les uns des autres. Je sais que c’est con, mais pour moi c’est un petit détail qui, ajouté à quelques autres, finit par faire pencher ma balance en faveur de l’opus GameCube.

Par exemple, ça ne vous choque pas, vous, que dans Mario Kart 8 Deluxe, il n’y ait plus de chrono affiché en fin de course ?

Idem, le Grand Chelem, ce n’était pas un format sympa, franchement ? Une sorte d’épreuve ultime du multi où on ne pouvait pas prétexter que tel circuit soit sorti plutôt que tel autre ?

Alors c’est vrai que le Grand Chelem est plus facilement concevable quand il n’y a que 16 circuits plutôt que lorsqu’il y en a 2 x 48 circuits, comme c’est le cas sur Mario Kart 8 Deluxe, extension comprise, j’entends. Mais franchement, à part sur le nombre de circuits (et on reviendra dessus plus tard), je trouve vraiment que le choix du moins, qui est celui de Double Dash!! est quasi-systématiquement le choix du mieux. Et s’il y a bien un domaine dans lequel ça se sent particulièrement – et c’est un domaine qui ne relève clairement pas du détail dans un Mario Kart – c’est dans celui du plaisir de course.

C’est tout bête, mais pourtant c’est fondamental : je trouve que courir à 8 comme dans Double Dash!!, c’est plus fun que de courir à 12 comme dans Deluxe. Et en vrai, c’est assez facile d’expliquer pourquoi. Parce que, plus on rajoute de concurrents sur une piste, et plus il y aura d’objets d’utilisés lors d’une course, et donc plus ces objets vont impacter la course. Et vu que la philosophie de Nintendo, c’est d’offrir des moyens de préserver de l’intérêt de jeu pour tout le monde et à tout temps de la course, alors l’augmentation de nombre de concurrents à mécaniquement entraîné l’introduction d’items plus à même de renverser le cours d’une course.

D’ailleurs – là encore – pas mal de ces items sont des innovations introduites par cet épisode Double Dash!! : les boules de feu, le champi turbo doré, le chomp (qui est une sorte d’ancêtre de Bill Ball et de Plante Pirahna à la fois) et surtout la fameuse et controversée carapace bleue.

Alors je ne vais non plus vous dire que je trouve l’équilibrage général des courses de Double Dash!! pleinement parfait, mais je le trouve quand même bien plus satisfaisant que les épisodes qui suivront : les bonus très offensifs sont mieux équilibrés par la présence de gros bonus défensifs comme la grosse banane par exemple (dommage que le klaxon n’ait pas encore été inventé à ce moment-là) et surtout ces super-bonus sont liés aux personnages qu’on a choisis de prendre. Pas de super-banane sans Donkey Kong. Pas de boule de feu sans Mario ou Luigi. Pas d’œuf à tête chercheuse sans Birdo…

Et oui, j’ai bien dit « personnages » au pluriel car c’était aussi l’une des grandes idées de cet opus : le fait qu’on ait à choisir un binôme sur notre véhicule. C’était l’occasion de switcher en pleine course entre différentes caractéristiques de pilote et surtout de gérer ces fameux super-bonus.

Rah mais en termes de rapport accessibilité / richesse, c’est tellement plus satisfaisant qu’une fournée pléthorique de personnages et de véhicules offrant un vrai déversoir de possibilités qu’on a pas forcément envie de tester !

...Et puis surtout ça valorise et ça récompense bien mieux les talents de conduite du joueur, ce qui tend à faire défaut dans les épisodes plus récents.

Au bout du compte, la seule vraie limite (et frustration) de cet épisode sera donc le nombre vraiment réduit de ses circuits. Seize, ça reste peu, surtout qu’ils ne sont pas tous légendaires.

Partant du principe que, comme dans tout épisode, il y a toujours quelques boucles un peu insignifiantes qu’on nous a mis là pour nous faire la main, ça réduit en conséquence à une petite dizaine le nombre de circuits de caractères. Or, parmi ceux-là, les réussites sont aussi clairement inégales.

Perso, je ne trouve pas le Château de Bowser mémorable dans cet opus. Idem, c’est peut-être perso, mais je me fais quand même un peu chier sur le Paquebot Daisy ou dans la Wario Arena. Fort heureusement, il y a aussi à côté de ça quelques circuits mémorables tels que le Parc Baby, la Montagne DK ou bien encore et surtout le Circuit Yoshi (ce dernier se dressant sûrement sur le podium de mes circuits préférés, tous épisodes confondus.)

Maintenant, il reste vrai que ça manque de circuits rétro d’anthologie pour compléter l’offre. Rien de choquant au regard des épisodes précédents, mais nettement en deça de ce que ses successeurs seront amenés à proposer. Sur cet aspect-là, Double Dash!! est clairement du mauvais côté de la barrière de l’Histoire.

Seulement voilà, l’Histoire reste l’Histoire...

Oui, Mario Kart 8 Deluxe est désormais parmi nous et c’est évident qu’il a su s’imposer comme le nouveau standard du Mario Kart convivial, et qu’il le restera jusqu’au jour où une version aboutie de Mario Kart World le détrônera, à moins qu’il s’agisse d’un futur épisode prônant un retour aux sources, comme le fut jadis un Twilight Princess pour la saga Zelda…

Il n’empêche que, malgré tout, en termes de sensations de courses, en termes d’apports à la saga et – oui, je ne le nie pas – en termes de souvenirs, Mario Kart : Double Dash!! reste pour moi la référence en la matière.

Un jour, peut-être cela changera, mais en cette année 2025, ma vérité à moi, ça reste celle-là...