Je ne suis vraiment pas fan de tout ce qui est remake ou rerecording, car j'ai toujours trouvé ça comme une solution de facilité qui permet d'éviter de se creuser les méninges, surtout lorsque ça concerne une saga comme MediEvil qui avait déjà connu un remake (catastrophique) et alors que le successeur de MediEvil 2 se faisait attendre depuis déjà 19 ans au moment de la sortie de ce MediEvil 1 « next gen », connaissant en plus l'existence (ou plutôt la non existence) de projets abandonnés comme Fate's Arrow et A Game of Bones, mais force est de constater que quand c'est fait avec soin et amour, ça peut donner des choses intéressantes, et que parfois, un petit coup de dépoussiérage, ça ne fait pas forcément de mal.


La première chose qui saute aux yeux est bien entendu l'aspect graphique, cette version 2019 est objectivement plus belle que la version d'origine, on est plus autant limité graphiquement, alors profitons-en. L'univers (dont certains niveaux comme les Zones des Anciens Défunts et surtout le Chronographe qui resplendit) y gagne, car on peut admirer des choses qu'on avait pas remarqué 21 ans auparavant (et même se rendre compte qu'un certain amas de polygones était censé être telle chose), mais l'ambiance y perd parfois quelque peu, car les limitations de la PlayStation obligeaient le jeu à ne pas trop en montrer, ainsi, la part de mystère et de féerie qui régnait sur la version 1998 est un peu moins présente ici (mais y a toujours de quoi manger comparé au massacre en règle exécuté sur Resurrection !), les Cavernes de Cristal apparaissent ainsi comme plus « quelconques », les Ruines Hantées comme moins lugubres et la Caverne des Fourmis comme moins oppressante. On peut aussi noter que massacrer des ennemis, casser des objets, et utiliser des armes implique des effets de lumière parfois sympa mais globalement dans la surenchère, parfois à la limite d'esquinter les yeux.


La progression graphique permet aussi aux personnages et ennemis d'être un peu plus expressifs, mais à mon goût, Fortesque est le seul qui y gagne vraiment (surtout que comme ici on est pas dans Resurrection, tout est dosé et on connait son sujet, ainsi il n'apparaît jamais comme agaçant, ridicule et débile, mais simplement comme le personnage sympathique au possible et haut en couleur qu'il a toujours été, avec parfois un petit côté mignon), et Zarok et les gargouilles me semblent surtout avoir perdu au change (ils restent toujours largement préférables à ceux de Resurrection, surtout qu'ils savent fermer leur putain de grande gueule et aller à l'essentiel, eux, justement un peu trop, j'y reviendrais).


Côté sonore, la plupart des bruitages ont été revus, et ils n'apportent guère de plus value par rapport à leurs prédécesseurs (quand est-ce qu'on va rendre son cri horrifique au Fortesque humain frappé d'une flèche et leur caractère innocent à ces pauvres villageois ? Quand est-ce que Fortesque s'est mis à grommeler à chaque épée brandie ou hache lancée ? Quand est-ce que le démon-vitrail s'est mis à grogner ?), et s'il est vraiment cool de retrouver les voix originales, il est dommage de se rendre compte que 95 % (si ce n'est plus) des fichiers audio et samples de l'époque ont été conservés, ainsi, très peu de dialogues sont inédits, mais l'effet de résonance ajouté dans le Hall et à quelques autres endroits est sympathique.


L'OST semble bien plus acceptable, le placement de chaque musique (qui a parfois sa variation en fonction de certaines séquences du niveau qu'on leur a attribué) étant aussi bien plus intelligent et respecté que dans Resurrection, mais elle arrive toujours difficilement à la hauteur de celle de l'original (surtout qu'on a repris certains massacres en règle du machin PSP de 2005, dont cette fanfare de merde pour certains boss) et ne saurait pas avoir beaucoup de versions qui pourraient faire pencher la balance en sa faveur (la version 2019 du Village Endormi serait vraiment à la limite de l'emporter sur sa devancière), elle a toutefois des idées intéressantes comme proposer un thème pour la gargouille marchande.


Pour la mise en scène, on s'en sort beaucoup mieux qu'en 2005, même si on commet parfois encore quelques bévues, oubliant par exemple que c'est couper la lumière et toute musique qui permet au démon-vitrail de faire une entrée si fracassante dans la version 1998, de même que si la petite cinématique pour les Demonettes est sympa, elle casse un peu la surprise qu'on pourrait avoir en s'apercevant qu'on ne se contenterait pas de grimper sur la plateforme pour aller chercher la jolie Rune Étoile, récupérer le calice en vitesse et se tirer en vitesse de cette Terre Enchantée devenue terrain de chasse des Démons des Ténèbres.


Le déroulement des combats de boss, justement, n'a que très peu changé (bien que certains voient leur compteur de points de vie modifié, ainsi la connerie de ne pas voir Zarok, le boss final et surtout ennemi principal du jeu, afficher le plus grand nombre de points est-elle corrigée), excepté pour le Roi Potiron qui prend différentes « formes » et fait usage du système de cosses utilisé en premier lieu pour son réveil. On pourra également noter que lors de l'affrontement avec les Gardiens du Cimetière, une sorte de cercle dont il est impossible de sortir tant que les loups n'ont pas été vaincu entoure les trois belligérants, et que lors de l'affrontement contre Lord Kardok dans le Repaire de Zarok (qui n'est plus un « antre », c'est ça quand on connaît son sujet, pas vrai Resurrection ?), on a cru bon d'ajouter des petits soldats (un peu l'équivalent des fourmis qui défendent leur Reine dans leur caverne), je ne trouve personnellement pas cela utile, mais on va dire que c'est Kardok qui les invoque pour faire diversion, hein.


Le gameplay est une des choses qui a le moins bougé, et si on pouvait difficilement reprocher à l'original d'être daté (un jeu vidéo de 1998 qui se joue comme en 1998, quel scandale !), il est vrai cette version 2019 ne saurait parfois pas tant être excusée, car elle se repose vraiment beaucoup sur des mécanismes vieux de 21 ans et ne corrige qu'à peine certains défauts comme la gestion parfois hasardeuse des sauts, les bugs de collision, la caméra parfois capricieuse (en fait, soit elle se place mieux en 2019 qu'en 1998, soit elle se place encore moins bien !), et certaines hitbox dont la précision n'était pas optimale. Pouvoir switcher entre deux armes (un peu à la manière de MediEvil 2, bien qu'on ne pouvait le faire qu'en partant d'une arme au corps-à-corps pour aller vers une arme d'attaque à distance et vice-versa), marcher à reculons et se baisser sont cependant des ajouts intéressants.


Sont également à noter d'autres détails comme l'âme des ennemis allant littéralement rejoindre le calice lorsqu'ils sont tués (permettant éventuellement de le trouver plus facilement), l'écran qui bouge lorsqu'une horloge a été réglée à la bonne heure dans le Chronographe, et l'indication du niveau de santé des Chevaliers de Gallowmere dans la bataille finale, permettant de savoir plus rapidement comment se portent les troupes alliés.


Pour les détails qui influent peu sur le jeu en lui-même mais qui sont des idées sympathiques auxquelles il fallait avoir pensé, on peut noter l'apparition d'une voix pour la lecture des différents livres disséminés dans les niveaux, rendant peut-être le tout plus digeste, et la disposition de tous les calices que l'on ramène au fur et à mesure sur la table du Hall des Héros.

Pour ce qui est de la vraie nouveauté de cette version PlayStation 4, à savoir la Quête des Âmes Perdues, c'est une idée vraiment intéressante (surtout vu la récompense !), mais il est dommage qu'elle n'implique pas de retourner dans tous les niveaux (et une fois simplement) plutôt qu'une poignée semblant prise au hasard et se repose tellement sur des mécaniques déjà vues dans le jeu (par exemple : récupérer une partition dans le Mausolée), ne proposant ainsi guère de l'envisager sous un autre angle (comme le fait le concours de course à pied dans le Canyon de Potence).


Dans les premières lignes, je parlais de projets abandonnés, cela me fait penser aux divers niveaux, items, ennemis et boss abandonnés durant le développement de la version originale, je pense que certains auraient vraiment pu être présents ici histoire de ne pas en faire un copier-coller, de rallonger un peu la durée de vie, et surtout de justifier encore plus l'existence de ce remake, qui, excepté une refonte graphique qui permet de voir un peu l'univers sous un autre angle (et laisse rêveur quant à ce qu'un vrai nouveau MediEvil sur PlayStation 3 ou PlayStation 4 aurait pu donner) mais n'a rien de révolutionnaire en elle-même (heureusement qu'un jeu PlayStation 4 est plus beau et détaillé qu'un jeu PlayStation !), ne semble quand même pas forcément offrir une réelle plus value (la Quête des Âmes Perdues est inédite mais s'approche quand même du prolongement artificiel de durée de vie) en se reposant beaucoup trop sur des mécanismes presque archaïques, corrigeant ce qu'il ne fallait pas corriger (oui, le jeu manquait peut-être un peu de détails, mais non, il n'était pas trop sombre et n'avait pas besoin de chier de la lumière, tandis que son héros n'avait pas besoin de grommeler à chaque utilisation d'une arme) et oubliant les défauts déjà relevés et potentiellement évitables à l'époque, chose que même Resurrection s'appliquera à retoucher un tant soit peu (les seules choses qu'il a bien fait de bricoler d'ailleurs, en plus de 2-3 nouveautés bienvenues), faire moins bien que cette merde sur n'importe quel point que ce soit, il fallait le faire !


Des hauts pas aussi hauts que 21 ans auparavant (oui les graphismes, mais l'ambiance, les effets sonories, les dialogues et l'OST putain), des bas toujours aussi bas, des changements bienvenus, d'autres pas, pour une résurrection mieux négociée que 14 ans auparavant (j'aurais vraiment aimé que la chiasse de 2005 n'existe pas mais que toutes ses bonnes idées soient gardées et soient venues s'ajouter au contenu retiré au cours du développement du jeu d'origine, ainsi, avec tout ça, le vrai MediEvil Resurrection, ça aurait pu être lui, le MediEvil 2019, on aurait en plus pas été obligés de faire la distinction !), mais qui, déjà plusieurs années plus tard, n'a visiblement encore pas changé le schmilblick, amenant à se demander si cette fois-ci, Sir Daniel Fortesque ne serait pas allé rejoindre l'au-delà pour l'éternité, et si, finalement, il ne serait pas le plus mortel des immortels.

Abris_Cubalys
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le 1 nov. 2023

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Abris_Cubalys

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