Je suis venu sur le tard à Minecraft.
Ce n'est pas le buzz, le hype, le moutonisme, ou un quelconque comportement grégaire qui m'y a fait venir, mais une fin d'après-midi de glandouille en été avec mon beau-frère, une bière à la main, la manette dans l'autre, à la recherche d'un petit jeu sympa à faire avec lui. Et après un rapide test de la démo nous avons littéralement passée une semaine de vacance, presque nuits et jours, à modeler, construire, crafter. L'expérience se prolongeait même sans la manette puisque nous visionnions des vidéos de réalisations, des wiki, et autres tutoriels instructifs.
Cette fièvre addictive rarement constaté chez moi, est le résultat de plusieurs facteurs.
Le premier étant que le jeu est chronophage, à la fois parce qu'il prend du temps pour faire de simples réalisations, et encore plus lorsqu'il s'agit d'obtenir des éléments rares, de construire une porte vers le Nether, ou de visiter l'Ender, mais surtout parce qu'une fois lancé nous ne voyions littéralement plus le temps passer.
Le second facteur, c'est sa simplicité d'accès, il ne faut guère plus que quelques minutes pour se sentir familier avec l'univers et les commandes, le reste s'apprend sur le tas, au fil des avances et découvertes, mais aussi des mises à jours.
Le troisième, c'est la possibilité de jouer en coop locale. D'aucun diront que c'est chiant parce que l'on perd en largeur d'écran et donc en confort de jeu…mais j'ai une grosse TV, et j'ai une sainte horreur de jouer en ligne, casques, micros, et comportement de blaireaux ont eu vite raisons de mes divers essais. Pour moi, rien ne remplace la convivialité d'un jeu entre potes dans une même pièce.
Enfin, et c'est surement sa plus grande qualité, le design simple (simpliste?!) tout en gros pixel, et la possibilité de façonner à l'infini, m'ont ramené directement dans ma fièvre du Lego de ma jeunesse. Comprenez que ce n'est pas le retour en enfance qui m'a plu avec Minecraft, ni la nostalgie doucereuse de l'innocence perdue, mais bien la possibilité de continuer à créer des univers façon démiurge, de contrôler les destinés de créatures, de tenir le destin d'un monde dans le creux de la main et pouvoir broyer des civilisations entière par la seule force d'un geste, par le seul caprice d'une décision, Ha Ha Ha!…euh…, je disais donc de construire à moindre frais, sans prendre de place, des univers aux variations quasiment infinies.
Cette fièvre Minecraft m'a tenue quelques mois, puis tel le soufflet trop tôt sorti du four, elle est retombée. Non pas que je me suis lassé (encore que…), mais plutôt que le quotidien d'une vie sociale (encore que…) et professionnelle a rattrapé l'architecte en herbe, le bâtisseur d'occasion que j'étais devenu. Minecraft est tel l'Anneau Unique, il exerce un pouvoir d'attraction tellement énorme, qu'il vous contrôle, qu'il suscite l'envie d'aller creuser encore un peu plus, et de crafter toujours, à jamais, il vous asservie à son concept, vous rend esclave de sa routine. Et l'on se prend à creuser façon forçat pour récupérer quelques précieux minerais, jusqu'à ce que l'on s'aperçoive que ça fait quatre heures que l'on est dans la même galerie, et que finalement ça n'aura d'autre fin que la limite du mur invisible de la zone de jeu…et encore.
Minecraft est un jeu extraordinaire, pas beau, pas fin, pas toujours jouable, mais il ne vieillira pourtant quasiment jamais, car il est un concept brut et en même temps complexe et varié, et ne souffrira pas des modes liées aux nombres de pixels, ou de boutons sur une manette. Certains disent qu'il y a une fin, je dis que ce n'est pas l'important (ouais je ne l'ai pas finit…) dans ce jeu, ce qui compte c'est le chemin que l'on a parcouru, ce que l'on y a réalisé, le plaisir qu'on y a trouvé.
Récemment je m'y suis remis…mon précieux.
