Mirror’s Edge Catalyst
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Mirror’s Edge Catalyst

Jeu de DICE et Electronic Arts (2016Xbox One)

Ah, Mirror's Edge. S'il y a bien un jeu au concept m'ayant marqué sur la génération précédente, c'est bien Mirror's Edge premier du nom. C'est avec une joie immense que j'attendais ce nouvel épisode, un "reboot" de la série. Et au vu de ma note, vous l'aurez deviné, je n'ai pas été déçu (enfin, un peu, mais ça c'est parce que mes attentes étaient bien trop hautes). Je m'estime pourtant assez difficile concernant ce jeu, d'une part car ce fut une de mes meilleures expériences vidéoludique, et d'autre part car je refuserai de voir les mécaniques parfaites du premier opus bafouée. Autant le dire d'emblée, cette critique concernera plus les aspects techniques/avancés du jeu qu'autre chose, mais c'est aussi à mon humble avis ce qui crée le réel intérêt de ce genre de jeu : le potentiel à speedrun infini.


Reboot, pas reboot, l'intérêt ?
Effectivement. Dur de trouver une justification au parti pris de faire de ce nouvel épisode un reboot d'une premier. Pour une série à un seul épisode, ça peut paraître plus qu'étrange. Certes, mais les intentions me semblent assez cohérentes. Ce Catalyst est là pour être tout ce que Mirror's Edge premier du nom n'a pas pu être, de par le manque de moyens mais aussi de par les limitations techniques de la génération précédente. Faire un reboot n'était peut être pas essentiel, mais ce n'est pas un mal en soi, les deux jeux sont extrêmement différents et selon moi, le fait d'avoir fait l'un ne nuira pas l'expérience de l'autre tant ils sont fondamentalement différents. Qu'il s'agisse de la narration, des personnages, des environnements, etc. Tout a été retravaillé, ré-écrit, repensé. La notion de reboot prend donc tout son sens malgré le fait que la série n'ai eu droit qu'à un seul épisode. Ce nouvel épisode amène donc son lot d'idées, plus ou moins nouvelles, mais qui viennent assez bien s'intégrer au principe même du jeu.


De nouvelles idées, oui, mais des bonnes? (concrètement : l'open world)
Pour ça je vais aller droit au but et tenter de vous persuader que l'open-world de Mirror's Edge Catalyst est une réussite à l'inverse de tout ce que vous pourrez lire dans la presse.
Pour commencer, oui, Mirror's Edge était censé être un jeu à monde ouvert. La motivation de l'équipe à en faire un jeu segmenté en épisodes n'est arrivé que plus tard, dû à la fois aux limitations budgétaires, à l'aspect expérimental du jeu (on était pas sûr que ça allait marcher, et effectivement, le jeu a tristement bidé) mais aussi à une envie de rendre l'expérience plus fournie quitte à la raccourcir.
L'open world était une envie à cette époque mais pas une possibilité. Par la suite, le développement du jeu sous forme de chapitre a amené à l'excellent résultat qu'on connaît aujourd'hui.


C'est pour ça que les deux jeux sont aussi différents, déjà. Catalyst, c'est les envies initiales des développeurs, qui ont enfin champs libre et le budget nécessaire, plus les feedbacks du premier épisode. Difficile de se planter avec ça, sachant qu'en plus, à ma connaissance, l'équipe n'a pas changé depuis le premier. L'idée d'open world n'est donc pas nouvelle, pas là pour s'adapter au marché actuel, c'était un concept évoqué bien plus tôt par l'équipe (et en soi, vous trouvez pas ça normal d'imaginer un monde ouvert pour un jeu de Parkour ?).


L'open world a t-il tué Mirror's Edge ?
Clairement, non. Pas la peine de se voiler la face, il ne s'agit pas ici d'un "vrai" open-world. Entendez par là que le monde ne se limite qu'à des zones en hauteurs dans lesquelles on se balade afin d'aller chercher les différents objectifs principaux ou secondaires, les dash (qui reprennent l'idée des parcours du premier, j'y reviendrai) et des activités diverses. On pourrait bien entendu critiquer le manque de contenu de cet open-world. Les quelques missions secondaires n'étant qu'un prétexte pour nous faire aller d'un bout de la map à l'autre en un temps x. Mais une seconde, ce serait pas ça le principe de ME ? Car ouais les gars. Cet open-world c'est un véritable bonheur pour tout fan de Mirror's Edge. On a droit à une aire gigantesque (et oui, c'est grand comparé aux niveaux de ME) qu'on peut explorer encore et encore et s'amuser à parcourir de diverses façons tout en complétant les objectifs, en récupérant les collectibles, etc. C'est super fun. Après oui, pas de grands scénarios derrière tout ça, les collectibles sont très nombreux et n'ont aucun intérêt. Peut être est-ce un moyen de rallonger artificiellement la durée de vie, oui, mais chez moi ça prend. Je m'en fout du pourquoi, je peux parcourir cet immense terrain à ma guise façon parkour. C'est le pied si on aime le concept.


Potentiel de speedrun, glitches et dash.
L'intérêt du jeu reposant très clairement sur son gameplay, c'est après l'aventure solo que commence le vrai jeu. Il est désormais temps de chasser les temps records sur les différents dash et entrer dans le cœur du gameplay : le speedrun.
Le premier Mirror's Edge était le paradis du speedrunner. Avec son lot d'idées originales mis en place par les développeurs (dans les différents parcours), mais surtout grâce à la liberté de mouvement permettant l'exploit d'un tas de différents glitchs, il offrait au speedrunner tout ce dont il avait besoin pour s'éclater sans frustration sur le jeu. Même les interfaces étaient clairement destinées à cette dimension de jeu, avec les classements, etc.


Catalyst garde toujours cette optique et quel soulagement, c'était ce que je redoutais le plus. Avant tout, petite parenthèse pour ceux qui sont effrayés par l'arbre de compétences. N'ayez crainte, la plupart des perks essentielles se débloquent très vite. Assez cool quand on voit que d'autres jeux basés sur le scoring (les BTA, par exemple DMC4, qui demandent des dizaines d'heures avant de débloquer "tout ce qu'il faut" pour commencer à scorer) sont largement plus chiens que ça. Ce n'est donc pas un argument de poids à l'encontre du gameplay de ce Catalyst.


Une fois toutes les compétences acquises, vous allez pouvoir vous essayer aux différents dash situés un peu partout sur la map de Glass.


Les développeurs ont eu la bonne idée d'inclure une fonction d’accélération directe (mappé sur la gâchette droite) permettant ainsi de faciliter ce qu'était le side-step boost de ME1. Désormais, plus besoin de faire cette manipulation lors d'un changement brusque de direction, un coup de RT et on est reparti. Très bonne idée.
Le Coil Boost, sans doute la technique la plus populaire et une des plus efficace en speedrun, est toujours d'actualité mais est moins efficace. Il est parfois plus judicieux de ne pas s'arrêter de sprinter plutôt que de sauter pour faire cette technique.
Gros changement aussi car le Wall-Run Kick Glitch est devenu impossible sur cet épisode.


Cette vidéo le montre tristement bien : https://www.youtube.com/watch?v=fXy8quhlxM8


Il va donc falloir rayer ce glitch de notre plan de jeu et se reposer sur les autres mécaniques.


De ce que j'ai vu, ce sont à peu près les infos essentielles concernant le speedrun. On va noter toutefois l'apparition de nouveau glitchs, dont l'un très utilisé pour le moment qui consiste à faire un double saut grâce à la nouvelle mécanique du jeu (maintenir LB) sur des supports qui ne sont pas censés le permettre, et ce qui permet donc de skip des animations lentes sur plusieurs parcours.


Le jeu est donc tout autant propice au speedrun, sans compter qu'il vient à peine de sortir et que de nouveaux glitchs seront sans doute découverts. Comme je l'ai dit, le vrai jeu commence là, et ça va sans doute être du lourd.
Petit plus aussi, la possibilité de créer ses propres parcours. Certes ça peut sembler anecdotique, mais pour les fous de parcours qui souhaitent avoir de quoi se mettre sous la dent, c'est toujours ça de pris et faut avouer que c'est plutôt bien foutu!


Mais le solo, au final ?
Bah il est plutôt bon, hein. Au début, j'avais un peu peur de par le côté open world, j'avoue. Mais en fait, on a une quinzaine de missions principales bien variées, avec des décors largement plus impressionnants que dans le premier épisode. Le scénario est bâclé et aussi mal écrit que dans le premier, mais on s'en fout un peu non ? Le jeu nous en met plein la vue, de par son parti pris artistique magnifique, et la diversité de ses environnements. C'est dynamique, bien mis en scène. Mention spéciale pour la bande-sonore de Solar Fields, absolument remarquable tout comme pour celle du premier épisode. Elle appuie l'ambiance de ME juste comme il le faut, et puis l'artiste en lui-même suffit à convaincre.
La durée de vie est sans doute un poil plus longue que celle de ME1, j'aurais aimé qu'elle le soit encore plus, mais on va pas non plus trop se plaindre. La durée de vie dépendra ensuite de votre intérêt envers le gameplay du jeu. Très clairement n'achetez pas Catalyst à 60€ si vous n'êtes pas intéressés par le gameplay et les différentes façon de l'exploiter. Mais ce discours, il se tient tout autant pour le premier. La rejouabilité dans les parcours sont le coeur même du jeu.


Conclusion
Catalyst s'en sort plutôt bien. Très bien même. On a là un jeu au concept original qui, en reprenant les bases de l'épisode initial, arrive à se démarquer largement de par de nouvelles idées plus ou moins novatrices (le grappin peut sembler anecdotique, je le conçois, mais il rajoute une dimension nouvelle au jeu et a été conçu pour servir de prétexte à amener le joueur dans des endroits hauts par lui-même) et une maîtrise toujours aussi parfaite de ce que ce premier épisode avait pu amener dans le jeu vidéo.


Aussi, Faith est une cutie.

Shora
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le 12 juin 2016

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