Une suite aux diverses craintes, mais relevées avec brio grâce au petit Chibiterasu

Suite du magistral Okami (un de mes jeux préférés de tous les temps ❤ ) initialement sorti sur PS2 par Clover et Hideki Kamiya, Capcom a pris le risque de développer une suite à son univers japonais, malgré des ventes (injustement) très basses du 1er opus. Une suite risquée, d’autant plus qu’elle est faite par une équipe annexe de Capcom, sans l’aide de Kamiya et sortie sur une console Nintendo en 2010 via la DS, dont le hardware peut sembler très limité pour un tel projet ambitieux.

Alors Okami Den, une nouvelle histoire digne de l’aventure d’Amaterasu ou pétard mouillé ?

9 mois ont passé depuis qu’Amaterasu, Déesse du Soleil, a détruit l’Empereur des Ténèbres, Yami, qui avait plongé le Nippon dans le chaos et le désespoir. Malheureusement, alors que les habitants pensaient être en paix, un autre mal s’apprête à émerger afin de répandre à nouveau les ténèbres sur le Nippon.

Amaterasu étant partie pour les Plaines Célestes à la fin du 1er jeu, c’est cette fois l’adorable rejeton d’Ama qui va reprendre le flambeau, Chibiterasu alias le Petit Soleil. Celui-ci va être l’avatar du joueur sous la forme d’un mignon louveteau qui devra enquêter sur ce nouveau Mal et tenter de l’arrêter.

Le scénario et la mise en scène d’Okami Den sont tout aussi soignées que le 1er jeu et donnent envie de voir la suite des événements. A la différence près, c’est que Capcom a pensé cette suite en étant un peu plus joyeuse et parfois enfantine. Il en résulte donc une écriture qui est plus légère, adorable et douce, tout en passant par toutes les émotions et avec un humour aussi sympathique que lors de l’aventure d’Ama. La fin du jeu m'a mis en PLS.

Etant un jeune Dieu qui va devoir prendre de l’assurance pour être digne de sa mère, le petit Chibiterasu en prendra parfois pour son grade par ses alliés ou ennemis. Mais il est un personnage intéressant et attachant auquel le joueur devrait pouvoir s’identifier tout autant qu’Amaterasu, qui était une déesse forcément badasse, adulte et plus expérimentée.

Côté gameplay, les vétérans d’Okami ne seront pas vraiment dépaysés malgré le passage à la DS, nous nous retrouvons toujours devant un Zelda Like 3D dans lequel Chibiterasu devra explorer le Nippon avec divers décors inédits comme le village de Yakushi ou des décors repris du 1er Okami (Plaines de Shinshu ou encore le village de Kamiki par exemple), combattre des ennemis (combats sympathiques mais parfois redondants vu les ennemis qui n'auront pas toujours beaucoup de patterns à exploiter), résoudre des énigmes, faire des donjons et j’en passe. Nous retrouvons évidemment le Pinceau Céleste, permettant toujours d'utiliser divers pouvoirs afin d'intéragir avec les décors ou pouvant aider le louveteau en combat.

DS oblige, Capcom a exploité les fonctionnalités de cette dernière pour renouveler un peu l’expérience. Déjà le double écran, très pratique avec une carte en temps réel sur l’écran tactile, de même qu’une navigation dans les menus pour les objets, armes ou encore consulter divers documents en tout genre.

Autre pertinence que j’ai adoré via l’écran tactile, c’est sur ce dernier que vous devrez effectuer les techniques du Pinceau Celeste via le stylet. Largement plus précis et plus pratique que le stick sur consoles de salon pour Okami, le stylet sera optimisé pour dessiner les motifs qui serviront aux techniques comme la coupe, la Bombe, le vent et j’en passe.

Capcom a d’ailleurs mis comme nouveauté principale, des compagnons enfants pour Chibiterasu. Ceux-ci auront une capacité propre à utiliser selon la situation et vous pourrez faire en sorte qu’ils soient sur le dos du Petit Soleil, ou vous pourrez les guider à pied via l’écran tactile en traçant au stylet, un chemin pour eux, afin qu’ils aillent chercher un coffre inaccessible pour Chibiterasu, ou encore actionner un interrupteur à distance.

La contrepartie étant qu’ils seront vulnérables avec une barre de santé propre. Faire gaffe donc tant qu’ils ne sont pas à nouveau sur le dos de Chibiterasu.

Par contre, comme nous sommes sur DS avec une croix directionnelle, il faudra un certain d’adaptation au niveau des déplacements qui ne sont pas aussi souples forcément que sur Okami via un stick analogique. Je vous conseille d’ailleurs d’y jouer sur 3DS ou 2DS car les déplacements via le stick seront plus agréables, la croix faisant mal au pouce sur le long terme sur une DS Tank/Lite.

Bref, le gameplay est toujours aussi solide qu’Okami PS2, le passage à la DS s’est finalement très bien passé et Capcom ont exploité avec brio les capacités uniques de la DS telles que l’écran tactile et le stylet, afin de réaliser les techniques du Pinceau dans le game design global.
Seuls les déplacements demanderont une certaine adaptation, vu qu’ils ont été pensés initialement sur une croix directionnelle. Mais on s’y fait vite, surtout grâce au stick de la 3DS.

Pour la réalisation graphique, Capcom a du forcément également revoir ses ambitions à la baisse pour permettre à la DS de faire tourner Okami Den, vu que ses capacités graphiques en 3D sont très limitées. Malgré cela, le résultat est impressionnant et respecte totalement la direction artistique magnifique du jeu original, à base de cell shading et estampe japonaise.

Forcément, les modèles 3D et textures sont largement moins détaillées, les grandes zones du jeu original ont été pas mal réduites et sont entrecoupées de petites zones avec chargement, et le framerate en prendra parfois un coup. Mais en globalité, rien de méchant et on ne peut qu’être admiratif du boulot abattu par Capcom sur DS.

La machine double écran de Nintendo crache ses tripes et on tient certainement l’un de ses plus beaux jeux en 3D. Compte tenu du support, j’ai été impressionné par la mise en scène, le soin apporté aux décors, aux cinématiques et surtout à la direction artistique et originale qui est toujours aussi flamboyante malgré tout.

Les animations ne sont pas en reste et sont très sympas, notamment dans les mimiques de Chibiterasu qui est vraiment craquant à tout moment.

Bref, une réalisation bluffante pour la première console portable de Nintendo qui affiche de la vraie 3D

Pour la bande sonore, on est exactement sur le même niveau de qualité impressionnante. Les musiques sont magnifiques, entrainantes et s’adaptent totalement aux diverses situations (mention spéciale pour moi à Yakushi Village, Ryoshima Field South, Thunder Cloud, Susano Theme, Thank Goodness et Stirring). On retrouve certaines musiques du 1er jeu, parfaitement réadaptées aux capacités sonores de la DS. Les musiques pourront sembler un peu bouchées via les haut parleurs de la DS, mais via un casque ou si vous écoutez les musiques en dehors du jeu, vous verrez à quel point c’est du bonheur absolu pour les oreilles. Les capacités sonores de la DS ne sont finalement pas loin du CD une fois bien exploitées.

Les bruitages ne sont pas en reste et sont très bons. Pour les doublages, on retrouvera des voix yaourts pour les personnages, on aime ou on déteste. Perso, ça ne m’a pas dérangé et cela contribue à donner du charme aux divers persos que Chibiterasu rencontrera. D’autant plus que les bruits de ce dernier le rendent vraiment attachant, entre ses petits aboiements, ses gémissements ou encore quand il est en colère.

Pour le contenu, comptez bien environ 25 à 30h en prenant votre temps et en explorant un peu partout pour terminer Okami Den. Le jeu est généreux en contenu, varié dans ses situations, avec un rythme qui monte crescendo (sauf vers la fin où Capcom font leur technique habituelle depuis les Mega Man : recyclage de boss déjà tués avant d’affronter le dernier boss !). Une durée de vie très bonne donc pour une aventure portative d’Okami, d'autant plus que la rejouabilité est là avec du New Game + et autres bonus à débloquer.

Conclusion, si Okami Den n’a pas l’aura culte du 1er opus car il n’est pas développé directement par Clover et Hideki Kamiya, il n’en reste pas moins que cette suite adaptée à la DS était un projet risqué à la fois pour le support mais aussi la nouvelle équipe de Capcom en charge de cette suite.

Le créateur de Street Fighter a fait une digne suite à Okami, avec un Chibiterasu tout aussi attachant qu’Amaterasu, un univers japonais respectueux, un scénario et des enjeux certes plus enfantins et plus légers, mais qui n’en restent pas moins accrocheurs et passant par l’humour, les moments marquants et tristes, ainsi que diverses situations pour accrocher le joueur. C’est une grande aventure Zelda Like qui vaut absolument le coup d’être joué par les fans d’Okami, ou même par les fans de la DS et qui chercheraient un jeu d’action – aventures en 3D.

Hélas, Okami Den n’a pas été traduit en français (son anglais après reste simple, il n’est pas compliqué à comprendre) et a bidé complet, faisant que la licence est maintenant au point mort depuis 10 ans, hormis quelques réeditions HD d’Okami sur les derniers supports (PS4/One/Switch/PC).

De plus, il n’a pas été distribué à beaucoup d’exemplaires non plus, faisant qu’il est difficile de se procurer le jeu à prix correct de nos jours.

Dans tous les cas, si vous décidez de l’acheter ou d’y jouer par émulation / linker, si vous avez aimé le 1er jeu de Clover sur consoles de salon, Okami Den vaut largement le coup d’être joué et fait clairement partie des meilleurs jeux de la DS à ce jour.

Bravo et un grand respect donc à l’équipe annexe de Capcom qui ont relevé un pari difficile avec cette suite, tout en créant un Chibiterasu mignon et tout aussi attachant que sa mère, déesse du soleil du 1er jeu !

Maintenant Capcom, si vous m'entendez, c'est quand vous voulez pour Okami 3 et faire la suite des aventures d'Ama et Chibi !