Si l’année 1985 restera dans les annales du jeu vidéo pour la sortie de la pépite qui a redéfini tout un genre (Super Mario Bros., pour ne pas le citer), d’autres jeux Nes de très bonne facture ont également vu le jour, la plupart tombant pourtant peu à peu dans l’oubli, à l’exception peut-être de Bomberman et du shmup fort labyrinthique Thexder, tous deux originellement parus sur la gamme PC-88 de NEC. C’est par exemple le cas de Wrecking Crew, l’autre jeu Mario de cette année-là, précédant SMB de quelques mois et faisant en quelque sorte le lien entre celui-ci et le déjà très antédiluvien Mario Bros.. Pour rester dans les jeux chapeautés par le papa du Game Boy, citons le sympathique Ice Climber, à qui le futur hit Kid Icarus piquera le scrolling vertical. Et puis, comment pourrais-je être exhaustif en omettant le fameux Onyanko Town…
Non, je déconne, Onyanko Town est un jeu tout ce qu’il y a de plus confidentiel, probablement même en son Japon natal, où il est fort logiquement resté cantonné. Sa découverte fut d’ailleurs pour moi purement aléatoire : j’ai démarré mon émulateur Nes, ouvert une archive contenant des centaines de ROM toutes plus obscures les unes que les autres, et ai cliqué au pif sur un jeu, sans même faire attention à son intitulé…
Mais justement, de quoi ça cause, Onyanko Town ? Le titre lui-même donne déjà quelques indices : il y est question d’une ville ("Town"), et le "nya" de "Onyanko" évoque le cri du chat. Car oui, ils ne sont pas comme nous ces jap’, ils entendent "nya" là où chacun sait qu’il faut entendre "miaou"… Le jeu se présente comme un Pac-man-like, dans lequel une maman chat anthropomorphique part à la recherche de son petit, parti vadrouiller dans la ville sans jamais revenir…un véritable petit merd.. rebelle, qui prendra un malin plaisir à disparaître à toute heure de la journée, et même la nuit…
Le but du jeu est bien évidemment de le retrouver -dans une ville vue de haut (à la GTA des premières heures) qui tient sur plusieurs écrans, donc relativement grande- puis bien sûr de le ramener au bercail. Une mission naturellement entravée par des obstacles et des ennemis, principalement des chiens. Ils sont un peu l’équivalent des fantômes de Pac-man mais, contrairement à eux, ils n’ont pas de comportements propres ni ne se limitent à 4 spécimens pour nous coller au derche. Ils ont de plus tendance à voir leur célérité croître à mesure qu’on progresse dans le jeu…
Mais comment donc leur échappe-t-on, s’ils finissent par devenir plus rapide que nous ? C’est effectivement une bonne question, à laquelle on va répondre séance tenante. En fait, il y a deux moyens principaux (et complémentaires) : le premier, c’est en ouvrant les bouches d’égoût pour les faire tomber dedans. Simple et efficace, il faut juste ne pas oublier de les refermer, et surtout faire attention à ne pas soi-même tomber dedans… La deuxième solution, c’est chiper un poisson sur un étal, ce qui nous offre une invincibilité temporaire, mais, en contrepartie, le poissonnier lui-même vient nous prendre en chasse, celui-ci se déplaçant à la même vitesse que nous…
En ce qui concerne les obstacles, des cônes de signalisation et assimilés semblant être placés aléatoirement se chargent de couper certains chemins afin de réduire les possibilités de déplacements/fuites, tandis qu’une grosse voie routière assidûment fréquentée par les automobilistes traverse la ville en son centre, sur toute la verticalité, ajoutant encore un peu plus de stress lorsqu’on est poursuivi par à peu près tout ce qui bouge…
Mais alors…globalement, le jeu est bon ? Ben en fait non, pas vraiment. En plus d’une certaine répétitivité inhérente à son statut de Pac-man-like, Onyanko Town est un jeu LENT. On se déplace dans la ville à la vitesse d’un escargot neurasthénico-dépressif, et c’est encore pire lorsque trop d’ennemis sont présents à l’écran, et que l’animation se met à sévèrement saccader…mais la goutte de vase qui fait déborder l’eau, c’est que le tout est agrémenté d’une unique musique, qui est disons…bordel, aucun mot assez fort ne me vient en tête pour désigner cette…chose…
En bref, tous ces défauts cumulés font d’Onyanko Town un jeu éprouvant pour les nerfs. J’ai d’ailleurs fini par arrêter de jouer de moi-même, sans même avoir perdu, pour cause de ras-le-bol et d’un gros mal de crâne… Imaginez bien qu’il arrive assez souvent de chercher le petiot de longues secondes (ou alors j’ai vraiment une intuition pourrave), et que cette charmante boucle de 6 secondes finit par être une vraie torture. Notons tout de même que les développeurs n’ont pas été sadiques au point de programmer un chaton mobile, je ne me voyais pas gueuler des "mais bordel, whiskas ?!?" à tout va… Ben quoi ? À jeu de merde, blague de merde…