J’adore ce qui se passe actuellement sur la scène des jeux « indé »…
Courts, inventifs, rapidement accessibles… Voilà bien des jeux qui me correspondent parfaitement. Dans ce genre, « Papers Please » est un nom qui est souvent revenu à mes oreilles. Et comme je venais tout juste de finir « Return of the Obra Dinn » du même Luke Pope, il ne m’en a pas fallu davantage pour me jeter dessus.
Alors oui, je confirme : c’est court, inventif, rapidement accessible. C’est même drôle et particulièrement intelligent. Quand on y réfléchit bien : nous faire jouer un inspecteur de l’immigration d’une vieille République fictive de l’Est soviétique, c’est quand-même sacrément perché mais bougrement attirant. Moi le premier ça m’a amusé sur mes premières minutes… mais sur mes premières minutes seulement.
En fait j’ai très vite rencontré deux soucis majeurs avec ce « Papers, please ». Le premier est tout simplement inhérent à sa mécanique de jeu. Il faut valider ou non des passeports dans notre petite cahute. Alors ça commence tranquillou, à base de vérification d’identité et de date de validité, et puis ça se corse assez rapidement. Parfois le sexe n’est pas bon, la ville d’édition du passeport ne correspond pas au pays indiqué, des papiers supplémentaires doivent être adjoints selon les nationalités. On s’y perd très facilement… Alors soit, why not. C’est justement le jeu qui veut ça. On a un temps limité et on est payé à la dure, donc si on ne veut pas que la petite famille y passe, on a intérêt à accélérer la cadence et sans se tromper… Bah oui, mais bon… C’est bien gentil ce genre de mécanique de jeu, mais moi, c’est tout con, mais ça m’empêche de profiter de tout le reste.
Parce que le sel de cette aventure, il vient quand-même surtout de ces cas particuliers qu’on rencontre, de ces petits mots échangés, de ces réflexions décalées… Le problème c’est que ce jeu étant très dépouillé techniquement, tout se fait par des fenêtres de texte… Fenêtres de texte que, du coup, moi je finis par ne plus lire, car tout le temps que je consacre à lire ces textes, c’est du temps que j’ai en moins à consacrer aux documents que je dois vérifier. Si bien que pour être performant à ce jeu, la mécanique de gameplay m’invite à m’éloigner de la narration et de l’univers proposé. Je trouve ça frustrant.
Mais à ce premier souci s’en est aussi ajouté un deuxième. L’ergonomie.
Qu’il y ait beaucoup de paperasse, je peux encore l’accepter : c’est le principe du jeu. Par contre, dès qu’il s’agit d’interagir avec la personne qu’on a face à soi, c’est vite la croix et la bannière. Il faut ouvrir le carnet, tourner les pages, cliquer sur l’élément qu’on sollicite, puis cliquer sur le comptoir, attendre que la corrélation se fasse, puis cliquer sur le micro pour demander ce dont on a besoin… Non ! C’est non seulement pas logique du tout, mais en plus c’est long et pénible ! Ajoutons à cela que le guichet est très petit et très vite encombré, cela conduit rapidement à perdre de précieuses secondes pour des choses qui ne devraient pas en coûter.
Ce qui est amusant, c’est que ce problème d’ergonomie, on le retrouve aussi dans « Return of the Obra Dinn ». Visiblement Luke Pope est un gars qui a encore du mal à gérer ces points-là. Et c’est pénible parce que moi, j’en suis carrément arrivé à un point où j’ai reproduit certaines pages de document sur des feuilles papier afin de mieux m’en sortir. Je sais qu’un truc comme ça ferait triper des gars comme Pipomantis. Tant mieux pour eux parce que pas moi.
Du coup, autant vous avouer sans détour qu’au final, mon expérience de « Papers, Please » n’a pas été des plus satisfaisantes. Pas très jouable, mal calibré au niveau de la difficulté et peu pratique pour suivre l’histoire : je l’ai fini par obligation, sans joie aucune, content de pouvoir passer à autre chose. Alors après ça ne veut pas dire que je considère ce jeu comme honteux. Au contraire, je comprends même que certains aient pu y trouver leur compte. C’est vrai que c’est original et que ça a vraiment son charme. Seulement voilà, moi, quand le gameplay ne me va pas, rien ne me va… Dommage. « Tant pis pour moi » j’aurais presque envie de dire…