Les jeux de tir en vue subjective ne font pas la part belle à des univers particulièrement originaux. Même si on rencontre de plus en plus de FPS souhaitant intégrer un background particulier, la plupart privilégient des conflits armés historiques, sans véritablement mettre en place une ambiance particulière. Pour autant comme cela a été dit précédemment, le genre FPS a été l'occasion de découvrir des univers se détachant des thématiques habituelles liées le plus souvent à la Seconde Guerre Mondiale et à la Guerre du Vietnam. Et Prey fait partie de ces FPS ayant souhaité offrir une expérience différente aux férus de jeux de tirs à la première personne, en vous proposant en gros d'incarner un Indien dans l'espace captif dans un vaisseau extra-terrestre et en proie à des aliens pas très amicaux, voire même quelques hallucinations !


Va-t-il marquer les esprits ou tombera-t-il dans l'oubli ? Rendez-vous avec des extra-terrestres peu commodes pour le savoir !


Drôle de soirée


Le début du jeu prend place dans le bar d'une réserve indienne tenue par Jen, la petite copine du protagoniste principal, Tommy. Ce dernier se plaint de mener une vie monotone et rêve d'aller découvrir de nouvelles choses, sortir de cette réserve dans laquelle il étouffe. Mais ce n'est pas l'avis de Jen et d'Enisi, son grand-père qui sont très attachés aux traditions et ne souhaitent pas changer leurs habitudes.
Tout laisse présager une soirée banale (malgré une altercation avec deux malotrus vous ayant poussé à les tabasser à coups de clé anglaise!), jusqu'au moment où des lumières venant du ciel emportent tout sur leur passage, que ce soit le mobilier du bar et même les personnes qui s'y trouvaient, Tommy inclus. Tout semble indiquer qu'une invasion extra-terrestre est en train de se produire, vu le vaisseau menaçant aperçu dans le ciel. Par la suite, Tommy se retrouve éveillé dans un vaisseau sombre, glauque et attaché comme un vulgaire bout de viande. Mais il parvient à échapper à un sort qui semblait funeste et se lance à la recherche de Jen et d'Enisi.


Le commencement du récit intervient de manière brutale, sans prévenir et sans spécialement connaître auparavant le background, ce qui vous laissera certainement dans le flou au moment de commencer cette aventure. Et cette impression de flou, vous allez la garder jusqu'à la fin du jeu, où c'est à ce moment que les clés de l'intrigue et ses enjeux vous seront révélés, ainsi que quelques scènes intéressantes. Mais avant ça, on se contente juste de progresser dans les différentes parties du vaisseau tout en évitant de se faire massacrer par des aliens belliqueux, sans en savoir davantage sur leurs motivations, leur but, etc... ce qui peut en frustrer certains. Tout ce qu'on sait avant ça, c'est que Tommy tient à s'échapper de ce vaisseau morbide avec Jen et Enisi. Autre point noir, la toute fin du jeu qui vous indique clairement que ce n'est pas un épilogue définitif aux aventures de Tommy. On a donc une fin relativement ouverte d'autant plus frustrante que la suite du jeu ne verra probablement jamais le jour. Bien que prévu, un second opus a été annulé récemment, ce qui réduit les chances de retourner dans l'univers de Prey...
D'autre part, le charisme des protagonistes n'est pas ahurissant. On peine à s'attacher au personnage de Tommy et à son entourage, tant ils semblent plats et sans réelle envergure.


Une ambiance intriguante


Graphiquement, il est évident que le jeu a vieilli. Peu étonnant, vu que ce dernier est sorti il y a presque 9 ans. Mais si on remet les choses dans leur contexte, force est de constater que le moteur graphique de Doom 3 est franchement efficace. Pour l'époque, les personnages restent détaillés, tout comme les monstres que l'on peut rencontrer. Les décors sont également bien réalisés, le rendu technique est propre, assez peu de défauts visuels sont à signaler. Techniquement parlant, on a donc affaire à du solide !
Concernant l'ambiance, on a affaire à quelque chose de particulier. Entre classicisme et originalité, le design des décors s'avère intéressant, avec un savant mélange entre décors « métalliques », « spatiaux » et d'autres plus « organiques », avec même quelques décors de canyons assez agréables. De plus, le design des monstres s'avère glauque à souhait, et surtout celui des armes s'avère intéressant, puisqu'on a pas affaire à des armes génériques, celles-ci s'apparentant à de vraies formes organiques. Pour autant, une fois la surprise de cette ambiance particulière passée, on peine à trouver une véritable variété dans les décors. Cela fait partie évidemment de l'ambiance glauque souhaitée par le jeu, mais on a le plus souvent affaire aux mêmes jeux de lumières, palettes de couleurs et nuances, même si quelques décors se détachent du reste. Rien de bien grave, mais la lassitude peut gagner le joueur à force de voir le même genre de décors.


Côté bande-son, même si on retrouve le compositeur d'Oblivion et de Skyrim aux commandes, le bonhomme marque moins les esprits dans Prey. Si le thème du menu principal et celui des chargements mettent bien dans l'ambiance avec leur petit côté épique, les autres s'avèrent génériques, d'autant plus que le jeu ne met pas les compositions du musicien en valeur, ou alors à de trop rares fois durant quelques moments forts.
Les bruitages s'avèrent cohérents dans l'ensemble, sans réelle fausse note malgré quelques bizarreries pour les attaques d'un certain type d'ennemis. Pour les doublages, on a le droit à de la VO sous-titrée satisfaisante, sans qu'elle marque véritablement les esprits.
En bref, la bande-son fait bien son travail d'immersion du joueur, sans qu'elle soit mémorable.


Esprit, es-tu là ?


A priori, la maniabilité de Prey ne se différencie pas vraiment des autres titres du genre. Outre le fait qu'elle ne pose pas de problème particulier, hormis pour la conduite des quelques véhicules du jeu où elle est vraiment peu précise et assez mal fichue, on se trouve dans les mêmes dispositions que d'autres FPS. Saut sur le bouton A, tir avec la gâchette droite ou gauche si elle a un tir secondaire... Les habitués du genre ne seront pas perdus grâce à une disposition des touches et des mécaniques qui change assez peu de l'ordinaire. A ceci près que d'abord, il y a pas besoin de recharger dans Prey. Vous pouvez tirer à loisir jusqu'à la pénurie de munitions. Toutefois, ce qui fait vraiment l'un des intérêts du gameplay réside dans la possibilité au bout d'un certain moment du jeu de séparer l'esprit de Tommy de son enveloppe charnelle, ce qui a plusieurs utilités, allant de la résolution d'énigmes à la découverte de passages secrets révélant le plus souvent des munitions. En revanche, même si vous êtes équipés d'un arc dans votre forme spirituelle, économisez vos flèches à un usage différent que celui conduisant à éliminer vos ennemis, tant la puissance de cette arme laisse à désirer. De ce côté là, amusez-vous plutôt avec le panel varié d'armes que propose le jeu. De la clef anglaise du tout début du jeu jusqu'à ce qui s'apparente à un lance-roquette avec bouclier en guise de tir secondaire, en passant par une arme à munitions variables ou à des sortes d'araignées faisant office de grenades, il y a de quoi faire ! Surtout que l'utilisation de votre arc va vider la jauge bleue à côté de votre jauge de vie, puisqu'en vidant la silhouette se trouvant à côté de celle représentant la santé de Tommy, vous ne pourrez plus utiliser sa forme spectrale, ce qui peut s'avérer embêtant pour résoudre certaines énigmes. Encore que, les ennemis sont assez généreux s'agissant de droper des bonus permettant de remplir cette jauge bleue. L'acquisition de votre forme spectrale va de pair avec l'arrivée de Talon, l'esprit du faucon de Tommy décédé durant son enfance, qui va vous permettre selon son bon vouloir de distraire les ennemis ou alors de vous indiquer les interrupteurs, objets dont vous pouvez vous servir, sans toutefois vous mâcher le travail !


L'autre intérêt de Prey réside dans son level design, en effet celui-ci peut conduire à des situations intéressantes, où vos perspectives seront chamboulées. Dans Prey, le joueur se retrouve tantôt la tête en haut, en bas lors des progressions sur des murs à gravité. De même, vous allez également être amenés à changer l'orientation d'une pièce pour pouvoir progresser, si bien qu'on se retrouve à progresser dans des pièces mettant à mal notre façon de voir les choses. Ajoutez à cela des portails à franchir à l'instar du jeu Portal (un an avant la sortie de ce dernier, tout de même!), et vous obtenez une progression qui change radicalement de ce qu'on a pu voir dans le genre, d'où une expérience qui reste réellement intéressante de ce point de vue.


Le jeu propose également un mode multijoueur sur lequel on ne peut plus tellement s'attarder de temps à autres. Parce que vu la date de sortie du jeu, difficile de trouver d'autres larrons pour se fragger la tronche. Et il n'est pas impossible que les serveurs ont été fermés depuis le temps. Si bien que dans le cadre de ce test, le mode multijoueur n'a pas pu être testé. La faute au testeur de cet article qui aurait pu y jouer s'il s'était mis au jeu bien plus tôt !


Une épopée spatiale assez vite pliée


Ce level design particulier sera pour vous l'occasion de résoudre un bon nombre de puzzles qui pourront parfois vous donner du fil à retordre, déjà rien que pour comprendre ce qu'il faut faire ou à cause d'un détail que l'on avait pas vu auparavant. Rien de bien compliqué, si tenté que l'on reste attentif pour éviter de se retrouver bloqué inutilement pendant des minutes (ou alors des heures si vraiment votre cerveau est ramolli!), même si l'enchaînement de ces nombreux puzzles nuit parfois à l'action et au rythme du jeu. Mais vu les rares fois où on utilise nos neurones dans un FPS, évitons de trop nous plaindre !


En revanche, le jeu s'avère peu difficile à finir, surtout si vous jouez au mode de difficulté le plus simple. Si vous choisissez le mode de jeu normal, il vous faudra bien une dizaine d'heures pour en venir à bout, ce qui n'est pas franchement énorme, même pour un FPS.
A quoi cela est-il dû ? Hormis le fait que les ennemis sont pas insurmontables et que leur intelligence artificielle reste dans la moyenne (même si certains font des mouvements d'esquive assez retors), tous comme les rares boss du jeu, il y a le fait que Tommy ne meurt jamais réellement dès le moment où vous pouvez séparer l'esprit du corps de ce bel amérindien. Car par la suite, dès que vous mourrez, il n'y a plus d'écran de game over. A la place, vous avez un mini-jeu s'apparentant à du tir au pigeon où vous devez tirer sur des esprits rouges qui vont vous faire gagner de la santé et bleus qui vont remplir la jauge bleue correspondant à la possibilité de tirer des flèches avec votre arc spirituel. Et une fois que ce mini-jeu est terminé, vous apparaissez pile à l'endroit où vous êtes morts. Autant dire que contrairement à des jeux du genre Dark Souls, la mort est loin d'être punitive, au contraire elle permet même de vous faire gagner plus de santé qu'avant votre mort ! Et c'est pas l'apparition de rochers ou autres obstacles au sein de ce mini-jeu, au fur et à mesure que vous approchez de la fin du jeu, qui va changer quelque chose, même si le changement de décor peut perturber les premières fois.
De ce fait, finir Prey, même dans son mode « Cherokee » (le niveau de jeu le plus dur parmi les trois proposé), ne relève pas de l'exploit.
Le seul point qui monte un peu la difficulté est le fait qu'on se retrouve assez vite en panne de munitions. Et en dehors du fait que cela s'avère problématique pour zigouiller vos opposants, ça peut aussi vous poser problème pour résoudre certains puzzle où l'utilisation de certaines armes est indispensable.


En définitive, ce n'est pas tant pour sa difficulté que pour son expérience particulière que l'on se souviendra de Prey !


Conclusion : Prey est une sorte d'ovni vidéoludique (sans mauvais jeux de mots !) dans un genre qui reprend assez souvent les mêmes thématiques, surtout à son époque. Avec son ambiance glauque particulière et son game design perturbant par endroits, ce jeu reste une expérience qui mérite d'être jouée, et ce même si les plus férus de difficulté d'entre vous risquent d'être déçus par le peu d'opposition proposé par le soft et la courte durée de vie du titre, car il n'en reste pas moins divertissant et intriguant si on prend la peine d'y jouer.

Lightstar
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le 6 févr. 2015

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