Quand j'ai acheté ce jeu, je m'attendais à un Silent Hunter de surface. Les torpilleurs étaient des bateaux extrêmement maniables pour l'époque par rapport aux lourds croiseurs et compagnie, donc j'escomptais quelque chose de sympa où il faudrait parcourir l'Atlantique à la pourchasse d'un convoi ou d'un sous-marin endommagé à harceler à plusieurs torpilleurs. Le jeu étant régulièrement pris en exemple pour les benchmark de DX10 à une époque, le moteur graphique devrait rendre la chose agréable.
Première déception, ce n'est pas un jeu bac à sable où l'on sillonne les mers à notre guise afin d'agrandir notre tableau de chasse. A la place, nous avons une succession de missions, qui nous placent généralement en pleine mer, ce qui arrange les développeurs car le moteur graphique ne semble pas avoir été prévu pour afficher de grands paysages. On se contentera donc d'un pauvre îlot rocheux en guise d'exotisme de temps à autre, et on se verra affliger d'une distance de vue souvent médiocre, donnant l'impression d'évoluer dans une arène de jeu encore plus minuscule qu'elle n'est.
Dans ces conditions, on imagine bien que le subtil gameplay de Silent Hunter, nous demandant de suivre à l'oreille un convoi jusqu'à s'approcher de sa position supposée et de scruter l'horizon dans l'espoir d'apercevoir une panache de fumée, n'a pas vraiment les moyens d'être mis en place. Tant pis, on prendra son pied sur une action plus rapide d'accès et assez jouissive dans ce cas ?
Même pas. Les sensations de tirs sont minables. On tire en continu avec les mitrailleuses ou canons de bords sur d'autres torpilleurs en attendant, comme dans un jeu de stratégie, que le nombre de points de vie de l'ennemi arrive à 0. Pas de dégâts localisés, pas de critical hit, aucune sensation de faire mal à l'adversaire, si ce n'est de temps à autre voir un matelot se faire faucher par les balles. Même rengaine pour les avions qui encaisseront les coups sans broncher jusqu'à finalement exploser, sans avoir vu leur comportement ou leur aspect altérés entre temps.
Et ne parlons pas des cargos ou des destroyers/croiseurs, sur lesquels vous pourrez vider vos chargeurs en vain. Au moins sur Silent Hunter, vous pouviez vous amuser à faire s'effondrer certaines superstructures en s'acharnant dessus au canon de bord. Reste donc la torpille, dont le gameplay semble ridicule de simplicité : vous prenez les jumelles, sélectionnez une cible, mettez ensuite le bateau dans l'axe du viseur et il n'y a plus qu'à décocher le tir. Inutile d'espérer voir une trainée d'écume fendre les eaux jusqu'à la coque du navire adverse, il n'y a aucun effet.
Il existe une dimension tactique, avec une vue "carte" permettant de sélectionner vos navires et de leur donner des ordres d'attaque ou de déplacement mais ça ne réhausse pas l'intérêt du jeu. N'est pas Battlestations Pacific qui veut. Si les torpilleurs vous lassent, vous pourrez toujours prendre les commandes de navires plus imposants, mais impossible alors de tirer manuellement au canon, vous ne pourrez que les diriger...
Un petit mot pour finir sur la physique, qui est aux abonnés absents. Les bateaux ne subissent pas les assauts des vagues, même quand vous traversez le sillage d'un navire, et zig zaguer à toute berzingue ne fera pas ressentir le transfert de masse. Et lorsque je me suis amusé à fondre sur un torpilleur allié, pour voir mon esquif faire un salto et finir tête dans l'eau, je n'ai pas cherché à aller plus loin. Bien sûr, même dans cette position fort inconvenante, il m'était toujours possible de faire usage de mes armes...