Lorsqu’un éditeur sort un jeu d’antan avec une refonte graphique ou technique plus ou moins prononcée, le discours est différent venant des développeurs ou des commerciaux. Les développeurs ont tendance à appeler remaster un jeu avec uniquement une amélioration visuelle (Shadow of the Colossus, Crash Bandicot N. Sane Trilogy, Demon’s Souls (PS5), Pokémon SoulSilver Heart Gold…) et les commerciaux préfèrent les appeler des remakes. Le terme est plus vendeur et les acheteurs croient qu’il y a un taf de folie sur le produit. Or, quand sort un Final Fantasy VII Rebirth, difficile de le mettre sur le même plan que les jeux cités plus haut. Le jeu est certes plus beau, néanmoins la structure de jeu est intégralement revue et n’en garde qu’une partie de l’ADN. Finalement, les développeurs semblent mieux nuancer la différence entre les deux. On peut alors se demande si Resident Evil 4 Remake est un remake ou un banal remaster.
Pour commencer, le gameplay de Resident Evil 4 est retravaillé. Ce qui saute le plus vite aux yeux, c’est le couteau qui possède une barre de vie, nous obligeant à en stocker plusieurs dans notre inventaire ou à le réparer. Ce changement n’est pas dénué de sens et s’intègre convenablement. Le nombre d’armes a également augmenté avec l’ajout notamment d’une arbalète. Celle-ci tire des carreaux que nous pouvons récupérer, de quoi faire des économies de munitions. Différents QTE apparaissent maintenant quand on se fait attaquer, un bouton pour contrer et un pour esquiver. Quant aux QTE durant les cutscenes, vous pouvez les oublier. Encore une fois, cette suppression n’est pas pour me déplaire. On peut également crafter des munitions, ce qui est très plaisant quand on se souvient des moments compliqués dans RE4 où il ne nous reste que 5 balles dans notre Punisher. Des nouveaux secrets sont éparpillés et l’ajout des requêtes offre une certaine satisfaction. En plus de suivre l'histoire principale, on est gratifié d'explorer et de chercher dans les moindres recoins les objectifs annexes. Bref, le gameplay est plus dynamique, mieux rythmé même si celui-ci se casse encore pour aller dans l’inventaire. Certes, moins à présent, grâce aux raccourcis.
Évidemment, dans un remake, on attend au minimum des graphismes plus modernes. Ici, autant certains visages dans certaines cinématiques sont laids et autant la synchronisation labiale est parfois catastrophique, mais les décors sont magnifiques. Le jeu est très beau, les environnements sont riches, l’univers est impression. Un plaisir de parcourir ce monde avec le gameplay remit à neuf. Mais le plus gros changement n’est pas là. Resident Evil 4 Remake se paie le luxe de retravailler tout. On note énormément de changement tant sur la narration, que sur le level design, ou encore sur l’enchaînement des événements, ou bien les dialogues… Même en ayant fait le jeu pour la première fois il y a quelques semaines, j’ai parfois peiné à reconnaître certaines zones. Une poignée a été simplement supprimée, même si elles étaient cultes. Au revoir la zone de feu dans le château, celle du bulldozer conduit par Ashley, l’incroyable boss U-3, les statues de Salazar, la descente dans la cabine… C’est frustrant quand on les connaît. Certaines phases de jeux sont complètement revues. La phase où on joue Ashley est encore mieux qu'à l’époque. Enfin, des morceaux de map ont été ajouté. Même en connaissant le jeu sur le bout des doigts, les joueurs et joueuses peuvent être surpris.
Bref, Resident Evil 4 est un réel Remake, comme on en voit peu. Une partie non-négligeable de l’ADN est encore présente, mais tout a été retravaillé avec un sens du détail remarquable. Capcom n'est pas tombé dans la facilité. Le jeu reste un nanar avec un sens hollywoodien marqué, mais le produit final est très agréable à jouer. J’en viens presque à me demander quel est l’intérêt de jouer aujourd’hui à la version d’origine à part pour l’aspect historique. Resident Evil 4 Remake, c’est comme Resident Evil 4, mais en mieux. En refait, quoi.