Je comprends parfaitement à présent pourquoi certains souhaitaient tant un remake de ce jeu car il possède des qualités indéniables. Et je comprends aussi parfaitement pourquoi d'autres souhaitaient un remake de ce jeu tellement il a pris un coup de vieux monumental.


Mais commençons tout de même par le positif : le Level Design de cet opus est absolument excellent; tant mieux car c'est bien la qualité première que j'apprécie dans cette ancienne formule des Resident Evil. Le jeu prend pourtant le pari risqué d'élargir la zone d'exploration du joueur; ici pas de lieu central mais une multitude d'endroits à explorer dont les objets à récupérer s'avèreront vite interconnectés; de quoi malmener quelque peu la concentration du joueur mais le titre parvient brillamment à esquiver une sensation d'éparpillement en rendant la découverte de ces lieux lugubre à la fois instinctive et cohérente; il y a nettement moins d'assistance accordée au joueur que dans les derniers opus de la série (qui ont pourtant renoués avec brio avec cette structure labyrinthique) mais dès qu'un certain découragement commence à s'imposer à l'esprit du joueur, la solution ne se révèle jamais hors de sa portée. Enfin et c'est sans doute la qualité la plus reconnue de cet opus, l'approfondissement de la Lore des Resident Evil dont l'influence sera marquée durant les nombreux jeux à venir de cette fructueuse franchise polymorphe; c'est également une étape conséquente vers le WTF biologique dans lequel plongera la licence sans retenue dans les années suivantes mais Code Veronica apporte indéniablement une pierre à l'édifice de Resident Evil en tant que saga; à défaut de lui offrir le véritable renouveau qui était déjà nécessaire en ce temps là.


Car oui, on comprend un peu mieux à quel point Shinji Mikami a souhaité dépoussiérer la franchise avec son chef d’œuvre Resident Evil 4 (bien que de son propre aveu, cette composante action était aussi un souhait progressivement affirmé par son équipe, davantage qu'une réelle intention de sa part au commencement du projet); Code Veronica est un peu la dernière itération crasseuse d'une recette qui peine clairement à convaincre et dont l'impact a été de surcroît impitoyablement gâté par le temps.


* En premier lieu, la composante action de ce nouvel opus est déjà une réalité, malgré le fait que le titre s'obstine à conserver la maniabilité Tank, alors indissociable de l'angoisse véhiculée par la franchise. Le gameplay en devient néanmoins d'une lourdeur rébarbative face au grand nombre d'antagonistes à affronter et aux multiples boss qui parsèment cette aventure généreuse en contenu mais un peu moins en qualité. La dimension survie est certes toujours une réalité mais sa teneur horrifique s'est déjà grandement estompée.


*La narration est aujourd'hui franchement indigeste; si le travail sur le background du jeu est louable (merci les sempiternels journaux écrits, encore une fois), la trame dépeinte dans les cinématiques n'est ni assez amusante pour être un nanar ni assez tragique pour être vraiment haletante. La mise en scène est souvent catastrophique, les doublages affreux et le ton poseur semble vouloir singer vainement les fulgurances d'un Metal Gear Solid. Après la Claire Badass / Sarah Connor de Resident Evil 2 : Remake, il en devient même gênant de voir l’héroïne être ici cantonnée à un rôle de victime pendant quasiment tout le jeu, à se faire martyriser par le premier méchant venu ou à être sauvée par ce bellâtre de Steve dont le fameux "FAAAAATTTHHHEEERRRR" restera certainement sa seule caractéristique mémorable. Wesker commence déjà à prendre des cours de Kung-Fu chez Néo et Chris est aussi transparent qu'à son habitude; reste encore une fois les Ashford qui parviennent à tirer leur épingle de jeu et dont les origines ont dû surprendre plus d'un joueur à une époque où Internet ne s'était guère démocratisé.


*Le titre manque aujourd'hui clairement d'une ambiance singulière, d'une personnalité qui lui serait propre; quelque chose que chaque opus des Resident Evil s'est évertué à proposer, avec plus ou moins de réussite, durant les dernières années écoulées. Bien sûr, il est difficile pour lui de tenir la comparaison face à la splendide direction artistique du Resident Evil Rebirth mais entre une île militaire et sa prison monotone ou la base d'antarctique et ses couloirs gelés, il est difficile d'être vraiment transporté par l'atmosphère grisonnante de ce titre. Le domaine d'Alexia Ashford est à nouveau une heureuse exception mais c'est malheureusement l'environnement le plus restreint de ce spin-off quelque peu poussiéreux.


*Et enfin, dernière tare, et non des moindres; le titre est beaucoup trop long pour son propre bien. Nul doute que sa générosité inattendue a dû étonner agréablement plus d'un joueur à sa sortie mais aujourd'hui, cette longueur excessive semble surtout empiéter sur le rythme de l'aventure et l'absence de véritable évolution significative dans le périple qui nous est ici proposé. C'est ainsi que Chris Redfield se retrouve à visiter les mêmes environnements que sa sœur cadette en explorant les quelques zones laissées de côté lors de la première découverte des lieux; alors certes, le sentiment de continuité est bien plus palpable que dans les scénarios prétendument alternatifs de Resident Evil 2 mais Code Veronica véhicule malgré tout une certaine frustration de vivre la même aventure deux fois d'affilée avec peu de variables pour maintenir l'intérêt du joueur sur le long terme. Cette alternance semble par ailleurs avoir été bien mal gérée par l'équipe de Capcom de cette époque car elle donne lieu à des inconsistances assez effarantes dans la progression du joueur de part son incapacité à pouvoir alterner les inventaires des deux protagonistes et le déséquilibre total qui peut alors en découler durant la dernière partie de l'aventure. Les ultimes péripéties de Code Veronica en deviennent ainsi une purge innommable à jouer entre le basculement incessant de ses deux personnages et un boss final qui peut se targuer d'être probablement le pire de la franchise, et certainement celui qui aura le plus eu raison de ma patience.


Bref, je peux comprendre une certaine nostalgie que des joueurs éprouvent encore à l'égard de la licence (davantage pour son Level Design plus ambitieux et exigeant que sa composante horrifique, somme toute relative pour ma part) mais Code Veronica était tout de même bien la preuve qu'un changement était nécessaire pour ne pas laisser la licence péricliter. Clairement, cet opus aurait mérité les honneurs d'un Remake digne de ce nom car à défaut de posséder une véritable singularité, il porte en lui quelques fulgurances inattendues (notamment dans le design étonnamment Silent Hillien d'un antagoniste) mais il en devient aujourd'hui presque difficile de croire que Resident Evil 4 fut le jeu qui lui succéda tant un gouffre qualitatif sépare aujourd'hui ces deux titres, pourtant seulement séparés de quelques années dans le temps. Léon reviendra pourtant dès l'année prochaine alors qu'un tel retour ne semblait pas nécessaire; Claire, de son côté, aurait pourtant bien méritée que sa dernière aventure majeure soit enfin dépoussiérée; après tout, tel a bien été le cas de la franchise qu'elle a autrefois incarnée.

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le 3 sept. 2022

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