J'ai commencé et fini Rise of the Tomb Raider un jour férié du mois d'août, un de ces jours où vous êtes seul au monde à regarder les sacs plastiques voler dans la rue. Et franchement, j'aurais pu passer un 15 août plus triste. Le jeu n'est pas grandiose mais ceux qui disent qu'ils passent un mauvais moment en y jouant mentent probablement, tant tout est fait pour que la progression soit scandaleusement facile et le gameplay permissif au possible.


Alors que je reposais mes trois neurones encore actifs lors d'une cinématique, je me suis rendu compte que c'était la septième fois que je jouais à l'exact même jeu. Grossièrement, le jeu consiste à devancer une milice privée à la con armée comme s'ils se préparaient à la 3e guerre mondiale pour accéder à un tombeau avant eux, récupérer un artefact indiquant un autre point ailleurs dans le monde, être rattrapé par la milice privée à la con, tuer seul une centaine de ces miliciens armés jusqu'au dents, s'enfuir du tombeau et recommencer pendant 8 heures. Non seulement c'est une copie conforme du précédent opus (avec un léger changement de skin de la map), mais c'est aussi le même jeu que tous les Uncharted, qui sont eux-mêmes le même jeu." En comptant Lost Legacy, c'est la septième fois que je joue à ce jeu", que je me suis dit avec l'oeil vitreux en posant mon café pour préparer l'inévitable gun fight post cinématique. À la différence notable que cet Uncharted là a modélisé des posters et des statues de Lénine partout sur la map, différence appréciable, vous noterez.


Je sais qu'on s'en fout de l'histoire dans un Tomb Raider, mais là on atteint des sommets de stupidité rarement égalés. Je vais spoiler sale, mais très franchement, qui en a franchement quelque chose à faire de ce faire spoiler une histoire aussi insipide?


Essayons de prendre les choses posément. Lara Croft trouve en Syrie un artefact random qui lui donne de bonnes raisons de croire que le prophète (oui, "le" prophète, on va pas rentrer dans des considérations théologiques non plus, c'est un prophète quoi, vous avez saisi l'idée) se serait caché, avec toute son armée et son peuple, en Sibérie du temps de Byzance. Bon déjà on aurait pu conseiller au prophète un coin bien planqué un peu plus proche et un peu moins hostile que sur un glacier, mais après tout, pourquoi pas, les voies du Seigneur sont impénétrable se dira-t-on. Ho, et on sait pas pourquoi, mais le prophète aurait un bibelot qui donne l'immortalité (sûrement un truc de prophète). Ça tombe bien c'est exactement ce que Lara cherche.


Nous avons donc d'un côté Lara Croft, dont la seule motivation consiste à trouver le bibelot de l'immoralité pour - et je cite tellement c'est aberrant - "prouver au monde que son père avait raison" et de l'autre côté le CIO d'une milice privée dont l'objectif est de soigner sa soeur, qu'on devine malade d'un cancer. Déjà, quand les raisons du grand némésis du jeu apparaissent nettement plus louables et logiques que celle de l'héroïne, on a de quoi tiquer un peu.


Le vrai scandale arrive quand, par inadvertance à force de farfouiller partout, Lara indique l'emplacement du bibelot au CIO des miliciens. Le problème c'est que la zone est habitée, alors les miliciens se livrent à un génocide d'un peuple autochtone. Rappelons : c'est la faute de Lara. Au cours de son aventure, elle rencontre Jacob, je vous passe le twist, en fait c'est lui le prophète et il est immortel. Il lui demande de laisser tomber sa quête, parce que prouver au monde que son père avait raison, ça vaut pas non plus un génocide. Lara refuse. Re-génocide, re-génocide, destruction de tout le patrimoine architectural du peuple autochtone (et ils avaient une palanquée de monuments qui avaient de la gueule), je vous passe les détails, Lara finit par trouver le bibelot de l'immortalité. Par un twist de scénario dont seuls des scénaristes sous-payés et mal nourris sont capables, Lara décide que le monde n'est pas prêt et brise le bibelot, ce qui a pour effet de tuer le prophète (qui tirait son immortalité dudit bibelot). Alors qu'il était vachement sympa.


Je résume. la volonté de Lara Croft de redorer le blason familial la conduit à trouver un peuple autochtone vivant en paix, à indiquer leur emplacement à une milice qui conduit à leur égard un génocide, à détruire tous les bâtiments de ce peuple pour trouver leur relique la plus sacrée, de la détruire et de tuer leur prophète. Mais tout le monde est vachement sympa avec elle, "ouais Lara c'est pas ta faute arrête de te tracasser avec tout ça" et tout. Mais quel être infâme.


Je sais que c'est devenu un lieu commun de rire des pratiques de pilleur de tombes de tous ces archéologues virtuels, mais là, franchement, on atteint un niveau jamais atteint.


Bon et sinon j'ai passé un bon 15 août.

Zbeubizbeub
5
Écrit par

Créée

le 16 août 2018

Critique lue 2.1K fois

1 j'aime

1 commentaire

Zbeubizbeub

Écrit par

Critique lue 2.1K fois

1
1

D'autres avis sur Rise of the Tomb Raider

Rise of the Tomb Raider
Julien82
5

Fall of The Tomb Raider

Cruelle déception que ce Rise of The Tomb Raider, dont j'espérais tant. Si le début m'a enthousiasmé, restant sur la bonne impression du reboot, rapidement au fil de l'aventure toutes les promesses...

le 15 déc. 2015

24 j'aime

1

Rise of the Tomb Raider
DuffMan
8

Lara's Ice

Malgré un reboot qui aura fait jaser les puristes, cette suite des aventures de miss Croft était plus qu'attendu. Et comme en 2013, la belle n'a pas fait les choses à moitié et nous gratifie une...

le 27 nov. 2015

19 j'aime

Rise of the Tomb Raider
Pseek
5

Cristallisation oedipienne

Attendez, je finis juste mon bâillement que j'ai entamé en commençant le jeu... Voilà c'est bon. Je suis faible, j'ai encore craqué pour Tomb Raider, sûrement plongé dans la nostalgie de vieux con,...

le 10 avr. 2016

14 j'aime

1

Du même critique

Rise of the Tomb Raider
Zbeubizbeub
5

Spoiler : Lara Croft est le méchant du jeu

J'ai commencé et fini Rise of the Tomb Raider un jour férié du mois d'août, un de ces jours où vous êtes seul au monde à regarder les sacs plastiques voler dans la rue. Et franchement, j'aurais pu...

le 16 août 2018

1 j'aime

1