Satellite Reign
6.2
Satellite Reign

Jeu de 5 Lives Studios (2015PC)

Dans le monde de l’indépendant, on peut retrouver deux catégories de développeurs : ceux qui n’assument plus leur jeu et ceux qui terminent leur phase ‘d’early access’, la deuxième catégorie étant plus noble et plus responsable que la première. C’est dans celle-ci que se trouvent les créateurs répondant au nom de 5 Lives Studios en nous proposant leur tout premier jeu : Satellite Reign, un jeu d’infiltration saupoudré de ‘RPG’ et d’action. Mais ne serait-ce pas plutôt l’inverse ?



Une entrée fracassante



Jamais ce terme n’aura été aussi utile que pour ce jeu. Après une phase de tutoriel un peu longue et laborieuse (nous demandant de cliquer sur notre souris afin de faire avancer un personnage tout en présentant les divers membres de notre équipe), nous attaquons directement les missions dans une ville assez ouverte et sublime. Le fait de nous proposer un style graphique très soigné accompagné d'une direction artistique presque irréprochable est un avantage considérable. L'aspect futuriste du jeu nous amène dans des décors très percutants et qui rendent l'univers cohérent. Unity, le moteur du jeu, a été exploité à son maximum et montre encore une fois ce qu’il est possible d’offrir au joueur quand on le maîtrise. C’est une belle leçon de design que nous enseigne le studio.


On se prend rapidement au jeu et on arrive à intégrer l’univers facilement. L'élément reprochable – certainement dû au manque de budget – sera cependant l'absence de voix dans le jeu, brisant peu à peu l’immersion en nous forçant à lire chaque mission. Au vu de la quantité de textes qu'elles contiennent et de la vitesse à laquelle nous les débloquons, il est difficile de s'attarder bien longtemps sur les contenus écrits, parfois trop lourds, des missions. Même si le nombre de quêtes annexes est convenable et conséquent, on peut facilement distinguer la mission principale des secondaires dans les menus, contrairement à un (trop) grand nombre de ‘RPG’ qui délaissent l'ergonomie sur ce point.


Si nous parlions d’infiltration, la présence d’un cœur de jeu ‘RPG’ est notable. Vous aurez la possibilité d’améliorer vos personnages selon une liste de compétences tels que le « Combat », la « Vie », le « Hacking » ou même le « Hijacking » qui consiste à prendre possession d’un ennemi jusqu’à sa mort. Il ne s’agit pas d’un arbre de talents classique : les points de compétences peuvent certes être dépensés dans un pouvoir ou une statistique particulière mais il faut savoir que tout est accessible dès le début. Une compétence déjà améliorée requerra plus de points supplémentaires afin de passer au niveau supérieur. À noter que la mort d’un de vos personnages vous coûtera des points d’expérience afin de le ressusciter.



Difficile à maîtriser



Il s’agit d’une partie délicate : le ‘gameplay’. Si vous pouviez vous attendre à un jeu d’infiltration, il n’en est malheureusement rien. En effet, la conception des zones de jeu ainsi que la composition de votre équipe ne vous permet pas une infiltration aussi subtile qu’un Splinter Cell ou qu’un Deus Ex. Gérer quatre unités en même temps dans des zones assez étroites peut parfois devenir un calvaire et augmenter largement votre frustration.


Si les zones de jeu ne sont pas mal conçues, il est assez aberrant de voir un nombre aussi élevé d’ennemis. Caméras, tourelles, gardes simples, gardes en armure, drones et autres robots, tous étant parfois regroupés à l’intérieur de petits périmètres et exécutant des rondes asynchrones nous bloquant la route. Malheureusement, s’agissant trop souvent de l’unique chemin possible, vous finirez par passer en force.


Foncer sur l’ennemi en tirant sur tout ce qui bouge est la seule option qu’il faudra envisager sur le long terme, l’infiltration étant clairement impossible à certains endroits-clés des niveaux. En revanche, le jeu ne vous laissera pas passer brutalement simplement. Vous ne pourrez pas nettoyer une zone d’ennemis afin d’y passer tranquillement. Chaque portion de niveau possède des casernes d’où sortent de nouveaux ennemis lorsqu’une alerte sonne. Sachant que les alarmes sonnent dès que vous tirez, il devient compliqué de survivre aux vagues presque incessantes de gardes à l’IA des plus douteuses.


De manière générale, les collisions et le ‘pathfinding’ du jeu sont très mal gérés et donnent lieu à des situations poilantes ou frustrantes, lorsqu'elles ne sont pas les deux. C’est d’autant plus contestable lorsque deux éléments interactifs sont côte à côte : une tyrolienne, menant au camp adverse, près d’une borne de données à pirater, par exemple. Il nous est en effet arrivé durant ce test que l’une de nos unités emprunte la tyrolienne au lieu de pirater la borne. Les phases d’attaque peuvent elles aussi devenir ridicules : si vous n’avez pas le réflexe d’appuyer sur le bouton de tir, vos personnages resteront statiques telles de belles plantes vertes en train de se faire tirer dessus. Les ennemis ne sont guère plus futés. Quand ils ne restent pas bloqués dans un mur – littéralement – en prenant un ascenseur, il leur arrive de rester à découvert devant vous sans même tirer.


Si ces problèmes peuvent être comiques au début, ils deviennent vite source de frustration à ne plus comprendre pourquoi votre unité part sur les toits sans raisons particulières. Ces bugs peuvent même se transformer en exutoire quand il s’agit de les exploiter afin de pouvoir tuer un ennemi ou fuir une situation des plus bancales lors d’un affrontement mal engagé.



Pas mal de suppléments



Malgré ces défauts techniques qui, nous l’espérons, seront corrigés sous peu, le jeu est riche en contenu et en situations variées. La ville est assez vivante pour être crédible et le ‘hacking’ permet de faire quelques folies appréciables telles que le contrôle de civils pouvant être clonés ou la récupération d’argent aux distributeurs.


Les missions secondaires vous permettent de récupérer des prototypes vous donnant accès à la recherche d’une arme, d’une augmentation ou d’une armure. Si on peut reprocher à l’interface un manque de lisibilité, on comprend rapidement comment effectuer une recherche. Au plus vous dépensez d’argent dans la recherche, au plus vite vous aurez l’objet désiré. Ce qui peut être pratique selon la mission que vous souhaitez aborder mais qui ne change pas vraiment vos habitudes ou votre stratégie.


Pour gagner en expérience et obtenir des informations ou des aides sur certaines missions, « hijacker » ou payer les citoyens est une option envisageable, quoique parfois très coûteuse selon l’importance de la requête. Pirater l’esprit des ennemis peut aussi mener à des situations plus simples à gérer, notamment en choisissant un garde très puissant qui pourra prendre les dégâts à la place de vos troupes.



Mot de la fin : c’est beau mais c’est difficile



Il est vrai qu’on n’échappe pas à la déception de ne pouvoir infiltrer d’un bout à l’autre un camp ennemi et en ressortir indemne. C’est peut-être un facteur qui vous fera quitter le jeu à plusieurs reprises ou abandonner certaines de vos missions. Satellite Reign n’est clairement pas là pour vous prendre par la main ; il faudra tout maîtriser par vous-même. Quant aux quelques bugs et erreurs conceptuelles, ce sont des fautes de parcours, d’autant plus lorsqu’on sait qu’il s’agit du premier jeu du studio. Au-delà de ces aspects, le jeu propose de bonnes idées et on ne peut que se hâter de voir naître un nouveau projet de 5 Lives Studios.

Curtis_Pelissier
6

Créée

le 1 août 2016

Critique lue 510 fois

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