Dans les méandres de l'industrie vidéoludique, où le sacré côtoie parfois le profane, Konami ressuscite le spectre de Silent Hill, non pas comme une offrande aux dieux oubliés de l'horreur, mais plutôt comme un prélude à une résurrection commerciale. Silent Hill: The Short Message, présenté dans une générosité qui frôle l'ambiguïté, se dresse comme un phare dans la nuit, promettant de nous guider vers de nouveaux horizons. Mais est-ce que ce jeu innove vraiment, ou se contente-t-il de réchauffer des idées déjà vues ?
L'essence même de Silent Hill semble voilée, comme si le brouillard emblématique de la série s'était épaissi, non pas d'horreur, mais de familiarité. L'ambiance, bien que fidèle à ses racines, évoque un écho lointain du P.T. de Kojima, sans jamais atteindre la terreur pure qui caractérisait ce dernier. Une ombre, une réminiscence, mais point la substance.
Anita, au cœur de ce labyrinthe de brume et de désolation, se veut messagère de la tristesse et de la dépression. Pourtant, sa douleur semble dépourvue de nuance, criée plutôt que chuchotée, rendant sa souffrance moins poignante, presque ennuyeuse. Les décors, dans leur splendeur froide, contrastent avec une modélisation de l'héroïne qui semble inachevée, particulièrement lorsqu'elle se heurte à la réalité crue des prises de vue réelles.
Le fil narratif s'égare dans les méandres d'une Allemagne post-pandémique, où le syndrome de Silent Hill transforme la brume en prison pour les âmes en peine. Et pourtant, l'anglais domine, brisant l'immersion, un voile d'incohérence linguistique qui s'étend sur ce monde brumeux. Le doublage, désaccordé avec les mouvements des lèvres, ne fait qu'accentuer cette dissonance, éloignant encore plus le joueur de l'authenticité recherchée.
Le monstre, unique gardien de ce sanctuaire de désespoir, sème l'angoisse non par son apparence, mais par les sursauts qu'il provoque, tout en possédant un design qui semble manquer d'inspiration. Les poursuites, bien que stressantes, penchent davantage vers la frustration qu'une véritable terreur, diluant l'efficacité de leurs apparitions.
Akira Yamaoka, dans son retour, tente de tisser une ambiance sonore fidèle à l'âme de Silent Hill. Mais même sa mélodie, bien que compétente, peine à marquer l'esprit, se fondant dans le paysage sonore sans y graver sa marque.
Silent Hill: The Short Message, malgré sa gratuité, porte le poids de son héritage comme un fardeau. Il navigue entre les ombres de P.T., cherchant sa place sans jamais la trouver. Ni bon ni mauvais, il se situe dans un entre-deux brumeux, susceptible de se dissoudre dans l'oubli, comme les échos d'un cauchemar au réveil. Une tentative louable, mais qui, au final, laisse l'âme en quête de plus, un souvenir fugace dans l'immensité de Silent Hill.