Il y a eu un petit frisson, quand même. Le simple fait de voir Sonic débarquer sur une console Nintendo à l’époque, ça avait quelque chose de symbolique. C’était un choc de générations, de mascottes, de couleurs primaires qui arrêtaient de se faire la guerre. Sonic Advance, quelque part, représentait cette réconciliation, tous comme les remakes Adventure 1 et 2 sur Gamecube. Mais une réconciliation un peu bancale, comme une poignée de main un peu maladroite. Parce que malgré tout ce qu’il essaie de faire bien, ce premier épisode GBA reste pour moi un Sonic mi-cuit, entre nostalgie piétinée et adaptation technique en tension.
Sur le papier, ça coche les bonnes cases! Quatre persos jouables (Sonic, Tails, Knuckles, Amy), chacun avec son propre style de jeu. Un moteur rapide. Des loopings. Des sauts. Des badniks qui explosent en rings. Une bande-son punchy signée Ohtani. Tout semble prêt pour le retour du vrai Sonic 2D.
Mais très vite, on sent que quelque chose ne colle pas dans le ressenti...
J'adorais Sonic à l'époque alors je refaisais ce jeu en boucle en faisant abstraction de tous ces défauts... Aujourd'hui en revanche, ils me sautent aux yeux!
Le problème majeur, c’est cette tension constante entre vitesse et lisibilité. Sonic a toujours été une question de rythme, accélération, décélération, inertie, anticipation.
Sur GBA, avec son petit écran et sa résolution réduite, ce rythme est constamment cassé. Tu veux foncer, mais tu ne vois jamais assez loin. Un problème que le Hérisson se traine encore parfois sur certain jeu d'aujourd'hui, C'EST TROP ZOOMER!!! Tu veux sauter, mais la physique est flottante, presque molle. Le moteur tente de suivre, mais la caméra est trop proche, trop rigide, et les obstacles sont souvent planqués juste après une rampe ou un dash.
Résultat? on avance par mémorisation, pas par instinct. Ce n’est pas la vitesse qui est grisante, c’est la punition qui est constante.
Et encore... Punition il faut le dire vite, parce que déjà à l'époque, c'était d'une facilité assez déconcertante, on été à la limite du Kirby pour le coup.
Ce n’est pas faute de proposer des zones variées. Neo Green Hill, Secret Base, Ice Mountain, Angel Island… il y a une vraie envie de rappeler l’héritage Mega Drive, mais aussi de créer quelque chose de nouveau et un pont avec l'univers propres aux Sonic 3D. Visuellement, les sprites sont très beaux, les décors riches, parfois même un peu trop. Certains arrière-plans sont fouillis, ce qui accentue le manque de lisibilité. Même si certains passages sont brillants, je pense à certaines séquences dans Cosmic Angel Zone ou les transitions en snowboard dans Ice Mountain, l’ensemble reste trop irrégulier pour convaincre.
Le choix des personnages est une belle promesse sur le papier. Sonic reste le plus nerveux, Knuckles peut grimper et planer, Tails facilite un peu le jeu avec ses vols, bref c'est une partie que j'ai adoré, car pour une fois on retrouvé nos trois amis avec une palette de mouvement un poil plus varié!
Et Amy…
Eh bien Amy est clairement un mode hard à elle seule. Pas de spin dash, une attaque au marteau lente et risquée : elle force une approche plus prudente, plus tactique. Mais dans un jeu qui pousse à aller vite, ce décalage devient vite frustrant. Et même pour les autres persos, les niveaux ne sont pas vraiment pensés pour tirer parti de leurs capacités.
On a quatre styles, mais un seul chemin globalement.
Les boss, eux, sont très inégaux. Quelques bonnes idées (le boss de Egg Rocket Zone notamment, en gravité inversée), mais souvent des affrontements plats, trop lents, avec une IA scriptée au point d’en devenir absurde. On attend, on saute, on touche. Il manque ce grain de folie, cette tension Mega Drive qui rendait les anciens combats mémorables. Là, on exécute une routine.
Et pourtant… malgré toutes ces faiblesses, j’ai un certain respect pour ce jeu. Il ne triche pas. Il essaie de ramener Sonic à la 2D avec des moyens honnêtes, sur un hardware limité, sans le cynisme d’un simple portage. Il y a une vraie direction artistique, une volonté de revenir à une lecture claire du personnage.
Et même s’il échoue souvent, il ouvre une brèche. Celle qui mènera à Sonic Advance 2, plus rapide, plus fluide, plus maîtrisé et à mes yeux bien plus convaincant.
Pour l’effort, pour la DA, pour le simple plaisir de revoir Sonic en 2D sur GBA. Mais c’est un plaisir freiné, heurté, qu’on n’atteint jamais vraiment à pleine vitesse.
ça, pour un Sonic, c’est quand même un problème.