Comme le disait le Joueur du Grenier dans son exploration très pertinente de l'époque du passage du 2D à la 3D, peu de titres ont su relever le défi. On pense tout de suite aux stars, qui appartenaient surtout à la société nintendo. Zelda, Mario, Goldeneye pour n'en citer que trois.
Cette époque, si elle a généré son lot de bouses sans nom, a été toutefois pour moi une des plus précieuses du jeu vidéo, pour la simple et bonne raison que l'avancée de la technique a laissé aux développeurs la possibilité de réellement exprimer leur créativité avant que le mercantilisme ambiant n'enferme les soft dans des « normes » de vente qui font perdre aux jeux d'aujourd'hui toute leur âme.

On pense alors des petits bijoux, edens de créativité, dont on ne retient aujourd'hui plus grand chose. On pense à crash bandicoot, wipeout, banjo & kazoo, soul reaver, ratchet & clank... et spyro.
Résumons. Nous sommes en 1999, l'industrie vidéoludique se cherche. Les premiers gros succès planétaires arrivent, des investisseurs sérieux commencent à épauler des studios qui regroupent désormais des centaines de personnes et qui commencent à gérer des millions. La 3D oblige l'embauche de dizaines de graphistes, et chaque studio se cherche, pose sa griffe, laisse éclater sa créativité. On assiste aux pires ratages comme aux meilleures découvertes et prises de risque, cf plus haut. Des dizaines de boîtes, comme Insomniac Software, (qui aujourd'hui, comme beaucoup d'autres, se sont faites plus ou moins bouffer par EA et autres Ubisoft), proposent alors des softs plus ou moins aboutis, et, surtout, osent, expérimentent.
Pour se concentrer sur Spyro, on assiste ici à un semi-échec commercial : salué par la presse spécialisée comme un soft irréprochable, ayant profité d'une campagne de pub plutôt conséquente pour l'époque, il avait tout pour réussir. Quel dommage que ce jeu ait été conçu pour les mouflets (ce qui lui vaut son point en moins dans ma note), ce qui lui valu un manque de popularité, et ce qui l'enferma dans un archétype (jeu de plate-forme avec un personnage kro meugnon pour les moins de douze ans). Pourtant, à mon opinion, le jeu est une véritable réussite : graphisme très colorés, maniabilité acceptable (et exemplaire pour l'époque), fluidité sans faille, variété du gameplay (pour un jeu de plate formes) : séquences sauts, exploration, boss, mini-boss, chasse au trésor, vol, tir, course, et même du sonic-like. Le tout sans didactiel écrasant, avec une intuitivité exemplaire.
C'est une pure leçon de level design que l'on suit ici, chaque niveau apportant son univers, son bestiaire et sa manière d'être exploré (la différence entre les niveaux Tree tops et Gnasty's lair illustre cette variété et cette maîtrise).

Quel plaisir d'explorer les immenses niveaux, avec une ambiance chatoyante très particulière. Quel plaisir de geeker comme un autiste pour récupérer TOUS les joyaux, tous les œufs, les bonus, les machins. Et de voir la magnifique récompense que les développeurs ont fait aux joueurs acharnés qui ont tout trouvé (et oui^^)
Quel plaisir de voyager de monde en monde, et de voir qu'il n'y a pas besoin de full HD 1024*2048 avec Radeon 2 Go quadricoeur 5,6Ghz pour se perdre, pour rêver.
En tant que musicien amateur mais averti, je me dois de dédier au moins un paragraphe à la brillante BO de ce soft, signée Stewart Copeland, ex-batteur du groupe Police. Si incroyable que cela puisse paraître, ce musicien (dont je ne sais rien au demeurant), de confession rock donc, arrive ici, avec les faibles moyens sonores de l'époque, à composer une palette impressionnante de musiques, mélangeant les styles, les univers. Cela aboutit à un de mes plus grands amours musicaux du jeu vidéo (faites-moi penser à créer une liste à ce sujet), absolument féérique, intimiste, et qui collent toujours à l'ambiance du niveau. Un coup de génie donc, une véritable réussite, à mon sens. Très franchement, rarement une musique n'a autant été aussi réussie dans l'histoire du jeu vidéo (à mon humble opinion).

Si ce n'est le déplaisir, donc, de voir une sous-histoire, des personnages mièvres, des traductions dont on aurait largement pu se passer, des dialogues sans intérêt et un humour qui aurait mieux fait de rester couché, je crois que ce jeu mérite une place de choix chez tout amateur averti. Quel dommage que comme souvent, les personnes qui connaissent et apprécient ce soft soient si peu nombreuses... (un peu comme soul reaver)
crash
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le 10 nov. 2010

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crash

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