STARMEH, ou le voyage intersidérant vers le connu.

Commençons par une petite citation : « L'important, ce n'est pas la destination, c'est le voyage. » - R.L. Stevenson.

C'est précisément ce que Starfield prétendait être tout au long d'une campagne marketing intense, et c'est finalement ce que Starfield n'est pas : un voyage. Chaque jeu de Bethesda offrant la possibilité de découvrir et explorer un univers entier sur des maps concentrées, nous étions en droit d'espérer voyager autrement que via un simple écran de chargement déclenché en un clic vers un point B qui n'offrira finalement rien de mieux qu'un simulateur de marche et/ou de fast-travel. Bref, Starfield, c'est un jeu d'exploration de menus et d'écrans de chargements. Contre-intuitive, la navigation s'avère vite fastidieuse et éprouvante. Vous l'avez compris, Starfield ne surprend pas. Pire, il s'avère vite frustrant. Inutile de répéter les éléments souvent mentionnés dans d'autres reviews de très bonne qualité. Vous n'êtes pas acteur d'une histoire, vous êtes explorateur de fonds-d'écran avec autant d'impact sur l'histoire d'un gosse devant des vitrines de Noël. Les paysages sont beaux, mais avons nous investi du temps et de l'argent dans un jeu pour son mode photo ? Non.

Alors, l'aspect RPG ? : il est fade. Un peu comme quand vous allez visiter un appart, les premières minutes sont décisives. Contrairement à ses aînés du même studio, l'intro (et l'histoire qui suit) ne fait pas rêver ou pire, est risible : vous touchez un artefact, un type débarque dans la plus grande insouciance, et vous donne littéralement son vaisseau et ses affaires sans même vous accompagner, et vous partez tout seul comme ça, libre de faire ce que vous voulez. On est à quel degré de paresse d'écriture ? Là où Oblivion, Skyrim et Fallout 4 posaient une atmosphère bien particulière dès le début, j'étais sur Starfield entre le fou rire et la consternation la plus intense. Je me retrouve à errer dans les méandres d'une intrigue fade, d'un arbre de compétence à la logique incompréhensible, de dialogues simplistes sans nuances, et d'exploration laborieuse de menus divers, au point de m'infliger un face-palm d'une rare violence à m'en imprimer la trace de la main sur le front à vie. Bref, Starfield ne donne pas envie, et la construction de personnage n'a que peu d'intérêt. Les dialogues et le role-play se limitent à la fin à un simple rôle "gentil - méchant" dont on se surprend à passer les répliques pour revenir vers l'action. Pour ma part, je n'ai jamais eu autant l'impression dans un jeu Bethesda de n'être qu'un simple spectateur et non acteur d'une intrigue. Ça passait il y a 10-20 ans, mais le temps passe, et les jeux et possibilités techniques évoluent (coucou Larian Studios !). Bethesda, par orgueil ET fainéantise n'a cherché qu'a innover en surface, un changement de décors c'est bien, mais il faut aussi savoir vivre avec son temps.

J'irai pas plus loin, tant les aspects laborieux et contre-intuitifs du jeu ont été évoqués maintes fois. Bethesda n'avait pas menti, il ne s'agit pas d'un simulateur et c'est tant mieux, mais à ce point là ? C'est un échec tant l'exploitation du vaisseau est presque inexistante. Et ne comptez pas espérer trouver d'autres véhicules qu'un vaisseau servant à peine. L'impression horrible est que Bethesda n'évolue finalement pas, appliquant la même recette sans jamais y apporter la moindre touche d'innovation, l'exploration spatiale (placer le joueur face à sa petitesse devant l'immensité du monde qui lui est donné de découvrir) était le point à ne pas louper pour le différencier des jeux précédents, et finalement, on se retrouve devant un Fallout 4 moddé. Pire encore, le jeu a fait un sacré bond en arrière (exemple, les phases de dialogues en gros zoom sur chaque interlocuteur à la Oblivion, mettant en lumière les obsolètes animations, ruinant encore plus l'immersion, là ou Skyrim avait corrigé le tir). Bref, comme disait une autre critique : "un pas en avant, deux en arrière".

Echouant à innover, et à défaut, à proposer une vraie expérience RPG immersive, prenante et envoutante comme les précédentes itérations, c'est ainsi qu'on pourrait résumer ce jeu qui demeure toutefois divertissant et qui, sans être inoubliable, reste un sympathique petit jeu dans un univers SF si vous n'êtes vraiment pas exigeant.

Dernier point, quelle tristesse de constater que la stratégie actuelle de Bethesda est d'attendre sagement que les modders viennent faire tout le sale boulot là où le studio se contente de recycler bêtement ses jeux précédents avec leurs défauts plutôt que de chercher à s'améliorer lui-même. Reviendrons-nous dans quelques années en se disant "nan mais avec les mods c'est ouf c'est trop bien!!" ? Pour ma part, non. Starfield, seul, est une expérience oubliable, à 1000 lieux de ce que des studios indés et/ou avec moins de moyens sont capables de produire, une régression dans le monde du JV, et un mépris affirmé pour les joueurs. Dommage, le jeu offre quand même quelques petites séquences sympas, et les quelques passages avec un semblant d'intrigue valent le coup, mais sont noyés dans un océan de vide. Au final, je n'ai pas passé un mauvais moment sur Starfield, mais à peine consommé et déjà digéré. Tournez vous vers Skyrim, Elite Dangerous, No Man's Sky, les jeux de Larian Studios, Everspace, et j'en passe, si vous voulez une dose de RPG ou de SF. Pour Starfield, attendez les soldes.