Mieux vaut préciser dès le départ : je n'avais jamais joué à un Paper Mario avant cet épisode Wii. D'ailleurs, si c'était effectivement un titre qui m'avait attiré lors de sa sortie sur N64 au siècle dernier, j'avais un peu perdu de vue cette licence avant de la voir revenir sur le devant de la scène en 2007, à la faveur du succès de la Wii.
En conséquence, cette critique et cette note ne découlent pas d'une comparaison avec les épisodes précédents ou d'une quelconque référence à l'image que je m'étais fait de la direction à prendre par Nintendo pour produire ce jeu. Au contraire, j'arrivais sur ce titre avec un oeil plutôt neuf, n'attendant rien de particulier.

Malheureusement, j'ai été bien refroidi par les premiers instants passés dans l'univers de ce Paper Mario. Pourtant, visuellement, ce jeu est pour moi pas loin de la réussite totale. Les personnages principaux sont parfaitement reproduits dans une épaisseur de papier, et c'est vraiment sympa de les voir évoluer "à plat", à la manière de marionettes de carton. Mais les interminables dialogues qui lancent l'aventure et entrecoupent trop régulièrement les phases de jeu sont réellement pénibles, à la fois dans ce qu'elles racontent et dans le ton employé. C'est simple, avant de commencer chaque phase de jeu, ces parties scénarisées ne font que tirer le jeu vers le bas. Je ne sais pas si c'est parce que l'aventure est avant tout destinée aux plus jeunes, ou si c'est simplement trop niais, toujours est-il que dès les premières secondes, je n'ai eu qu'une envie : couper ces dialogues trop longs et pas assez intéressants.

Tant qu'à parler des choses qui fâchent, autant aborder tout de suite la question plus générale du design. Et là j'aime autant le dire tout de suite : je crois que je n'en peux simplement plus des pailletes, des petites étoiles et des arcs-en-ciel qui apparaissent à chaque fois sur les textes, les coeurs purs et autres éléments du genre. Je parlais de niaiserie, mais là c'est vraiment trop proche de l'univers de "mon petit poney" pour que je puisse encaisser ces visuels sans gromeler. C'est fait, c'est dit.

Heureusement, le jeu vidéo n'est pas qu'une suite de dialogue creux et de séquences mièvres et c'est d'autant plus vrai avec ce jeu. Du coup, dès qu'on arrive enfin à prendre le contrôle des personnages, on se rend compte que les mécaniques de jeu sont vraiment intéressantes et parfaitement maitrisées. Les premiers niveaux sont réellement un régal de ce point de vue et on se dit du coup qu'une fois la première impression décevante passée, il se pourrait bien qu'une fois de plus, Nintendo emporte tout grâce à ses mécaniques de gameplay et son gamedesign.

Hélas, on déchante malgré tout assez vite. La bonne surprise des premiers tableaux passée, on se rend compte très vite que le jeu se base énormément sur la recherche, mais en même temps ne récompense pas du tout celui qui fait les bonnes trouvailles. Par exemple, il m'est arrivé de très nombreuses fois de découvrir une aspérité dans le décors, un indice qui laissait penser qu'il y avait quelque chose à découvrir. Après avoir fouiné et découvert comment parvenir au coffre caché, à la salle secrète ou au décors en trompe-l'œil, on se rend compte que les objets trouvés sont soit décevant (quelques pièces pas nécessaires), soit carrément obligatoires pour continuer l'aventure, et que ce qu'on prenait pour un vrai passage secret n'était en fait rien d'autre qu'un passage obligé qu'il aurait bien fallu trouver ensuite. Ca n'encourage pas à prendre son temps ni à retourner tous les décors, tous les objets pour découvrir les secrets qui peuvent bien s'y cacher.
Pire, l'impression que cela donne est que finalement, il n'y a qu'un moyen de parvenir à la fin du chapitre et que quelle que soit la façon d'aborder le jeu, il n'est qu'une succession de passages obligés qu'on pourra au mieux trouver tout seul sans indice, et au pire faire dans l'ordre prévu, après avoir buté sur une porte fermée à clé ou avoir parlé à un personnage qui nous expliquera la marche à suivre. Décevant.

Autre point négatif, la ville de Recto et ses allentours sont vraiment en deça des niveaux réels du jeu, et c'est parfois pénible de faire des aller-retours dans cette cité. D'autant que cela coupe clairement le rythme entre deux chapitres sans pour autant apporter quoi que ce soit à l'aventure. Les déplacements en ascenseur sont longs, les personnages n'ont rien à dire, et on perd beaucoup de temps à se rendre à la tour où aux endroits où on doit placer les cœurs purs. Bref, ça a beau augmenter la durée de vie, cela parait quand même un peu trop artificiel.

De la même façon, le jeu dispose d'une collection d'objets non négligeables, allant des items permettant de regagner des points de vie jusqu'aux armes aidant à se débarrasser des ennemis présents dans une pièce. Sauf que le niveau de difficulté est tellement bas qu'on est rarement pris à défaut au point de devoir faire appel à ces objets. A part au moment des combats contre les boss, le temps de trouver leur pattern de mouvement (souvent pas mal trouvée, d'ailleurs), on passe la majeure partie des chapitres sans encombre. Du coup, pas besoin de se rendre dans les magasins ou dans les restaurants à amasser les objets : ils ne serviront que rarement.

Enfin, parlons de l'utilisation de la Wiimote, qui participe également de la grosse déception. Et pour cause : elle n'apporte strictement rien d'intéressant. ALors oui, on peut pointer la Wiimote vers l'écran pour faire apparaître des plateformes. Mais au lieu de donner l'impression d'une trouvaille intéressante, j'ai ressenti cela comme une manière de faire passer un gamedesign défaillant. Et c'est malheureuseument pareil quand il faut secouer la Wiimote pour que le personnage reprenne ses esprits ou quand on doit l'utiliser pour les sorts. Bref, une grande inutilité.

D'une manière générale, le jeu doit vraiment diviser la communauté des joueurs en deux parties : ceux qui adhèrent totalement, et ceux qui sont déçus. Les premiers trouveront tout au long du jeu de quoi collectionner (les cartes pour attraper les ennemis, les recettes de cuisine, ...) ce qui doit probablement aider à prolonger l'aventure. Les seconds (dont je fais donc partie) resteront clairement sur leur faim, devant des mécaniques de jeu vraiment bonnes et un univers visuellement parfaitement maîtrisé, complètement plombées par le ton employé, le côté niais des dialogues et des motivations générales, ainsi que le manque de challenge global et d'intérêt à aller au bout du jeu. C'est d'autant plus vrai que l'intérêt des chapitres va clairement en déclinant et qu'après des premiers tableaux vraiment convainquants, on se prend rapidement à s'ennuyer ferme et à poursuivre l'aventure mécaniquement, simplement pour se dire qu'on en a vu le bout, plutôt que par un réel intérêt pour le jeu en lui même.
G_Savoureux
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le 9 juin 2013

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