Avec des usines d'automates comme uniques montagnes !

Avec le vent de l'Est, pour dernière vision blanche
Et des blanches neiges pour arrêter le train
Et de blanches contraintes que le cœur dépasse
Qui ont à jamais leurs fantômes à marée basse
Avec infiniment de magnifiques cinématiques à voir
Avec une émotion nouvelle, regardez-la vous offrir
Le point and click de Benoit Sokal.

Si vous reconnaissez entre les murs la base de ce ridicule poème, vous comprendrez que Sybéria possède un petit lien avec la Belgique et pas des moindre car son concepteur déjà cité, Benoit Sokal pour les plus fatigués, nous vient tout droit du plat pays. Bien que l'équipe soit composé majoritairement de québécois pour un jeu édité par une boîte française ( Microids ), l'inventeur, le concepteur, celui qui a eu l'idée de cette magnifique aventure qui sera la vôtre ainsi que celle de Kate Walker n'est autre que Benoit Sokal, un ancien dessinateur de BD. Son envie plus que légitime était simplement de raconter des bonnes histoires ( il a enfin compris comme on fait pour sortir un bon produit créatif ) et quand ce bonhomme a compris sans préjugés que le jeu vidéo pouvait très bien convenir aussi à ce type d'ambition, il décida de s'y essayer. Ce n'est pas son premier essai, le gaillard avait déjà percé avec L'Amerzone qui reste un des monuments du point and click si ce n'est du point and click français. Mais cette-fois ci c'est Syberia qui nous intéresse. Mais il était intéressant de noter l'Amerzone pour la suite.

Pour commencer, Sybéria nous narre l'histoire de Kate Walker doublée par la plus belle voix française au monde : Françoise Cadol. Une magnifique femme, qui pour une fois ne subira pas les clichés habituelles d'une femme dans un paysage audiovisuelle, qui s'en va en Europe pour s'occuper d'une affaire juridique. En effet, la belle est avocate et doit honorer un contrat comme quoi, le géant Toy's Shop ou je ne sais quel nom, veut racheter l'usine Voralberg, une fabrique automate très réputée jadis. Perdue au fond des Alpes françaises, Valadilène sera la première ville où nous nous arrêterons, là où se trouve l'usine Voralberg et sa propriétaire Anna Voralberg ( eh oui, c'est plus simple à retenir comme ça ). Damned ! Putain ! Shit ! What the fuck, Anna est décédée quelques jours avant l'arrivée de notre héroïne. Heureusement, le contrat stipule que ça n'influe en rien l'achat de l'usine. Sauf que, d'après la dernière lettre d'Anna adressée à son notaire, elle possède un héritier, son jeune frère Hans supposé décédé à l'âge de ses dix ans dans les années 30. Kate Walker a quand même, un peu la haine mine de rien, alors elle décide d'aller fouiner dans l'usine pour voir ce qu'elle peut trouver sur ce fameux Hans. Elle y rencontrera Oscar, un automate intelligent qui est censé la conduire jusqu'à lui dans une énorme locomotive mécanique. Oui. C'est la classe.

Evidemment, coté gameplay, ça ne va pas casser des briques, on est en face d'un jeu qui va privilégier l'ambiance sonore, visuelle ainsi que tout le coté émotionnel, philosophique etc pour nous vendre du rêve. C'est totalement réussi mais nous y reviendrons. Point and Click oblige, nous aurons droit à des énigmes. Des énigmes parfois corsée et parfois plus simple qui ne se résoudront qu'à " mais comment manger une frite sans la mayonnaise alors que je veux quand même de la sauce barbecue ? ". Heureusement, ces dernières se permettent simplement de faire avancer l'histoire et non de nous laisser bloquer à jouer pendant dix heures juste pour déverrouiller une porte derrière laquelle se trouve un ascenseur en panne. Il nous faudra quand même faire attention car les objets que l'on va pouvoir ramasser et utiliser ne sont pas forcément mis en avant ( ce qui n'est pas une mauvaise chose en soi ) à l'aide d'un scintillement dorée ou autre, vous allez devoir balayer votre souris sur l'écran pour essayer de dénicher les pièces du puzzle susceptible de vous aider. Parfois, cela restera tellement flou que la résolution de l'énigme n'en paraîtra que plus jouissif même si l'on aurait aimé plus de clarté dans les étapes à suivre. Heureusement, le déroulement des enquêtes auxquelles Kate va devoir se livrer resteront toutes aussi cohérentes qu'intuitives. Mention spécial à toutes les machines et automates auxquels nous allons nous confronter pour avancer comme le piano-bar. Un piano-bar. Je répète, un piano-bar. Mais fallait y penser quand même !

Des Alpes Française au fin fond de la Sibérie, vous allez en connaitre des aventures. Une dernière escale en France à l'université de Hans Voralberg puis une gare sombre et glauque disposée derrière une station spatiale pour ensuite se retrouver devant la dernière escale : un hôtel presque abandonné. Les paysages seront tous aussi variés que magnifiques. Chaque arrêt dans chaque gare nous dépaysera dès les premières secondes. Le rendu visuelle se vaut très bande dessiné ce qui rend parfois les personnages incrustés sur les décors un peu fade sur les découpes mais cela n'est qu'un détail. L'une des plus belles séquences sera sûrement le passage de l'autre coté du mur en compagnie d'une cinématique typé dessin-animé simplement sublime. Si l'on peut ajouter à cela les doublages extrêmement soigné de chaque personnage en particulier de Kate Walker pour qui Françoise Cadol s'est encore surpassée ( nous n'avions plus aucune doute à son sujet après les opus Tomb Raider évidemment ) en plus de lui offrir une voix grandiose et débordant de féminité. Chaque personnage que nous allons ensuite croiser possédera son propre caractères grâce à ces voix si biens orchestrées. Petite remarque, le petit ami de Kate, Dan, à qui l'on pourra parler uniquement par téléphone Nokia ( Nokia, c'est plus fort que toi ! ), est doublé par Cédric Dumond à qui l'on doit la Vf de Francis dans Malcolm ou de Sly dans la saga éponyme.

Et bien sûr, le point le plus important : le scénario. N'espérez pas non plus des retournements de situations par milliers pour nous violer par derrière, le jeu ne possède qu'un petit twist final qui, bien que légèrement voyant, se permettra de nous rassurer pour la suite ( bien que Syberia 2 est sortit depuis très longtemps à l'heure actuelle, le twist final ne vaut rien, il faut l'admettre mais reste tout de même émouvant au possible ). Au contraire, ce qui nous choquera tout au long de l'aventure c'est cette aventure. Celle de Kate, la nôtre et les rêves de Hans. Tout au long du jeu, nous allons marcher sur le passé de Hans Voralberg que nous sommes forcés de chercher pour le bien de notre contrat. Nous allons apprendre à la connaitre, il va devenir peu à peu un ami intime ( dixit Kate elle-même ), un compagnon de voyage, un fantôme à la personnalité étrange mais passionnante. Tout le monde qui prétendra le connaitre dira de lui qu'il n'était qu'un gamin avec une âme de génie, qu'il ne s'intéressait qu'aux Mammouth et qu'à une petite île au fond de la Sibérie nommée Sybéria ( ça va, vous avez compris ? ) où les Mammouth vivent encore. Une ambition bien étrange nourrie par une personnalité qui l'est encore plus. Je me permets de vous spoiler, donc si vous n'avez pas fait le jeu, passez au paragraphe suivant :

Si Hans se comporte de la sorte socialement et mentalement, que son obsession pour Syberia et les Mammouth semblent être sa seule raison de vivre c'est parce que c'est la dernière chose que son cerveau à été capable d'enregistrer avant son accident. Son âge mental ne grandira plus étant donné son traumatisme mais la dernière information qui lui semble tangible, c'est la grotte où Syberia semble être illustrée par les peintures Youkols. Syberia n'est donc qu'une chimère en temps qu'ambition pour Hans où un véritable rêve ?



Il est également important de noter que ce premier volet de la saga Syberia n'est au final qu'une présentation de trois protagonistes principales : Oscar, Hans et Kate. L'aventure se voudra riche et magnifique mais il ne faut pas oublier que cette fameuse aventure se conclu avec Sybéria 2. N'attendez pas d'être comblée et rassasié de votre envie de connaître le fin mot de l'histoire à la fin du premier opus, vous n'en serez en réalité qu'à la moitié. Un peu comme Kill Bill vol.1 avec le vol.2. Je pense que tout le monde a comprit maintenant ?
Je conçois parfaitement que le genre Point and Click peut en rebuter plus uns. La première chose que l'on pense en entendant ce genre c'est les jeux destinés aux papas des années 90, certes, ce n'est pas faux mais cette-fois ci, Benoit Sokal nous livre une aventure simple sur le fond mais terriblement émouvante, humaine et émotionnelle. Une fois le jeu terminée, l'on se retrouvera sur le cul devant une tel maîtrise de narration. Aucun ennemi à tuer, aucun checkpoint à franchir, aucun saut périlleux à effectuer certes, mais une aventure palpitante à découvrir. C'est pas rien.
Un bijoux.
Djokaire
9
Écrit par

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Créée

le 8 déc. 2013

Critique lue 1.2K fois

7 j'aime

Djokaire

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