La liberté, faut la payer / Et on enterre les corps sous le mirador...

C’est concept quand même les GAAS. On achète un jeu plein pot, on le termine au bout d’un sacré bout de temps et là on a du rab pendant des années : campagnes supplémentaires, extensions, multijoueur coopératif ou compétitif, évènements, etc. Tout ceci pour pousser le joueur à effectuer des micro transactions. Concernant des tenues ? Des flingues ? Des masques ? Bah ouais, un peu tout ça, « forçant » le joueur à revenir pour faire et refaire ad nauseam un peu toujours la même chose.


Et donc La Division 2 de Tom Clancy est la suite des aventures des agents héros, sauveurs de l’Amérique (et donc du monde, voire de la galaxie), qui pourchassent les salauds qui veulent empêcher la reconstruction de la société la plus aboutie de l’univers et donc le statu quo plein d’iPhones et de SUV Lexus... quitte à leur faire comprendre à coup de lance grenades et de SPAS 12 qui c’est qui commande ici, merde ! Donc fini la Grosse Pomme de ces sales hippies de la côte est (qu’on ira tout de même visiter dans une extension au bon goût de pruneau) et bienvenue dans la capitale de la Grande Amérique, celle qui est nettoyée de ses oripeaux administratifs pour laisser parler la poudre salvatrice. Et malgré les dizaines d’heures passées à arpenter des avenues et des rues au style particulièrement générique, je n’ai absolument aucun souvenir du moindre scénario à part une vague de violence qui déferle suite à l’invasion de méchants anarchistes qui veulent imposer une liberté brutale mais pas suffisamment américaine.


L’avantage de ce type de jeu, c’est qu’on n’est jamais obligé d’imposer une structure narrative classique. Pour le coup, pas besoin de début, milieu et fin, tout se rapporte à une évolution d’un setting qui se doit donc d’être suffisamment passionnant pour pousser le joueur à revenir. Et pour le coup, Washington n’est pas forcément ce qu’il y a de plus original et excitant. Ici, pas d’humour (à la Borderlands), pas d’exotisme (à la Sea of Thieves, For Honor ou World of Warcraft) pas de gigantisme non plus (à la Elite Dangerous) ou d’originalité de gameplay (The Crew 2 par exemple). Ici on est dans le pépère TPS/gun porn/bas du front/pro Amérique conservatrice, qui déroule tous les poncifs pendant ce qui m’a paru une éternité.


Bien heureusement, on est loin de la purge, le jeu évitant tout gros défaut rédhibitoire. C’est assez joli, certaines zones font preuve d’un style apocalyptique anxiogène mais trop peu nombreuses, les personnalisations sont gigantesques mais plutôt classiques, le gameplay est générique au possible avec flingues à gogo, pouvoirs sympatoches, perks personnalisables, les missions sont banales et très répétitives et ne semblent pas changer sur la longueur mais proposent quelques passages vraiment plaisants et stressants. Sans parler des sacs à PV que constituent les mobs qui se ressemblent un peu trop même si certains sortent du lot, notamment au niveau de l’invasion des Black Tusks, la structure des rencontres devient très vite répétitive.


Après les missions sympas mais pas tip top, après les évènements aléatoires qu’on a l’impression d’avoir fait mille fois au bout de 50 heures, après l’espèce de tour aux cents niveaux et à la difficulté idoine qui ressemble à un gigantesque labyrinthe hyper répétitif, il ne reste plus que les zones faites pour le multijoueur : la Dark Zone dans laquelle les joueurs ayant passé des centaines d’heures à tourner en rond sont prêts à vous vaporiser avec leurs capacités de mutants sous stéroïdes et amphétamines ou encore des sortes d’instances faites pour des groupes de huit joueurs sur lesquelles on ira s’échouer si le groupe est assez important et homogène.


Nos aventures à Washington seront également ponctuées par la recherche d’ingrédients servant à améliorer nos armes, ajoutant à l’impression de personnalisation. Truc totalement inutile, tellement obscur qu’on n’est jamais sûr de ce que l’on fait, qui comprend une tonne d’éléments (les plans de l’établi, les plans des armes et des équipements, les plans des objets exotiques) pour lesquels on doit arpenter pendant des milliers d’heures les mêmes rues et missions. Sans compter que la difficulté doit être modulée pour obtenir de meilleurs composants qui servent plus ou moins sur le long terme… Bref c’est tellement imbitable et mal foutu, c’est tellement mal expliqué et nébuleux, c’est tellement inutile et contre intuitif que passer du temps dans ces menus donne le sentiment de ne rien maîtriser, supprime le fun des gunfights et ajoute une gestion des statistiques aux plus fanatiques des passionnés d’armes à feu.


Au final, La Division 2 de Tom Clancy est un jeu sympatoche, une petite balade dans les rues banales de Washington, offrant un gameplay peu original aux ramifications ennuyeuses parce qu’obscures mais à la personnalisation infinie, dans une boucle redondante mais rassurante. C’est manger le fast food du GAAS, la certitude de savoir ce qu’on va goûter sans originalité ni surprise.


Sauf le fusil à pompe… les meilleurs fusils à pompe ever !

David_Toubiana
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le 7 janv. 2022

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David Toubiana

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