En 2009 sortait Uncharted 2 among thieves, mon premier jeu sur PS3 et probablement l’épisode qui a réellement élevé Naughty Dog à la hauteur de sa réputation. Vers la fin du jeu, Nathan Drake braquait son arme vers le grand vilain du jeu Lazarevic, et ceux-ci échangeaient alors la tirade que voici:



  • « Vous pensez être différent de moi Drake ? Vous pensez que je suis un monstre ? Haha... Combien d’hommes avez-vous tué pour arriver jusqu’à moi, combien rien qu’aujourd’hui ? »


C’était la première incursion de Naughty Dog un peu métaphysique je vous l’accorde sur le pourquoi de la violence dans un jeu vidéo. Il y a en effet une dissonance narrative entre le mec cool et sympa Nathan Drake qui est dépeint comme un héros, et qui pourtant massacre des armées entière d’hommes lors de ses aventures. La réponse à cette question est toute simple, pour captiver l’attention du joueur, on utilise des vagues d’ennemis. Une bonne partie des jeux vidéos actuels sont fondés là-dessus, et jusqu’à présent, on ne se posait pas la question de savoir si sauter sur la tête des Goomba dans super mario, ou tuer des Pampa dans un Final Fantasy relevait du bien ou du mal.


En 2013, avec la sortie de The Last of Us, Naughty Dog posait à nouveau un regard acerbe sur la violence, notamment à travers l’échange entre David et Ellie. Celui-ci expliquait à l’adolescente qu’elle ne valait pas mieux que lui, après tout Joël et elle tuent les gens qui lui barrent la route. Enfin en 2016, lors du second combat de Nathan Drake et de son frère contre Nadine Ross, celle-ci lançait cette réplique saillante, adressée tant aux personnages du jeu qu’au joueur lui-même:


« Ça suffit ? Vous pensez que c’est un jeu ? Vous avez tué la moitié de mes hommes sur cette île ».


Naughty Dog avait envie de véritablement questionner le joueur sur la violence dans un jeu. The Last of Us 2 est leur proposition de réponse à ce sujet. On va pas se mentir, le jeu voulait traiter de la haine, et c’est littéralement dans la haine qu’il a été forgé. Le crunch et les conditions de travail très difficiles des équipes de Naughty Dog, la fuite du scénario du jeu par à priori un ancien employé, les réactions massives de rejet de toute part, que ça soit des gens qui n’ont pas accepté qu’on touche au canon du premier TLOU, Naughty Dog qui a un peu menti sur certains de ses trailers notamment sur la présence d’un certain personnage dans l’aventure, Neil Druckmann qui a fait un amalgame énorme sur les gens qui n’étaient pas d’accord avec la direction prise par le jeu ( des gens intolérants).


On va tous se calmer. J’ai fait partie des gens qui ont très mal pris l’orientation de cette suite et qui s’étant spoilé la plupart des éléments importants, ne souhaitait pas y jouer. Et puis le temps a passé, j’ai tout d’abord refait le premier TLOU remastered et j’ai profité d’une baisse de prix en fin d’année pour faire cette suite « controversée ». Mon avis a évolué très favorablement et je vais essayer de dire pourquoi je considère TLOU 2 comme un des GOTY 2020, pourquoi je le considère encore meilleur que le premier, et pourquoi cependant oui j’ai vu des défauts que certains détracteurs du jeu ont énoncé et qui sont parfois visibles oui.


Il n’est pas tolérable aujourd’hui de voir que des gens ont insulté, menacé des membres de Naughty Dog ou des comédiens/comédiennes de doublages parce que le scénario ne leur a pas plu. Il n’est pas acceptable non plus que les gens qui ont réellement argumenté leur critique négative ou mitigée de TLOU 2 soient insultés ou méprisés parce que c’est Naughty Dog, donc le jeu est intouchable.


Je vais faire une critique argumentée, développée de ce jeu qui m’a vraiment montré ce qu’il avait dans les tripes. Autant être transparent tout de suite, c’est direct dans le TOP 10 des meilleurs jeux PS4 auquel j’ai pu jouer, c’est une oeuvre d’une qualité réelle, j’ai rarement vu un truc aussi maitrisé dans le jeu vidéo depuis vingt ans que je joue à ce média.


Et pourtant j’ai trouvé des points négatifs ou du moins discutables et je le dirai dans cette critique. Il y a véritablement des trucs que l’on peut remettre en cause dans ce jeu.


Avant de commencer, je le demande rarement, si vous aimez cette critique n’hésitez pas à mettre un j’aime, si vous n’aimez pas mettez un pouce vers le bas. Si vous voulez discuter d’un point de la critique dans les commentaires, pas de problème à partir du moment où vous êtes respectueux.


1. Un gameplay fludifié ?


Clairement le plus gros de la critique va se concentrer sur la mise en scène et l’écriture donc autant expurger la forme du jeu dès l’entrée. TLOU 2 fait un bond en terme de gameplay.


Des ajouts certes timides, mais qui fonctionnent vraiment bien. La possibilité de ramper, de tirer en rampant dans les hautes herbes ajoute véritablement un cachet à l’infiltration présente dans le jeu, dans des zones désormais bien plus ouvertes.


Le crafting s’enrichit avec l’ajout (enfin) d’un silencieux pour le pistolet, ou de munitions alternatives pour certaines armes spécifiques ( munitions incendiaires).


On sent le jeu beaucoup plus nerveux, beaucoup plus rapide. J’ai tendance à trouver que Joël dans TLOU avait un peu plus de punch en terme des coups qu’il assénait, c’est différent dans TLOU 2 car Ellie attaque avec son couteau et l’autre personnage pour ne pas citer son prénom tout de suite, frappe fort mais d’une manière plus mobile que ce dernier.


Naughty Dog a essayé de différencier un peu le gameplay des deux personnages. Ellie est clairement plus axé survie infiltration et l’autre personnage est un tank à la manière de Joël, et limite parfois plus efficace que Joël car elle peut enchaîner deux ennemis à la suite.


Une esquive a été ajoutée, pour dynamiser un peu les combats au corps à corps. Des nouveaux ennemis ont été ajoutés particulièrement chez les infectés, entre les « puants » qui explosent, et des « rôdeurs » discrets véritablement traitres et sournois. Les anciens infectés du premier TLOU sont de retour et sont véritablement animés de manière plus punchy.


Chez les ennemis humains, on croisera principalement des Seraphites, une secte, et les Wolfes, des paramilitaires de Seattle. L’introduction de chiens est présente. L’introduction de personnages mixtes ( ennemis hommes et femmes) avec de temps en temps des mob un peu plus gros que les autres qui vous attaquent avec une arme de corps à corps.


Un truc à savoir, explorez bien les lieux au début de votre aventure car certaines armes sont cachées , et certains livrets pour débloquer l’arbre de compétences des deux personnages également. C’est un peu dommage de se dire qu’on peut louper des trucs au premier run.


Les énigmes sont plus recherchées que dans le premier opus, et l’intelligence artificielle des ennemis a clairement été revue à la hausse, j’ai joué en difficile. La stratégie de foncer tête baissé pour frapper un ennemi ne marche presque plus, le recul des balles que vous prenez vous empêche de les atteindre. Parfois vous pouvez prendre une flèche dans l’épaule, faut vite l’enlever sinon vous perdrez de la vie.


Vous pouvez également sauter comme dans uncharted en plus réaliste, ce qui vous permettra de faire des éliminations via les airs.


La partie survie et survival-horror est bien mieux gérée dans cet opus que dans l’ancien. On peut parfois regretter un peu de pop d’ennemis humains, mais ça va c’est très léger. A noter que vous pouvez rejouer directement les affrontements en les sélectionnant dans le menu.


Bon en résumé le gameplay de TLOU 2 s’inscrit dans ces suites qui sans profondément révolutionner le gameplay du premier opus, l’approfondissent, l’enrichissent et dynamisent le tout.


2. Game Design et Technique


Je crois que le jeu est... Littéralement impossible à attaquer sur ces deux aspects. Game Design incroyable avec des arènes plus grandes qu’auparavant, avec des possibilités plus variées d’attaque des ennemis.


On sent que c’est vraiment bien pensé, et parfois même le game design vous chamboule un peu. Par exemple, les établis de TLOU 2 par rapport au premier ne sont pas toujours synonymes de sécurité... Je dis ça, je dis rien.


Il y a quelques moments où ce game design chute un peu en qualité, je pense à un certain boss, ou certains passages contre des vagues d’infectés dans un lieu sombre, clairement pas les meilleurs moments du jeu.


Le game design s’accorde vraiment bien avec la narration. Il est à la hauteur de ce qu’on pouvait attendre. A noter que le jeu est légérement en mode semi-ouvert au tout début du jeu avec Ellie, et puis après on revient sur un couloir vaguement ouvert. Les meilleures zones sont clairement au début du jeu, et on va y revenir plus tard.


Techniquement c’est dingue. Genre réellement. Le jeu tourne merveilleusement bien sur PS4 Fat, alors certes faut aller bidouiller un peu dans les nombreuses options accessibles, mais c’est incroyable. Le plus beau jeu de PS4 ? Oui. Le plus beau jeu auquel j’ai joué de ma vie ? Oui.


Et le pire c’est que à aucun moment j’ai eu l’impression que ma PS4 n’arrivait pas à le supporter. Elle soufflait normalement. L’optimisation du jeu est folle. Petit point négatif mais c’est normal, le 30 FPS sur PS4 y a du motion Blur quand tu vises. Ça peut s’atténuer via le calibrage des options, je pense réellement que le patch PS5 de ce jeu va amener tout le confort qu’on est en droit d’attendre du jeu.


Mais qu’on soit clair, sur PS4 fat le jeu tourne incroyablement bien. A part un ou deux légers bugs visuels que j’ai pu avoir sur une durée de vie de 25-30h si vous prenez votre temps.


Les effets d’eau, le moteur physique sont parfaits. Le jeu possède des détails gores comme très peu j’ai pu voir sur cette génération ( mis à part RDR 2). Le sang gicle sur les murs, et coule. On peut voir des bouts de cervelle ou des lambeaux de chairs dégouliner du plafond quand on pose une mine près d’un ennemi.


Y a un système de ragdoll plus poussé que le premier. Une balle dans la tête est clairement visible sur l’ennemi. Vous lui tirez dessus mort, vous voyez le sang qui coule et qui poursuit sa route sur les habits, sur le sol.


C’est probablement le jeu qui va vous faire ressentir l’intensité de la violence de la manière la plus crédible possible avec RDR 2. Les animations faciales sont hallucinantes également, on ressent les émotions comme jamais.


Comme on dit le diable se cache dans les détails, et chez les dogs, le souci de l’immersion est quasi permanent. J’ai rien à dire de plus, faites le jeu, regardez le tourner sur un écran plat et voyez par vous-même. Le plus beau jeu de cette génération, game design quasi parfait, direction artistique au top, avec néanmoins une direction tranchée avec le premier, on est vraiment sur des tonalités grises, comme pour aller avec la direction sombre que l’opus a pris.


3. Musique et sound design


Même compositeur que le premier opus. Une bande son plus discrète, moins marquante et par contre beaucoup plus subtile. Elle accompagne complément les moments de violence, de tension et d’émotion tout au long de l’aventure.


Sound design toujours aussi bon. On sent le feeling des armes, on sent la violence des coups même si je trouve que TLOU faisait un peu mieux car Joël ayant un gameplay plus lent, on ressentait mieux la violence. Par contre là où le jeu fait fort, c’est sur les râles, les cries d’agonies des ennemis humains.


On sent les mecs s’étouffer dans leur sang, on entend gicler l’hémoglobine. C’est extrêmement violent, ne jouez clairement pas à ce jeu en présence d’ enfants.


Les effets de pluie, les effets du vent sont réussis, les bruits de la végétation, les bruits d’une vitre que l’on brise... Bref, rien à dire c’est un quasi sans fautes.


4. Écriture du jeu ( le plus important)


On entre en partie spoilers. On entre dans le sujet qui fâche. Le scénario et l’écriture de TLOU 2. Celle qui a déchaînée les fougues et les passions. Que raconte cette suite qui était, on va le dire franchement, dispensable.


TLOU 2 est la suite que tout le monde attendait, mais que personne ne voulait véritablement. Un vrai risque à été pris par Neil Druckmann, et sa co-scénariste Halley Wegryn Gross ( exit Bruce Straley ) quand à la tournure du jeu.


Pour moi, TLOU 2, c’est un créateur, en l’occurrence Druckmann, qui choisit de tuer dans l’œuf sa créature, avant que celle-ci ne lui échappe et devienne son Frankenstein. Quelque part, TLOU est déjà devenu une légende vivante dans le jeu vidéo, donc elle lui a en partie échappé.


Je dirais également que TLOU 2 est un jeu beaucoup plus thématique que le premier, plus mature, plus sombre et clairement plus abject que le premier. TLOU 2 souhaitait traiter de la haine, et du rapport du joueur avec la violence dans le jeu vidéo. Ce jeu est littéralement un concentré de haine pur jus, il a été pensé comme cela.


Couplé à cela, évidemment il y a un aspect politique que TLOU ne possédait pas. Le côté ultra-inclusif que le jeu souhait revêtir, le fameux agenda d’Anita Sarkeesian qui « ruinerait » selon certains le jeu.


Naughty Dog ne s’est jamais caché de ses positions progressives sur la représentation dans le jeu vidéo. Elle est présente depuis longtemps. Left Behind nous dévoilait l’homosexualité d’ellie en 2014. Uncharted 4 écornait la virilité de Nathan Drake qui en prenait plein la gueule contre Nadine Ross. Uncharted Lost Legacy pouvait laisser entendre une relation entre Chloé et Nadine Ross au-delà de l’amitié.


Et alors ? Est-ce que donner plus de représentation dans un jeu vidéo est mal ? Je pense que c’est une nécessité, et je ne suis nullement opposé à ce qu’elle soit appliqué dans les faits. D’autres studios comme Ubisoft le font, je pense à AC Valhalla où vous pouvez choisir votre sexe, voir ne pas le choisir du tout.


Bon TLOU 2 est clairement le plus engagé des jeux Naughty Dog dans son choix de représenter les minorités, et notamment les minorités sexuelles. Vous avez donc:



  • L’homosexualité de Ellie qui va être abordé

  • Le personnage de Dîna, la copine d’Ellie, bisexuelle

  • Lev, un garçon transgenre qui est né Lily

  • Abby Anderson, le second personnage jouable, hétérosexuelle et doté d’une imposante musculature.


Ils ont souhaité représenter chaque orientation sexuelle ou identitaire ? C’est fait. Est-ce gênant ? Non. Est-ce forcé ? Oui parfois.


J’ai trouvé que le politiquement correct était trop forcé par fois, même parfois un peu maladroit et j’expliquerai en quoi, à l’avenir faudrait faire un mix entre TLOU et TLOU 2 dans l’aspect de la narration.


TLOU 1 montrait des femmes fortes. Je pense à Tess, je suis d’ailleurs déçu de ne pas avoir une petite référence à elle dans le jeu. TLOU suggérait aussi l’homosexualité de Bill de manière subtile. Mais à aucun moment je ne sentais cela comme étant « forcé » et comme venant d’un cahier des charges.


Par moment j’ai eu l’impression d’avoir Neil Druckmann qui mettait sa main sur mon épaule et qui me disait: « Regardes, tu as vu comme mon jeu est progressiste ? ». Et j’ai trouvé vraiment que c’était forcé souvent. Et parfois profondément maladroit. Si j’étais taquin, je dirais que la fin infligée par son créateur à Ellie fait très « bury your gays ».


Je développerai de manière supplémentaire cet aspect avec le personnage de Lev, mais d’abord je dois attaquer le scénario.


Attention gros spoilers.


Le jeu se déroule des années après le premier. Joël et Ellie ne s’adressent plus la parole. L’acte commis par Joël à la fin du premier jeu va lui revenir très violemment dans le visage au propre comme au figuré, Abby Anderson, une ancienne luciole et accessoirement fille du chirurgien que tué Joël à la fin du premier opus, va venir pour se venger.


Joël meurt d’une façon extrêmement violente dès la première heure du jeu. Comme finalement sa fille Sarah dans le premier jeu vidéo, il est un faux protagoniste de l’histoire. Enfin pas totalement car il est l’élément déclencheur de toute l’histoire.


Ellie va vouloir se venger. Elle va partir avec dîna, sa petite amie et également aura l’appui de Jesse ( l’ex copain de Dîna) et de Tommy pour traquer Abby et ses complices et les assassiner.


Ellie va donc aller à Seattle, on va suivre son périple sur trois jours, et progressivement elle va tuer beaucoup de gens. Faire beaucoup de mal. Confucius disait: « Qui cherche la vengeance creuse deux tombes ». Ellie va sérieusement prendre un coup physiquement, moralement sur le fait de venger Joël.


Un peu comme Mémento, la narration est anachronique, car elle permet de donner un nouvel éclairage sur le déroulement de l’histoire. A travers des flashbacks on observe la manière dont une Ellie adolescente va découvrir le mensonge de Joël. Ce mensonge qui va lui coûter la vie.


Le premier flashback de Ellie et Joël dans le musée est littéralement l’un des meilleurs passages écrits que j’ai pu vivre et expérimenter dans un jeu vidéo. Tout y est. Faites le et vous verrez.


Les autres flashbacks sont clairement moins intéressants. Mais globalement pendant tout le jeu, Ellie va questionner son attachement à Joel via le rapport à sa guitare. Le rapport à cette chanson qu’il lui a apprise: « J’ai peur de me perdre si je venais à te perdre ».


Globalement plus on avance dans les trois jours de Ellie, et moins c’est intéressant. Le money shot du jeu c’est clairement Seattle Day 1 de Ellie.


Le trio amoureux Dîna/Jesse/Ellie est complètement désamorcé dès le début du jeu, je n’ai pas vu son utilité. Je n’ai pas également compris la « grossesse » de Dîna. A part pour faire reflet au personnage de Mel, j’ai plus senti ça comme un moyen pour Naughty dog de représenter l’homoparentalité dans le jeu vidéo.


Jesse est clairement pas intéressant, il sert pas à grand chose si ce n’est à être... Le géniteur du bébé de Dîna.


Dina est assez intéressante dans Seattle day 1 et sur la fin du jeu, à la ferme. Mais le moment où elle annonce qu’elle est enceinte j’ai trouvé ça vraiment forcé et prétexte à la sortir pour un moment de l’action du jeu.


La fin de l’aventure de Ellie se base sur une confrontation avec Abby... Et c’est là qu’on bascule avec elle sur son point de vue sur les événements de Seattle et également du meurtre de Joël.


C’était osé de faire ça, ils l’ont fait. On joue l’assassin de Joël et sans la détester, on arrive un peu à éprouver de l’empathie pour elle, voir même retrouver la mauvaise passe que vit Ellie à travers elle. On comprend via les flashbacks que Abby n’a jamais accepté la mort de son père, et qu’elle a poussé ses amis anciennes lucioles à se venger.


En entraînant ses potes dans le meurtre de Joël, elle les condamne malheureusement à la mort. Owen son ancien petit-ami mais néanmoins amant , Mel la femme de Owen enceinte, Manny....


Tout les amis de Abby sont pas tous réussis en terme d’écriture. Manny est vraiment une caricature. Owen et Mel c’est déjà plus subtil. Même si ce triangle amoureux, vraiment effectif cette fois ci, est pas spécialement intéressant à suivre.


J’ai aimé néanmoins Mel dans le sens où elle sait parfaitement que Abby est au fond d’elle même une ordure, elle tue des gens, et s’entiche de Lev et Yara, deux séraphites pour faire plaisir à Owen, qui ne supporte plus cette guerre entre les wolfes et les scars.


Owen et Mel vont se faire tuer par Ellie, ce qui va traumatiser Ellie car Mel était enceinte. Abby va vouloir alors se venger en la pourchassant.


Bon clairement la partie de Abby est bien moins écrite que celle de Ellie. Seattle day 2 narrativement est déconstruit par le day 3. J’ai trouvé que la plupart des personnages font des choix complètement débiles. Abby s’entiche de Lev et Yara parce que elle a mauvaise conscience. Mouais.


Lev est pourchassé par sa tribu car il sent garçon. Et pourtant il idolâtre encore les séraphites, il va même jusqu’à se jeter dans la gueule du loup, pour revoir sa mère qui souhaite le tuer parce qu’il est transgenre, et au final il tue sa mère, sa sœur Yara meurt en tentant de le sauver, et Abby décide de l’adopter au bout de à peine un jour ou deux de connaissance, quitte à devenir une paria chez les wolfes.


Ils ont essayé de calquer TLOU 1 avec Lev et Abby. Ça va, ça marche pas mal, mais c’est en dessous de Ellie et Joel.


Plus le jeu avance et plus les personnages prenaient des décisions que je ne comprenais pas. Tommy défiguré et amoché qui vient relancer Ellie dans sa quête de vengeance, après qu’elle se soit fait exploser par abby ( petit remake de Ellie VS David, sauf que dans le 2, vous jouez Abby et vous devez taper Ellie).


Ellie qui souffre de troubles post-traumatique, que je comprenais pas car elle avait l’air bien, elle a fait sa vie avec Dina, elle s’occupe du bébé de Jesse, on la voit faire des avances à Dina. Et puis d’un coup elle revoit Joël, elle veut finir le travail et tuer Abby.


La moralité de l’histoire c’est que le karma revient toujours en pleine tête. Si Ellie n’avait pas voulu se venger une seconde fois de Abby, celle ci serait morte. Or pourtant, et la fin du jeu nous montre clairement, Ellie va massacrer un gang californien les crotales pour appuyer elle-même sur la gâchette de quelqu’un qui mourrait de toute façon si elle s’abstenait d’intervenir.


Bref la fin du jeu montre que Ellie a complètement perdu l’esprit. A la fin, on voit abby attachée sur un poteau, elle est maigre, au bout de sa vie, et Ellie décide de la libérer... Pour ensuite se battre avec elle... Perdre deux doigts, tenter de la noyer pour au final s’abstenir parce, diantre, la vengeance c’est pas bien.


Et notre Ellie va revenir à la ferme, Dina est partie avec le bébé car elle ne voulait pas que Ellie se venge à nouveau, Ellie tente de jouer de la guitare à nouveau mais ne peut plus car elle a deux phalanges en moins, Ellie abandonne la guitare ( symboliquement elle tourne la page Joël Miller). Rideau. Fin du jeu. Ellie tourne définitivement le dos à TLOU remastered, définitivement aux joueurs qui restent ancrés sur le premier comme si c’était le saint-graal. Elle a tout perdu, mais finalement c’est en se perdant soi-même qu’on peut se retrouver soi-même. La fin laisse envisager un maigre espoir pour Ellie, comme Abby. Ou pas. Parce que tout au long du jeu, on a bien vu que le monde de TLOU, ou du moins ce qu’il en reste, est sans espoir, un espoir anéanti par Joël, et Ellie s’est anéantie elle-même par amour de l’image qu’elle avait de lui.


5. Mon avis ferme et définitif


Après ce résumé fouillis et désordonné de TLOU 2, je vais exprimer clairement mon avis dessus. Je vois TLOU 2 comme une version corrompue du premier jeu. Je le vois comme une tentative de Neil Druckmann de reprendre le contrôle de l’hydre qu’il a crée avec TLOU 1 en la tuant dans l’œuf.


TLOU 2 est la conclusion que tout le monde attendait mais au final personne ne voulait. On vous a donné exactement tout ce que vous ne vouliez pas voir dans cette suite. On vous a conditionne à le détesté, comme la plupart des protagonistes du jeu sont des êtres torturés, imparfaits, détestables ou moralement très ambigus.


Y a clairement des parties de cette écriture TLOU 2 qui sont absurdes, qui sont ratées et je pense que c’est volontaire. A plusieurs fois dans le jeu je me suis dit: «  Ça n’a pas de sens ». Je tuais des ennemis, je voyais des ennemis s’entretuer ( WLF contre séraphites) et moi je fonçais dans le tas, je dézinguais tout le monde. Même à la fin, avec Ellie, la courte partie californienne que j’ai adoré, je sentais que les actions n’avait pas de sens. Finalement Dina est la seule personne raisonnable et sensée dans le jeu.


Comme je le disais au début, TLOU 2 est une réflexion profonde sur votre capacité à vous interroger sur la violence dans le jeu vidéo. On est tous le Abby, on est tous le Ellie de quelqu’un. La violence mène à la haine, la haine mène à prendre des décisions complètement débiles.


Parfois Naughty dog est un peu traître parce que voila on tue des chiens dans le jeu, et ça à l’air d’avoir remué un paquet de joueurs, par contre tuer des humains ça ne choque personne ? Non ? De même je devrais parfois me sentir gêné de tuer une femme enceinte avec Ellie, alors que très clairement on ne me laisse pas le choix, et si Ellie ne le fait pas, vous mourrez.


TLOU est un jeu à l’image des séraphins. C’est un être imparfait. C’est un jeu qui s’est volontairement auto scarifié, qui a volontairement enlaidi son propos, tout en adoptant une politique de représentation des minorités nécessaire et bienvenue dans le jeu vidéo ( mais c’est clair que parfois c’est trop forcé, TLOU faisait mieux tout en étant plus subtil, il faut écrire un personnage pour ce qu’il est et pas pour cocher les cases d’un quelconque agenda).


J’ai aimé ce jeu d’une manière que je ne croyais pas possible, alors que je m’étais tout spoilé, que je détestais au début la direction prise par Druckmann. Il m’a parfois aussi gavé, sur certaines phases de jeu, sur une partie de son écriture.


C’est un jeu d’une intensité émotionnelle importante, une pépite technique et de game design. Souvent, quand j’ai essayé de tacler le jeu sur un détail scénaristique, il m’a contré. Le PTSD de Ellie est expliqué via son journal de bord par exemple. Ce fameux journal qui donne plus de détails sur la génèse de la relation Dina Ellie Jesse.


TLOU 2 c’est une auto-mutilation d’une oeuvre parfaitement assumée, parfaitement maîtrisée, ça fait souffrir son joueur, ça lui fait se poser des questions. Il a tellement conscience de cela qu’il se moque ouvertement de lui-même, en faisant une référence à Jurassic Park 2 ( « En fait ils ont fait une suite, et c’était moins bien »). C’est une auto-destruction assumée. C’est les derniers jedis de Ryan Johnson qui va jusqu’au bout, quitte à dégoûter les joueurs.


Je ne veux pas d’une suite, je ne veux pas voir le personnage d’Ellie que j’apprécie particulièrement, le dernier lien vivant du joueur avec Joël, avec la poésie onirique du premier, je ne veux décidément pas la voir souffrir davantage.


Je terminerai cette longue critique par cette remarque: on dit souvent que ce qu’on est à l’intérieur fait la véritable beauté. TLOU 2 a fait totalement l’inverse. C’est tout ce qu’il n’a pas été, n’est pas, et ne sera jamais qui fait sa force.


C’est dans sa laideur intrinsèque que repose sa véritable beauté. Merci Naughty Dog pour cette pépite du jeu vidéo, mais ne faites pas deux fois la même erreur, pas de suite.


The Last of us 2 perdrait de sa saveur avec une partie 3.

SpiderVelvet
9
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le 1 janv. 2021

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SpiderVelvet

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