Je me souviens encore de cette époque où Wind Waker divisait... Où son look “cartoon” faisait grincer des dents, comme si un jeu Zelda n’avait pas le droit d’être léger, expressif, presque rieur. Comme si cette mer turquoise, ce ciel pastel et ces personnages aux yeux de braise trahissaient l’héritage laissé par Ocarina of Time. Et pourtant, ce jeu, je l’ai vécu comme une parenthèse enchantée.
Aujourd’hui encore, je suis de ceux qui le défendent, sans hésiter.
Il y avait ce côté "Nintendo c'est pour les bébés" et clairement, ce Zelda était venu souder cette pensé dans l'esprit de celles et ceux qui l'ont plus étroit. (Si désolé pour la balle perdu, mais c'est la vérité)
Peut être que l'ère Ps2 nous narguait trop de jeux plus "adultes"? J'avoue n'avoir jamais compris cette mouvance et je regrette amèrement que ce jeu en ait souffert.
Parce que Wind Waker, c’est l’aventure dans ce qu’elle a de plus pur. C’est un souffle de liberté qu’on sent dès les premières minutes. Un océan immense, une embarcation qui tangue à peine, et cette promesse, va où tu veux. Navigue. Chante. Rêve. Il y a quelque chose d’enfantin, au sens noble du terme, dans cette façon qu’a le jeu de te dire que l’horizon est une direction comme une autre, qu’on peut y aller même si on ne sait pas ce qu’on y trouvera.
Mettez vous à la place de Nintendo, Ocarina of Time est légendaire... Ouvrons donc les pleines à un Ocean, ouvrons vraiment le monde entier à nos joueurs!
Alors certes, une fois proche de la fin, le monde est assez pauvre et oui, le développement un peu rapide, nous a gratifié d'un avant dernier arc abominable... Mais ça ne suffit pas à enterrer tous un jeu!
Parlons maintenant de l'éléphant dans la pièce avec un peu plus de précision... La DA... L’animation des expressions, les effets de lumière sur l’eau, le rendu des tempêtes... Wind Waker a vieilli comme une peinture. Il ne cherche pas le réalisme. Il impose une ambiance, en transformant la technique en poésie. Même les silences sur le bateau deviennent de la narration. On n’est plus dans une quête frénétique.
On est dans une traversée, parfois monotone, souvent contemplative, toujours habitée.
C’est un jeu de rythme lent, et ça ne plaira pas à tout le monde. On ne court pas de donjon en donjon. On découvre des îles minuscules, habitées d’un seul PNJ, pour une unique énigme ou un petit secret. C’est minimaliste, presque inutile… mais c’est ce qui m’a touché.
Chaque recoin de l’océan semble avoir été placé là pour te faire sentir que le monde existe au-delà de toi. Que Link n’est pas le centre du monde. Qu’il est un enfant dans une aventure immense, dont il comprend peu à peu l’enjeu.
Alors oui, Wind Waker a ses failles. La quête de la Triforce, comme j'ai pu le dire plus haut, longue et un peu maladroite, casse un peu le rythme. On sent parfois le jeu tronqué, comme s’il avait manqué de temps pour boucler certains arcs narratifs ou densifier les zones visitées. La seule ville est aussi minuscule, nous rendant alors ce monde bien plus vide qu'il n'y parait... C'est même ridicule de parler de Royaume à ce stade là!
Et pourtant… je ne lui en veux pas. Parce qu’il y a un cœur dans ce jeu. Une vraie tendresse dans l’écriture, une vraie douceur dans le propos. L’histoire entre la mer et la terre, entre l’ancien et le nouveau monde, entre l’enfance et l’héritage.
Ganondorf, dans cet épisode, n’a jamais été aussi humain. Usé, Résigné, il parle de vent, de manque, de nostalgie… et face à lui, il n’y a pas un héros flamboyant, mais un gamin en pyjama qui tient son épée à deux mains pour ne pas trembler. Ce contraste, c’est toute la beauté de Wind Waker. Il parle de courage sans avoir besoin de cris, d’héroïsme sans glorification.
Quand le jeu se termine, que les flots engloutissent le passé, on est traversé par une mélancolie étrange. Le roi fait ses adieux, et on sent que ce Zelda-là ne voulait pas simplement te faire jouer, mais t’accompagner. Il t’a pris par la main, t’a fait grandir un peu, et t’a laissé voguer.
Je ne dis pas que c’est le meilleur Zelda, très loin de là. Mais c’est peut-être celui qui m’a le plus apaisé et il est bien entendu digne de faire partie de cette saga légendaire!
Celui qui m’a rappelé que parfois, dans le jeu vidéo, on n’a pas besoin de tout sauver, de tout comprendre. Juste d’accepter qu’on ne navigue jamais deux fois sur les mêmes eaux.
Moi même, je laisse encore ce jouer le thème de l'overworld lors que je suis en voiture et mon coeur se sent prêt à vivre un belle aventure... Le jeu m'a marqué à ce point là!