T'inquiète pas papa Lee..ta petite Clémentine va bien et elle assure...c'est promis....

C'est durant ce doux et chaleureux mois de juillet 2022, offrant un climat idéal pour la marche en pleine nature, durant une période de vacances personnelles, idéale pour créer des nouvelles amitiés, durant une période morte en terme de sorties vidéo-ludiques, idéale pour revenir au sein de licence que l'on a précédemment entamé...que je me suis lancé dans cette fameuse saison 2 de la franchise "The Walking Dead", sortie initialement en 2014, développé par Telltale Games, mais revenu sous la forme d'une version définitive en 2019, sur PC via G.O.G, me permettant comme son nom l'indique, d'aller marcher une nouvelle fois dans une Amérique post-apocalyptique, de poursuivre mon trajet accompagné d'un emblématique personnage, de tenter d'atteindre une ultime destination, afin de réussir à tenir une promesse faite à un défunt père, lors d'une intense transhumance émotionnelle...

Une transhumance qui, après une cinématique courte, retraçant à peine l'histoire de la première saison mais laissant suffisamment d'éléments pour poser son contexte...nous plonge dans une Amérique champêtre, automnale, rurale, déshumanisée, désœuvrée...celle des états du Sud des États-Unis, théâtres malgré eux de la désertification humaine, de la désintrualisation économique, de la centralisation des institutions, où seul les plus démunis, les laissé pour compte semblent rester, vivre, résider...tentant au quotidien de subvenir à leur besoin, faute d'aide de l'état, tentant en permanence d'entreprendre afin d'entretenir leur environnement, faute d'infrastructures, tentant de s'entraider au maximum, faute de démographie positive...triste autel que l'on visitera de nuit comme de jour, à travers les saisons, entre village et nature, vestiges culturels et commerciaux, montagnes et plaines, sur différentes temporalités, âges...permettant une vision immersive et multifacette, dure et intense émotionnellement, renforcée par un visuelle sublime, des graphismes en cel-shading posé sur des décors peint à la main, des ombrages et des textures typique du travail au fusain, des couleurs et un chara-design proche du dessin aux crayons...se rapprochant élégamment du matériel ayant servi de base...le roman graphique américain mais par sa musique variées, entre Folk, jazz, pop, electro, country...ses sonorités environnementales naturelles, ses plans et jeux de caméras, sa gestion de la lumière et de la focale, son découpage en chapitre avec son générique de début et de fin, son résumé en guise d'ouverture et son teaser final...se rapproche ici davantage du cinéma mais surtout de la série TV, autre prisme par lequel cette franchise est travaillée...une direction artistique nous laissant subjugué, emporté dans un aller sans retour....

Une transhumance qui se poursuit, au sein de ce premier tableau, cette Amérique forestière, nous permettant de maîtriser, les balbutiements de son gameplay, les bases de sa maniabilité, entre QTE immédiate, exploration cloisonné, récupération mesurée, choix narratifs, par moment utiles et nécessaires, par d'autres totalement futiles et superficiels...jouant constamment avec nos réflexions et notre compréhension, son sens du rythme et de la situation, par moment lent et contemplatif, par d'autres effrénés et tendus...jouant constamment avec nos nerfs et nos réflexes..laissant le joueur dans un sentiment d'inconfort permanent, remettant en cause ses acquis, ses certitudes, ses craintes, le questionnant sur ses actions, sur ses décisions, sur ses déductions, sur son parcours sans le punir, le juger, le moraliser...afin de renforcer son immersion, de mettre en évidence ses émotions, de l'user intellectuellement...superbement appuyé par une affordance visuelle et sonore, la simplicité de ces interactions, son interface épurée, son level-design cohérent et intelligemment construit, la sobriété de sa proposition, entre action, infiltration, survie, aventure...sans niveau de difficulté, de gain d'expérience, d'inventaire à la con, de combinaisons de touches improbables, de pédagogie lourde, de menu indigeste, de customisation puérile, d'évolution de système chiant, de HUD vulgaire...un game-design volontairement fluide, simple, accessible, sans outrance afin de nous laisser subjugué, emporté dans un aller sans retour...

Une transhumance qui se conclu, toujours au sein de cet seul et unique état rurale d'Amérique que l'on traverse, dans la peau d'une jeune afro-americaine, une enfant d'une dizaine d'années, accompagnée par un couple bienveillant, tentant de rejoindre une utopie désirée, usufruit de notre précédent parcours, un temps où nous incarnions son père d'adoption, ayant tout tenté pour la préserver, la protéger, l'éduquer...au point de se sacrifier afin qu'elle puisse poursuivre son récit...plaçant le joueur dans un statut différent, étrange, ambiguë...lui demandant en tant qu'adulte, de se mettre dans le rôle d'un enfant, en tant qu'ancien protecteur, de se mettre dans le rôle de la protégée...afin qu'il puisse remplir cette promesse, cet engagement...qui malheureusement lui sera dur, difficile de tenir, lui imposant de terrible et insupportable choix, lui exigeant patience et réflexion, lui laissant liberté et instinctivité, l'usant par instants et le libérant par d'autres, jouant avec ses émotions et sa sensibilité, entre mélancolie, drame, joie, oxygénation,m et dépaysement...renforcé par les différentes rencontres amicales pu hostiles, les brefs tranches de vies, les environnements visités, le gameplay basé sur des choix ayant un réel impact, les situations auxquelles il est confronté, l'évolution psychologique de notre principal protagoniste, la direction artistique subtile, les différentes langues et écrits, les multiples objets égrenés ça et là...permettant différentes lectures et métaphores...sur le sens des liens et des relations, sur la définition de la confiance et de la méfiance, sur l'importance des mots et des gestes, sur la réinterprètation de nos sociétés et de notre histoire, sur la nécessité d'entretenir le passé et de préparer le futur, sur le besoin d'avancer et d'espérer, sur la difficulté à agir et à oser, sur notre rapport aux mensonges et à la vérité, sur notre dépendance aux préjugés et à l'identification...à l'instar de ces migrants clandestins, de ces communautés isolées, de ces populations délaissées, de ces petits gens tentant de survivre au quotidien, de ces sans abri devant constamment s'adapter, de ces minorités silencieuses trop souvent exploitées...le tout dans une cohérence ludo-narrative impressionnante, sans être manichéen où tout prend sens et corps à un instant clé, laissant le joueur subjugué, emporté dans un aller sans retour, dans son aller sans retour...

C'est donc après cet instant clé fort, cet ultime chapitre au nom evocateur, cet derrière cinématique forte en symbole, une fragile musique, un vulgaire générique de fin, un énième tableau récapitulatif des différents choix de la communauté...que je pose sereinement ma manette, que je sèche mes larmes, que je m'allume une bonne clope bien méritée, que je referme cette application, que je me rends compte d'avoir passé une seule et unique journée sur ce jeux...fier, heureux d'avoir su tenir ma promesse faite il y a 1 an deçà...touché, ému d'avoir parcourus ce périple dans la peau de Clémentine...sûr, confiant de mes choix et décisions...troublé, marqué par ces deux saisons au sein de cette franchise...surpris, aimant par cette version définitive, rendant hommage à cette œuvre majeure du jeux vidéo...amoureux, fanatique de la vision de Telltale de l'héroïsme...curieux, engagé à retrouver de tels démarches vidéo-ludiques...grandi, changé par ce volet que je considère comme essentiel et obligatoire...une œuvre, une transhumance extraordinaire, intemporelle, intelligente, avant-gardiste, émotionnellement inégalable, où les émotions se vivent à et en dehors de l'écran, se ressentent à travers la vue et l'ouïe, se comprennent autant en première et seconde lecture...bref un chef-d'œuvre...et Lee tu peux dormir tranquille...Clémentine est forte et préparée pour survivre dans cette marche mortelle, elle adore le tir aux zombies, elle boit de la gnôle, elle joue de la hache, elle use de peinture de guerre donc........bisou à toi....

AlMomoSan87

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