La guerre et son cortège d'absurdité

Le jeu, si on le réduit à sa mécanique basique, est un simple jeu de gestion et d'optimisation. Vous devrez gérer votre équipe, votre matériel, vos stocks (nourriture, équipement, médicaments, etc.), faire des échanges intelligents au bon moment, etc. Et c'est un bon jeu dans ce sens : il y a pas mal de paramètres à prendre en compte, de l'action, de la lecture, etc.

L'univers est aussi très bien construit. Les graphismes, assez agréables, et la musique de fond (parfois remplacée par un peu de guitare ou de grandes oeuvres classiques, au choix) ainsi que les effets sonores rendent assez bien l'ambiance hostile et froide de la guerre. L'interface est très épuré, simple et efficace. Pas besoin de tutoriel pour expliquer comment ça se passe, tout semble couler de source, comme si c'était un jeu auquel nous avions passé des heures.

Mais ce qui fait la particularité de "This War of Mine", c'est ce que le jeu a à raconter et à nous apprendre sur la vie des victimes collatérales de toutes guerres, les civils, ceux qui n'ont rien demandé à personne. Et dont le quotidien est rythmé de ces petites questions, qui deviennent de véritables problèmes : que vais-je manger ? est-ce que je vais pouvoir me soigner, bander mes blessures ? avoir un peu de plaisir, avec un peu d'alcool, une clope ou un bouquin, si je ne l'ai pas encore brûlé ? Les choix, pratiques, deviennent aussi moraux, puisque tuer ou voler, bien que ça vous permette de survivre, ne laissera pas votre équipe indemne ; le psychisme des personnages a toute son importance. Et là encore, même les choix les plus payants peuvent être balayés par l'imprévu. Le froid, la maladie, les blessures, la déprime, ou les autres pillards ─ vous n'êtes pas seuls dans cette ville ─ peuvent mettre à mal votre plan ; j'ai perdu ma première partie parce que je n'avais pas anticipé la vague de froid qui a décimé mon équipe. Et à travers les détails du jeu, la radio, les endroits que vous visiterez, ou même la biographie de vos personnages, vous saisirez ces bribes d'histoires de ceux qui, sur le pas de leurs portes, ont trouvé, un jour, un conflit armé.

Bref, c'est beau, c'est bien fait, c'est addictif, c'est touchant et révoltant.