Après avoir bien tapé sur ce pauvre Wonder Boy II (alors qu’il n’avait rien demandé!) tout en encensant en parallèle sa fabuleuse suite, j’ai finalement décidé de me replonger à nouveau dans cet opus n°3, histoire de voir si les souvenirs dithyrambiques que j’en avais étaient conformes à la dure réalité (rien n’est plus enjolivant et trompeur que la nostalgie…) ; ça devait en effet bien faire au moins 10 ans que je n’y avais pas touché… L’occasion de constater avec une pointe d’étonnement et d’amusement que notre cerveau occulte parfois (volontairement?) les quelques détails un peu casse-burnes, comme par exemple ces foutus charm stones qu’il faut collecter pour pouvoir acquérir certains précieux items, dont j’avais personnellement complètement oublié l’existence…


Wonder Boy III a la particularité de débuter directement par la fin de l’épisode précedent, en mode Rocky-style : on rejoue en effet les déambulations dans le dernier donjon et l’affrontement contre le MEKA Dragon, mais en évidemment beaucoup plus simple puisque ce sont les premières minutes de jeu… Une fois vaincu, cet enfoiré (y a pas d’autres mots!) nous jette dans son dernier râle une malédiction, en nous transformant en "Lizard-Man", l’occasion d’apprécier un scénario qui, s’il n’est point révolutionnaire (on reste dans les années 80), a le mérite de nous épargner le sempiternel sauvetage de copine, princesse, monde, chien ou que sais-je encore, pour un objectif plus personnel, plus "misanthrope" : retrouver son apparence initiale. Fuyant le château tombant en ruines, Tom-Tom (logiquement, c’est toujours lui) parvient finalement au village voisin, lieu hautement important car servant de HUB principal à ce troisième opus (c’est le point de départ de tous les "donjons").


Très vite, on remarque plusieurs parti-pris intelligents qui le distinguent nettement de Wonder Boy II. Le premier, c’est la présence de salvateurs continus, qui plus est illimités, qui permettent de ne pas devoir tout recommencer à zéro sitôt expédié ad patres ; dans un jeu qui est à peu près deux fois plus long que son prédécesseur, ça fait zizir… Le deuxième, c’est l’absence du timer, qui était vraiment ZE idée à la con de Monster Land -facilement explicable par son origine arcade- surtout dans un jeu où le but premier est d’explorer efficacement son environnement… Et donc le troisième, le "monde ouvert" où tous les niveaux du jeu sont interconnectés au fameux village de départ, qui seront accessibles au fur et à mesure de la progression et des différentes transformations


Wonder Boy III mise en effet beaucoup sur celles-ci pour redynamiser le gameplay sur la longueur. En fait, on changera de forme à chaque fois qu’on vaincra un boss, chacune ayant ses forces et ses faiblesses. Mouse-Man par exemple permet de se faufiler dans les endroits exigus, ou encore de marcher sur les murs et le plafond des blocs en damier, Pirhana-Man est à l’aise dans l’eau et permettra d’atteindre les niveaux seulement accessibles par voie maritime, tout comme Hawk-Man pour tout ce qui est niveau aérien, etc. Vers la fin du jeu (peut-être un poil tardivement d’ailleurs), plusieurs salles plus ou moins secrètes permettront même de changer de forme à volonté et d’explorer le monde à sa guise. Enfin, l’équipement et les items (qui s’achètent avec les deniers durement gagnés) jouent également un rôle à ne pas négliger dans la progression : le Thunder Saber brise les blocs destructibles, le Fire Shield nous rend insensible à la lave, la tornade fait le ménage autour de soi…


Il n’y a vraiment pas grand-chose à reprocher à ce troisième épisode côté gameplay qui, comme un certain Super Mario Bros. 3 chez la concurrence, tire toute la substantifique moelle de son pad à deux boutons. Pour chipoter, signalons un "défaut" de maniement qui disparaîtra d’ailleurs des Wonder Boy V et Monster World IV : notre personnage "glisse" sur le sol. Pour refaire une analogie avec la concurrence, c’est un peu comme lorsqu’on utilise Luigi plutôt que Mario dans Super Mario Bros. 2. C’est un coup de main qu’il faut prendre au début, mais après ça passe tout seul. Mais pendant environ 10-15 minutes, il se peut que vous piquiez quelques légers coups de gueule à vous prendre quelques dégâts car vous avancerez "trop vite" et que certains ennemis/obstacles peuvent être assez vicieusement placés…


Côté plastique enfin, la Master System offre le summum de ce qu’elle est capable de proposer. Encore une fois, on sent le fossé entre elle et la NES (logique, elle est sortie après!) tant les environnements sont à la fois détaillés et fluides pour un soft 8 bits. Pour un peu, on a presque l’impression de jouer à un soft 16 bits ! Ne parlons même pas des cultissimes musiques, entraînantes, entêtantes, dont les vieux gamers se souviennent encore aujourd’hui… Petite anecdote personnelle en passant, j’ai eu la chance de tâter du tout récent remake, et je dois bien avouer que je déteste les nouvelles versions réorchestrées ! Elles n’ont en effet plus cette, comment dire, "puissance latérale des sonorités désuètes"… :p


En bref, Wonder Boy III – The Dragon’s Trap (à ne surtout pas confondre avec le très moyen Monster’s Lair de la Megadrive) est bel et bien un must have, nostalgie ou non, et a largement sa place parmi les perles de la bécane, aux côtés des Sonic, Disney’s Illusion et autres Shinobi World (petit chouchou injustement sousestimé par la masse à mon goût). Il donne ses lettres de noblesse à une formule et une série qui s’est peut-être arrêtée un peu trop tôt…

Wyzargo
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 22 août 2018

Critique lue 457 fois

5 j'aime

14 commentaires

Wyzargo

Écrit par

Critique lue 457 fois

5
14

D'autres avis sur Wonder Boy III: The Dragon's Trap

Wonder Boy III: The Dragon's Trap
FrançoisRifaut
9

Critique de Wonder Boy III: The Dragon's Trap par Moogle X

Wonder Boy 3 ! Une grande histoire d’amour entre moi et ce jeu… Je sais que vous vous en foutez royalement mais c’est toute une époque… Pensez donc ! 1989 ! Je jouais à l’époque sur ma NES et un...

le 20 janv. 2016

2 j'aime

1

Wonder Boy III: The Dragon's Trap
dagjo
9

Critique de Wonder Boy III: The Dragon's Trap par dagjo

Une belle aventure ! Dés le départ, le jeu nous plonge dans le feu de l'action : on entre dans un château pour vaincre un dragon qui finira malheureusement par nous jeter un mauvais sort... Le...

le 29 janv. 2012

2 j'aime

Wonder Boy III: The Dragon's Trap
poullart
9

Critique de Wonder Boy III: The Dragon's Trap par poullart

Le meilleur jeu de mon enfance, que j'empruntais à la ludothèque de mon village à l'époque où je n'avais pas encore de console (snif...). C'était l'époque où l'on connaissait les jeux par coeur, la...

le 15 déc. 2010

2 j'aime

1

Du même critique

Grand Theft Auto V
Wyzargo
5

Les Trois Petits Félons

"Plus qu'un jeu, GTA V est un univers qui mélange les genres avec un perpétuel souci d'équilibre entre ludisme et réalisme. Pot-pourri de bonnes idées, le titre de Rockstar réinvente l'open world...

le 29 juin 2017

22 j'aime

28

Red Dead Redemption
Wyzargo
7

Ouest terne ?

Il y a quelques semaines encore, si vous m’aviez demandé ce que je pensais de Red Dead Redemption, je vous aurais sans doute vendu le jeu avec tous les adjectifs laudatifs superlatifs possibles et...

le 2 janv. 2017

18 j'aime

18

Uncharted: Drake's Fortune
Wyzargo
5

Gundiana Jones

Rien n’est immuable, même dans le microcosme des jeux vidéo. Les hommes partent, les entités restent. Et malheureusement pour Naughty Dog, ça n’a pas été pour le meilleur (un peu comme Rareware)...

le 18 sept. 2016

17 j'aime

2