Yakuza Fury
Yakuza Fury

Jeu de Vingt-et-un Systems et D3 Publisher (2005PlayStation 2)

En 2005 et 2006, probablement dans un souçi d'éducation de l'Occident, deux jeux font (re)découvrir l'univers des yakuzas que l'on ne connaissait que par le prisme des films d'actions ou des quelques jeux Kunio-Kun traduits chez nous (Renegade, River City Ransom, etc.), à nous autres gentils et innocents européens. En 2006, c'est Sega qui nous présente Yakuza, le Shen-Mue à la sauce des loubards japonais. Mais, en 2005, un obscur titre vous propose aussi d'incarner un Yakuza dans un jeu d'action. Edité dans la collection budget "Simple 2000 Series" au Japon, c'est 505 Games qui l'adapte. Avec un peu de laissez-allez, puisque les pièces de monnaie qu'on voit sur la jaquette sont des pesetas, et non pas des yens comme dans le jeu.

Asuka Kyou, c'est vous. Vous êtes un jeune homme un peu désoeuvré, qui ne sait pas vraiment où il va. Mais vous avez bon coeur. Et, en vous interposant pour secourir une demoiselle, vous êtes repéré par un membre d'un gang local. Vous apprendrez bien rapidement que l'équilibre entre les différents clans est assez précaire.

Yakuza Fury tente de se valoriser par son scénario, aux multiples embranchements. Ces embranchements sont dictés par la façon dont vous jouez : à la loyale, sans abuser des armes, ou en vous limitant le plus possible à vos poings et vos pieds pour avancer dans les différents niveaux de ce beat'em all. Si l'idée peut sembler intéressante, certaines des différences scénaristiques ne se justifient pas par le choix des armes, et on se demande pourquoi le scénario prend une telle tournure. De toute manière, le jeu est inutilement bavard, ses personnages peu intéressants, et il y a fort peu de chances que vous vouliez finir le jeu plusieurs fois.

Car, en plus de proposer une histoire pas assez entraînante, le jeu peine à amuser. Ce n'est pas une catastrophe, mais ce n'est pas assez, que ce soit un titre à petit budget ou pas. Pourtant, le titre part d'une idée intéressante, puisque vous pouvez personnaliser votre personnage. Chaque pièce de vêtement ou de coiffure modifie la façon de joueur, en augmentant une de vos stats ou en ajoutant un élément de gameplay. L'idée étant que chaque niveau puisse être joué différemment en cas de difficultés.

Ce gameplay modulable serait une bonne idée si le jeu l'utilisait avec finesse. Mais point de finesse. Ça vous énerve quand plusieurs voyous vous coincent ? Yakuza Fury élève cette traître pratique au rang d'art. Quand cela vous arrive, c'est un lynchage. Si au moins le personnage principal avait la réactivité nécessaire. Mais, probablement engourdi par une vie sans but, Asuka a un peu de mal dans les mêlés. Il doit être un grand amateur du coup de pied sauté dans les dents, vu l'impossibilité presque totale d'éviter cette attaque dont les ennemis raffolent, évidemment. Faire le ménage à coups d'armes tranchantes est alors jouissif, loin de la pénibilité de vous défendre avec vos poings et vos pieds, mais vous ne serez pas un bon yakuza dans ce cas.

C'est d'autant plus dommage que, à ma surprise, le jeu est loin d'être moche. En tout cas pas autant que les images qui composent la jaquette arrière pourraient le faire croire, et d'autant plus pour un jeu "Simple Series". Le jeu, à défilement horizontal, à l'ancienne, permet de déambuler, presque sereinement, dans différents décors typiquement japonais avec de nombreux détails. J'ajouterais que certaines musiques sont assez réussies, et que celle de fin est encore un cran au-dessus. Quel dommage que ce décor presque rêvé soit rabaissé par des animations molles et des modèles d'ennemis qui se comptent sur une seule main.

Il est aussi à regretter que 505 Gamestreet se soit laissé aller à certaines de ses mauvaises habitudes. Outre l'anecdote sur la jaquette, c'est le mode 60 Hz qui est inutilisable, à cause d'un problème d'affichage, même si on peut saluer au moins l'idée de sa présence. Par contre, le scénario aurait peut-être gagner en intérêt, si les voix japonaises, pourtant détaillées dans le générique, n'avaient pas mystérieusement disparues. Quelque soit la raison, c'est tout de même dommage, puisqu'on doit supporter de longues cinématiques muettes.

Sans être une catastrophe, les quelques bons points de Yakuza Fury sont malheureusement gênés par d'autres, qui tirent le jeu vers le bas. Beat'em all mollasson si on joue "à la loyale" ou jouissif en utilisant les armes mais cela vous emmènera vers de mauvaises fins, le jeu ne sait pas sur quel pied danser.

A noter qu'Asuka aura les honneurs d'être au casting d'All Star Fighters, jeu de combats qui réunit toutes les "stars" de l'écurie "Simple Series" .
SimplySmackkk
4
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le 16 oct. 2014

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