Cover Alejandro González Iñárritu - Commentaires

Alejandro González Iñárritu - Commentaires

Entamée de fort belle façon, la carrière de ce réalisateur aventureux, prompt à varier les genres, les décors et les registres, s’est avérée plus inégale par la suite. À l’instar de son compatriote Alfonso Cuarón, on perçoit chez lui une maîtrise et un appétit de cinéma qui, lorsqu’il s’abandonne ...

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6 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a environ 3 ans

Amours chiennes
7.5

Amours chiennes (2000)

Amores perros

2 h 33 min. Sortie : 1 novembre 2000 (France). Drame, Thriller

Film de Alejandro González Iñárritu

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Un premier film où s’expriment simultanément un regard fiévreux sur le monde comme il va mal et une prédilection pour les structures stylistiques raffinées, ce n’est pas si fréquent. D’emblée Iñárritu impose un univers déliquescent où la dissection naturaliste des bas-fonds de Mexico cohabite avec la mise en scène distanciée des tourments affligeant une poignée de personnages emblématiques d’une époque, la nôtre, où l’homme est définitivement un animal pour l’homme. Enchâssant trois récits puissants autour des notions du hasard et du destin, il fait entrer en collision quelques trajectoires qui n’auraient jamais dû se croiser, saillir des effets de symétrie, charge de sens ces chiennes de vies et d’intensité cette fable composite, cruelle, profonde et ambigüe, imbibée de violence et d’humour noir.

21 Grammes
7.1

21 Grammes (2003)

21 Grams

2 h 04 min. Sortie : 21 janvier 2004 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Alejandro González Iñárritu

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

Pour apprécier la puissance exceptionnelle du premier film américain du cinéaste, il faut aller au-delà du sombre déterminisme qu'il est facile d'y voir, déceler la compassion transpirant du puzzle temporel, marqué du sceau de la souffrance et de la fatalité, qui se construit à l'écran en une multitude de réseaux et de relations organiques, et qui rassemble tous les protagonistes par une certaine forme de transcendance. Il y a du Kieślowski dans cette méditation sur la condition humaine, du Dostoïevski dans ces êtres brisés, mus par une même volonté de survie, mais puisant dans leur douleur la force de construire l'avenir qu'ils se choisissent. C’est main dans la main que l’on accompagne ces trois personnages aux destins fracassés, porté par des comédiens au-delà d’eux-mêmes, et qui disent tout de la fragilité des existences.
Top 10 Année 2003 :
http://lc.cx/UPs

Babel
6.9

Babel (2006)

2 h 23 min. Sortie : 15 novembre 2006 (France). Drame

Film de Alejandro González Iñárritu

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

C’est une véritable trilogie sur la condition humaine que boucle ici le réalisateur mexicain, avec un talent cependant moins éclatant et plus démonstratif que dans les deux précédents films. Si sa faculté est intacte à créer des ensembles choraux où chaque personnage répond à un autre, à des milliers de kilomètres, qui lui est inconnu, à transformer une mécanique narrative huilée à la limite de l’artifice en des instants de vie douloureux, jamais sa méthode ne s’était autant approchée du système. Mais, dans la lignée d’un Paul Thomas Anderson auquel il emprunte le goût de l’exubérance, le lyrisme harmonique, l’attrait pour la situation-limite, il parvient à captiver et toucher ceux qui le souhaitent au long de cette épopée humaniste, en maniant un art que l’on peut trouver agaçant ou remarquable.

Biutiful
6.9

Biutiful (2010)

2 h 28 min. Sortie : 20 octobre 2010 (France). Drame

Film de Alejandro González Iñárritu

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Oublions les clichés touristiques vantant les charmes de Barcelone. La ville dépeinte ici constitue l’envers du décor, un cloaque insalubre où le héros, atteint d’un cancer en phase terminale, vivote en exploitant des travailleurs clandestins et poursuit une relation boiteuse avec son ex souffrant de troubles bipolaires. Le tableau est pour le moins chargé, et le mérite d’Iñarritu est de ne pas s’y noyer pour rendre compte au plus près d’une expérience intérieure. Derrière l’âpreté du constat social, la gravité d’un chemin de croix que l’on peut juger au choix puissant ou doloriste, s’affirme le lyrisme d’un conteur sachant faire passer sur ses images et son récit le souffle de l’existence. Quant à Javier Bardem, intense, épuisé, beau comme un mérou ayant pleuré la mer, il prouve à nouveau à quel point il est grand.

Birdman
7.3

Birdman (2014)

Birdman or (The Unexpected Virtue of Ignorance)

1 h 59 min. Sortie : 25 février 2015 (France). Comédie, Drame

Film de Alejandro González Iñárritu

Thaddeus a mis 3/10.

Annotation :

Attention : film-performance, gageure stylistique soigneusement calculée pour transformer une poignée de questions existentielles en divertissement intello et fumeux, loin, très loin d’"Opening Night". Tout occupé à faire valoir ses trucs et astuces techniques (on a l’impression de le voir monter frénétiquement une mayonnaise sans œuf ni fouet pendant deux heures), Iñarritu dresse une cynique et tapageuse fresque d’égos malades, bouffés par le narcissisme, proférant de confondantes banalités sur la frustration, la célébrité et la soif de reconnaissance. Assorti à ce surrégime stérile, chaque acteur tire la couverture à lui pour tenter de remporter la bataille du cabotinage. Quant à l’image de Lubezki, elle revient à injecter deux gouttes de Curaçao bleu dans un verre d’eau plate : une manière d’esthétiser le vide.

The Revenant
7.4

The Revenant (2015)

2 h 36 min. Sortie : 24 février 2016 (France). Aventure, Drame, Western

Film de Alejandro González Iñárritu

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Le survival, on le sait, est propice à exaspérer les sensations élémentaires, les états limites, les lectures plus ou moins métaphoriques sur le retour à la bestialité. Conscient de ce protocole, Iñárritu prend le genre à bras-le-corps et en tire des effets de sidération et d’amplification physique maximals, bridant l’allégorie excessive sur le choc des civilisations et la genèse sanglante d’une nation. S’il n’évite pas toujours une certaine lourdeur mystique, sensible dès qu’il s’éloigne de sa ligne strictement narrative, sa faculté à inscrire une poignée de trajectoires dans une nature cosmique, l’intensité très immersive de sa mise en scène, la symbiose d’une forme âpre et belle à un propos sans concessions permettent à cet impressionnant pré-western, à la fois organique et spectral, d’emporter largement le morceau.

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