Andy & Larry Wachowski - Commentaires

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Des filles, du flouze, des flingues. Réglé comme une horlogerie suisse, avec sa mécanique de précision faisant passer la pilule de quelques chichiteux excès de style, ce thriller maniériste dopé aux coups fourrés et aux jeux de coïncidences assume parfaitement ses atours clinquants (plans sophistiqués sur des décors gris ou des tableaux en spirale, caméra jouant aux montagnes russes dans les fils du téléphone…) et sa soumission à des codes néo-hitchcockiens bien usés par les maîtres du genre (De Palma en premier lieu). Les Wachowski jouent sur du velours, glissant de la séduction à l’arnaque criminelle avec le même brio ludique, à coups de références détournées et d’archétypes retournés. L’alchimie du couple Tilly-Gershon achève de faire de ce polar parfaitement emballé une vraie partie de plaisir.

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Que reste-t-il du film-phénomène de l’été 1999, vendu comme le mètre-étalon du cinéma de SF et d’action pour toute la décennie à venir ? Personnellement, je le trouvais déjà ringard deux ans après sa sortie : ces codes graphiques très fiers d’eux-mêmes (types gainés de cuir et lunettes noires, raides comme des piquets, déblatérant leurs aphorismes), ces gunfights esthétisants pour ados, cette cosmogonie mise en place avec un sérieux de pape, cette absence totale de frémissement et d’humanité au profit d’un programme à la croisée de la philosophie de bazar (Baudrillard pour les nuls) et du fantasme anarcho-geek (réel et virtuel inversés pour mieux prôner l’insurrection puérile contre la société aliénante et le pouvoir en place)… Le spectacle est certes divertissant, mais aussi fumeux que boursouflé.

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Et pourtant le premier volet est une immense réussite au regard de cette suite, où sont multipliées par mille les ambitions visuelles et métaphysiques éléphantesques qu’il ne faisait qu’effleurer. Imposant un règne de la simulation généralisé opérant sur tous les paramètres de l’entreprise (héros, intrigue, enjeux) un dangereux syndrome d’ubiquité pandémique, elle développe une cyberphilosophie solennelle franchement niaise, que soulignent les choix éhontés de la mise en scène. Entre les grands moments de comique involontaire (la rave au ralenti) et les interminables palabres de ses personnages, pions impassibles d’une mythologie cérébralisée au dernier degré, le film, manifestement ivre de sa pseudo-importance, déploie son herméneutique sentencieuse avec une prétention imbuvable.