Carnet de curiosité : bandes dessinées 2020

Annotation :

Lisant les doigts tremblants sans cesse de voir l'histoire sombrer dans la morale, on referme le volume le cœur léger. D'une part parce que l'auteur sait toujours mettre à distance ses idées dans des situations complexes, et d'autre part parce que le récit sait gagner en profondeur.
C'est étrange du coup, cette postface de Damasio.

Annotation :

Les mythes sont faits de tissus de rêves, d’érotisme et de mort, il faut imaginer de nouvelles constellations, de nouveaux dieux faits de ciel étranglé et de nuages intelligents, il faut rêver de reproduction par scissiparité, par regard, par transe extatique.
Le récit de Lilith-Ishtar a quelque chose de très attendu, même quand elle couche avec Satan.

Annotation :

Boulet-Sfar-Trondheim. On s'en frotte les mains. Et puis non. Et puis on relit, et si. Malgré tout. Le charme vénéneux du fantastique nous gagne. On retrouve avec bonheur l'équipe, on goutte à ces nouveaux trésors d'imaginations, les champignons puants, les amours maladroits, les vues par anamorphoses des paysages d'une Ankh-Morpork hantant le trait de Boulet. On finit ça avec l'impression d'un retour en adolescence.

Annotation :

Tout ce qui est lassant s'englobe ici d'un trait et de manières. Il manque des ombres, des lumières, une épaisseur qui nous permettrait de voir au-delà de tout ce que le 19e a de plus frelaté.

Annotation :

Toute mon enfance s'est faite en rêvant à partir des couvertures "J'ai lu" du cycle de Tschaï. N'ayant aucun goût pour la lecture, je voyais les tricératops mutants des Chasch, les golem-grenouilles des Wankh, les diables marins des Dirdirs, et les spectres-insectes des Pnumes qui peuplaient mes cauchemars ("J'ai lu" c'était mieux que Siudmak chez Folio).
Maintenant je découvre l'histoire très datée de ces livres qu'on m'avait ensuite déconseillés à la lecture. C'est clairement plus presque de la fantasy que la SF, mais en fait, c'est juste du planet opera (mais une bonne partie de la SF n'a pas d'aspect scientifique et la science en revient à une forme de magie) avec une mythologie un peu datée : l'homme libérateur (un petit côté Daenerys du héros Adam Reith, l'humanité virile à lui-seul), la femme hystérique (fleur de machin, les prêtresses folles), le fourbe dandy, etc. Je comprends les réserves vis-à-vis du récit. Mais ça se lit.

Annotation :

Suite de l'aventure.

Annotation :

Voilà la véritable fin de l'Entité noire, avec un talent dans l'aventure, le rebondissement.

Annotation :

Bizarre fin redoublée du tome 110. Plutôt comme un épilogue. Je déteste les épilogues.

Annotation :

Il se foule pas, hein, Vivès.

Annotation :

On se dit : mais en fait mes souvenirs adolescents ont fait d'Elric autre chose que ce personnage gothique flamboyant, que cet albinos nasillard.
Et puis on s'aperçoit à la fin du tome que le scénario a pris des libertés avec le récit.
S'il n'y avait que ça, sûrement que la lecture permet de s'investir avec plus de fluidité dans les forteresses de perles des rêves, mais là l'image nous ramène à des horreurs cosmiques - et quand on voit à la fin du tome d'autres interprétations, on regrette cette version entre Mathieu Lauffray et Olivier Ledroit.

Annotation :

Allez, on va vers la clôture, tout le monde se prend la main, c'est bon ? On est bons ? Attends, on mettrait pas une trahison aussi, pour faire bon équilibre ?

Annotation :

Une fin pas entièrement décevante, un peu comme celle de Donjon, à l'image de la couverture.
So my watch ends.

Annotation :

Comme "Le Mort détective" de David B. c'est plus qu'une histoire une série de planches poétique que l'esprit du lecteur doit faire parler, doit animer, où de planches en planches on doit combler les ellipses, les plans fantastiques interdimensionnels. Et c'est plaisant.

Annotation :

Crash. Boom. Civilisation. Dévolution.
Désolé mais j'ai déjà vu la planète des singes. Rajoutez un peu d'amour patibulaire. Une résolution pas trop électrisante. Et voilà. On referme le tome frustré d'avoir ces couleurs intéressantes, ces dessins plutôt gracieux au service d'une histoire convenue.

Annotation :

Toute la panoplie du surréalisme en images.

Et autant l'image fonctionne dans les noirs et blancs, autant le "scénario" que tente de reconstituer David B. pour reconstituer la vie de Breton depuis "l'ami imaginaire" que constitue le personnage de roman populaire "Nick Carter" échoue à tenir la promesse de la merveille surréaliste. Le scénario exhibe le cliché tandis que l'image le sublime (le cliché surréaliste encré dans la page).

Annotation :

Ellipse et ellipse. Pourquoi faire des scénarios ? Des flashs noirs suffisent à irradier l'imagination.
A voir le "scénario" de "Nick Carter et André Breton" de David B., je ne lui donnerai finalement pas tout à fait tord.

Annotation :

Oscar Wilde se demandait s'il ne fallait pas créer une religion pour ceux qui ne peuvent pas croire, avec ses non-messes, avec son pain non consacré et tout le reste du néant. Tutti Neanti.
Sans faire un instant référence à Wilde, James Turner ("Rex Libris"), accomplit ce rêve ironique et bien lointainement athéologique : dans le Monde de Nil n'existe (vraiment ?) que de consciences désillusionnées, des âmes cyniques et vaguement désespérées en guerre contre l’horriblement naïve contrée d'Optima à la proverbiale bêtise béate. Cette société gouvernée par une religion du néant parodiquement accomplie, avec ses slogans, son hypocripape, est cependant, au contraire de Wilde, mise au goût postmoderne (littérature et philosophie sont de l'anti-partie) ce qui nous la rend proche malgré le décalage culturel (le postmoderne américain où la French Theory devient diet).

On goûte avec un plaisir pointu cette fable noire et blanche malgré la fin un peu abrupte.

http://presquelune.com/index.php/romans-graphiques/279-nil