Carnet de curiosités : Lectures 2015
« Encore une fois je me laisse aller à faire des étoiles trop grandes. »
— Van Gogh
Carnet 2013 : https://www.senscritique.com/liste/Carnet_de_curiosites_Lectures_2013/166185
Carnet 2014 ...
145 livres
créee il y a presque 10 ans · modifiée il y a 10 moisMon voyage en Amérique (1911)
Sortie : 1911 (France). Récit
livre de Blaise Cendrars
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
Il y aurait de quoi être déçu : on n'y voit pas un seul brin d'Amérique. J'aime bien le lyrisme un peu rococo des premiers Cendrars. Pas pour rien qu'il lit du Huysmans.
« [...] Moi, par nonchalance ; brouter du travail, ruminer de l'argent ; moi, jouer à l'amour, cueillir des aphorismes, un peu de ce rien, qui, poudroiement d'or, fait tout mon être.»
Pierre Soulages, trois lumières
Sortie : 1 octobre 2009 (France). Essai
livre de Jacques Laurans
Nushku a mis 4/10.
Annotation :
-
Isolation (1992)
Quarantine
Sortie : juin 2000 (France). Roman, Science-fiction
livre de Greg Egan
Nushku a mis 5/10.
Annotation :
Où l'on retrouve toutes les marottes de Greg Egan : la physique quantique, l'étendue des infinis possibles, les Mods neurologiques tous plus inutiles les uns que les autres comme aujourd'hui on achète des apps Apple, la question de l'identité.
Et où en toute logique l'on retrouve tous les défauts de Greg Egan : une écriture froide, quasiment métallique, fort peu agréable à lire, une ratiocination à l'excès de la pensée dans une focalisation interne qui rabote et radote les sentiments (souvent mièvres, étonnement) ; Les personnages de Greg Egan sont de façon tout à fait désagréable tous les mêmes : Greg Egan qui se fantasme lui-même en une sorte de super-intello hautain, cynique et froid à baffer de bout en bout. Comme Greg Egan dans ses interviews en somme. A cela s'ajoutent son habituel religion-bashing gratuit, stérile et bas du front ainsi que son amour immodéré pour le mauvais techno-polar.
Si tout ça n'est guère gênant dans ses nouvelles, sur la longueur d'un roman et dans les maladresses de la narration, ça a plus de mal à passer. Il n'y a pas la candeur naïve, un peu hollywoodienne d'un Baxter pour réellement faire ressentir tout le vertige (pourtant vertigineux) de son idée. Une nouvelle trop étirée en un mauvais roman.
Caspar David Friedrich: Moonwatchers (2001)
Sortie : septembre 2001. Essai
livre de Sabine Rewald
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
Petit dossier sur une petite expo du MET en 2001 à l'occasion de l'acquisition du tableau http://bit.ly/1S7kkuY . Ca se trouve ici http://www.metmuseum.org/research/metpublications/Caspar_David_Friedrich_Moonwatchers
The Art of Frozen
Sortie : 3 décembre 2013 (France). Beau livre & artbook, Cinéma & télévision
livre de John Lasseter et Charles Solomon
Nushku a mis 4/10.
Annotation :
On est géniaux hein ? Notre film est génial, mieux qu'un Pixar.
Poésies I et II (1870)
Sortie : 1870 (France). Poésie
livre de Comte de Lautréamont (Isidore Ducasse)
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
Contradiction ou continuation ?
Tout l'œuvre peint de Jérome Bosch (1967)
Sortie : 1967 (France). Essai, Beau livre
livre de Mia Cinotti
Nushku a mis 8/10.
Annotation :
Il faudrait vraiment rééditer et actualiser cette collection qui était peut-être moins glamour mais bien plus exigeante et sérieuse que bon nombre d'ouvrages grand public qui peuvent paraître aujourd'hui.
C'est donc ici une approche scientifique qui ne tombe pas dans le piège de _"l'énigme Bosch"_ mais rappelle la fortune critique avec des vrais bouts d'extraits, ce que l'on trouve de plus en plus rarement puis reprend par le menu, pour chaque toile, panneau et triptyque, les diverses interprétations, datations, attributions des grands historiens de la peinture flamande. Ca peut sembler rébarbatif, moins passionnant qu'imaginer des secrets maçonniques, mais c'est là le réel travail à faire.
Point fort appréciable, Minotti n'hésite jamais à rappeler que la thèse adamite de Wilhelm Fraenger, celle que tout le monde a en tête, n'a que bien peu de base historique.
Ayant près de 50 ans, presque un demi-siècle, le texte est forcément vieilli sur de nombreux points, sa bibliographie est amputée a posteriori et se voit surtout bien trop généreux en attributions : plus d'une soixantaine de tableaux quand on n'en retient à ce jour à peine qu'une grosse vingtaine. A lire donc avec un maximum de distance critique.
Le Huitième Sortilège (1986)
Les Annales du Disque-Monde, tome 2
The Light Fantastic
Sortie : 1993 (France). Roman, Fantasy
livre de Terry Pratchett
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
Vites fatigantes, toutes ces péripéties.
Haut Mal (1943)
suivi de Autres Lancers
Sortie : 1943 (France). Poésie
livre de Michel Leiris
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
C'est là peu ou prou, à quelques exceptions près, quelques raretés sans doute, le gros de la poésie de Leiris.
Son surréalisme est quasi géométrique : on voit bien à la lecture les lignes de forces, de convergence, les champs magnétiques se dessiner en limaille de fer et ce toujours en partance des corps qui deviennent dès lors contrées et mondes à part entière dont il nous faudrait un géographe : pas pour rien que Leiris sera grand voyageur. Et les continents de sa poésies se feront corps de géants. Des paysages avec figures présentes.
On pense forcement aux corps ouverts et habités d'André Masson ( http://bit.ly/1Qk1YHL ), tout particulièrement son minotaure avec un labyrinthe à la place des intestins ( http://bit.ly/1jZtgES ). Pour ma part, j'évoque surtout le "Grand Verre", La Mariée mise à nu par ses célibataires, de Duchamp ( http://bit.ly/223ocSd ) avec ses fausses perspectives, ses fils de plomb tendus et ses longues fissures non-voulues qui s'étoilent.
Puis dans les poèmes d'après-guerre du recueil "Autres Lancers" sa poésie s'épure, se simplifie, donne la part belle du gâteau au vide et devient plus dans ce qui ne me touche pas du tout de la poésie moderne.
« O blancheur inaltérable des auréoles ternies
Corps ravagés Faces flétries
Statues branlantes que minent les moisissures et la pluie
Je n'aime que votre forme dévastée
pareille à tout ce que l'amour fait décroître et blêmit »
La Rage de l'expression (1952)
Sortie : 1952 (France). Poésie
livre de Francis Ponge
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
On me l'avait offert au lycée et je n'avais jamais vraiment réussi à accrocher, le laissant pourrir tout seul à son bout d'étagère Poésie/Gallimard.
Il m'aura fallu, je pense, passer par du Jaccottet ou du Louis-René-des-Forêt pour apprécier la méthode, si ce n'est toujours le résultat, de la poésie ponge : on y en est en effet aux antipodes, dans une vraie recherche du dire et non à se coltiner dans l'abri très très confortable de tropes pouépouétiques flasques.
Déjà l'idée tout à fait plaisante et pourtant si évidente des cahiers, du petit dossier de recherche, de l'enquête (on imagine pêle-mêle les polaroids scotchés, les croquis griffonnés, bouts de citations collés — le scrapbook est à la mode), ou pour respecter sa volonté, de l'expérience scientifique avec sa méthode précise, puis ce vertige qui fait tourner la tête de la variation. C'est aussi fascinant que de regarder une montre ouverte. Et l'on a d'autant plus confiance dans l'heure qu'elle donne.
Les Chants de Maldoror (1869)
Sortie : 1869 (France). Poésie
livre de Comte de Lautréamont (Isidore Ducasse)
Nushku a mis 8/10.
Annotation :
Je ne peux cacher un brin de déception.
C'est ça aussi de l'avoir mis de côté depuis le lycée en se promettant à peu près chaque année d'y revenir, tout en ayant bien conscience qu'à mesure que le temps passait quelque chose se perdait avant même lecture.
Je pensais plonger dans un trou noir, attiré par la gravité sans possibilité d'en sortir, étiré comme un spaghetti jusqu'à la singularité or j'ai bien trop facilement gardé la tête au-dessus de l'eau et parfois même gardé pied.
Monet
« Un oeil... mais, bon Dieu, quel oeil ! »
Sortie : 23 septembre 2010 (France). Essai, Peinture & sculpture
livre de Sylvie Patin
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
Une biographie un peu plate. Etant donné le format de la collection qui empêche le travail minutieux et longuet de remise en contexte et de mise en perspective qui, pour l'Impressionnisme, est indispensable.
Et puis Monet a tendance à vite m'ennuyer l'œil.
Turner, menteur magnifique
Sortie : 10 février 2010 (France). Biographie
livre de Pierre Wat
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
Pierre Wat : il me faudrait reprendre et finir son ouvrage sur le Romantisme.
Turner est de ces peintres dont je ne ressens pas le besoin de m'y replonger régulièrement contrairement à d'autres artistes ou mouvements qui me reviennent en force comme une envie pressante presque chaque année, souvent sous la férule des saisons. J'ai eu ma grosse phase à l'époque de l'expo 'Turner, Whistler, Monet' et voila. Et à dire vrai, même si je l'aime beaucoup, il me lasse assez vite...probablement car devenu, plus encore maintenant que Mucha et Klimt, l'un des peintres les plus représentés sur Internet et l'on ne peut plus faire un pas sur Tumblr ou autre sans voir du Turner à chaque coin d'onglet.
Pas une biographie ni même un parcours tableau par tableau mais une suite d'essais, plus ou moins indépendants, sur certaines facettes, souvent contradictoires, de l'artiste. Comme dans l'ouvrage cité plus haut Wat s'appuie fortement sur les textes théoriques et la pensée esthétique de l'époque plutôt que de coller son nez aux tableaux. Il est mieux (mais pas indispensable) d'avoir déjà en tête les grandes lignes de la vie et dans l'œil la plupart des œuvres du peintre.
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Le texte le plus intéressant est le dernier qui aborde la fortune critique du peintre et de la façon dont on a voulu en faire un chantre absolu de la Modernité, annonçant l'Impressionnisme et même l'abstraction, oubliant alors, gommant même, son profond enracinement dans la tradition et le classique, le circuit officiel, et même le Romantisme.
Worlds & Wonders
Sortie : 28 octobre 2010 (France). Beau livre
livre de Aleksi Briclot
Nushku a mis 4/10.
Annotation :
Je n'ai jamais vraiment aimé le travail d'Aleksi que je trouve paradoxalement (ou non) à la fois kitsch et fadasse. Je préfère à la rigueur un Simonetti ou un Carré.
Peu étonnant alors qu'il travaille pour Magic ou des couvertures Marvel : typiquement la fantasy filandreuse sans imagination mais saturée de détails, d'accessoires et d'effets lumineux. Artbook agaçant quand ses potes de CFSL viennent lui cirer les pompes et faire des private jokes.
La Huitième Couleur (1983)
Les Annales du Disque-Monde, tome 1
The Colour of Magic
Sortie : 1996 (France). Roman, Fantasy
livre de Terry Pratchett
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
Au lycée, j'avais lu Faust/Eric ou Sourcellerie, je ne sais plus. Ca ne m'avait pas grandement marqué ceci-dit si ce n'est avec l'idée d'y revenir un jour ou l'autre.
... Et hop, dès le début on passe par-dessus Bord. C'est peut-être un mirage ou une simple coïncidence mais j'ai eu l'impression de voir le style s'améliorer en direct, accentué sans doute par la structure en histoires indépendantes. Au début, une approche très presbyte qui décrit les parties et jamais le tout, précise des détails dans un grand flou pour un flot continu d'action et d'information foisonnante souvent dur à suivre, abusant de surcroît des petits effets de surprises cul par dessus tête.
Puis, peu à peu les descriptions gagnent en clarté et, sans ce départir de ce goût de la focale, du tourbillon même, en plaisir.
Sans avoir hurlé de rire. Je le trouve bien plus ingénieux quand il s'éloigne de la parodie pure et dure de la fantaisie. (le barbare, les assassins, les dragons)
Lettre sur les aveugles (1749)
à l'usage de ceux qui voient
Sortie : 1749 (France). Essai, Philosophie
livre de Denis Diderot
Nushku a mis 8/10.
Annotation :
N'avais lu qu'un bout (Molineux), il y a belle lurette, en polycopiés.
Le Condamné à mort (1942)
et autres poèmes, suivi de Le Funambule
Sortie : septembre 1942. Poésie
livre de Jean Genet
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
Pas inintéressant de le lire avec encore tout un bout de Fragonard dans le coin de la tête, ça colle souvent à merveille.
Pas du tout aimé le Funambule, long et redondant.
The Art of Finding Nemo (2003)
Sortie : 2003. Beau livre & artbook, Cinéma & télévision
livre de John Lasseter, Andrew Stanton et Mark Cotta Vaz
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
Celui-là est beaucoup plus flagorneur : c'était très, très, dur, un défi technique et artistique même mais grâce à nos efforts conjugués nous pouvons vous présenter notre chef-d'œuvre.
Fragonard
Sortie : 24 septembre 2015 (France). Histoire, Essai, Biographie
livre de Edmond de Goncourt et Jules de Goncourt
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
{ Le texte complet : http://www.freres-goncourt.fr/frago2003/Gonctexte.htm L'édition de la fiche n'ajoute ni avant-propos, ni annexes, ni autre texte... Pas même les tableaux, dessins, gravures évoqués. Du joli ! }
L'exposition en cours au Palais du Luxembourg est de ces expos dispensables. En ça qu'elle ne cherche qu'à perpétuer encore et encore et ce dès son sous-titre l'image d'Epinal, le cliché-figé, du peintre, cette polissonnerie qui fera venir et glousser les gens.
On passe alors très vite sur les peintures mythologiques et religieuses des débuts et l'on tasse, à la fin, quand les gens commencent à en avoir marre, entre deux grandes salles, ses magnifiques dessins de l'Arioste.
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Ce que je préfère chez Frago ce ne sont les froufrous froissés ou les incarnats d'un élève de Boucher, ce sont ses visages, ces têtes enflées et joufflues, baudruches roses toujours illuminées d'un jaune vif, comme des lanternes japonaises, brillant par et pour elle-même, pas besoin des corps alanguis en-dessous, avec deux gouttes de peinture noires parfois fendues en un seul trait pour les yeux. Ca rappelle certains des Goya mondains mais aussi les peintures japonaises médiévales. Pas l'ukioy-e mais les rouleaux de Heian.
The Art of Monsters Inc. (2001)
Sortie : 3 novembre 2015 (France). Beau livre & artbook, Cinéma & télévision
livre de Pete Docter et John Lasseter
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
[je me répète] Exactement ce que j'attends d'un tel "Art de ***" : non pas des images publicitaires — chose très rare, il n'y a pas une seule capture du film — bien léchées mais les ébauches, les étapes préparatoires où l'on sent la gomme brûlée et les bouts scotchés... les premières approches où l'on garde encore le style particulier des artistes. Je suis fier d'avoir immédiatement reconnu en un sketch le style de Nico Marlet qui travaillera plus tard sur 'How to train your Dragon'. Les pastel de Dominique Louis, frenchie sorti des Gobelins, sont à ce titre très très chouettes, douces et chaleureuses ; surtout que je n'ai jamais été convaincu par le film en lui-même trouvant son univers trop froid, fade, aseptisé même et le design de Sullivan raté. (pis la séquence des Portes interminablement pénible.)
On y découvre qu'ils ont longtemps peiné à fixer le ton final et qu'ils partaient, au départ, vers quelque chose de plus organique voire carrément, parfois, de gothique. Vice Versa a connu un peu la même trajectoire (pour là aussi finir dans quelque chose de par trop lissé.)
L'Ensorcelée (1854)
Sortie : 1854 (France). Roman
livre de Jules Barbey d'Aurevilly
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
« J'ai tâché de faire du Shakespeare dans un fossé du Contentin. »
L'art du dessin animé Le Roi Lion
The Art of The Lion King
Sortie : 2 juin 1994 (France). Beau livre, Cinéma & télévision
livre de Christopher Finch
Nushku a mis 6/10.
Assyrian Reliefs and Ivories in The Metropolitan Museum of Art
Palace Reliefs of Assurnasirpal II and Ivory Carvings from Nimrud
Sortie : 1980 (France). Histoire, Beau livre
livre de Vaughn Emerson Crawford, Prudence Harper et Holly Pittman
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
Relecture.
Jean-Baptiste Carpeaux
1827-1875
Sortie : 15 juin 2014 (France). Beau livre
livre de Edouard Papet, James David Draper, Elena Carrara et Collectif
Nushku a mis 8/10.
Annotation :
VOILA ce que devrait être tout catalogue d'exposition. Surtout pas non un simple souvenir, mémento d'un événement passé comme l'on ramène un bibelot de Rome ou de Florence mais un réel ouvrage scientifique voué à durer et à s'inclure, à terme, dans les bibliographies.
On y retrouve bien sûr l'exposition physique mais aussi et surtout de copieux articles de fond. Le tout fait montre d'un souci de précision chronologique, à force lettres et carnets, qui en ferait mourir plus d'un d'ennui, mais il faut bien ça.
En l'occurrence, les œuvres jalons de Carpeaux, le petit pêcheur, Ugolin, la Danse, le triomphe de Flore, ont le droit à de véritables petits dossiers sur leurs genèse, leurs influences antiques (souvent évidentes) et contemporaines (déjà plus obscures) à l'aide des consécutives esquisses, ébauches que l'expo à la muséographie toute repliée sur elle-même, la Danse oblige, ne réussissait guère à mettre en valeur.
Carpeaux était bien plus un modeleur de glaise qu'un sculpteur (ses marbres réalisés par des praticiens) et ce faisant les ébauches en terre cuite ou même les plâtres patinés par ses soins sont souvent les pièces les plus intéressantes.
Numa Roumestan (1881)
Sortie : 1881 (France). Roman
livre de Alphonse Daudet
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
Le style Daudet, Maupassant du sud. Comme ce dernier le terroir et le patois, par-delà de tout pittoresque, ne sont qu'exhausteur de goût, piment d'Espelette.
Comme Guy, cette façon de croquer un paysage, une trogne en coin, une humeur brouillée ou une psychologie en quelques coups de crayons, un peu de sanguine et une larme de gouache blanche et ça prend vie. Et ne retrouve-t-on pas aussi ici et là des accents sucrés, ces petites pointes d'eau de rose de feuilleton ? De la fleur de rose pour mieux cacher le tranchant de l'ironie.
Numa Roumestan n'est pas, malgré cette sonorité, un héros oriental, un chevalier persan sans peur ni reproche partant pourfendre le simurgh, ce n'est qu'un provençal partant à la conquête de Paris avec sa faconde et même ça il nous le fait en deux coups de cuiller à pot. Un Tartarin plus malin. Bon on a déjà lu ça des dizaines de fois, chez Balzac et ailleurs, là n'est pas tant l'intérêt.
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« Bien avant l’aube, les routes qui conduisent à la ville, ces grands chemins déserts d’Arles et d’Avignon où la poussière a l’aspect tranquille d’une tombée de neige, s’agitent au lent grincement des charrettes, aux caquets des poules dans leurs claires-voies, aux abois des chiens galopants, à ce ruissellement d’averse que fait le passage d’un troupeau, avec la longue roulière du berger qui se dresse portée par une houle bondissante. Et les cris des bouviers haletant après leurs bêtes, le son mat des coups de trique sur les flancs rugueux, des silhouettes équestres armées de tridents à taureaux, tout cela s’engouffre à tâtons sous les portails dont les créneaux festonnent le ciel constellé, se répand sur le Cours qui cerne la ville endormie reprenant à cette heure son caractère de vieille cité romaine et sarrasine, aux toits irréguliers, aux pointus moucharabiehs au-dessus d’escaliers ébréchés et branlants. Ce grouillement confus de gens et de bêtes somnolentes s’installe sans bruit entre les troncs argentés des gros platanes, déborde sur la chaussée, jusque dans les cours des maisons, remue des odeurs chaudes de litières, des arômes d’herbes et de fruits mûrs. Puis au réveil, la ville se trouve prise de partout par un marché immense, animé, bruyant, comme si toute la Provence campagnarde, hommes et bestiaux, fruits et semailles, s’était levée, rapprochée dans une inondation nocturne. »
Paris, capitale du XIXème siècle (1935)
Sortie : 1935. Essai
livre de Walter Benjamin
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
Trop court ?
« L’intérieur est l’asile où se réfugie l’art. Le collectionneur se trouve être le véritable occupant de l’intérieur. Il fait son affaire de l’idéalisation des objets. C’est à lui qu’incombe cette tâche sisyphéenne d’ôter aux choses, parce qu’il les possède, leur caractère de marchandise. Mais il ne saurait leur conférer que la valeur qu’elles ont pour l’amateur au lieu de la valeur d’usage. Le collectionneur se plaît à susciter un monde non seulement lointain et défunt mais en même temps meilleur ; un monde où l’homme est aussi peu pourvu à vrai dire de ce dont il a besoin que dans le monde réel, mais où les choses sont libérées de la servitude d’être utiles. »
The Art of Wolfenstein: The New Order (2014)
Sortie : 15 avril 2014. Beau livre, Jeu vidéo
livre de MachineGames et Dave Marshall
Nushku a mis 4/10.
Annotation :
Typiquement l'artbook publicitaire sans grand intérêt qui ne montre que des artwork finis déjà fignolés et les 'models 3D' finaux. En somme, rien que l'on ne voit déjà dans le jeu lui-même. Le rare texte mentionne par exemple que tel robot géant ou tel soldatesla aura été compliqué à créer avec un va et vient constant entre les divers pôles de création sans pourtant rien nous montrer de ces hésitations, de ces impasses pourtant fructueuses, des niveaux ou choses abandonnées ou même de simples croquis préparatoires.
Et ça me rappelle que je trouve que la DA du jeu est bien passée à côté de son sujet.
The Art of Inside Out (2015)
Sortie : 25 juin 2015 (France). Beau livre & artbook, Cinéma & télévision
livre de Pete Docter et Amy Poehler
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
Le film m'ayant déçu dans sa représentation de l'Esprit — Disneyland géant, pailleté et difforme où tout s'écroule et s'écroule et s'épand dans ces interminables scènes de fuite en avant typiquement pixariennes — il est intéressant de voir les premières versions du Mindscape et les ébauches des émotions, plus froides et moins playskool. Un peu trop conceptuelles sans doute, ça sera confiné au passage abstrait. Ainsi que l'antagoniste Depression, gros blob fuligineux : le film semblait partir vers quelque chose de bien plus sombre... Ca manque toutefois de texte pour expliquer, justement, ces changements de direction.
Les Amours jaunes (1873)
Sortie : 1873. Poésie
livre de Tristan Corbière
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
"- Et de longs Corbière, sans tambours ni musique, défilent lentement dans mon âme"
Un poète très proche sur la forme, un peu aussi dans le fond, de Jules Laforgue. Ce dernier sera d'ailleurs et ce bien à propos l'un des premiers et des seuls à reconnaître la poésie de Corbière.
Proches en cela qu'ils partagent tous deux un goût prononcé pour le vers cassé, désarticulé, qu'on luxe comme un épaule, mais également une tangente vers la chanson populaire, la ritournelle sur fond d'orgue de barbarie et dans sa suite logique une utilisation déjà accentuée d'un certains argot, du calembour même, et forcément de l'auto-dérision, dans la ligne brisée d'un Villon.
Ce n'est certainement pas, là non plus, de la poésie des plus agréables toute vernie de saccharine mais au contraire, criblée, cripplée et zébrée d'une ponctuation envahissante faisant de ces vers une longue chute en avant de dominos d'os brinquebalants. Pourtant, ils sont souvent plus mélodieux que les plus appliqués poèmes parnassiens.
Dans le fond, Corbière m'apparaît néanmoins plus cynique que le Laforgue qui aura été beaucoup plus dans la pose fin-de-siècle, aura plus joué de la parodie ouverte et évidente. Et parfois, aussi, avec cette tronche jaunie, maladive et creusée proche du malade Daumal.
Peu aimé 'Gens de Mer' car ni la mer ni ce folklore local ne m'ont jamais fasciné, ça me passe dessus comme sur un galet, et ces pièces s'allongent et se répètent à l'excès.
La Nuit de Gethsémani (1923)
Essai sur la philosophie de Pascal
Sortie : 1923 (France). Essai, Philosophie
livre de Léon Chestov
Nushku a mis 7/10.