Carnet de pensées

Cette liste me servira de carnet de notes, où je pourrais écrire à propos de mes nouveaux visionnages. Plutôt que d'écrire de trop longues critiques, je n'aurais qu'à écrire de petits commentaires sur mes visionnages, si j'ai des choses à dire dessus bien entendu.

Liste de

12 films

créee il y a plus de 8 ans · modifiée il y a 9 mois

Fast & Furious 7
5.4

Fast & Furious 7 (2015)

Furious 7

2 h 17 min. Sortie : 1 avril 2015 (France). Action, Aventure, Policier

Film de James Wan

Swenser a mis 1/10.

Annotation :

J'avais bien aimé F&F5 pour son délire à la Ocean's Eleven, en mode bourrin mais décomplexé. C'était sans prétention, un peu dans l'excès mais pas trop, et les acteurs avaient vraiment l'air de s'amuser. Le sixième film a orienté la franchise vers un côté plus sérieux, avec une volonté de raconter une histoire. Résultat : le sérieux du film et le manque de second degré brisait l'ambiance décomplexée de l'opus précédent, et il n'y a rien de pire qu'un mauvais film qui se prend au sérieux.

F&F7, j'en attendais pas grand chose. La mort de Paul Walker qui a servi d'argument marketing hypocrite n'a pas arrangé les choses. Finalement c'est encore pire. Les scènes d'action sont encore plus n'importe nawak, ça se prend encore plus au sérieux et James Wan est un horrible réalisateur. Ouais, parce que les plans d'une demi-seconde qui s'enchaînent entre deux ralentis et un accéléré, je suis désolé mais ça ne rend pas les scènes d'action plus efficaces, c'est juste insupportable.

Ne parlons pas de la fin, que les scénaristes ont probablement écrite en lendemain de cuite. Parce que l'hommage est tout à fait louable, mais l'intégrer à l'histoire c'était la moindre des choses. Là, ça sort de nulle part, sans la moindre logique, du coup c'est raté.

Bon alors après, c'est tellement mauvais que ça peut se regarder entre potes pour deux bonnes heures de franche marrade. Mais ça reste une jolie daube.

Reste Dwayne Johnson qui casse son plâtre, seul bon moment du film. "Papa a du travail."

Blue Ruin
6.7

Blue Ruin (2013)

1 h 30 min. Sortie : 9 juillet 2014 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Jeremy Saulnier

Swenser a mis 6/10.

Annotation :

Je ne sais pas trop quoi en penser. D'un coté, le film est très intéressant sur plusieurs aspects : son approche très réaliste de la traque et de la violence et de ce que cela engendre, sa façon de critiquer l'absurdité de la culturelle vengeance américaine...

Mais le film parvient malheureusement à être un peu longuet dans ses 1h25 de film, par manque de véritables enjeux. Aucune scène n'est ratée ou mauvaise, mais aucune ne marque vraiment non plus, à part peut-être celle où Dwight feuillette un album photo de la famille de ses futures victimes. Joli moment de questionnement moral.

Heureusement, le film trouve un sens dans son final et livre une réflexion intelligente sur l'engrenage infernal de la vengeance. Jeremy Saulnier aurait pu aller encore plus loin je pense, mais ça reste subtil et cohérent au reste du film, du coup ça reste une petite réussite.

Un exercice de style un peu timide mais qui vaut le détour donc.

The Thing
8

The Thing (1982)

1 h 44 min. Sortie : 3 novembre 1982 (France). Épouvante-Horreur, Science-fiction

Film de John Carpenter

Swenser a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Mon premier Carpenter : ce fut une expérience plutôt étrange. Pendant une bonne partie du film, je me suis demandé si ce que je voyais était à prendre au sérieux ou non, si c'était volontairement nanardesque ou pas. Puis au bout d'un moment, grâce au talent certain de Carpenter pour la mise en scène, je me suis retrouvé immergé dans cette ambiance sombre, oppressante, paranoïaque et si particulière.

Les dialogues, les personnages et le récit sont toujours à côté de la plaque et le film semble l'assumer parfaitement, mais Carpenter impressionne par son talent. Malgré tout l'aspect nanardesque du film, il parvient à le rendre captivant par son cadrage, sa gestion de la lumière et ses décors. Les effets spéciaux en jettent aussi ; plus de trente ans plus tard, les monstres sont toujours bien dégueulasses.

En fait, The Thing est une sorte de nanar d'auteur, une série Z de talent. A revoir.

Agents très spéciaux - Code U.N.C.L.E.
6.5

Agents très spéciaux - Code U.N.C.L.E. (2015)

The Man from U.N.C.L.E.

1 h 56 min. Sortie : 16 septembre 2015 (France). Action, Aventure, Comédie

Film de Guy Ritchie

Swenser a mis 6/10.

Annotation :

N'étant pas fan du cinéma de Ritchie, je n'attendais rien de ce Code Uncle. Et tant mieux pour moi, car ce fut une agréable surprise. C'est peut-être moi qui déconne, mais je trouve que Guy Ritchie s'améliore avec le temps. Si ses multiples délires à base d'histoires de gangsters british ne m'ont pas convaincu, il m'a plutôt étonné dernièrement avec sa version très moderne du détective culte à la pipe. Et ce Code Uncle est dans la même continuité, c'est un divertissement très appréciable et sans prétention.

J'ai souvent trouvé que ses scénarios étaient trop alambiqués pour pas grand-chose, s'éparpillant dans tous les sens un peu inutilement et de manière brouillonne. Ici, le procédé d'écriture utilisé est le même, mais Ritchie s'en sert pour proposer un récit franchement bien fichu et construit avec une certaine inventivité. Et ça, ça fait plaisir à voir.

Quant à la mise en scène, on est bien chez du Ritchie. Même si je persiste à croire que son style est moins pompeux qu'auparavant, le mec nous prouve une fois de plus qu'il est capable du meilleur (la scène d'ouverture, superbe) comme du pire (la course-poursuite finale, horrible). Quand il s'applique, c'est inventif, original et putain de classe. Mais dès qu'il s'essaye aux scènes d'action, c'est une catastrophe. L'action est illisible et sur-découpée, ça zoom dans tous les sens mais ça ne ressemble à rien... c'est dommage puisque que le bougre gâche le potentiel jouissif de certaines scènes. M'enfin bon, l'ensemble du film reste relativement correct dans sa mise en scène, et l'inventivité de certaines scènes fait plaisir à voir.

Code Uncle ne plaira sûrement pas à tout le monde, et les fans de Guy Ritchie le considéreront sûrement comme un film mineur dans la filmo de ce dernier. Et c'est peut-être la raison qui fait que je l'ai trouvé très sympathique, parce que c'est son oeuvre la plus sobre et la moins esthétique, la moins ambitieuse et pourtant la plus plaisante à mes yeux.

Alien - Le 8ème Passager
8.1

Alien - Le 8ème Passager (1979)

Alien

1 h 57 min. Sortie : 12 septembre 1979 (France). Épouvante-Horreur, Science-fiction

Film de Ridley Scott

Swenser a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Un vrai petit bijou que je découvre sur le tard. Une jolie claque.

Le film prend son temps à démarrer mais par les temps qui courent, ça fait plaisir de voir un film qui prends le temps de poser l'ambiance et l'intensité de son scénario. On est loin des jump-scare à gogo et de la surenchère de gore qui infestent les films d'aujourd'hui. Ridley Scott fait dans la subtilité : il nous cache le champs de vision de ses personnages afin d'instaurer un mystère et un doute permanent, jouant avec les nerfs du spectateur. Et puis, nous laisse une longueur d'avance sur ses personnages juste avant que le massacre ne se produise, histoire de bien nous narguer. Et son talent est à son apogée : le mec parvient à capter la terreur dans le regard d'un chat et transforme un dîner convivial en une scène terrifiante à en filer la nausée.

On en vient même à se demander comment ce même type a pu réaliser les médiocres Cartel et Robin des Bois. Parce que là, de la mise en scène à la direction d'acteur, en passant par la maîtrise du rythme et la composition sonore, c'est du génie. Et les effets spéciaux ont encore une longueur d'avance sur tout ce que les productions récentes de Marvel nous montre avec leurs images de synthèses qui seront vieilles d'ici cinq ans.

Comme quoi, quand un maître s'approprie un genre, ça peut donner un putain de grand film, et une claque intemporelle.

Des hommes sans loi
6.9

Des hommes sans loi (2012)

Lawless

1 h 55 min. Sortie : 12 septembre 2012 (France). Drame, Policier, Gangster

Film de John Hillcoat

Swenser a mis 3/10.

Annotation :

J'aime bien les films de gangster, c'est un genre pour lequel j'ai toujours eu un petit faible. J'ai toujours aimé suivre ces hors-la-loi dans leur combat pour obtenir une liberté qui n'est qu'illusoire. Et j'aime bien aussi quand ça se résume à une bonne ambiance et des bonnes vieilles fusillades dans les USA du XXe.

Je pensais vraiment apprécier Lawless en tant que film de gangster moderne, comme un film simple mais prenant et viril. Je voulais vraiment accrocher, savourer et lui mettre un joli 6 ou 7. Je ne lui demandais pas grand-chose mais c'était peut-être déjà trop.

Je me suis retrouvé face à film assez violent mais finalement très propre sur lui et dénué de la moindre tension. C'est assez vide, ça ne raconte rien, le sang pisse de partout mais c'est à peu prêt tout. La narration n'a aucun rythme, la réalisation est trop sobre et impersonnelle pour captiver, et même la bande-son est plate, froide, ne parvenant jamais à faire ressortir la moindre émotion.

Non seulement John Hillcoat est loin de la subtilité et de la poésie de son The Road, mais ça manque de classe, de tension, de romantisme et de rêve. Public Enemies m'avait satisfait sur ce point-là, c'était très hollywoodien mais visuellement superbe, avec des fusillades de dingue et des scènes mythiques. Là, ça manque d'un peu de tout, c'est ni fait ni à faire.

Bref, je me suis quand même fait un peu chier et j'avais hâte que ça se termine. Grosse déception.

Mean Streets
7.1

Mean Streets (1973)

1 h 52 min. Sortie : 12 mai 1976 (France). Policier, Drame

Film de Martin Scorsese

Swenser a mis 8/10.

Annotation :

Avant de nous offrir de grands films sur de grands caïds, Scorsese faisait déjà ses preuves avec ce Mean Streets en nous narrant les errances de petits malfrats dans la jungle new-yorkaise.

Mean Streets est un film mineur de sa carrière, mais comporte tous les ingrédients principaux qui feront plus tard la réussite de sa filmographie : violence crue et frontale, critique de l'hypocrisie religieuse, démystification du stéréotype du gangster fantasmagorique et charismatique, bande-son exaltante (vive les Stones !), et une mise en scène inventive et réfléchie, tout en maîtrise.

Les premiers pas d'un maître en route pour son apogée.

Ant-Man
5.9

Ant-Man (2015)

1 h 57 min. Sortie : 14 juillet 2015 (France). Action, Aventure, Comédie

Film de Peyton Reed

Swenser a mis 4/10.

Annotation :

Ben moi, je l'ai trouvé sympa cet Ant-Man.

Pourtant, Marvel et moi, on est loin d'être potes. Et j'en ai un peu ma claque d'ailleurs, de voir le succès phénoménal des productions de ce studio qui nous recycle les mêmes daubes trois fois par an. M'enfin bon, ça, c'était pour la parenthèse subjective.
D'ailleurs, Ant-Man n'invente rien au genre. C'est du recyclage Marvel dans toute sa splendeur.

Cependant, j'ai trouvé qu'il se démarquait dans son rythme et son dosage de l'action. Le film prends le temps de démarrer, et même si on connaît la suite par coeur, il y avait quand même une ou deux surprises agréables. J'ai notamment beaucoup aimé la façon dont le personnage de Paul Rudd devient Ant-Man, non pas par un quelconque accident scientifique ou une vocation héroïque, mais parce qu'on s'est servi de son vice pour le manipuler. Pour une fois qu'on ne se tape pas un intello réservé qui va s'affirmer socialement par ses superpouvoirs, ça fait plaisir.

Ensuite, le jeu des tailles est franchement sympathique, quoiqu'assez inexploité et c'est là le défaut du film. Mise à part 2/3 séquences assez réussies, le réal ne va pas assez loin dans le délire et c'est un peu ça le gros défaut du film. Cela dit, Peyton Reed a eu la sagesse de ne pas céder à la mode des décors en CGI dégueulasses et des explosions non-stop, et rien que pour ça je trouve le film respectable. Au moins, si le film ne propose rien de nouveau, on n'est jamais dans la surenchère et visuellement, ça reste correct. Parce que les interminables bastons numériques d'Avengers et cie, non merci.

Bon après, le film n'évite pas les poncifs du genre. On a toujours le droit à l'amourette prévisible, au méchant avide de pouvoir qui s'en prends à la famille du héros, au happy-end formaté, etc...

Mais franchement, je ne m'attendais à rien et j'ai eu le droit à un blockbuster plaisant, à l'ambiance joyeusement cool et sans prise de tête. Et puis, je peux comprendre le Paul Rudd-bashing, parce qu'entre nous c'est pas un grand talent, mais je l'aime bien. Il n'a peut-être pas le charisme d'un Robert Downey Jr, mais il a une gueule sympa et sa prestation est convenable. Je ne sais pas si c'est dû à ma fatigue ou ma bonne humeur du soir, mais ça m'a suffit.

Avé, César !
6

Avé, César ! (2016)

Hail, Caesar!

1 h 46 min. Sortie : 17 février 2016 (France). Comédie

Film de Ethan Coen et Joel Coen

Swenser a mis 5/10.

Annotation :

De tout ce que j'ai vu de leur filmo, c'est ma première déception pour un Coen.

On pouvait déjà le voir dans le trailer, mais le film possède un grand nombre de scènes variées et colorées, joyeuses et musicales. Tout s'enchaîne très vite. Trop vite. C'est un peu le défaut du film, qui mise tout sur la variété de ses séquences et son rythme endiablé, sans jamais prendre le temps de se poser et de se développer comme les frères savent si bien le faire. Au final, tout reste surfait, survolé et anecdotique.

Le meilleur exemple pour illustrer l'échec du film reste sa grande galerie de personnages. Le casting est génial, des principaux aux seconds rôles, et toutes les prestations sont superbes en soi. Le soucis, c'est que la plupart des personnages (y compris ceux de la tête d'affiche) apparaissent et puis s'en vont presque aussi instantanément. C'est quand même dingue d'avoir un casting aussi cool en le sous-exploitant autant. Du coup, on a plus l'impression d'assister à un festival de caméos qu'à un vrai film avec une véritable galerie de personnages.

Pour le reste, il y a plein de choses sympas, au niveau de la reconstruction de l'âge d'or d'Hollywood (avec l'actor-studio, la star-system, etc), des mises en abyme en veux-tu en voilà, l'opposition des idéologies capitalistes et communistes, et un Alden Ehrenreich excellent en acteur bouffon habité par son rôle. La réalisation est très réussie, avec plein de bonnes idées de cadrage et de mise en scène.

Du coup, il y a quand même des scènes qui fonctionnent vraiment bien. Mais ce qu'il manque au film, c'est un fil conducteur, ou plus précisément quelque chose à raconter. Hail Caesar nous montre plein de choses en 1h45, mais ne raconte finalement rien, c'est un peu triste. Tout paraît superficiel et assez bâclé dans son ensemble, on a l'impression de regarder un film à sketch sans cohérence, qui ne sait pas vraiment où il se dirige mais qui s'en fiche.

Du coup, c'est un petit 5. J'ai hésité à poser un 4 mais un revisionnage s'impose. En attendant, je vais rester généreux. Mais dans le fond, j'ai l'impression qu'on s'est un peu moqué de moi. Hail Caesar est une gentille arnaque, à l'image de Jonah Hill en tête d'affiche qui fait une apparition d'une minute avec deux répliques à l'écran.

Les Nouveaux Héros
6.9

Les Nouveaux Héros (2014)

Big Hero 6

1 h 42 min. Sortie : 11 février 2015 (France). Animation, Action, Aventure

Long-métrage d'animation de Chris Williams et Don Hall

Swenser a mis 5/10.

Annotation :

Le film se divise clairement en deux parties distinctes. J'ai beaucoup aimé la première, très colorée et vraiment jolie, qui parvenait à fonctionner complètement sans proposer quelque chose de véritablement innovant. L'humour était sympathique, et j'ai trouvé chouette que le film propose des moments assez calmes et intimistes sans trop tomber dans les niaiseries habituelles.

C'est dommage, mais à partir du moment où le délire des super-héros commence, j'ai commencé à me désintéresser progressivement jusqu'à éprouver un certain ennui. La bataille finale typique et prévisible au possible a fini de m'achever. Je ne pensais pas que le film tomberait dans l'énorme piège de la mode actuelle qui consiste à tout faire péter dans le grand final, sans inventivité aucune mais par une débauche d'effets spéciaux desservant une structure archétypale.

Y'a quand même une scène esthétiquement superbe en plein trip spatio-temporel qui a sauvé tout ce dernier acte un peu naze, et même si encore une fois, la scène en elle-même était prévisible à des kilomètres et inévitablement tire-larmes, c'était tout de même plaisant à regarder.

Bon je vais passer sur la bien-pensance horripilante du film parce que ça reste un film d'animation pour enfants et que de ce côté-là, je ne m'attendais à rien, on est bien chez Disney.

Enfin voilà, c'était loin d'être désagréable, voir même très chouette au début puis un peu chiant ensuite. Le plus désolant, c'est que la deuxième partie du film est la belle illustration du manque d'inventivité qui touche l'entertainment hollywoodien d'aujourd'hui. A défaut de faire voyager le spectateur jusqu'au bout ou d'essayer de raconter une histoire un tant soit peu originale, on se contente juste de remplir le cahier des charges. Et du coup, on se retrouve avec 50 fois le même film par an. Bel esprit créatif.

Funny Games
7.5

Funny Games (1997)

1 h 48 min. Sortie : 14 janvier 1998 (France). Drame, Thriller

Film de Michael Haneke

Swenser a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Funny Games est un film à part. L'affiche trompe son spectateur en l'incitant directement à prendre part au voyeurisme contemporain de la violence gratuite et banalisée. Mais Haneke est un malin : de tout son film, d'une violence psychologique incroyable, seulement une seule scène de violence physique nous sera montré.

Cela n'empêche pas le film d'être vraiment très dérangeant. Passé les dix premières minutes, le malaise commence et ne fera que s'amplifier jusqu'au dernier plan, inoubliable. La tension monte peu à peu, tandis qu'Haneke joue avec nos nerfs avec sadisme et cruauté. La violence physique et gratuite est totalement absente du film, et jamais le réalisateur ne cède au voyeurisme que prônait cette affiche volontairement mensongère.

Au contraire, toute la tension naît de la lenteur des plans et des situations, du calme des dialogues, mais aussi du savoir-faire dans la mise en scène. De nombreuses scènes sont filmées d'un seul plan fixe, avec la caméra posée dans un coin qui laisse les acteurs faire naître la tension. Ce procédé est aussi simple qu'habile, nous faisant prendre conscience de notre statut de spectateur et ainsi de notre impuissance face au petit jeu de massacre qui se déroule sous nos yeux. Il y a d'ailleurs un superbe plan-séquence fixe vers le milieu du film, d'abord lent et silencieux, puis déchiré par l'explosion émotionnelle des personnages.

Pour le reste, la réalisation sert le propos du film. En jouant subtilement avec le hors-champ ou en s'amusant à faire briser le quatrième mur par les psychopathes du film, Haneke dresse une réflexion intelligente sur notre rapport à la violence et sur la banalisation de cette dernière.

Haneke démontre avec brio qu'il n'y a pas besoin de tout montrer au spectateur pour le perturber, à l'heure où la plupart des productions actuelles banalisent la violence graphique et explicite à force de vouloir choquer son public. Si la violence du film est bien présente, elle n'est pas visible à l'écran. Haneke se concentre sur le caractère humain de ses personnages et s'amuse avec les attentes du spectateur pour mieux le surprendre. Et ça fonctionne à merveille.

Vers la fin du film, on n'attend qu'une chose : que ça s'arrête enfin, peu importe comment, afin de respirer un peu. Le dernier plan traumatisant ôte complètement cet espoir au spectateur. A la fin, le répit n'est pas total, et l'empreinte du film demeure indélébile.

Joli coup de maître.

A Most Violent Year
6.8

A Most Violent Year (2014)

2 h 05 min. Sortie : 31 décembre 2014 (France). Drame, Film noir, Gangster

Film de J.C. Chandor

Swenser a mis 8/10.

Annotation :

A travers l'histoire d'un immigré déterminé à accomplir son propre rêve américain, J.C. Chandor illustre subtilement les travers et les paradoxes de la terre promise. Le contexte historique sert à la fois l'ambiance, rendue totalement envoûtante par la photographie léchée et un sens du cadrage remarquable, et le propos.

On y observe tous ces personnages, désespérés ou corrompus, succombant lentement mais sûrement vers la tentation de la facilité par le crime. Alors, l'horizon new-yorkais, meurtri par l'apogée du crime, n'est qu'un prétexte à la triste conclusion de ce film : accomplir le rêve américain semble impossible sans se salir les mains.

Le propos a été mis en scène par des dizaines et des dizaines d'oeuvres, mais Chandor le fait merveilleusement bien. Sa mise est scène est superbe, posée sans être poseuse, élégante et pleine de sens. Chaque plan est un vrai régal visuel, et rend le film d'autant plus captivant.

Et A Most Violent Year, c'est ça je crois : un film simple en soi mais d'une maîtrise virtuose. Un beau moment de cinéma.

Swenser

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