Estrange Fêtival MMXVI

Annotation :

Je ne connaissais pas Sono Sion avant cette séance, mais j'ai l'impression que cet artiste construit son œuvre autour de l'élaboration d'une palette d'outils servant à cultiver la confusion, et ainsi amener le spectateur à laisser évoluer son point de vue.

Confusion sensorielle via les couleurs agressives, les lumières crues, les décors jouant avec notre repérage dans l'espace. Confusion narrative avec la chronologie chamboulée mêlant réalité et fiction, qui comme le précédent point rappelle Lynch à ses grandes heures d'Inland Empire. Confusion morale grâce à quelques éléments un peu tape-à-l'oeil comme la transgression des codes sexuels, l'inversion de rôle dans la soumission et la banalisation du tragique. Confusion du message en enchaînant un discours de vacuité, une biographie sensible et des questions sociales vaguement abordées puis oubliées.

Peut-être que j'ai tout compris de travers, mais ça me convient bien comme ça.

Annotation :

Peu de choses m'impressionnent comme la créativité de Jodo. Cet homme a la générosité de nous dévoiler un pan de sa vie en y adjoignant un aperçu de son mysticisme et un éloge sincère de l'âme d'artiste, la lucidité pour broder tout ça de manière cohérente, l'honnêteté d'assumer le prisme de son propre regard dessus et la bienveillance de l'orner d'une myriade d'images et de sons savoureux.

Annotation :

Même si on est dans la comédie horrifique gentiment débile, on ne peut jamais vraiment dire que Frank tombe dans la facilité (le gore, typiquement).

L'aspect du film que je préfère reste le personnage éponyme, dont la gueule, l'animation et les dialogues (solidement doublés) sont pensés pour produire une bête monstrueuse céphalophage...sarcastique. Cette façon de se dandiner en trollant le héros est juste délicieuse.

Annotation :

Parfois visionnaire, parfois amusante, toujours intéressante, l'analyse symbolique du Magicien d'Oz par ce brave Alejandro permet à la fois d'étoffer notre compréhension du film et d'éclairer la construction en images de l'ésotérisme à la Jodorowsky.

J'ai juste les boules que ça puisse être la dernière.

Annotation :

Déjà, l'action dans le film est plutôt solide ; Yue Song réussit effectivement à incorporer des chorégraphies de classiques d'art martiaux de Hong Kong, des bonds physiquement
improbables façon Tigre et Dragon et le free fight crado caractéristique du "nouveau" cinéma de baston à la Ong Bak / The Raid.

Le montage outrancier à la Minéo qui inclut une douzaine de time-lapse météo, pourquoi pas.

Mais du coup, c'est frustrant de subir la débilité du scénario et la naïveté nanardesque semi-assumée de certaines scènes - quiconque n'a pas ri devant le montage de la plage est probablement en état de mort cérébrale.

Annotation :

Les concepts de mouvement, d'évolution, de confusion et de spectacle sont transcrits en images superposées hallucinantes, et mes neurones fondent. Si je réessaye en pleine forme j'arriverai peut-être à me concentrer 8 minutes consécutives devant.

Annotation :

Pour l'esprit général, mes remarques rejoindraient pas mal celles au sujet de Brain Damage ; ici, pas de bestiole narquoise, mais des éliminations de personnages stupidement funs, et une perspective intéressante sur le fait que tous les macabres développements punissent le voeu macho d'améliorer une femme sur des standards sexistes répugnants. Je ne surinterprète pas, c'est Frankie qui me l'a dit.

Annotation :

J'y vois là le fébrile et le viscéral de Cronenberg, la dénaturation de l'humain entre les murs d'un huis clos de Polanski, l'inconciliabilité du mal de Giono, et la signification politique obscure de...plusieurs réalisateurs européens auxquels je ne comprends pas grand chose.

Ma culture est sûrement limitée pour apprécier cette perle, mais ça ne m'empêche pas de kiffer.

Seule me retient cette impression d'aller-retours, les personnages ayant une légère propension à boucler dans leurs déplacements et dans leur propos, pour parfois montrer littéralement ce qu'on a subtilement symbolisé plus tôt.

Et le prochain qui me dit que le meilleur rôle d'Adjani est dans La Journée de la Jupe se prend un coup de tentacule.

Annotation :

Si le film atteste du dévouement appréciable de Daniel Bird et offre quelques clés de lecture qui me manquaient pour Possession (notamment des perspectives politiques là où je ne les voyais que morales), sa construction est à la fois un peu plate et désordonnée. On mêle explications sur le film, contexte historique, anecdotes de tournage pas toujours excitantes, détails techniques et autre, sans savoir donner vie au projet par la forme du docu.

Bon, je suis un peu un salaud de capitaliste dans la mesure où ce que je reproche à Daniel Bird est sûrement en bonne partie la conséquence de son budget extrêmement limité. Si je le croise au festival, je lui ferai un câlin pour me rattraper.

Annotation :

Un documentaire intimiste et fort bien monté qui lève le voile sur un artiste au travail peu commun. Le film de Vincent Guilbert nous fait connaître une facette de l'homme plus personnelle que ce à quoi ses fans peuvent être habitués, non sans préserver le fun bazardeur qu'il est capable de convoquer.

En revanche, un profane comme moi regrettera le fait que connaître le nom Jean-Louis Costes semble être un prérequis au visionnage du docu. Bon, je vous l'accorde, il serait probablement fort difficile de résumer en intro du film tout ce que fait le foutraque bonhomme.

Annotation :

Un peu moins habile que Jolie Chanson dans la forme mais au contenu tout aussi intéressant, Musique Brute est une ode tranquille à la liberté de créer dont tout un chacun peut se défendre.

Ici, aucune dramatisation dans la sensibilisation au handicap de ces jeunes, aucune glorification abusive de leur potentiel, et les protagonistes ne se voient pas attribuer un rôle de sauveur qui m'aurait agacé. On présente les handicapés tels qu'ils sont : des artistes en herbe s'amusant avec de drôles de machines pour faire une drôle de musique.

Le docu trouve un atout majeur en attestant des différentes façons dont les acteurs du projet considèrent celui-ci : expérience para-musicale, programme d'intérêt médical, ou juste un bon moyen d'occuper les gaillards.

Annotation :

Cf activité SC.

Mon commentaire tient pas, j'en ferai une critique.

Annotation :

J'ai peu à dire là-dessus. Un slasher de type psychopathe est attrayant s'il instaure une ambiance de stress panique ou si le tueur en question offre un profil psychologique intéressant. Il y a sans doute d'autres catégories, mais vous saisissez l'idée.

Psycho Raman échappe à ces deux cas, et les cache misère sont nombreux : visuels tape à l'oeil, origine du mal présentée à l'arrache via la première victime, conversion douteuse de l'(anti-)héros, position perpetuellement bâtarde de joke/no joke dans laquelle on se moque des persos juste après les avoir construits en badass inquiétants.

Le film n'est pas dénué d'idées ni d'instants funs, mais sur un projet de base que je trouve cheap ça ne change pas la donne.

Annotation :

Il y a du mythe et de la sociologie, du conte et du drame familial, du burlesque et du tragique quotidiens, de l'érotique et du repoussant, du bleu, du rouge vif, du vert pétant, de l'ocre et du grisâtre ; pour quiconque est allé au Japon, ça traduit bien l'impression qu'on y a d'être submergé par mille aspects de sa culture bidirectionnelle et éloignée du terrain connu occidental.