Federico Fellini | Reminiscences d'un voyage en Émilie

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[ Vu le 31/07/16. ]

Je me rends compte grâce à des visionnages comme celui-ci de l'importance de l'humeur sur l'appréciation d'une oeuvre. Aujourd'hui en l’occurrence j'étais crevé, pas concentré du tout (sur mon téléphone à attendre un message toutes les 10 minutes), et donc peu attentif, et du coup forcément je me suis profondément ennuyé, alors que peut-être qu'un soir de grande forme j'aurais passé un plutôt bon moment.
Reste que Fellini fascine par sa façon si particulière de dépeindre "sa" ville et ses concitoyens, fantasques, légers, décalés, sinon ce "Cheik blanc" m'a plutôt laissé de marbre. Mais pour une première vraie réalisation je pardonne, surtout quand on fait "La Dolce Vita" par la suite...

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[ Vu le 29/07/16. ]

'I Vitelloni" est la superbe photographie d'une certaine jeunesse italienne des années 50 en perdition, oisive, un brin désœuvrée, le portrait de 5 grands enfants (volontairement) très caricaturaux, le tombeur, l'écrivain en devenir, le chanteur, Moraldo le mystérieux - et probablement l'alter ego du réalisateur - qui cherchent un sens à leur existence dans une petite bourgade maritime. Touchant, drôle, filmé avec virtuosité (j'ai rarement vu des scènes de liesse collective et de fête mise en boîte avec autant de maîtrise, c'était aussi le cas dans 'La Dolce Vita' et c'est quelque chose qui me plaît particulièrement chez Fellini), il est aisé d'envisager la part autobiographique du récit des 'Vitelloni', tant les péripéties de ces jeunes paraissent naturelles.

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[ Vu le 05/08/16. ]

Une nouvelle histoire magnifique de Fellini qui était décidément un conteur remarquable. Embarquée contre son gré dans une vie de bohème itinérante, la jeune Gelsomina, un peu légère, un peu naïve, va au fil de ses pérégrinations diverses et au contact du saltimbanque Zampano, un rustre qui lui mène la vie dure, apprendre de la vie et remettre en perspective son existence dans la douleur et la tristesse. Jonction entre le néo-réalisme classique et les futures frasques du fantasque réalisateur Italien, 'La Strada' m'a ému profondément, principalement grâce à la prestation tout en nuance de l'actrice principale, Giulietta Masina, un bout de femme qui mine de rien aura marqué le cinéma de sa petite empreinte. Et que dire de la musique de Nino Rota, une fois de plus bouleversante...

https://www.youtube.com/watch?v=XtD1PVkY-pg

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[ Vu le 12/08/16. ]

Fellini en plus de proposer une nouvelle satire de cette société italienne d'après-guerre en déliquescence qui tente de se reconstruire comme elle le peut, prolonge ici ce qu'il avait entrepris avec 'Les Vitelloni' et qu'il poursuivra 5 ans plus tard avec son étincelante 'Dolce vita': montrer combien il est compliqué de faire marche arrière quand on a choisi d'emprunter un chemin de débauche. Il met donc en scène à nouveau des personnages misérables et oisifs (réunissant des têtes connues de ses longs-métrage précédents comme Richard Basehart ou le génial Franco Fabrizi, Giulietta Masina qui m'avait déjà fait chavirer dans 'La strada', ou encore Broderick Crawford qui semble avoir été taillé physiquement pour ce rôle de vieux briscard sans foi ni loi) qui vivent d'escroqueries au jour le jour, et il n'hésite pas à les filmer avec mépris, sans une once de sympathie pour eux. Le final en témoigne d'ailleurs, à l'image de 'La dolce vita' et de son ange tombé du ciel Valeria Ciangottini, Augusto ne réussira pas à tourner la page malgré la main symbolique tendue par la jeune paralytique, une finalité pessimiste pour l'être humain s'il en est...

Mais 'Il bidone" est surtout un grand film bien qu'imparfait, doté de nombreux moments de bravoure profondément Fellinien comme les saynètes de nuit dans une Rome déserte, ou encore l'époustouflante fête du nouvel an chez Rinaldo, un nouvel exemple du talent avec lequel le réalisateur italien captait la ferveur et les scènes d'orgie collective (une chose qui m'avait déjà marqué dans 'Les vitelloni' et a fortiori dans 'La dolce vita'... )

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[ Vu le 31/08/16. ]

On sent dans 'Les nuits de Cabiria' une volonté pour Federico Fellini de se détacher toujours un peu plus du néo-réalisme italien pour se plonger dans un univers qui lui est propre, univers qu'il affirmera définitivement avec les deux chefs d'oeuvre fantasques et intemporels que sont 'La Dolce Vita' et 'Huit et demi', on y retrouve alors ce soucis de briser la narration conventionnelle, et ce goût pour les morceaux d'onirisme et de magie qu'il incorpore dans son cinéma, tout comme les scènes de fête et de regroupement populaire dont il est le plus grand faiseur assurément. C'est une fois de plus une belle réussite, mon préféré de sa période pré-Dolce Vita, car on y sent un amour transi du réalisateur pour sa femme, Giulietta Masina, qu'il filme avec une infinie tendresse. Quant à elle, elle est merveilleuse comme d'habitude, teigneuse et sauvage mais cachant sous sa carapace un attendrissant besoin compulsif d'être aimée, elle qui a tant souffert d'une vie de débauche et de pauvreté qui s'est imposée à elle... 'Le Notti di Cabiria', au-delà d'être un nouveau coup d'éclat dans la filmographie du Maestro, est l'occasion d'une nouvelle collaboration entre Fellini et Nino Rota, qui nous gratifie une fois de plus d'une bande-son impeccable, en osmose constante avec l'oeuvre qu'elle vient mettre en valeur, du grand art dont je ne me lasse pas d'en repasser les morceaux !

https://www.youtube.com/watch?v=HjWDcn8uomg

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[ Vu le 22/07/16. ]

Mon Dieu que c'est beau... Je sais pas si c'est le fait que je l'ai regardé en blu-ray, ou si j'étais d'humeur impressionnable ce soir, mais bon sang j'ai pris une immense claque visuelle. j'aurais pu faire pause à chaque seconde du film quasiment et contempler des plans tous plus sublimes les uns que les autres. Cette composition picturale baroque sublimée par un noir et blanc divinement contrasté, ce sens absolu du cadrage, cette mise en scène virtuose... En prime j'ai pas vu le temps passer. La classe à l'italienne tout simplement ! Fellini vient de faire un bond magistral dans la liste de mes plus grosses attentes cinématographiques. (Et j'ai Huit et demi en blu-ray également !)

Et puis merde, Mastroianni (immense à un point que je ne soupçonnais pas), La musique de Nino Rota, la petite Valeria Ciangottini du haut de ses 15 ans, la magnifique Anita Ekberg... Chef d'oeuvre !

https://www.youtube.com/watch?v=Bd78aT7-RXU&feature=youtu.be

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[ Vu le 11/09/16. ]

Premier segment de l'omnibus italien 'Boccacio '70' réunissant 3 (4 dans la version italienne) grands noms du cinéma italien, Federico Fellini, Vittorio de Sica et Luchino Visconti, un projet ayant pour but par le biais de moyen-métrages d'aborder sous différents angles les mœurs sexuelles et amoureuses de l'époque, à la manière de l'écrivain Giovanni Boccacio. 'La tentation du docteur Antonio' est donc la contribution de Fellini à ce projet, et aucun doute la patte du Maestro est parfaitement identifiable, puisqu'il choisit comme à son habitude la voie de la fantaisie et même du surréalisme pour traiter son sujet. C'est une franche réussite, une escalade dans l'onirisme hilarante et même je dois le dire un peu effrayante parfois, qui ne manque pas de dresser une critique acerbe de la société puritaine de l'époque et d'envoyer une charge bien sentie contre la bien-pensance. Jouissif, fantasque et, comble du bonheur, cinématographiquement inspiré (on retrouve les habituelles scènes de liesse populaire dont il a le secret, et même certains plans larges à l'épure visuelle qui évoquent un peu 'Huit et demi'), du grand Fellini en somme, qui préfigure admirablement ses œuvres baroques futures ('Roma', 'Satyricon'...).

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[ Vu le 18/08/16. ]

Il y a bien peu de choses à dire sur 'Huit et demi' qui n'aient été déjà bien mieux dites ailleurs, et j'ai moi-même peu envie d'étaler des lignes et des lignes de banalités consensuelles sur un chef d'oeuvre de cette trempe (je suis au moins honnête à défaut d'être original), tout ce que je peux dire c'est que c'est une merveille onirique et fantaisiste à voir et à revoir le plus possible, la catharsis brillante du cinéma en tant que métier et en tant qu'art, le chef d'oeuvre absolu de Federico Fellini pour ce que j'en ai vu et Dieu sait que ses autres œuvres sont pourtant grandioses...

https://www.youtube.com/watch?v=_nJ2shjepHA

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[ Vu le 22/09/16. ]

Inégal dans bien des aspects et pourtant impossible de ne pas y déceler les habituelles qualités de son génialissime auteur. Les décors, les costumes, la mise en scène, tout est somptueux (oserai-je mentionner une énième fois les scènes de fête fantastiques chez Fellini ?), l'histoire quant à elle est tortueuse mais assez limpide finalement pour peu que l'on s'y intéresse un minimum, Giulietta Masina est une fois de plus très attachante dans un rôle de femme bafouée auquel elle est assez coutumière maintenant (Après 'Cabiria' et 'La Strada'), Sandra Milo et sa poitrine généreuse envoûte et fascine dans son rôle de tentatrice décomplexée... C'est toutefois un film d'un nombriliste sans nom, on sent que le réalisateur est dans une démarche artistique très personnelle et n'a aucune intention d'impliquer le spectateur. On commence à voir aussi les prémices d'un cinéma plus tourné vers une modernité du récit et de la narration au détriment d'un story-telling plus classique, tout ça rend le film intéressant à replacer dans le contexte de la filmographie du maestro, et intéressant tout court en tant qu'oeuvre de cinéma.

Le film finit sur une séquence étonnamment glauque mais finalement à l'image du film dans son intégralité, un delirium oscillant entre le rêve et le cauchemar et une belle analyse du couple et de la psyché féminine, tout ça à la manière de Fellini bien sur, déviante, fantasque et délurée.

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[ Vu le 08/10/16. ]

'Satyricon' est, dans le prolongement de 'Juliette des esprits' par lequel il l'avait amorcé, l'avènement de la seconde partie de carrière de Federico Fellini, dans laquelle il abandonne définitivement toute rigueur narrative pour se plonger corps et âme dans une forme d'art cinématographique abstraite, privilégiant la puissance visuelle à celle d'un récit linéairement raconté. En résulte une oeuvre somptueuse (probablement l'un des plus beaux films de Fellini en terme de composition des plans pure, même si pour moi La Dolce Vita fut un choc esthétique que jamais rien d'autre ne dépassera je suppose), un concentré de décadence et de tableaux infernaux et malsains pour une répresentation de la Rome antique et de ses orgies (né)fastes aussi terrifiante que fascinante. Le terme "baroque" est souvent utilisé à tort et à travers, notamment pour qualifier le travail de Fellini, mais en l'occurence c'est l'adjectif qui convient le mieux à son 'Satyricon', véritable délire visuel et labirynthe narratif qui en laissera beaucoup sur le carreau, car c'est un film étrange qui va au bout de son idée, quitte à diviser.

Ai-je mentionné la bande-son magnifique de Nino Rota ? Envoûtante, folklorique, inspirée des traditions antiques d'un peu partout, elle contribue énormément à l'atmosphère fantastique et apocalyptique du film...

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[ Vu le 22/01/17. ]

Touchante démarche de Fellini qui a travers ce pseudo documentaire transmet sa amour d'enfance pour le monde du cirque et retrace l'histoire du Clown par le biais de diverses interviews d'illustres personnages de la profession. Ingénieux et sincère tout en gardant l'âme d'artiste baroque de son réalisateur, 'I clowns' est un beau morceau de la filmographie de Federico Fellini (qui apparaît directement à l'écran en tant que personnage de son film), une oeuvre qui transpire la déference et la passion envers un univers profondément marginal et magique.

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[ Vu le 25/01/17. ]

On s'enfonce avec 'Roma' dans les souvenirs et songes du cinéaste, dans cette représentation fantasmée et imagée de la ville éternelle qui lui donna tout et à laquelle il dédia sa vie entière jusqu'à sa mort.
Cette succession de tableaux épisodiques dépeignant des ambiances de la ville bien précises, cette absence de structure narrative, cette effusion de gens, de vie, ces décors fabuleux et séquences surréalistes, on est plus que jamais plongé dans l'exercice de style total et 'Roma' en ce sens est un peu l'aboutissement des travaux de Fellini en matière de construction cinématographique (on retrouve notamment cet aspect semi-documentaire qui faisait déjà le corps de 'I Clowns' son film précédent). Ce qui fait toute la réussite de 'Roma' au fond, c'est la façon dont Fellini a su capter avec un réalisme enchanteur l'essence de la ville de Rome, si chaleureuse et pleine de vie, une ville hors du commun (et pour y être allé deux fois, un endroit fabuleux).
J'ai adoré.

Que dire, pour ne citer qu'elle, de la séquence du défilé ecclésiastique d'une beauté à couper le souffle, sommet fellinien par excellence qui associe virtuosité plastique et ce cynisme qui traversera de manière récurrente sa prolifique carrière...

https://www.youtube.com/watch?v=W3nVt2MBVBs

https://www.youtube.com/watch?v=b1ZBfHwYVoA

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[ Vu le 09/07/17. ]

Un an après 'Roma' avec lequel Fellini s'est adonné à un exercice de style virtuose mêlant souvenirs, reconstitutions et captation fantasmée de Rome dans un tourbillon de couleurs et de sons à la plastique divine, 'Amarcord' (je me souviens) est une plongée plus intime que jamais dans la mémoire et l'enfance du cinéaste, un essai autobiographique qui n'est pas sans rappeler 'Le Miroir' de Tarkovski en terme d'intention. Là où 'Amarcord' marque des points, c'est au final dans son universalité, car il est le receptacle de souvenirs, d'anecdotes, de tranches de vies qui au fond pourraient être celles de tout le monde, l'équilibre entre le degré de personnalité qu'y a mis son auteur et la généralité de son propos est parfait. S'y ajoute le doux parfum des campagnes italiennes, et la partition sublime de Nino Rota, peut être sa plus iconique. Reste peut-être une deception esthétique, on est loin de l'immense travail pictural de 'Roma', 'Amarcord' est bien plus convenu artistiquement et prend parfois même des airs de téléfilms, la faute peut-être aussi à ses décors très rustiques, et à une copie du film plutôt moyenne. Un grand film du Maestro quoi qu'il en soit !