Festival du Film Coréen à Paris 2017 - Jury

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Immense succès du cinéma coréen cette année (près de cinq millions d'entrées), "The King" suit le parcours d'un jeune homme jusqu'aux plus hautes sphères du pouvoir avant son impitoyable déchéance. De son excellente idée de départ, le film n'extirpe qu'un habituel rise & fall très référencé (le cinéma de Scorsese n'est jamais très loin) et parfois même proche du plagiat (cette séquence de rêve issue du "Mommy" de Xavier Dolan). Impeccable, l'interprétation de Cho In-Sung vient compenser les limites d'une réalisation clinquante qui aurait gagné à économiser ses effets et contribue à élever cette énième dénonciation de la corruption dans la gamme des divertissements efficaces sans être inoubliables.

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Difficile de ne pas penser à "The Square", dernière Palme d'or en date récoltée par Ruben Östlund, devant "The Artist : Reborn", petite satire du monde de l'art contemporain. Mêlant onirisme et réalisme, le long-métrage oscille entre le burlesque et la tragédie mais le résultat final demeure trop timoré pour convaincre réellement. Le beau personnage de Giselle (joué par la formidable Ryoo Hyoun-Kyoung), suffisamment complexe pour attirer notre attention, n'est jamais vraiment assumé à sa juste valeur et l'on reste en surface d'une figure pourtant passionnante. Malgré quelques saillies humoristiques bienvenues, la critique d'un système hypocrite manque de mordant et se retrouve bloquée dans des rails trop sages en dépit d'une ambition qu'il convient de saluer.

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Fidèle à la thématique centrale hantant cette année le festival (le rêve), "A Quiet Dream" joue de ses abords minimalistes pour finalement mener une étonnante opération séduction. L'ombre de Hong Sang-soo plane évidemment sur ce long-métrage fragile où brille un excellent quatuor d'acteurs. Noir et blanc impeccable, mise en scène élégante (riche en surcadrages judicieux), longues séquences de discussions à bâtons rompus, tout ou presque rappelle ce cinéma épuré et languissant. En toile de fond, la dramatique scission coréenne rend quasiment tragique l'itinéraire de ces quatre personnages obligés de vagabonder dans une vie qu'ils ne peuvent pas construire. Une jolie réussite, drôle et émouvante.

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Une nouvelle fois, les bonnes intentions ne font pas forcément de beaux films, et encore moins des documentaires passionnants. Tandis que son sujet principal avait de quoi intriguer - ou, en tout cas, susciter une véritable curiosité -, "Itaewon" échoue, sur presque tous les plans, à apporter un éclairage pertinent sur cette confrontation entre âmes du passé et réalité du présent. Les deux axes narratifs ne se rencontrent donc jamais vraiment, si bien que le long-métrage peine à captiver en l'absence de point de vue marquant. La réalisatrice se retrouve alors aux prises avec trois portraits de femmes inégaux dont elle n'extirpe ni images fortes, ni témoignages percutants sur une société d'oubliés. Dommage.

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L'expression est agaçante, trop souvent utilisée (et pourtant ô combien révélatrice) mais le soporifique "The Seeds of Violence" correspond, en tous points, à l'habituel (et fréquemment mal-aimable) "film de festival". Grâce à de longs plans tournés en 4:3 (une mise en scène cadenassée, enfermant physiquement ses personnages dans le cadre), Lim Tae-gue cherche à sonder une violence sociétale omniprésente. Las, le réalisateur ne fait que réécrire une histoire déjà mille fois contée pour aboutir à une conclusion figée dans le marbre. Dans cette quête, le film finit par trébucher sur le pire écueil d'un coup d'essai tel que celui-ci : franchir la frontière entre dénonciation et complaisance.

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Au cœur d'une sélection à la tonalité noir jais, fort propice à l'entretien d'un pessimisme ambiant profondément contemporain, "Vanishing Time" s'est immédiatement imposé comme une excursion salvatrice sur le terrain du cinéma fantastique. Dans la lignée de films d'aventures nostalgiques tels que "Stand By Me" ou "Les Goonies", le second long-métrage de Uhm Tae-Hwa s'apparente à une vaste déclaration d'amour aux marginaux. Aidé par des acteurs à l'alchimie parfaite, le réalisateur traite avec beaucoup de finesse et une écriture particulièrement raffinée le délicat passage à l'âge adulte. Film d'enfance perdue sur les fêlures du temps qui s'écoule malgré nous, "Vanishing Time" est un conte initiatique visuellement très réussi qui capte la mélancolie pré-adolescente sans excès, ni mièvrerie. Un coup de cœur.

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Voilà un documentaire qui fonce tête baissée vers ses protagonistes en épousant formellement et thématiquement la rage d'une musique punk coréenne éclatée. Filmé avec un déni de mise en scène absolu, "No Money, No Future" veut surtout rendre compte d'un état bordeline, perpétuellement sur la corde raide entre colère et euphorie mélancolique, où les performances scéniques explosent le carcan dans lequel habitent les deux groupes. Malgré son envie de devenir un shot d'énergie, le long-métrage se révèle finalement très creux, répétitif et éreintant à force d'effets mal dosés durant ces deux (longues) heures passées avec des anti-héros aux allures de gamins immatures.

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Sur le papier, "Jamsil" était potentiellement l'un des films les plus intéressants présentés au sein de la section "Paysage". Pour un premier essai s'attardant sur la croisée des chemins, les regrets et la mélancolie d'une vie qui n'est plus à vivre, la réalisatrice avait devant elle un boulevard d'idées et de possibilités à faire naître. Au final, le long-métrage n'est qu'une série de déceptions consécutives face à un ersatz de film d'auteur cumulant les incohérences et les boursouflures scénaristiques. Sans cadre narratif fort, "Jamsil" se perd dans les limbes d'un récit confus, traitant du désordre psychologique avec un détachement irritant de préciosité. Une vraie douche froide.

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Trois notes de musique répétitives au piano, un personnage principal qui déclame son poème d'une voix solennelle ... "The Poet And The Boy" reprend (malgré lui ?) tous les poncifs associés à la présence de poésie sur grand écran. Tandis que le film devrait faire preuve de finesse et de doigté pour évoquer la crise identitaire d'un trentenaire découvrant sa bisexualité, il laisse, au contraire, toute la place à une absence de subtilité dérangeante. Le film s'enferme alors dans ce système voué à se refermer sur lui-même jusqu'à un épilogue désespérant de tristesse.

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Sans doute prévu par les programmateurs comme "la" séance-détente de cette compétition, "The King's Case Note" donne la sensation d'avoir été parachuté au cœur d'une section trop étrangère à ses attentes. Buddy movie sans surprise rappelant tout autant le "Detective Dee" de Tsui Hark que le "Sherlock Holmes" de Guy Ritchie, le film de Moon Hyun-Sung se contente de dérouler mollement son cahier des charges pendant près de deux heures. On ne peut, dès lors, que saluer l'abattage d'un duo d'acteurs principaux parfait mais aussi regretter un véritable manque d'audace et d'originalité.

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L'hécatombe se poursuit parmi les documentaires proposés en section "Paysage" avec cet énorme pavé jeté inopinément dans la mare. Difficile, en effet, d'imaginer qu'un sujet aussi important (la création d'ouvrages scolaires validés exclusivement par l’État) puisse donner lieu à un tel naufrage. Tandis que les intervenants se succèdent sans cohérence, chaque idée tombe à plat, à peine effleurée, engloutie sous une mise en images désastreuse et l'ajout d'une musique sirupeuse proche de l'insupportable. Une catastrophe qui réussit l'exploit de raconter n'importe quoi n'importe comment.

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Après un premier film inégal, "End of Winter", Dae-hwan Kim semble avoir rectifié le tir avec son second essai, "The First Lap", cette fois fort prometteur. En évoquant la pression sociale et familiale pesant sur les épaules d'une génération Y profondément déchirée, le cinéaste fait preuve d'une belle sensibilité en touchant juste sur le délicat sujet de la toxicité exhalant des relations parents/enfants. Son empreinte naturaliste transforme les séquences du quotidien en petits instantanés éclatants de simplicité tandis qu'il ménage des scènes de confrontation particulièrement intenses et réalistes. Un long-métrage très pertinent, à l'image d'un final suspendu où les personnages s'acharnent à rejoindre la norme sans y parvenir tout à fait. À suivre.

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On traverse "Merry Christmas Mr. Mo" avec un sentiment doux-amer nous collant aux semelles comme les feuilles d'un automne toujours à l'heure. Tous les ingrédients sont pourtant présents pour être emporté : de bons acteurs, une histoire de retrouvailles, de nostalgie et de retour à la vie (avant la fin ?) et une mise en scène discrète mais raffinée. Le problème vient alors d'ailleurs, de ce petit voyage attachant qui avait bien plus à offrir qu'un long-métrage inoffensif à la poésie préfabriquée. On pense, du coup, beaucoup au cinéma de Jim Jarmusch sans ce soupçon de folie, sans cet océan d'émotions. Le cinéaste réussit toutefois son final (en y rendant un vibrant hommage à Chaplin) mais échoue à donner corps à ses personnages, à nous faire ressentir pleinement cette relation père/fils chargée de renaître dans une jolie proposition encore trop inaboutie.

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Petit dernier de cette sélection (présenté à une place le privant instantanément d'une quelconque récompense), "New Trial" a été diffusé dans l'indifférence générale alors que le film méritait un accueil plus bienveillant. S'il n'invente rien d'extraordinaire au rayon polar "based on a true story", il tire, en revanche, avantage de ses excellents acteurs et demeure une tentative tout à fait honnête malgré les inévitables clichés du genre. Impossible, dès lors, de nier son efficacité sans occulter totalement une construction convenue et dénuée d'idées novatrices.