Journal de bord Cinéma - 2019

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01/01 - Vu (Cinéma)

Y'a-t-il un meilleur film pour inaugurer l'année cinéma? (non).

Le meilleur Ford que j'ai vu. Le fond et la forme s'entremêlent subtilement, comme la représentation de l'armée américaine ou celle de l'idéologie raciste envers les Indiens. Et toujours ces travellings tonitruants de cavaliers dans poussière...

Le premier et dernier plans miroitent l'un dans l'autre : une porte qui s'ouvre/une porte qui se ferme, travelling avant/travelling arrière, personnage qui sort/personnage qui rentre ; mais Wayne est toujours dehors, solitaire invétéré.

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05/01 - Vu (Cinéma)

Le dispositif est formidable : ce New-York dystopié, arène à ciel ouvert, d’où l’on ne s’échappe pas, et quand par miracle on y arrive, on tombe dans une autre prison, plus insidieuse : le vrai combat est en dehors du ring.

Dans les films d’horreur de Carpenter, le « vrai » sujet est abordé sous forme de métaphore/parallèle. Il semble en revanche que dans l’autre facette de sa filmographie, Carpenter attaque sa dystopie en direct : domination impérialiste, enfer carcéral etc. Bon et puis, au delà de ça, on peut dire que la classe émane par tous les ports de ce film : la musique, Kurt et Lee, le New York informatisé des écrans de contrôle...

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07/01 - Vu

Odieux, parfaitement odieux.

Grotesque, positivement grotesque.

Affreux, réellement affreux.

Génial, simplement génial.

La manière qu'à De Palma d'étirer la temporalité du moment fatidique était sur le point de me rendre maboule.

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08/01 - Vu

Capturer les esprits d'une époque. Spring Break forever... L'hédonisme paroxystique, au-delà de toute morale.

La jeunesse américaine, le tandem Gucci Mane / James Franco en deux extrêmes de deux mondes qui se toisent et se dévisagent. Juxtaposer des univers et les faire s'entredéchirer. La scène des afro-américains jouant au billard (introduite comme un clip de Waka Flocka Flame!) est elle si différente de la précédente, celle des petits étudiants en recherche d'un "plan supérieur d'amusement"?

Brutalement, on passe d'un extrême à l'autre : dubstep, plage paradisiaque, femmes à la plastique parfaite, éphèbes taillés dans le marbre, alcool à flot, drogues illimités.

Et puis un cut.

Un campus vide, à peine éclairé, une église, des cantiques.

La scène de chant sur Britney ohlala...

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13/01 - Vu

Mais cette avant-dernière scène, au Motel, mais mais... C'est encore Hitchcock! Tout d'un coup ça nous tombe dessus, il y a de la relecture dans tous les coins, du Vertigo du Psychose au moins. Et cette extension de la temporalité (rappelant par exemple la scène du bal dans Carrie), qui est une forme de reprise de la scène des jogger au début du film.

Peut-être le plus cryptique des films de De Palma, d'autant que (étrangement d'ailleurs), De Palma a refait le montage au dernier moment, le film aurait dû être encore plus "incompréhensible".

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18/01 - Vu

Une immense tendresse quelque peu Genetienne : une sublimation de la misère et de la pauvreté. Korine l'a vécu, on peut le sentir. Le geste politique consiste donc à montrer cet ennui qui conduit aux conneries. On s'occupe comme on peut, on fait un peu n'importe quoi. On boit, on folâtre, on sniffe de la colle, on casse des trucs, on chasse des chats.

"My little rooster goes cock-a-doodle-doo, doodle-doo, doodle-doo"

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23/01 - Vu (Cinéma)

Bradley vise avec son appareil photo comme il vise avec son sniper.

En 5 ans, Eastwood aura donc accoucher de 4 grands films, La Mule ne faisant pas exception. Ils se parlent entre eux, répondent l'un à l'autre, parle essentiellement des mêmes choses.

Il y a beaucoup à dire : la justesse du commentaire politique par exemple, et la manière qu'a Eastwood de l'intégrer dans sa trame, la finesse de la mise en scène pourtant présente à chaque instant, l'humour du film etc. Un plan particulièrement marquant (mais parmi combien!) : le pick-up de la mule, suivie par une escorte policière sur l'autoroute ; écho direct aux funérailles dans American Sniper. Une charge tout à la fois émotionnelle et réflexive, Eastwood faisant communiquer ses deux films et ses deux personnages centraux : héros ou zéro, chez nous ça se finit pareil.

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24/01 - Vu

Chez Sirk, la couleur est une émotion, accompagnant la trame dramatique à chaque étape. La lumière et les feuilles d’arbres présagent d’un printemps, ou d’un hivers de l’âme.

A-t-on jamais une scène de télévision aussi bouleversante?

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27/01 - Vu

Nécessité inévitable de la violence. Quand on pousse les gens à bout, fatalement, ça finit mal. La dernière séquence est remarquable, l'apothéose étant ce dernier plan ponctué par le tonitruant "Comprenez vous votre péché?".

J'avoue avoir un mal fou à comprendre comme Jia peut sortir des films en Chine, la charge est tellement virulente et violente!

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27/01 - Vu (Cinéma)

Chronique fragmentaire de souvenirs et de doutes. Irène est passée par là, Irène s'est penchée comme ci, Irène m'a dit... Qu'est ce qu'elle m'a dit, déjà?

Profondément intime mais pudique, le spectre bienveillant de cette femme déambule joyeusement sur la pellicule. Retrouver les traces et les lieux, plaisanter avec la mémoire, regretter un peu parfois de ce qu'on a fait ou de ce qu'on a pas fait. C'est un Cavalier apaisé et blagueur qui nous livre cette déclaration d'amour insensée.

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30/01 - Vu (Cinéma)

Comment, au cinéma en 2019, figurer le rêve?

Par une utilisation de deux méthodes de montages diamétralement opposées (interpolation de mémoire/actualité en petites séquences, puis plan séquence très long), mais toutes deux nécessaires parce qu'elles modifient et façonnent la temporalité différemment en s'entre-enrichissant, Bi Gan nous offre un rêve, un vrai, un comme à la maison. Il y a des motifs récurrents, des ambigüités symboliques, de long moments d'inaction puis un basculement, un hors-champ tour à tour totalement inexistant puis fourmillant de temps et de vie...

La figuration du temps est décidément la grande réussite du film, comme dans un rêve une immense histoire se déroule en fait en quelques secondes, illustré notamment par ce plan final sur le feu de Bengale.

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31/01 - Vu (Cinéma)

Un conte contemporain. L'imaginaire contre le réel et l'explicatif.

On croit qu'on va à la grande tour, deux fois, et puis non : réancrer le film de super-héros dans une sorte d'intime. Mr. Glass, en personnage omniscient révélant les ficelles narratologiques de l'action, créer du cinéma. il y a tout un volet méta-cinématographique à développer dans cette fin.

Et toujours cette fascination et tendresse pour les brisés, et cette hommage au Comics. Quelle naive tendresse, Shyamalan doit être le réalisateur le plus adorable du cinéma américain contemporain.

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03/02 - Vu

Le film d'aventure par excellence non? Je l'avoue, non sans une certaine honte, je l'avais jamais vu en entier. Tonton Steven régale parce que c'est le film d'un enfant, pour les enfants, et qui d'autre que lui, pour mélanger le frisson, la douceur et l'humour aussi délicatement?

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03/02 - Vu

Film noir : quintessence, précision, perfection.

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05/02 - Revu

~

Toujours le film le plus parfait du monde.

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07/02 - Vu

Délicieux. Le dispositif est microcosmique, une petite poignée de personnages que Rohmer lâche là, et les laissent vivre, interagir, et surtout aimer. Parce qu'il s'agit principalement de ça, d'amour, comment chacun le vit, comment chacun le souffre.

La filiation entre Rohmer et Hong Sang-soo saute aux yeux dès les 2 premières minutes du film.

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08/02 - Vu

Deuxième très grand réalisateur de wuxia que je découvre après Liu Chia-Liang (il reste notamment King Hu!), et déjà on saisit des différences de styles très marqués. Il y a tout un ensemble de caractéristiques en commun dans ce cinéma, un codage esthétique, thématique et scénaristique rigoureux, mais c'est précisément là que toute la créativité des cinéastes peut se manifester, puisque chaque micro-variation, chaque petite idée brille tout d'un coup et se démarque puissamment.

La mise en scène de l'action, chez Chang Cheh, est radicalement différente de chez Liu Chia-Liang. La poésie brutale du mouvement est filmé au plus près, dans un tourbillon saisissant, alors que même les îlots d'accalmie sont nombreux et voilés d'une lente beauté ; la dramaturgie elle, est beaucoup plus exacerbé, quasi-mélodramatique parfois. Plus audacieux aussi (la scène d'ouverture!), Chang Cheh se permet des morceaux de bravoure de mise en scène rarement vus.

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08/02 - Revu

~

On a eu un débat après le film avec quelques copains, sur la nature subtil (ou non) du propos de Eastwood dans ce film. Ça a duré jusqu'à 3 heure du matin. On est toujours pas d'accord. Tant pis, moi je suis toujours convaincu.

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09/02 - Vu (Cinéma)

Le voyou qui en savait trop.

Soudain, c'est un film de guerre froide.

"va-va-voom!"

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13/02 - Vu

La forme est assez étonnante : film à saynète, parfois pas plus longues que 2 minutes, et présenté comme tel dès l'ouverture : pas de scénario, pas d'histoire. Jerry invite pleins de copains et s'amuse de sa propre notoriété.

The Bellboy est un espace qui lui est totalement dédié, ce n'est d'ailleurs probablement pas un hasard que ce soit son premier film : s'affranchir de la "contrainte" narrative lui permet une totale liberté de comédie visuel burlesque à la manière des muets. La scène de chef d'orchestre est à la fois la plus drôle et la plus touchante.

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13/02 - Vu

Quand Cronenberg s'attaque à quelque chose (en l'occurence ici, la télévision, si c'était pas assez évident), la subtilité de son propos est loin d'être sa préoccupation. Dans Cosmopolis par exemple, on retrouve une optique similaire.

Il n'empêche que ce qui est profondément intéressant chez le canadien, c'est la fusion de son objectif morale et de son univers visuel ; force est de constater que Videodrome est une de ses œuvres les plus accomplies de ce point de vue. C'est hideux, paradoxalement fascinant, choquant, putride.

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16/02 - Vu (Cinéma)

Calibré pour les Oscar, c'est évident. Tout est empreint d'académisme jusqu'au bout des ongles. Bon. Et donc? Est-ce que cela suffit à automatiquement disqualifier un film? Spielberg n'est il pas, par exemple, un des plus grand académistes de notre temps? Et pourtant, cela n'empêche pas le génie, que je sache. Alors, laissons Hollywood s'autocongratuler tant qu'ils veulent, nous on regarde des films.

Teinté d'une grande tendresse, Farrelly a l'air d'avoir plus la volonté de faire un road et buddy movie qu'une vraie comédie politique. Le commentaire sur les races est d'ailleurs parfois un peu malaisé, mais la volonté est là : l'esprit de l'immigration italienne new-yorkaise, l'afro-américain à sa place nulle part... J'ai vraiment ri de bon cœur avec Mortensen et Ali, duo pittoresque et surprenant. Il y a quelque chose que j'ai particulièrement aimé, c'est la pudeur concernant l'homosexualité du personnage, qui est évoqué et montré, brièvement certes, mais sans détour, je la trouve délicatement inséré dans la narration mais frontale.

Et la musique est belle, et au centre. En somme, on s'amuse bien.

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26/02 - Vu (Cinéma)

Ça existe les films comme ça? Est-ce que même ce film existe? Vraie question.

Ambition dantesque.

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19/03 - Vu (Cinéma)

Je suis, depuis que mon grand père m'a fait voir Das Boot quand j'avais 12 ans (le traumatisme est encore là), obsédé par les films de sous-marin. Je devais voir Le Chant du loup, c'était un devoir.

Le problème principal que j'ai avec ce film, c'est que tout le segment le moins intéressant, celui à terre, alourdi considérablement l'ambiance que le film avait réussi à installer dans la première séquence. C'est un peu triste de se tirer une balle dans le pied comme ça.

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24/03 - Vu (Cinéma)

Une fresque de l'humain et de la Chine. C'est un film fleuve, d'où mon incapacité à précisément pointer certains éléments ; tout est à pointer en fait, c'est une véritable dissertation qu'offre Jia Zhang-ke.

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26/03 - Vu (Cinéma)

Art de l'Histoire.

Le plan-séquence justifié par le voyage dans le lieu et le temps. C'est donc le premier film que je vois où cette prouesse technique sert en profondeur le sens du film. Il y a cette belle impression que structurellement, chaque pièce de l'Ermitage est une scène en soi bien définie, mais le plan-séquence lie tout ensemble : on traverse l'histoire mais la coupure n'existe pas.

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27/03 - Vu

Tsui Hark n'a pas le temps. Bim bam boum, moine shaolin et serpent maléfique, on a rien vu venir. Tout est exacerbé dans ces films : la narration qui file à toute berzingue, les unités de lieu et de temps qui défilent en trombe, les couleurs agressives et les mouvements de caméra diaboliques... En infra vient s'ajouter une réflexion à la fois singulière et très touchante sur ce qu'est l'amour.

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28/03 - Vu

Merrie Melodies x Hagakure x RZA x Mafia italienne x Glace au chocolat

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28/03 - Vu

Etude de cabotinage et frivolité. Rarement deux mots auront si bien collés à un film. Léaud est profondément attachant, un Frédéric post-flaubertien, volage et espiègle.

La narration de Truffaut elle aussi, ne tient pas en place. On dirait presque une succession de vignettes, alimenté par cette mise en scène pleine d'audaces et de faux faux-raccords.

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29/03 - Vu (Cinéma)

Que tirer d'un film aussi étrange? Lapid me semble insaisissable dans ses intentions. Pêle-mêle politique et identitié, antenne parisienne du Betar, amour de la langue et fétichisation, parlé Desplechien, caméra épaule, et puis Paris.

Mercier est rayonnant.